L'esclave reine : Les mises en scène colossales du temps du muet

L'esclave reine - Film de Michael Curtiz, 1924

Affiche L'Esclave reine
Moon of Israel (L’esclave reine en français) est une adaptation du roman d’Henry Ridder Haggart, auteur surtout connu pour Les mines du roi Salomon et les divers ouvrages qui suivront, consacrés à son héros Allan Quatermain. L’histoire de l’Esclave reine s’inspire en partie du chapitre de l’Exode de la Bible.

Le prince Seti, fils héritier du Pharaon Menapta est un jeune homme au cœur généreux, aimant avant tout les études et peu avide de pouvoir, tout l’opposé de son cousin Amenmeses qui convoite le trône.
Accompagné de son ami, le poète Ana, Seti aime parcourir le royaume afin de découvrir la vie du peuple. Sur un chantier, il découvre les rudes conditions de vie des esclaves hébreux, soumis au fouet de cruels contremaîtres. En voulant prendre la défense d’un de ces esclaves, Seti découvre une ravissante jeune fille, Merapi, qui lui promet une reconnaissance éternelle pour sa bonté.
Lorsque, quelques temps après, le Prince désireux de revoir Merapi assiste à une cérémonie au temple, il tire, par accident, le tissu recouvrant l’autel. Pour ce sacrilège, il manque d’être lapidé puis assassiné par la suite et ne doit son salut qu’à Merapi, qui est tombée amoureuse de lui.
Et Moïse, me direz-vous, que fait-il donc dans cette histoire ?
On l’aperçoit brièvement parmi le peuple d’esclaves. Il faudra ensuite patienter un peu pour le voir lancer contre Pharaon les 7 plaies d’Egypte avant d’entraîner son peuple vers la liberté et la Terre promise. Nous n’assistons pas ici à une version des 10 commandements, les héros de l’histoire étant Merapi et son bien-aimé Seti.
Le film réserve cependant un épisode consacré au passage de la Mer Rouge et à la poursuite des Hébreux par les chars égyptiens.

Les moyens consacrés à cet épisode ainsi qu’au couronnement du Pharaon Amenmeses – Seti ayant été déchu de son titre de prince héritier pour avoir défendu les hébreux et réclamé leur libération suite à l’appel de Moïse – sont colossaux.
Le grandiose film de Michael Curtiz met en scène plus de 5 000 figurants, battant la foule des 2 500 figurants du film Les dix commandements de Cecil B. De Mille (qui pour ne pas être en reste en déplacera 20 000 lors du remake réalisé en 1956).
Le film offre plusieurs moments grandioses, notamment la poursuite dans le désert où le nombre de chars mis en scène est faramineux comme est impressionnante la foule qui traverse la Mer Rouge. La pauvreté des moyens techniques et effets spéciaux conduira à traiter le miracle du partage des eaux de façon assez simpliste, par des effets de surimpression d’images, par la submersion d’un grand trou où 100 m3 d’eau ont été déversés et par la construction de murs en plâtre.
Après 2-3 cartons explicatifs, la fin de la scène est quand même assez vite escamotée, ce qui est dommage vus les moyens mis en oeuvre. On pardonnera cela en voyant le soin mis dans les décors, costumes et mouvements de foule.
Le désert du Sinaï se situe en fait près de Vienne, dans le Laaer Berg, zone comprenant à l’époque des gisements de glaise. Le paysage permet ainsi de figurer le désert de façon convaincante.

Si on pense généralement à Cecil B de Mille pour les colossales mises en scène des péplums du temps du muet, Michael Curtiz est bien son égal comme il le prouve dans ce film, comme précédemment dans Sodome et Gomorrhe, tourné en 1922, puis dans L’arche de Noé – le plus colossal des péplums tournés du temps du muet-.
De fait, impressionné par L’esclave reine, Jack Warner invitera Michael Curtiz à venir travailler aux studios Warner à Hollywood.
Le réalisateur qui n’en était pourtant pas à ses débuts – il avait déjà réalisé près de 40 films – avait encore à nous offrir bien d’autres chefs d’œuvre. Citons notamment capitaine Blood, Les aventures de Robin des bois ou encore Casablanca.
Il nous offre ici déjà une magnifique réalisation. D’une durée d’1h45, le film se suit avec intérêt grâce à un rythme parfait, au charme de ses héros et au talent d’acteur du chilien Adelqui Migliar, très attachant et émouvant dans le rôle de Seti, notamment dans la belle scène finale.

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