Le Château de Cagliostro : Aux sources du cinéma de Miyazaki

Affiche Le Château de CagliostroLe Château de Cagliostro - Film d'Hayao Miyazaki, 1979.



Edgar de la Cambriole, appelé aussi Lupin III est le petit-fils d'Arsène Lupin - personnage de fiction créé par Maurice Leblanc-. C'est un jeune homme intrépide et démonstratif, aux talents d'acrobate, qui profite de ses dons pour le déguisement et l'escalade pour faire des cambriolages, accompagné de son complice, le taciturne et nonchalant Jigen.

Après avoir cambriolé le Casino de Monte-Carlo, les deux compères s'enfuient, la voiture pleine de billets ( si pleine qu'ils remplissent tout l'habitacle et manquent d'ailleurs causer un accident) ). Hélas ceux-ci se révèlent être des faux.

Pour remonter à l'origine des faussaires, nos deux héros prennent la route d'un petit état d'Europe, situé quelque part près de Monte-Carlo et dirigé par un véritable dictateur, le Comte de Cagliostro.

Sur la route, Edgar sauve la vie d'une ravissante jeune fille, habillée en mariée et poursuivie. Remontant la piste d'une bague laissée par la jeune fille, Edgar et Jigen arrivent au gigantesque château de Cagliostro, impressionnant édifice truffé de pièges et trappes et possédant une immense et mystérieuse horloge qui cache un mystérieux secret familial.
Tous les ingrédients sont présents pour une aventure échevelée.

Les personnages d'Edgar et de ses amis font partie de l'univers des mangas de Lupin III, très célèbres au Japon, qui donneront lieu à toute une série d'adaptations, une trentaine de films et téléfilms ainsi que quatre séries animées.

Le personnage de Lupin III a été créé en 1967 par Kazuhiko Katō (Monkey Punch). En France, il sera connu en 1985 par une série diffusée sur FR3 (mais créée en 1971). Mais les concepteurs de l'univers de Lupin III ont omis de demander l'autorisation d'emprunter le nom du héros de Maurice Leblanc. Les descendants de l'écrivain français feront donc interdire l'usage du nom de Lupin hors Japon et le héros sera donc rebaptisé Edgar de la Cambriole, Wolf ou même Vidocq IV (là, on s'éloigne un peu !) selon les pays européens.
Pour toute la génération Club Dorothée, c'est donc sous le nom d'Edgar qu'il sera connu. En 2012, les romans de Maurice Leblanc tombent dans le domaine public; notre héros retrouve son nom d'origine.
En 2019, le dessin d'Edgar devient image de synthèse et entre dans une nouvelle ère.

Le Château de Cagliostro est le second film mettant en scène Edgar (appelons-le ainsi ) après Edgar de la Cambriole : Le Secret de Mamo , réalisé en 1978 par Soji Yoshikawa.
Il s'agit du premier film de long métrage d'Hayao Miyazaki qui a déjà derrière lui une carrière de plus de quinze ans au célèbre studio de films d'animation Toei. Il y a déjà co-réalisé deux séries sur Lupin III.
Il sera à la fois le réalisateur, le designer et le scénariste sur le film.

Le Château de Cagliostro » de Miyazaki : Analyse | Le Rayon VertMiyazaki puise à la fois dans la civilisation européenne et dans ses propres idées et influences. Il introduit divers thèmes qu'il développera par la suite, notamment celui du château fantasmagorique et vivant, conçu comme une gigantesque machine prête à broyer et à ensevelir les indésirables, l'horloge au gigantesque mécanisme ou encore la tour immense. Tout ceci préfigure d'autres décors comme la cité de Laputa dans Le château dans le ciel ou la machinerie qui fera se mouvoir Le château ambulant. L'héroine Clarisse a quelques points communs avec la douce Gina de Porco Rosso ou avec Sheeta du Château dans le ciel.
Les décors s'inspirent aussi de l'architecture et des paysages européens, comme le Château de Neuschwanstein en Bavière, entouré de lacs. Miyazaki a fait divers voyages en Europe à la découverte de ses paysages, architectures et art du dessin animé.

Ses influences sont donc multiples et on peut trouver également des points communs entre le Chateau de Cagliostro et celui conçu par Paul Grimault dans La bergère et le ramoneur. Enfin, la principauté de Cagliostro offre une certaine ressemblance avec les royaumes imaginaires de type ruritanien, tel que celui imaginé par Anthony Hope dans Le prisonnier de Zenda et qui donnera naissance au style de "romance ruritanienne". On en retrouve d'ailleurs le style d'uniforme de type austro-hongrois.
Le film de Miyazaki est éclatant de couleurs, le dessin n'a pas la finesse et la richesse que l'on trouvera plus tard dans les grands films du Maître mais les décors sont soigneusement dessinés, comme les beaux intérieurs du château.
Le film est avant tout destiné à un jeune public, comme le montrent certaines scènes typiques des mangas aux exagérations graphiques, lorsque les visages se déforment à outrance sous le coup d'une émotion, rendant la scène humoristique et caricaturale. Je ne suis pas très adepte de ce procédé, heureusement peu employé dans le film présent, sauf pour présenter le personnage comique de l'Inspecteur qui poursuit Edgar ou bien certaines expressions d'excitation ou de surprise du héros.

Le Château de Cagliostro se présente donc comme le précurseur de l'oeuvre de Miyazaki même s'il offre une vision plus sympathique et romantique du héros de la série des mangas Lupin III. Comme tel, il risque de décevoir les connaisseurs mais il ravira les amateurs de l'oeuvre de Miyazaki.
Un sympathique dessin animé à découvrir, avec un brin de nostalgie.

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