Le Virginien : Une grande série western méconnue

 Le Virginien - Série de Charles Marquis Warren, 1962.

La belle époque des séries télé western se situe dans les années 50-60, époque durant laquelle la télévision américaine, nostalgique de l'histoire de l'ouest américain et amoureuse de ses grands espaces, produit un nombre impressionnant de westerns. De nombreux acteurs cavalcaderont avec bonheur dans ces belles étendues et s'amuseront à jouer aux cow-boys et aux indiens.


Les plus terre-à-terre diront que tourner des westerns permettait aussi de réduire les frais de tournage, les décors étant gratuits et identiques tandis que chevaux et accessoires divers pouvaient éventuellement passer d'une histoire à l'autre. Il en ira de même d'ailleurs pour le cinéma.
C'est dans les années 70-80 que la télévision française connaîtra un véritable engouement pour ces séries avec notamment comme titres phare : Au nom de la loi, Bonanza, Kung Fu ou La grande vallée (je suis certains que les lecteurs de ma critique en auront bien d'autres en tête).
Les grands espaces

Parmi ces séries, une des plus méconnues est sans conteste Le Virginien, diffusée en pointillés à la télévision française depuis la fin des années 60 et dont peu d'épisodes seront d'abord doublés. Ainsi, sur les 245 épisodes de la série, seuls 49 seront alors diffusés.
Une des particularités de la série est d'aborder un format peu courant de 75 minutes, se rapprochant presque de la durée d'un téléfilm et loin des traditionnelles 20 ou 45 minutes de mise dans cet univers. Ceci permet un développement de l'histoire plus important.

Ce qui frappe en premier lieu dans Le Virginien, c'est la solidité de ses scénarios ainsi qu'un élément inusité, le héros n'apparait que de façon épisodique, tantôt il sera le héros de l'histoire, tantôt il sera en soutien des autres personnages, voire il sera totalement absent de de certains épisodes.

Le titre The Virginian sera changé dans la dernière saison pour devenir The men from Shiloh, mettant à égalité les divers personnages du ranch, les femmes n'étant que secondaires parmi les héros, sauf la mignonne Roberta Shaw, qui interprète le rôle de Betsy, la fille du Juge Garth dans les quatre premières saisons.

Lee J. Cobb, dans le rôle du maître de Shiloh, apporte son expérience et sa solidité à la série, compensant le jeu parfois un peu limite des jeunes héros. En effet, si James Drury, Doug Mac Clure et Gary Clarke sont à l'aise dans les scènes d'action, force est de constater que dans les scènes dramatiques ou autres, leur jeu s'avère parfois un peu limité.

La série ne se veut pas exclusivement western et elles mêlera divers genres, notamment le policier et judiciaire, où l'on voit Lee J. Cobb à l'oeuvre dans son rôle de brillant avocat. Ces épisodes, au scénario élaboré peuvent parfois se révèler un peu ardus pour ne pas dire un peu bavards, malgré la qualité de l'interprétation.

Lee J. Cobb, James Drury et Barry Sullivan


Beaucoup d'histoires tournent autour du thème de la vengeance, ce qui en fait une série tournée vers le drame, que celui-ci se déroule sous l'angle policier ou plus dans le genre aventures, lorsqu'il y a aura plutôt des scènes d'action en extérieur. De fait, le genre comédie convient très mal à la série et les quelques épisodes que j'ai pu voir de ce style sont les plus faibles.

Il est aussi d'usage, dans les séries western de l'époque, d'avoir des guest stars ou de donner leur chance à des petits nouveaux. Là aussi, Le Virginien se démarque puisqu'il place souvent au centre de l'histoire ses invités, rendant les héros accessoires. On peut citer quelques grands noms comme Charles Bronson, Vera Miles, Leo Genn, Joan Collins, George C. Scott, Lee Mavin ou encore Bette Davis....entre autres . Parmi les nouveaux venus, Robert Redford fera une entrée remarquée dans un épisode où il aura l'occasion de montrer tout son talent en détenu libéré sur parole qui va trouver la rédemption grâce nos héros.

Doug Mac Clure (Trampas ) et Joan Collins

The Virginian, interprété par James Drury est un homme mystérieux dont on ne connait ni le nom ni le passé. Devenu ami avec le Juge Garth, riche propriétaire d'un ranch et brillant avocat, il devient régisseur de Shiloh. Notre héros est le protecteur plus que le chef des hommes du ranch et il apporte souvent sa sagesse aux problèmes des divers personnages. Ses compagnons Trampas et Steve Hill apportent le côté insouciant, parfois humoristique mais aussi dramatique, puisque tous deux se mettent souvent dans de mauvaises situations à cause de leur trop grande naïveté.

Le Virginien

The Virginian: A Horseman of the Plains est un roman écrit en 1902 par Owen Wister. Il est l'un des premiers romans du genre et inspirera divers films.
Son héros est le prototype du lonesome cow-boy, au passé mystérieux, venu dont ne sait où et dont d'ailleurs on ignorera toujours le nom véritable, bien que le mystérieux virginien soit appelé Jeff par son ami Steve Hill.
Cecil B. De Mille en réalisera une version muette en 1919, Victor Fleming met en scène Gary Cooper en 1929 avant que Joel MacCrea n'apparaisse dans la première version en couleur. Plus proche de nous, Bill Pullman deviendra Le Virginien en 2000.
Au cinéma, en 1929  

Détail amusant, Trampas est le méchant de l'histoire de Wister, toujours opposé au héros. La série de Charles Marquis Warren fera des deux personnages les meilleurs amis du monde et Trampas un jeune cow-boy des plus sympathiques.

Au fil des saisons, de nouveaux personnages vont apparaitre tels Clu Gulager qui interprétera le sympathique shériff Ryker dans une centaine d'épisodes, Charles Bickford qui vient prendre la place du juge Garth à la tête de Shiloh au bout de quatre saisons ou encore Lee Majors, échappé d'une autre série western phare des années 60, La Grande Vallée (The Big valley).
La série Le Virginien se démarque donc des autres séries western de l'époque par son mélange des genres, sa durée plus longue qui permet un développement de l'histoire et l'appel à des grands noms du cinéma qui ne sont pas là que pour faire de la figuration.

Quelques épisodes à découvrir, pour vous montrer la diversité de la série, même si je suis loin de la connaitre en entier :
The brazel bell
Un instituteur qui a lâchement abandonné ses élèves dans une école en flammes arrive à Medecine Bow. Il se trouve avec sa femme face à des bagnards évadés. Il devra surmonter sa peur et se racheter. George C. Scott interprète avec force le personnage central de l'histoire. Nos héros nommés shérifs adjoints vont l'aider dans sa lutte.

L'accusatrice ( The accomplice)
Une femme accuse Trampas d'avoir dévalisé la banque de la ville. Quand on sait que le personnage est interprété par Bette Davis, on se doute que la lutte sera ardue. Un très bon épisode à la Perry Mason, avec une belle scène de procès à la fin.

Le mort a disparu ( the man that coudn't die)
Vera Miles
Nous partons en voyage pour San Fransisco avec le Juge Garth qui pense avoir tué un homme au cours d'une bagarre; or, le cadavre a disparu. Un très bon épisode du genre policier avec la belle Vera Miles.

Ride a dark trail
Flashback sur l'arrivée de Trampas à Shiloh. Pensant que le juge Garth a tué son Père, il vient pour accomplir sa vengeance mais le juge le prend sous sa protection et il devient ami avec Le Virginien. Un épisode dans la pure tradition western qui nous fait chevaucher à travers les grands espaces de l'ouest américain.

En souvenir du passé (no tears for Savannah)
Le Virginien retrouve son ancienne fiancée (la superbe Gena Rowlands) dans une petite ville; elle est accusée du meurtre du fils de l'homme le plus influent de la région et risque la pendaison. Le Virginien prend la fuite avec elle. L'épisode se divise en deux parties, une policière et judicaire où Lee J. Cobb fait encore un beau numéro d'acteur et une d'aventure pure avec la fuite et poursuite finale.

Le tueur (A killer in town)
Deux histoires se déroulent en parallèle et finiront par se rejoindre.
Un chasseur de primes est à la recherche d'un tueur et soupçonne Trampas ( qui n'a vraiment pas de chance dans ce domaine).
En parallèle, une épidémie de typhoïde apparait dans la Région. Nos héros vont l'éradiquer en une journée (ça, c'est que l'on appelle des héros !)

The fatal journey
Un épisode passionnant où Le Virginien infiltre une bande organisée pour venger la mort de sa petite amie. Beaucoup d'aventures et de suspense.

clu Gulager

Ryker
Un ancien policier arrive à Medecine Bow et devient adjoint du shérif. Au cours d'un épisode plein d'action, Clu Gulager s'affirme comme un des personnages centraux de la série et le meilleur acteur, avec Lee J. Cobb.

Big image, little man
Un riche héritier est abandonné en plein désert suite à son éviction d'un train
Il sera sauvé par Le Virginien mais devra travailler pour survivre. Une histoire de rédemption plutôt prévisible mais très agréable.

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Togo : la véritable histoire de la course au sérum

 Togo - Film d'Ericson Core, 2020.


Plusieurs chiens héroïques ont traversé l'histoire :


- Conan, le chien qui, en 2019 a fait tomber le chef de l'état islamique en le poursuivant puis en le coinçant au fond d'un tunnel,


- Laika, la chienne astronaute envoyée en aller simple en orbite,


- Stubby le chien nommé sergent et le plus décoré de la 1ère guerre mondiale qui a sauvé son régiment d'attaques au gaz toxique,

Sergent Stubby avec toutes ses médailles


- Smoky la petite chienne aux 8 médailles qui a effectué des missions de reconnaissance durant la seconde guerre mondiale,


- Barry, le chien qui a sauvé plus de 40 vies dans les montagnes suisses,
- Balto, le chien de la course du sérum en 1925
....



Le nom du chien Togo mérite bien de figurer dans cette liste mais il a hélas été trop longtemps oublié. Balto a récolté toute la gloire. Voyons pourquoi.

En 1925, en Alaska, une épidémie de diphtérie s'abat sur les enfants de la petite ville de Nome, causant plusieurs morts et menaçant les 3 000 habitants du lieu . Il faut du sérum anti-diphtérique. Hélas, la ville la plus proche, la capitale Anchorage est à 850 km de là; on est en plein hiver et une violente tempête est en train de s'abattre sur la région. La température oscille entre -30° et -50 °. Brrr....!

Leonhard Seppala, musher norvégien et son attelage, mené par le chien Togo parcoureront à eux seuls plus de 400 km. ils seront relayés par 20 équipages, parcourant chacun de 10 à 50 km (le parcours sera en fait effectué deux fois car les doses rapportées seront insuffisantes).


La gloire en reviendra au dernier équipage arrivé à Nome et conduit par le chien Balto.


En 2011, Time magazine rétablit la vérité en nommant Togo, le chien le plus héroïque de tous les temps...enfin un peu de reconnaissance. Il a fait le plus gros du trajet avec son équipe.

Le film raconte l'histoire vraie du voyage de l'attelage de Seppala et de son chien ainsi que l'histoire de Togo, chien rebelle et de petite taille dont son maître cherchera d'abord à se débarasser avant de découvrir ses étonnantes capacités.

On est surpris par la beauté et les paysages immenses du Canada en hiver comme en été, ses montagnes, ses lacs et ses magnifiques couleurs. Pourquoi pas l'Alaska, me direz-vous ? Tout simplement parce que l'équipe du film a trouvé dans l'ouest canadien toutes les conditions nécessaires au tournage, des hautes montagnes, notamment le Mont McKinley, que l'équipe mettra des heures à gravir pour réaliser les prises de vue, le lac gelé, la température de -50° et la beauté des paysages.


La traversée du lac gelé a été réellement réalisée même si les craquelures ont été rajoutées ensuite numériquement, on s'en doute.

Le film prend le temps de mettre en place les personnages, de nous présenter l'histoire de Togo d'abord chien fou et indiscipliné mais qui va se révèler un véritable meneur de la meute ainsi qu'un chien courageux et très fort, comme lorsqu'il hissera, par sa seule force, l'attelage entier, prêt à tomber avec son musher dans un ravin. La scène est impressionnante et véridique.

Par des flashbacks, on suit la jeunesse de Togo avant de revenir à l'aventure de la course au sérum. On peut parfois regretter que cela casse le rythme du film et amène deux ou trois fois des confusions entre temps présent et passé.

L'histoire de Leonhard Seppala se suit avec intérêt et émotion devant la beauté des paysages et le formidable courage des participants à cette course pour la vie.

Leonhard Seppala et son chien Togo


James Bond 007 contre Dr No : Comment Sean Connery est devenu James Bond.

 James Bond 007 contre Dr No - Film de Terence Young, 1962.

Comment devient-on James Bond, archétype du gentleman anglais, racé et raffiné, lorsque l'on est un écossais pure souche, fier de ses origines, issu du prolétariat, taillé en athlète et préférant certainement le whisky écossais au vodka-martini (je m'avance peut être un peu sur ce dernier point ) ?

Sean Connery est en effet né d'une famille modeste dans un quartier industriel d'Edimbourg. Il commence à travailler à huit ans pour aider sa famille, d'abord comme laitier puis comme garçon boucher. Après avoir rejoint la marine à quinze ans, il exercera divers métiers comme livreur, vernisseur de cercueil, maçon ou encore modèle pour l'Ecole des Beaux Arts d'Edinbourg.

Sean chantant chez les farfadets
Suite à sa participation au concours de Mister Univers (il terminera 3ème), il se lance dans une carrière artistique à la télévision et au cinéma, où il interprète une dizaine de rôles dans les années 50-début 60, comme dans Le jour le plus long, La plus grande aventure de Tarzan ou encore dans le film Disney qui le fera enfin remarquer, Darby O'Gill et les Farfadets.

Dans ce rôle d'un beau, robuste et chantant irlandais,il est remarqué par deux producteurs et choisi parmi une centaine de candidats pour incarner le futur James Bond.

1ère apparition de Sean en James Bond

L'apparition de Sean en James Bond est rentrée dans la légende du personnage. Portant superbement le smoking, assis à une table de jeu et allumant avec distinction sa cigarette, il répond à Eunice Gayson ( dans le rôle de Sylvia, première James Bond girl de la série ) sa célèbre (bien que très courte ) réplique :
"- Bond, James Bond !"
Bien sûr, l'entendre dire, c'est toujours mieux que de le voir écrit.

D'abord réticent à l'idée de voir un écossais tel que Sean interpréter son personnage qu'il n'avait guère imaginé ainsi, le romancier Ian Fleming sera finalement convaincu mais il aurait préféré voir Roger Moore jouer le rôle ( ce qui se réalisera dix ans plus tard mais Ian avait depuis longtemps rejoint le paradis des espions).
Les principaux personnages de la série des histoires de Bond apparaissent, le chef M, interprété 11 fois par Bernard Lee, Miss Moneypenny, assistante de M, interprétée 14 fois par Lois Maxwell et l'inventeur qui se nommera d'abord Boothroyd puis Q. Boothroyd est interprété pour l'unique fois par Peter Burton, Desmond Llewelyn jouera par la suite l'inventeur qui deviendra Q dans 18 films.

Mais bien sûr, Dr No, c'est aussi et surtout la célèbre apparition d'Ursula Andress sortant telle une sirène de l'eau, un coquillage dans chaque main, sous le regard émerveillé de James.
Ce couple parfait est dans la mémoire de tout cinéphile fan de James Bond.
Ursula et Sean, le couple mythique de la série

L'histoire de James Bond contre Dr No se déroule à la Jamaïque, suite à l'assassinat du chef du MI6 par trois faux aveugles, arrivés à la queue leu leu sur l'air de la comptine Three blind mice, dans un début que l'on aurait d'ailleurs bien vu dans la série The avengers (Chapeau melon et bottes de cuir), très humour british.
Appelé par son chef, James arrive au bureau, lance son chapeau sur le portemanteau, flirte un peu avec Miss Moneypenny et vient prendre les ordres de M. La scène sera reproduite bien souvent au fil des films.

Ce premier film d'une longue série possède déjà les codes qui en feront son succès, l'action, le charme du héros, les James Bond girls, un méchant charismatique, une base secrète... Les gadgets sont encore en nombre réduit, les scènes moins spectaculaires, l'histoire un peu simple mais on a bien là certainement un des meilleurs films de toute la série, sexy et exotique.

James face au Dr No

Sean Connery reviendra interpréter le rôle de l'agent 007 à cinq reprises, pour notre plus grand plaisir. Ses rôles seront ensuite fort différents, les années passant, des personnages plus mûrs, mais toujours avec une touche d'humour, d'élégance et de séduction.


Pour finir, quelques citations de Sean Connery dans les films de James Bond :

- Ma chère petite, il y a des choses qui ne se font pas, telles que de boire du Dom Pérignon 55 à une température au-dessus de trois degrés et écouter les Beatles sans boules Quiès. (Goldfinger)
- Ce que je ne ferais pas pour l’Angleterre…(On ne vit que deux fois)
- Bond, James Bond (Dr No)
- Dominer le monde, toujours le même vieux rêve (Dr No)
- Du vin rouge avec le poisson, j'aurais dû me méfier (Bons baisers de Russie)
- Où est Goldfinger ? Avec les anges, il joue de la harpe d'or ! (Goldfinger)
- Ma chère petite, ne vous flattez donc pas ! Ce que j'ai fait ce soir, je l'ai fait pour la Reine et pour mon pays!"(Opération tonnerre..).
- On ne vit qu'une fois (Jamais plus jamais)

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Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...