Le serment du chevalier noir : Quand les druides occupaient Stonehenge

Le serment du chevalier noir (The black knight) - Film de Tay Garnett, 1955. 

Il y a des décennies, le cinéma véhiculait l'image de chevaliers au coeur pur et à l'armure étincellante, protégeant les faibles et chevauchant sur les routes d'Angleterre ou de France pour sauver leur belle ou déjouer les complots ourdis contre le roi du pays.

Et puis, sont arrivés les chevaliers modernes, sales et hirsutes d'avoir chevauché longtemps sur des routes poussiéreuses. Une sorte de mini-treuil les aide à monter à cheval, vêtus de leur pesante armure. Il n'y a plus de belles à délivrer de leurs tours, il y a longtemps qu'elles se sont émancipées. 

La lecture d'un roman de Jean d'Aillon a fait s'effondrer pour moi les dernières images idéalisées de ces beaux héros. Les chevaliers étaient ainsi davantage des mercenaires, se vendant au plus offrant et parcourant les campagnes pour assaillir les villages, pillant et violant hardiment (gloups !)

Après cette charmante vision, il m'a semblé plus agréable de replonger dans le vieux cinéma hollywoodien pour y retrouver Ivanhoé ou Les chevaliers de la table ronde.

Me voici donc à visionner Le serment du chevalier noir, film  de Tay Garnett, plus connu pour Le facteur sonne toujours deux fois que pour son cinéma médiéval. 

L'histoire est celle d'un jeune et courageux forgeron, John,  dévoué à son Seigneur le Comte de Yeonil et surtout à la fille de celui-ci, Linet, interprétée par la belle Patricia Medina. L'amour des deux jeunes gens est vu d'un mauvais oeil par le Comte qui doit se résoudre, à contre-coeur, à se séparer de John. Un ami du Comte, Sir Ontzlake, Chevalier de la table ronde, prend John sous sa protection et lui apprend à se battre. Notre beau héros rêve justement de devenir chevalier et comme il est très doué, il sera capable, au bout de quelques leçons de dépasser son maître d'armes. Le voici donc prêt à se lancer dans la grande aventure.

Des faux vikings attaquent, brûlent la demeure du Comte et tuent sa femme. Parti à la pousuite du meneur de l'attaque, John le découvre à Camelot, à la cour du roi Arthur et découvre que ce n'est pas un viking, mais un sarrasin (!!)

S'ensuit une histoire de poursuites et vengeance où notre héros, vêtu d'une belle armure blanche et noire  (en fait plutôt blanche mais il se fera surnommer Le chevalier noir, sans doute pour tromper l'ennemi !) parcourt la campagne anglaise entre le château de sa belle et Camelot et se trouve même à Stonehenge, au milieu de druides illuminés.

On le comprend, tout ceci donne une histoire pleine de péripéties, agréables à suivre mais il faut bien le dire, assez confuses.


Le mélange entre glorieux chevaliers de la table ronde, méchants Cornouaillais, méchants sarrasins et méchants druides est assez inattendu. On apprend même ce que les druides faisaient à Stonehenge et comment le site a été détruit.

Les deux traîtres sont incarnés par Peter Cusching (en sarrasin) et par Patrick Troughton, alias Doctor Who n°2 (pour les fans), dans le rôle du Roi de Cornouailles. Tous deux semblent beaucoup s'amuser dans leurs rôles respectifs.

Un peu moins concerné par le film, Alan Ladd promène son visage poupin et son optimisme constant dans diverses scènes. Je le préfère quand même nettement dans ses rôles de westerns ( comme dans L'homme des vallées perdues) ou dans ses films noirs ( comme dans Tueur à gages ou Le dahlia bleu). De fait, l'acteur ne restera que 11 jours sur le tournage, laissant le soin à sa doublure de chevaucher en armure pour sauver la belle Patricia Medina et le trône du roi Arthur.

Quelques images le montrent cependant soulever son heaume pour observer ce qui se passe et montrer au spectateur son visage poupin. 

Le film a été tourné au Pays de Galles, notamment dans le château de Castel Coach et dans (ou devant) pas moins de douze châteaux en Espagne ( En Castille et dans la région de Madrid).

De nombreux accessoires et costumes ainsi que plusieurs scènes seront réutilisés en 1963 par Nathan Juran dans son film Le siège des saxons. L'acteur principal endossera même l'armure d'Alan Ladd (Quelle félonie !) tandis que l'interprète du rôle du roi Arthur revêtira les habits d'Anthony Bushell, interprète du rôle dans le film de Garnett (double félonie !).

Le serment du chevalier noir se suit donc avec plaisir comme l'on feuillette un joli livre d'images mais sans être à la hauteur d'Ivanohé, des Chevaliers de la Table ronde ou encore de Robin des bois.

Le lecteur me pardonnera donc, je l'espère, le ton plutôt ironique, de ma critique.



Forward march hare - "Ne prenez pas la vie trop au sérieux. Vous n'en sortirez jamais vivant"-Bugs Bunny

 Forward march hare - Court-métrage de Chuck Jones, 1952.

Bugs Bunny est un lapin hardi, farceur et ingénieux. Son bonheur est de rester tranquillement dans son terrier ou avachi dans l'herbe à grignoter des carottes. Toujours solitaire, il tient beaucoup à sa tranquilité mais est souvent la cible de chasseurs et bandits divers.

Il est le chef incontesté de la bande des toons de la Warner. Il apparait pour la première fois en 1938 sous le crayon de Ben Hardaway et Cal Dalton, aux côtés de Porky, autre personnage célèbre des Looney Tunes et des Merry melodies. Mais c'est Tex Avery qui développe le personnage, lui donne son nom et ses caractéristiques, dont sa fameuse phrase "What's up Doc ?" prononcée tranquillement par notre héros face à ses adversaires en pleine frénésie.

Les cartoons de Bunny sont basés sur une succession de scénettes qui constituent une avalanche de gags conduits à un rythme effréné. Tout doit en effet tenir dans une durée de 7 à 8 minutes, d'où la frénésie des personnages. Plusieurs centaines de courts-métrages seront ainsi réalisés, près de 200 dans sa période classique qui court jusqu'au milieu des années 60 puis un ensemble de séries dérivées mettant en scène les toons de la Warner.

Notre lapin est une vraie vedette, il a son étoile sur Hollywood Boulevard, il est le 1er toon à figurer sur un timbre poste et son personnage apparait à la fois au cinéma, en BD, dans des jeux vidéos et diverses créations artistiques.



Forward march hare fait sans doute partie des courts-métrages les plus réussis de notre lapin
héros. Se démarquant nettement des classiques basés principalement sur les poursuites et affrontements entre Bugs et son poursuivant (Elmer le chasseur ou Sam le pirate, le plus souvent), il plonge ici Bugs dans une suite de situations amusantes et étonnantes.
Alors qu'il fait tranquillement sa gymnastique du matin, Bugs Bunny reçoit une lettre adressée à un certain Bonny et atterrie par erreur dans son terrier. Il s'agit d'un avis d'incorporation à l'armée américaine. Bon patriote, notre lapin est ravi de pouvoir servir son pays et se rend au conseil de révision.


Comme Bugs a une très bonne vue (grâce à la quantités de carottes qu'il ingurgire, riches en béta-carotène ) et que l'état de son squelette est excellent (bien que la forme en soit un peu étrange lorsqu'il passe aux rayons X à la suite des autres soldats), il intègre donc l'armée.
Si certains s'étonneront vaguement qu'un lapin devienne soldat, son sergent chef ne s'apercevra que tardivement de la nature de Bugs dont il n'avait pas remarqué les grandes oreilles, cachées sous son casque.
On retiendra des gags excellents comme celui-ci où Bugs affublé d'un uniforme trop grand pour lui, d'un casque qui lui tombe sur les yeux et de grandes chaussures, fait tomber comme des quilles les soldats lors des manoeuvres...où encore lorsqu'il reçoit l'ordre de préparer les poulets pour le repas et qu'il habille ceux-ci en haut de forme, queue de pie et
monocle.....

Forward march hare fait partie de la série des courts-métrages de propagande; il a été réalisé en pleine guerre de Corée. Comme tel, il pourra irriter quelques grincheux. Bugs est patriote, fier de l'être et désireux d'aider son pays.
Difficile cependant de bouder son plaisir face à ce court-métrage plein d'inventivité, mettant en scène Bugs, au capital sympathie immense tant il respire la joie de vivre.

 Maciste à la Cour de Kublai Khan - Film de Riccardo Fredda, 1961.


Maciste Alla Corte Del Gran Khan – Poster MuseumLe personnage de Maciste a été créé en 1913 par Giovanne Pastrone, pour son film Cabiria, célèbre péplum du cinéma muet, co-signé par le poète Gabriele d’Annunzio, qui se serait attribué la paternité de l’histoire et de ses personnages. Le personnage du géant Maciste s’apparente à celui d’Ursus, le colosse qui protège Flavia dans Quo vadis.

Je soupçonne même Pastrone de s’être inspiré du roman d’ Henryk Sienkiewicz, puisque le personnage, comme dans Quo vadis protège et sauve une jeune fille promise au sacrifice – livrée au taureau parce que chrétienne dans Quo vadis, destinée à être brûlée pour le Dieu Moloch dans Cabiria-.

Maciste est un héros simple au cœur pur ; il ne ment jamais, ne commet aucune mauvaise action et a pour mission de détruire le mal où qu’il se trouve. Son origine est mystérieuse comme le prouve l’extrait ci-dessous, issu du film Maciste à la cour de Kublai Khan :
« -D’où Venez-vous ?
- Du bout du Monde.
- Qui êtes-vous ?
- Un ami ».
On n’en saura pas plus.
Dans l’histoire, les personnages le nommeront tout simplement « Le Géant ».


Dans les traductions anglaises, Maciste est traduit –et confondu – par Hercule, alors qu’il n’est pas fils de Zeus mais tout simplement humain, bien que ses exploits et ses voyages dans les diverses époques lui confèrent un aspect surnaturel, absent du personnage présenté dans Cabiria.
 Les titres des films de Maciste sont également traduits aux USA par Samson, qui rappelons-le est un héros biblique et même par Goliath également biblique mais du côté des méchants hittites et tué par la fronde du jeune futur Roi David.

Gordon SCOTT – intemporelMaciste apparaîtra dans toute une série de films, une cinquantaine environ de 1913 à 1974, bien que sa grande époque soit centrée sur les années 60. Le cinéma italien préférera ensuite se spécialiser dans le western, rendant hélas les péplums plus rares.

Maciste va ainsi voyager dans les siècles, rencontrant des personnages forts divers, issus d’autres fictions comme Tarzan ou Zorro, des personnages réels comme le comique Toto ou encore diverses civilisations comme les Mayas.
Il partira même en vacances – il les mérite-, deviendra chasseur alpin – je ne sais pas s’il aura alors le droit de garder son pagne-short -, deviendra médium – Maciste sait tout et voit tout, c’est certain -, jouera les Moïse dans une histoire de naufrage – Maciste sauvé des eaux- et aura même son film érotique dans le prometteur Les Exploits érotiques de Maciste dans l'Atlantide des Gloutonnes – tout un programme ! -.

Notre héros a été incarné par toute une série d’acteurs, choisis essentiellement pour leur physique et pas toujours pour leur talent d’acteur. 
Gordon Scott qui sera un des Tarzans les plus convaincants – notamment grâce au film le plus abouti de la saga La plus grande aventure de Tarzan -, est le plus célèbre interprète de Maciste, avec Mark Forrest.

Connaissant déjà l’acteur et rassurée par sa carrière passée, je me suis donc risquée à regarder mon 1er film sur Maciste, ayant écarté d’office certains titres dans lesquels je préfère ne pas me risquer.


Partout à l’aise bien que ne portant pas le costume local, Maciste a ici comme mission de combattre les méchants mongols et plus particulièrement Kublai Khan, qui a par traîtrise assassiné l’Empereur de Chine, afin de prendre sa place (Ne cherchons pas la réalité historique). 
L’ignominie du personnage n’ayant pas de limite – il fait torturer allègrement les rebelles qui lui tombent sous la main et organise d’intéressants spectacles d’exécutions -, il fait jeter dans un piège à lion le jeune héritier du trône et massacrer les femmes du couvent où s’est réfugiée la jeune princesse, afin de trouver celle-ci.
Surgissant d’un buisson, notre héros déploie aussitôt une grande activité pour sauver Prince, Princesse et population opprimée.


Le film surprend par ses décors somptueux de style chinois, un monastère, une grande porte et l’intérieur du palais. Ces décors sont en fait une réutilisation suite au film Marco Polo réalisé par Piero Pierotti et Hugo Fregonese en 1962. La nombreuse figuration a sans doute aussi être réembauchée.

Le film se déroule à un rythme effréné, plein de péripéties, pas toujours cohérent car on a droit à quelques raccourcis assez saisissants.

Soigneusement oint et épilé, Gordon Scott nous montre sa musculature parfaite dans quelques scènes choc : il déracine un arbre, strangule un lion en peluche et ouvre même le sol provoquant un séisme.

Le côté asiatique est principalement assuré par l’actrice japonaise Yoko Tani et par le toujours hiératique acteur sibérien Valery Inkijinoff qui reprend presque à l’identique son rôle de prêtre du Tigre du Bengale de Fritz Lang.

L’interprétation ne brille pas toujours par sa qualité. Les acteurs, Gordon en tête, ont l’air de bien s’amuser, notamment l’acteur italien Leonardo Severini - Kublai Khan – qui multiplie les tenues de diverses couleurs.
Le film maintient cependant l’intérêt grâce à ses multiples rebondissements, à la somptuosité des décors et au soin mis à la reconstitution. Un péplum à connaître.

A.I Intelligence artificielle : Et si je devenais un vrai petit garçon, est-ce que tu m'aimerais ?

 A.I Intelligence artificielle - Film de Steven Spielberg, 2001

J'ai une tendresse particulière pour Pinocchio, tant pour le roman de Collodi que pour ses
multiples adaptations.

Je ne m'attendais pas, en découvrant ce film de Spielberg et malgré le thème que j'avais lu, à en trouver une approche aussi originale et pensée. Le titre évoquait plutôt pour moi l'étonnant E.T qui avait tant bouleversé les gosses de mon époque, bien que l'adorable Haley Joel Osment soit loin de ressembler à un alien.

L'histoire est celle d'un petit robot conçu pour ressembler à la fois physiquement et émotionnellement à un véritable enfant. Son concepteur (joué par William Hurt) est un professeur de cybernétique qui, suite au décès de son propre enfant, décide d'en recréer une version robotique. David en est le prototype.


L'histoire se déroule dans un futur pas très lointain où les robots sont utilisés pour l'ensemble des tâches domestiques et travaux divers. Vus exclusivement comme des objets, bien qu'ils aient une apparence humaine, ils sont détruits dès qu'ils deviennent trop vieux ou sont abimés.
David sera donc le 1er robot à posséder également des sentiments humains et à pouvoir s'attacher à une famille. Il est ainsi confié à un couple dont le fils de 11 ans est plongé dans le coma. Il va s'attacher passionnément à sa mère comme le programme l'a prévu et cet attachement ne pourra jamais être rompu.
Miraculeusement, le fils de la famille, William, sort du coma et reprend sa place dans la maison; il devient rapidement jaloux de l'enfant "jouet".

Suite à plusieurs incidents, surtout causés par la jalousie de William, David est décrété dangereux et doit être rendu à l'entreprise qui l'a fabriqué. Bouleversée, Monica est obligée de l'abandonner dans la forêt afin qu'il échappe à la destruction. Accompagné de son ourson robot , David, qui a été frappé par l'histoire de Pinocchio, se met en quête de trouver la Fée bleue, afin qu'elle l'aide à devenir un vrai petit garçon.


Dès lors, les parallèles avec l'histoire de Pinocchio vont se multiplier même si l'histoire diffère fortement. Dans sa quête, David est accompagné d'un ours en peluche très perfectionné et sage, son Jiminy Criquet, en quelque sorte. L'ours Teddy ne se contente pas de parler et de marcher. Il suit partout son maître et semble réellement s'y attacher. Il lui vient également en aide de façon très utile à la fin de l'histoire.
La route de nos petits héros va également les conduire sous l'eau et la fête foraine qu'ils y découvrent ne peut là aussi que rappeler celle de Pinocchio - je ne vous dirai pas pourquoi ! -.


Durant son périple, David rencontre Joe le gigolo, un étonnant robot conçu pour plaire aux femmes Bien que ce soit toujours un plaisir de le voir jouer, Jude Law semble ici interpréter un personnage assez inutile dans l'histoire, son rôle est en fait assez court et pas assez approfondi. Peut être finalement l'ours robot Teddy aurait-il suffit comme compagnon pour David.

Le film est en effet presque exclusivement - sauf dans les dix premières minutes du film - centré sur le personnage de David, interprété avec beaucoup de talent et d'émotion par Haley Joel Osment, que l'on avait déjà pu apprécier dans Sixième sens, où il interprétait un petit garçon apeuré qui avait la faculté de pouvoir voir les fantômes qui vivaient (enfin, façon de dire ) autour de lui. La caméra s'attache beaucoup à lui, à ses yeux bleus et à son visage expressif.

Malgré son fabuleux décor futuriste, le film joue beaucoup plus sur l'émotion et la réflexion que sur les grandes scènes d'action, malgré quelques scènes fortes comme l'étonnante Foire à la chair - tout un programme ! - où, dans une ambiance de cirque, des robots en fin de vie sont détruits par le feu ou par l'acide. Les familiers de l'oeuvre de Collodi retrouveront là des allusions au spectacle de Mangiafuoco où le patron du théâtre veut jeter au feu les vieilles marionnettes de son spectacle et exhibe Pinocchio comme une rareté, une marionnette parlante et chantante. Le pauvre petit David sera présenté ici comme une copie destinée à remplacer un jour tous les enfants de la Terre et manquera d'être dissous.

La quête touchante de David pour devenir un vrai petit garçon le mènera dans des lieux très divers, à la rencontre de personnages soit mécaniques, soit humains bien que ces derniers aient rarement le beau rôle. D'une longueur de presque 2h30, le film n'engendre jamais l'ennui, grâce à la diversité des lieux et des époques. Les changements de style et de visuels sont assez frappants et l'on semble assister à trois films distincts.



I.A est l'adaptation d'une nouvelle de 1969 « Supertoys Last All Summer Long » de Brian Aldiss, auteur renommé d'un grand nombre de romans, nouvelles et poèmes de science fiction. Fasciné par cette nouvelle, Stanley Kubrick désire l'adapter en film dans les années 70 et acquiert alors les droits de l'histoire. Son idée est cependant de faire un David généré par ordinateur au lieu de faire appel à un enfant acteur. La technologie de l'époque ne lui convient pas pour pouvoir réaliser de façon suffisamment réaliste le monde de David.

Il remet en 94 le projet à Spielberg qu'il juge idéal pour adapter la nouvelle d'Aldiss. Steven Spielberg commence à tourner cette adaptation bien plus tard, pris par d'autres projets. Il utilisera un certain nombre de dessins préparatoires fournis par Kubrick et lui dédiera le film - Pour rappel, Stanley Kubrick est décédé en 1999-.

Le film interroge sur plusieurs sujets philosophiques avec un message écologique indéniable sur le futur de l'humanité et un avenir apocalyptique ainsi que sur la responsabilité de l'être humain envers ce qu'il crée.
Enfin, on pourra aussi philosopher longtemps sur le rôle de Monica et ses sentiments, à la fois mère indigne qui sera forcée d'abandonner son enfant mais aussi attachée à David par un lien très fort.



I.A Intelligence artificielle est donc une belle réussite de Spielberg, un film étrange et attachant dont la dimension philosophique peut perturber ceux en attente d'un film de science fiction aux rebondissements multiples et aux effets sonores. Ce ton fait d'ailleurs ressentir de manière encore plus brutale les quelques scènes violentes ou dramatiques du film.
Enfin, il convient de saluer la performance du petit Haley Joel qui tient tout le film sur ses épaules de 12 ans. Un des films les plus poétiques et émouvants de Steven Spielberg.

Imitation game - Alan Turing : L'inventeur de l'ordinateur

Imitation game - Film de Morten Tyldum, 2014.

Si Alan Turing est bien connu des informaticiens pour les notions de système Turing, de Test Turing ou de machine Turing, son rôle dans l'histoire de l'informatique et son action dans la Guerre de 39-45 sont restés longtemps méconnus du grand public.

Alan Turing est en effet le père de l'informatique et le concepteur du principe de l'intelligence artificielle. Pendant la Guerre, il met au point tout seul un immense calculateur, capable de déchiffrer les codes les plus complexes, notamment ceux des machines Enigma, utilisées par les allemands pour coder l'ensemble de leurs messages.

Ce calculateur est l'ancêtre de nos ordinateurs.

Grâce à cette machine, de nombreux messages sont interceptés par les services britanniques qui ont alors connaissance des grandes opérations menées par l'armée allemande.
Cependant, la difficulté est que celle-ci ne doit pas savoir que son code a été craqué. Toutes les opérations ne pourront alors pas être déjouées mais la principale est évitée en 1942. Turing et son équipe parviennent en effet à déjouer l'invasion de la Grande Bretagne grâce aux renseignements interceptés.

Mais la personnalité complexe de Turing va causer sa perte. Personnage intraverti, imbu de lui-même et dédaigneux envers ceux qui n'ont pas son quotient intellectuel, Alan apparaît comme un personnage peu sympathique, refusant tout travail d'équipe, une sorte de machine à penser, comme le Docteur Watson définit parfois Sherlock Homes (nous verrons un peu plus loin le pourquoi de ma comparaison). 

Rien en effet ne doit venir déranger son esprit au travail, aussi entrera-t-il souvent en conflits avec ses collègues de travail avant de finalement accepter leur aide et d'écouter leurs opinions. Tel est le portrait qui en est brossé dans le film Imitation Game. Dans la biographie qui lui a été consacré en 2018, son neveu, Dermot a cependant jugé ce portrait trop exagéré et appuyé.

Mais Alan Turing est en fait une personne fragile et tourmentée, qui cache son homosexualité. Celle-ci étant à l'époque vue comme un délit au Royaume-Uni, Alan sera condamné à la castration chimique qui le laisse dans un état physique et psychologique déplorable; il se suicide au cyanure à 41 ans, en 1954.

Le film retrace l'ensemble de sa vie, démarrant d'une enquête menée à son domicile par des policiers en 1951 suite à un cambriolage chez lui. 

Ils sont acccueillis de façon assez déplaisante par le mathématicien et décident alors de fouiller dans son passé. Cette enquête est le point de départ de la présentation de la vie de Turing depuis le collège où il montre déjà des aptitudes étonnantes pour résoudre des problèmes mathématiques, à ses études universitaires, à ses travaux de chercheur à l'Université de Princeton jusqu'à son intégration aux services de renseignements britanniques en 1938.

Le film propose une reconstitution minutieuse de l'époque de la guerre 39-45 et nous donne des explications sur le principe de la machine Turing, explications que l'on pense comprendre un peu sur le moment mais qui s'avèrent finalement d'une grande complexité, on s'en doute.
Il y avait deux possibilités, soit de nous proposer un véritable cours sur le décodage, soit de nous donner quelques éléments et nous laisser suivre l'histoire. C'est cette deuxième option qui est retenue dans le film, rendant celui-ci beaucoup plus accessible mais pas toujours très compréhensible.
Côté acteurs, deux excellents choix. Benedict Cumberbatch s'est fait connaître du grand public en incarnant avec talent Sherlock Holmes dans la série Sherlock, pour laquelle il décroche l'Emmy Award du meilleur acteur. Il poursuivra ensuite une fructueuse carrière au cinéma notamment dans plusieurs films Marvel ou encore dans Le Hobbit : la désolation de Smaug. Il retrouve dans le rôle de Turing certains aspects de son personnage de détective.
Trio Cumberbatch, Goode, Knightley

Matthew Goode mène aussi une double carrière à la télévision (Downton Abbey, Discovery of witches, The Crown..) et au cinéma ( Stocker, Alliés, A single man...). Le bel acteur britannique a de plus et pour la huitième année consécutive été élu en juillet 2021 Personnalité préférée des anglais par le magazine Londres Weekly, après avoir gagné quelques mentions d'acteurs le plus sexy par divers magazines people. Il joue ici le rôle du cryptanalyste et champion d'échecs Hugh Alexander, qui s'opposera d'abord aux méthodes de Turing avant de l'épauler dans son travail.

Keira Knightley, plus à l'aise dans Pirates des Caraibes ou dans Orgueil et Préjugés incarne Joan Clarke, seul membre féminin de l'équipe de Turing.

Le film se suit donc avec plaisir grâce à son interprétation et à la reconstitution soignée des années de guerre et de l'action de l'équipe de surdoués réunis par les Renseignements britanniques. Il manque cependant parfois un peu de dynamisme et l'on aurait souhaité un développement plus important de la présentation des personnages qui nous ferait ressentir plus d'empathie pour leur histoire.
Le film a reçu de nombreuses récompenses, dont l'oscar du meilleur scénario.
Son caractère biographique, ce qu'il nous apprend sur l'action des renseignements anglais pendant la Guerre et la genèse de l'informatique le rendent tout à fait intéressant à découvrir.

Dernière précision, Alan Turing sera finalement grâcié en 2013 et reconnu comme héros de guerre par la reine Elisabeth.

Megan Leavey : Les chiens, héros de guerre

Megan Leavey - Film de Gabriela Cowperthwaite, 2017. 

J'ai déjà eu l'occasion, dans une précédente critique (Togo) d'évoquer ces chiens héros dont l'histoire fait fondre le coeur des amis des animaux. On se souvient de Laika, la petite chienne partie dans l'espace, de Barry, l'épagneul des Alpes qui sauva plus de 50 personnes perdues dans la neige, ou encore de Togo et de Balto, héros de la course au sérum contre la diphtérie en Alaska.

D'autres chiens, sans avoir accompli de véritables prouesses, se sont montrés exceptionnels dans leur attachement à leur maître comme Hachiko qui attendit pendant douze ans quotidiennement et jusqu'à sa mort, son maître décédé, à la gare où il avait l'habitude de descendre au retour de son travail.

Au fil des siècles, les chiens ont été associés à de nombreux conflits, étant utilisés pour leurs qualités d'endurance, leur flair et leur instinct comme chiens de combat, de garde, de détection, de courrier...Comme les hommes, de nombreux chiens ont accompli des actes héroiques mais les livres d'histoire les ont souvent oubliés.
Les plus polémistes rétorqueront évidemment qu'aucun animal n'a signé de sa patte son engagement dans l'Armée et que l'attachement à leur maître explique les actions réalisées. Il y a certainement du vrai mais ceci n'enlève rien à leur dévouement et à leurs exploits.

Le film Megan Leavey nous présente l'histoire vraie de Rex, un berger allemand "engagé" chez
les Marines et de son maître-chien Megan Leavey.
Nous suivons ainsi l'histoire d'une jeune américaine de vingt ans un peu paumée, Megan, qui vit entre son égoiste mère et un beau-père peu reluisant. Ne sachant que faire de sa vie, elle tombe un jour en arrêt devant une affiche des Marines et s'enrôle en 2003 en Caroline du sud.

Alors qu'elle suit un entraînement très dur, elle doit un jour effectuer une punition dans le chenil qui abrite les chiens préparés aux actions sur le terrain. Elle tombe en arrêt devant Rex, un beau berger allemand agressif et décide de conquérir son amitié. Elle devient ainsi maître-chien et le duo est envoyé sur le terrain des opérations militaires déployées en Irak. Leur rôle sera de repérer les mines et explosifs divers lors de l'avancée des troupes dans le désert.


Le film adopte ici un ton quasi documentaire pour nous présenter les méthodes de travail des maîtres-chiens et de leurs comparses. Rex va s'avérer particulièrement doué pour repérer les explosifs et la jeune Mégan, d'abord un peu moquée par ses compagnons hommes, va conquérir leur estime jusqu'à devenir, en même temps que Rex, une héroine de guerre.
Le film se déroule en trois grands moments, l'entraînement de Megan et de Rex, leurs exploits en Irak puis le retour à la maison où Megan va chercher à adopter Rex.

Cette dernière partie, traitée un peu rapidement, n'est pas la plus réussie bien que Kate Mara joue avec conviction le rôle de Megan et se révèle émouvante. On se perd en effet un peu dans ses histoires familiales et son idylle avec le soldat Morales, au détriment de ses démarches pour ramener Rex chez elle.
Le film a été tournée, non pas en Irak mais en Espagne pour les épisodes se déroulant dans le
Megan et Rex (les vrais)

désert et à Falloujah. L'ensemble est très réaliste.
La réalisation est classique et si l'on regrette un peu que l'aspect psychologique des personnages soit peu poussé, on ne s'ennuie pas un instant même sans être féru d'histoires militaires.

Un film attachant à découvrir.



Pour terminer cinq histoires canines sur les chiens héros de guerre:

Moustache décoré par le Maréchal Lannes à Austerlitz
(par Jacques Onfroy de Bréville (1858-1931)
Moustache, caniche des guerres napoléonniennes : Pendant 13 ans, Moustache accompagne les Grognards de l'armée de Napoléon. 

Il entre dans la légende pour de multiples exploits, avertissant la troupe de l'arrivée des autrichiens, sauvant plusieurs soldats.

Lors de la bataille de Waterloo, il récupère le drapeau de son régiment et alors qu'une décharge lui emporte une patte, il trouve la force de ramener l'étendart vers les lignes françaises.


Gander
Gander, le terre-neuve canadien dans la seconde guerre mondiale : Gander accompagne une unité de l'armée canadienne lors de la bataille de Hong-Kong. 

Il retarde l'avancée de l'ennemi à plusieurs reprises, sauve des vies et ramasse une grenade tombée au milieu d'un groupe de soldats pour courir avec en direction des japonais. Il sautera hélas avec.

Rip, le terrier des bombardements de Londres : Rip est un petit chien d'origine indéterminée trouvé par un soldat lors d'un bombardement de Londres. Sans même avoir été entraîné, Rip a permis de retrouver plus d'une centaine de personnes enfouies sous les décombres. Pour son exploit, il sera décoré de la médaille Dickin, en 1945.

Djony, le berger belge malinois, la terreur des djihadistes : Djony fait partie du commando des parachutistes français du CPA10. Entraîné à faire face aux terroristes sur des terrains de guerre, il accompagne Vince, membre des commandos dans de nombreuses missions. Il s'illustre depuis 2016 dans diverses actions : arrestation d'un groupe de terroristes en fuite, déminages, neutralisation de plusieurs terroristes...
Il se distingue particulièrement lors d’une prise d’otages et d’une tuerie de masse à Ouagadougou, au Burkina Faso. Il a reçu le prix du chien héros, à Paris, en 2017.

Stubby
Stubby, le bull terrier promu sergent lors de la guerre 14-18 : Stubby est le chien soldat le plus connu, le plus médaillé et le seul à avoir été promu sergent dans l'armée américaine. Au cours des 17 batailles auxquelles il participe, il accomplit de nombreux faits de guerre : il détecte le gaz, alerte de l'arrivée d'obus, retrouve des soldats blessés, capture seul un espion allemand... Après la guerre, il continue à accumuler les distinctions, rencontre plusieurs présidents américains puis meurt paisiblement dans les bras de son maître, J. Conroy, en 1926.


Lire aussi l'histoire de Togo :

Togo ( Film de E. Core, 2019) : la véritable histoire de la course au sérum


La machine à explorer le temps : En l’an 802 701 : nos arrière-arrière…petits-enfants, les morlocks

 La machine à explorer le temps - Film de Georges Pal, 1960.


Affiche La Machine à explorer le tempsLondres, 1900, un inventeur, Georges, a convié à dîner ses amis, une semaine après une autre soirée où il leur a parlé de l’existence de la 4ème dimension – le temps- et de la possibilité du voyage dans le temps.
A l’appui de sa démonstration, il avait fait disparaître une petite maquette d’une étonnante machine, devant ses amis très sceptiques.
Après avoir longuement attendu leur hôte en cette 2ème soirée, ils ont la surprise de le voir apparaître hagard, blessé et les habits déchirés.
Georges se met alors à raconter son extraordinaire expérience de voyage dans le temps.


Le célèbre roman d’H. G. Wells se prête magnifiquement à une adaptation cinéma grâce à l’originalité de l’histoire, à l’intérêt des aventures vécues par son héros et à la surprenante civilisation post-apocalyptique qu’il présente. Il est à noter que l’auteur a écrit au moins cinq versions de l’histoire, de 1888 à 1924, permettant diverses variations autour de ce thème. Il semble que la version 1895 soit celle qui comporte tous les éléments de l’histoire adaptée ici.

Le sympathique Rod Taylor interprète Georges; entraînant aussitôt l’empathie du public, il ne quittera pas l’écran durant toute l’histoire, faisant partager au spectateur son enthousiasme, son étonnement, sa curiosité et ses frayeurs. Le côté romantique et la touche féminine sont assurés par Yvette Minnieux, charmante représentante du peuple des élois, une partie de nos très lointains descendants.
Le personnage possède l’humanité et les sentiments dont ses compatriotes semblent dépourvus.

Mais le film (comme le roman) marque surtout par l’invention de la civilisation des morlocks, que l’on attendra avec impatience de voir surgir.
Créatures aux perruques blondes, à la peau bleutée et aux yeux phosphorescents, leur apparition déclenchera plus le rire que la frayeur bien que ces personnages aient sans doute « traumatisé » certains d’entre nous dans leur enfance.
On regrettera leur intervention assez tardive et rapide, même si le suspense entretenu sur leur présence inquiétante, les signes de leur passage et l’obsédante sirène qui annonce l’ouverture de la grande porte de leur domaine, est bien mené et très prenant.

Les morloks constituent une part de la descendance humaine qui, suite à une guerre nucléaire, s'est réfugiée sous Terre et a muté sous la forme d'une sorte de primate d'une intelligence supérieure, tandis qu'une autre partie de la petite population survivante demeurait à la surface mais perdait peu à peu toute

trace d'intelligence humaine, devenant un peuple amorphe, privé de sentiments, assisté et soumis aux morloks.


Dans une assez longue séquence de la première partie du film, notre héros dans sa machine, assiste au spectacle du déroulement des jours, du cycle des saisons puis du passage des siècles le conduisant, effaré, de guerre en guerre jusqu’au cataclysme final.
Faite au moyens de trucages forts simples, la séquence reste cependant en mémoire, notamment grâce au détail du mannequin changeant de robe saison après saison et année après année, même s’il semble difficile de concevoir que Georges, vue la vitesse de sa machine, puisse réellement voir la vendeuse de la boutique en action.

On pardonnera ainsi les invraisemblances de l’histoire comme le fait que les morlocks, peuple vivant de façon très primitive aient donné aux élois une véritable cité et tout un confort de vie, alors qu’ils sont destinés à être dévorés.
Etonnant aussi que les élois continuent à parler un anglais parfait et aient une façon humaine d’agir, alors qu’ils ont perdu toute intelligence, tandis que les morlocks qui les dominent vivent et agissent comme des hommes préhistoriques et ne parlent plus que par grognements.


Simon Wells, arrière-petit fils d’H. G. réalisera en 2002 une nouvelle et fort honnête adaptation de La machine à explorer le temps, avec Guy Pearce et Jeremy Irons. Cette version, sans posséder le charme du 1er film - elle se veut plus réaliste et percutante, avec des morlocks véritablement effrayants et quelques libertés prises avec l’histoire - se suit néanmoins avec intérêt.


Le film de Georges Pal a le charme des adaptations des romans des classiques de la science-fiction, comme les romans de Jules Verne, tel Voyage au centre de la terre d’Henri Levin (1959), autre bijou de ces années 50-60, aux trucages simples mais aux images évocatrices, aux couleurs chatoyantes et aux rebondissements multiples. On pourra évoquer aussi Vingt mille lieues sous les mers de Richard Fleischer (1954) ou encore Les premiers hommes dans la lune de Nathan Juran ( en 1964, d’après un roman de H. G. Wells).

Un joli classique à découvrir sans hésiter.

Article écrit en janvier 2019

La poupée sanglante : "Ce qui est étrange dans l’histoire de Bénédict Masson, c’est qu'elle ne fait que commencer."

 La poupée sanglante - série Marcel Cravenne et Robert Scipion, 1976.


Gabriel est un jeune homme d'une grande beauté qui vit caché chez un horloger et sa fille, Christine.
Celle-ci semble très attachée au jeune homme, au grand désespoir de son voisin, le relieur Benedict Masson, homme difforme à l'âme de poète, qui épie en cachette Christine, éperdu d'amour.
Tous deux se retrouvent dans le Château du Marquis de Coulteray, lieu étrange qui semble sous l'emprise d'un inquiétant docteur hindou, accompagné de plusieurs serviteurs. Benedict va s'occuper de la bibliothèque du Marquis, Christine doit sculpter le portrait de la Marquise. Celle-ci, qui semble atteinte de folie, accuse son mari d'être un vampire.

La poupée sanglante et sa suite, La machine à tuer, sont deux romans de Gaston Leroux, connu pour ses romans de mystère et de fantastique. Les deux ingrédients se mêlent ici adroitement sans que l'on sache tout d'abord si certains éléments sont du domaine de la science fiction - la poupée qui donne son nom au roman -, du fantastique - vampire et réincarnation - ou du roman policier.


On ne peut s'empêcher de voir plusieurs analogies avec d'autres histoires classiques, tout d'abord Les Contes d'Hoffmann, opéra d'Offenbach où le héros est un poète (Hoffmann lui-même) amoureux d'une poupée Coppelia, tandis que trois visages de femmes se croisent dans les divers actes de l'opéra. De la même façon, Christine verra trois hommes en Gabriel : le génie de Jacques, l'âme de Benedict et la beauté de l'automate.

On fera également le rapprochement avec le roman de Victor Hugo, Notre Dame de Paris où Esmeralda aime Phoebus pour sa beauté et s'attache à Quasimodo pour son âme.
Enfin, le tueur en série qui conduit les jeunes femmes à la campagne et les fait disparaitre et brûler évoque manifestement Landru, exécuté un an avant la parution du roman de Gaston Leroux.

Côté interprétation, on retiendra surtout la belle Yolande Folliot, parfaite dans le rôle de Christine, qui traversera diverses séries des années 70-80 comme Ces beaux messieurs de Bois Doré ou Les fiancés de l'Empire et aura une carrière théâtrale très riche.
Jean-Paul Zehnacker, quant à lui, est affublé d'un maquillage un peu inspiré de Quasimodo et joue un personnage complexe au regard halluciné. Le réalisateur Maurice Cravenne proposera trois ans plus tard une série jouant également sur le mystère avec une atmosphère quasi fantastique, L'île aux trente cercueils, adaptée d'une oeuvre de Maurice Leblanc. Zehnacker y

jouera à nouveau un personnage halluciné. Cet acteur est surtout connu pour avoir fait une très longue carrière théâtrale comme c'est le cas pour l'interprète de Gabriel, Ludwig Gaum qui fera carrière sous le nom de Lee Godart.

La poupée sanglante est une série qui a généralement marqué ceux qui l'ont vue à l'époque par son atmosphère fantastique, même si ce n'est pas la plus grande réussite de la télévision française. Certains personnages sont un peu caricaturaux - les villageois et les serviteurs indiens du Marquis- et l'on peut repérer certaines

longueurs, notamment dans la 2nde partie. Sans doute un format plus court aurait-il permis d'être à l'histoire d'être plus percutante.
On retiendra au final une série originale et prenante, qui a certes un peu vieilli, mais qui a le charme des productions des années 60-70 avec des acteurs de qualité.

Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...