A Christmas carol : Retrouver l'esprit de Noël

 A Christmas carol - Film de Edwin L. Marin, 1938.

Dans l'atmosphère morose qui qualifie la fin d'une année bien difficile, il semble plus que jamais nécessaire de garder l'esprit de Noël, malgré la vision de nos villes où les décorations ont presque disparu, où les sapins sont bannis des rues au nom d'une soi-disant raison écologique, où les églises désertes ont remplacé l'eau bénite par du gel hydroalcoolique....

Un chant de Noël de Charles Dickens est sans doute l'histoire qui nous permet le plus de retrouver cet esprit de Noël, grâce à son caractère de générosité et à la profonde humanité qui caractérise ses personnages et leur histoire. Loin de toute mièvrerie, il s'adresse plus à un public adulte qu'à un public enfantin par la réflexion qu'il propose sur la nature humaine, sur le thème de la rédemption ainsi que la description donnée de la vie au sein de l'Angleterre du 19ème siècle.

Il est le plus connu des cinq contes de Noël écrits par Charles Dickens : Le grillon du foyer, Les carillons, La bataille de la vie et L'homme hanté.

La version de la MGM est sans doute la plus belle et la plus réussie de toutes les adaptations grâce à la retranscription fidèle de l'atmosphère dickensienne et à une très belle interprétation.
La scène s'ouvre par une vue de Londres - Londres de studio, où rues et maisons ont été soigneusement reconstituées - dans une belle atmosphère d'hiver. Malgré l'épais manteau blanc qui recouvre le sol, il règne une sympathique agitation en ce 24 décembre où piétons et fiacres se croisent. Dames et messieur élégants, ouvriers et petits métiers divers, gosses des rues....tous vaquent à leurs occupations de travail, de loisirs ou de préparatifs de Noël avec un entrain particulier.
L'attraction principale du quartier où commence notre histoire est de voir les enfants s'amuser à faire des glissades sur les plaques de glace, sous le regard envieux des adultes qui tenteraient bien l'expérience. Un sympathique et souriant jeune gentleman, Fred, se lance à son tour et tombe dans la neige sous les rires joyeux des enfants. il fait ainsi la connaissance
de deux d'entre eux, le petit Tiny Tim et Peter Cratchit.
Tiny Tim est un gracieux petit garçon hélas handicapé d'une jambe mais dont la bonne humeur éclaire tous ceux qui l'entourent malgré le fait qu'il ne puisse pas participer aux jeux remuants des autres enfants.
Les personnage sont ainsi introduits par Fred qui se rend ensuite chez son oncle, Scrooge , usurier avare et férocement opposé à l'esprit de Noël. Le jeune homme vient comme chaque année, avec bonne humeur porter ses voeux à son oncle et l'inviter à réveillonner chez lui, invitation toujours refusée.

La boutique de Scrooge est tenue par un petit homme timide, Bob Cratchit, souffre-douleur de son patron, contraint de travailler dans un lieu humide et glacial, pour un salaire de misère.
Nous suivons un instant Bob qui, en ce soir de réveillon, s'en va rejoindre sa famille, dont Tiny Tim et Peter, que nous avons déjà rencontrés; l'histoire se centre alors sur le vieux Scrooge regagnant amer et solitaire sa sombre demeure.

Après avoir vu la poignée de sa porte d'entrée prendre le visage de son associé défunt, Marley, Scrooge se réfugie chez lui et voit arriver le fantôme de Marley venu pour sa rédemption. Scrooge recevra durant la nuit de Noël la visite de trois esprits qui vont lui montrer le passé, le présent et l'avenir. Une nuit pleine d'émotion attend le vieil avare...

La particularité de la version de Edwin L. Marin est de proposer une histoire plus familiale et moins sombre que d'autres adaptations, décrivant plus précisément la vie de la famille Cratchit et approfondissant les personnages de Fred et de sa fiancée, le tout vu par le regard de Scrooge, qui assiste invisible, en compagnie des esprits, à divers épisodes de la vie des personnages.

Reginald Owen interprète avec conviction le rôle de Scrooge, lui donnant un aspect sympathique assez rapidement tant il se montre touché par tout ce qu'il découvre. De fait, on suit avec intérêt l'évolution du personnage qui se révèle original et finalement plein d'humour.
Les acteurs sont tous très attachants, notamment le jeune Terry Kilburn - Tiny Tim -, qui dira l'année suivante "Goodbye Mr Ships" à Robert Donat, dans l'adaption du roman de A. J. Cronin.

Le film propose un noir et blanc de toute beauté à travers diverses moments comme la scène d'introduction dans la rue de Londres ou encore le survol de Londres et de la campagne anglaise.
Le roman de Dickens a été adapté un grand nombre de fois au fil du temps mais cette version est bien la plus attachante et lumineuse que j'aie pu voir.

A découvrir en cette période de fêtes... Que Noël et les fêtes de fin d'année soient lumineux et porteurs d'espoir pour tous !

Illustration par Fred Barnard, 1878


Harry Potter et la chambre des secrets : Aujourd'hui, nous allons apprendre à changer des animaux en verres à pied !

 Harry Potter et la chambre des secrets - Chris Columbus, 2002.

Deuxième film de la saga Harry Potter, La chambre des secrets voit nos jeunes héros commencer à quitter l'enfance pour une aventure plus sombre que la précédente. Des enfants de moldus ( jeunes sorciers issus de parents sans pouvoir magique) sont la cible d'une menace qui rôde dans le château et dont la présence inquiétante se manifeste par d'étranges et menaçants murmures. . Harry va se retrouver plongé dans le passé de Poudlard, à la rencontre d'un mystérieux jeune homme, Tom Jedusor, auquel ils se sent étrangement lié.

Ce second opus voit apparaître un ensemble de nouvelles créatures et de personnages, depuis le sympathique et misérable elfe de maison Dobby (menacé de mort cinq fois par jour par ses cruels maîtres, les Malefoys) jusqu'à Aragog, la monstrueuse araignée élevée par Hagrid.
On retiendra l'apparition savoureuse de Kenneth Branagh dans le rôle de l'étincelant (mais pleutre) Lockart, chouchou de toutes les sorcières. Son personnage, bien qu'assez peu utile à l'histoire apporte un côté léger des plus divertissants, d'autant plus que
l'acteur shakespearien semble se régaler à jouer ce rôle.
Le jeu de Daniel Radcliffe, Rupert Grint et d'Emma Watson est encore un peu maladroit par moments mais est en amélioration constante tandis que les vétérans Richard Harris, Maggie Smith et Alan Rickman apportent tout leur métier à leurs personnages respectifs.

Le tournage s'effectue dans divers lieux chargés d'histoire, présentant principalement le grandiose château de Poudlard, qui à défaut d'exister réellement, rassemble tout un ensemble de lieux où l'équipe est allée tourner comme La Cathédrale de Gloucester, l'Abbaye de Lacock, la gare de King's Cross, le Christ Church College ou encore la Librairie médiévale de l'Université d'Oxford.

Tout ceci confère une grande richesse au film qui nous promène d'un lieu à l'autre au milieu d'une multitude de détails.
Parmi les décors construits pour l'occasion, on retiendra notamment Le Terrier, maison très originale, haute et très bancale, située au milieu de nulle part mais dont l'intérieur est des plus chaleureux grâce à de multiples accessoires magiques comme les aiguilles qui tricotent seules ou l'horloge qui indique en temps réel la situation des divers membres de la famille.

Un soin particulier a ainsi été apporté aux décors et à leurs moindres détails comme le somptueux et lumineux bureau du directeur de l'école, le Professeur Dumbledore, décor qui a réquisitionné plus de 250 ouvriers et artisans ou encore la serre, exacte réplique d'une des serres de Kew Gardens, où le Professeur Chourave enseigne à ses élèves à rempoter des mandragores, sortes de bébés hurlants faits de racines.

Tout ceci nous vaut un ensemble de scènes qui allongent la durée du film, parfois sans utilité mais pour un aspect beaucoup plus immersif dans le monde magique.

Après le prochain opus, sommet de la saga pour beaucoup de fans, les autre épisodes adopteront un style de plus en plus dépouillé, laissant peu à peu de côté tous les éléments de détail du monde magique pour se centrer sur les héros et leur histoire... Un aspect que je ne suis certainement pas la seule à regretter tant le monde d'Harry Potter version Columbus (épisodes 1 et 2) et version Cuaron (épisode 3) est magique ! Cet épisode ne constitue peut être pas le meilleur de la saga du point de vue de son histoire mais un des plus inventifs et agréables à regarder.
Un incontournable en ces temps moroses pour s'acheminer doucement vers Noël....

Et pour finir, une petite réflexion....
Les raisons pour lesquelles on aimerait étudier à l'Ecole de sorcellerie de Poudlard :
- Apprendre à voler sur un balai, bien sûr
- Apprendre à changer des animaux en verres à pied

- Pouvoir bavarder avec les portraits qui peuplent tout le château
- Participer à des banquets où la table se couvre par magie de toutes sortes de mets
- Avoir des escaliers qui bougent tout le temps et vous amènent à des endroits différents
- Se faire livrer son courrier par des hibous
- Avoir une cape d'invisibilité pour aller discrètement partout où l'on veut.

- Ecrire à la plume et préparer toutes sortes de potions dans un grand chaudron.

Les raisons pour lesquelles je déconseillerais d'étudier à l'Ecole de sorcellerie de Poudlard :
- Les toilettes des filles abritent un fantôme un peu envahissant.
- Les sous-sols de l'Ecole abritent un gigantesque monstre.
- Le grand saule du parc est dangereux et s'attaque à ceux qui s'approchent trop près.
- Les araignées de la forêt sont gigantesques et aiment à l'occasion se nourrir de chair humaine.
- Le seigneur des ténèbres, Voldemort, a une facheuse tendance à s'introduire dans le château pour en détruire ses occupants
- Enfin, le seul sport que l'on peut pratiquer est le Quidditch, sport qui nous conduit à plusieurs dizaines de mètres de hauteur avec des chûtes éventuelles très douloureuses
....

Fête des Lumières du 8 décembre : Allumons nos lumignons

Fête des Lumières du  8 décembre 




C'est la Fête des lumières aujourd'hui 8 décembre à Lyon et dans la Région.

Pour ceux qui ne connaissent pas, cette fête est dédiée à la Vierge Marie pour avoir gardé la ville de la peste au 17ème siècle.
Aujourd'hui, croyants et non croyants continuent d'allumer des lumières le 8 décembre pour fêter leur ville et dans toutes les périodes difficiles comme les attentats de Paris ou la flambée épidémique du covid en mars.

Je mettrai ce soir comme de nombreux lyonnais des lumignons aux fenêtres, signe d'espoir et de résistance en ces temps difficiles.
Bon courage à tous et bonne soirée.


Le Virginien : Une grande série western méconnue

 Le Virginien - Série de Charles Marquis Warren, 1962.

La belle époque des séries télé western se situe dans les années 50-60, époque durant laquelle la télévision américaine, nostalgique de l'histoire de l'ouest américain et amoureuse de ses grands espaces, produit un nombre impressionnant de westerns. De nombreux acteurs cavalcaderont avec bonheur dans ces belles étendues et s'amuseront à jouer aux cow-boys et aux indiens.


Les plus terre-à-terre diront que tourner des westerns permettait aussi de réduire les frais de tournage, les décors étant gratuits et identiques tandis que chevaux et accessoires divers pouvaient éventuellement passer d'une histoire à l'autre. Il en ira de même d'ailleurs pour le cinéma.
C'est dans les années 70-80 que la télévision française connaîtra un véritable engouement pour ces séries avec notamment comme titres phare : Au nom de la loi, Bonanza, Kung Fu ou La grande vallée (je suis certains que les lecteurs de ma critique en auront bien d'autres en tête).
Les grands espaces

Parmi ces séries, une des plus méconnues est sans conteste Le Virginien, diffusée en pointillés à la télévision française depuis la fin des années 60 et dont peu d'épisodes seront d'abord doublés. Ainsi, sur les 245 épisodes de la série, seuls 49 seront alors diffusés.
Une des particularités de la série est d'aborder un format peu courant de 75 minutes, se rapprochant presque de la durée d'un téléfilm et loin des traditionnelles 20 ou 45 minutes de mise dans cet univers. Ceci permet un développement de l'histoire plus important.

Ce qui frappe en premier lieu dans Le Virginien, c'est la solidité de ses scénarios ainsi qu'un élément inusité, le héros n'apparait que de façon épisodique, tantôt il sera le héros de l'histoire, tantôt il sera en soutien des autres personnages, voire il sera totalement absent de de certains épisodes.

Le titre The Virginian sera changé dans la dernière saison pour devenir The men from Shiloh, mettant à égalité les divers personnages du ranch, les femmes n'étant que secondaires parmi les héros, sauf la mignonne Roberta Shaw, qui interprète le rôle de Betsy, la fille du Juge Garth dans les quatre premières saisons.

Lee J. Cobb, dans le rôle du maître de Shiloh, apporte son expérience et sa solidité à la série, compensant le jeu parfois un peu limite des jeunes héros. En effet, si James Drury, Doug Mac Clure et Gary Clarke sont à l'aise dans les scènes d'action, force est de constater que dans les scènes dramatiques ou autres, leur jeu s'avère parfois un peu limité.

La série ne se veut pas exclusivement western et elles mêlera divers genres, notamment le policier et judiciaire, où l'on voit Lee J. Cobb à l'oeuvre dans son rôle de brillant avocat. Ces épisodes, au scénario élaboré peuvent parfois se révèler un peu ardus pour ne pas dire un peu bavards, malgré la qualité de l'interprétation.

Lee J. Cobb, James Drury et Barry Sullivan


Beaucoup d'histoires tournent autour du thème de la vengeance, ce qui en fait une série tournée vers le drame, que celui-ci se déroule sous l'angle policier ou plus dans le genre aventures, lorsqu'il y a aura plutôt des scènes d'action en extérieur. De fait, le genre comédie convient très mal à la série et les quelques épisodes que j'ai pu voir de ce style sont les plus faibles.

Il est aussi d'usage, dans les séries western de l'époque, d'avoir des guest stars ou de donner leur chance à des petits nouveaux. Là aussi, Le Virginien se démarque puisqu'il place souvent au centre de l'histoire ses invités, rendant les héros accessoires. On peut citer quelques grands noms comme Charles Bronson, Vera Miles, Leo Genn, Joan Collins, George C. Scott, Lee Mavin ou encore Bette Davis....entre autres . Parmi les nouveaux venus, Robert Redford fera une entrée remarquée dans un épisode où il aura l'occasion de montrer tout son talent en détenu libéré sur parole qui va trouver la rédemption grâce nos héros.

Doug Mac Clure (Trampas ) et Joan Collins

The Virginian, interprété par James Drury est un homme mystérieux dont on ne connait ni le nom ni le passé. Devenu ami avec le Juge Garth, riche propriétaire d'un ranch et brillant avocat, il devient régisseur de Shiloh. Notre héros est le protecteur plus que le chef des hommes du ranch et il apporte souvent sa sagesse aux problèmes des divers personnages. Ses compagnons Trampas et Steve Hill apportent le côté insouciant, parfois humoristique mais aussi dramatique, puisque tous deux se mettent souvent dans de mauvaises situations à cause de leur trop grande naïveté.

Le Virginien

The Virginian: A Horseman of the Plains est un roman écrit en 1902 par Owen Wister. Il est l'un des premiers romans du genre et inspirera divers films.
Son héros est le prototype du lonesome cow-boy, au passé mystérieux, venu dont ne sait où et dont d'ailleurs on ignorera toujours le nom véritable, bien que le mystérieux virginien soit appelé Jeff par son ami Steve Hill.
Cecil B. De Mille en réalisera une version muette en 1919, Victor Fleming met en scène Gary Cooper en 1929 avant que Joel MacCrea n'apparaisse dans la première version en couleur. Plus proche de nous, Bill Pullman deviendra Le Virginien en 2000.
Au cinéma, en 1929  

Détail amusant, Trampas est le méchant de l'histoire de Wister, toujours opposé au héros. La série de Charles Marquis Warren fera des deux personnages les meilleurs amis du monde et Trampas un jeune cow-boy des plus sympathiques.

Au fil des saisons, de nouveaux personnages vont apparaitre tels Clu Gulager qui interprétera le sympathique shériff Ryker dans une centaine d'épisodes, Charles Bickford qui vient prendre la place du juge Garth à la tête de Shiloh au bout de quatre saisons ou encore Lee Majors, échappé d'une autre série western phare des années 60, La Grande Vallée (The Big valley).
La série Le Virginien se démarque donc des autres séries western de l'époque par son mélange des genres, sa durée plus longue qui permet un développement de l'histoire et l'appel à des grands noms du cinéma qui ne sont pas là que pour faire de la figuration.

Quelques épisodes à découvrir, pour vous montrer la diversité de la série, même si je suis loin de la connaitre en entier :
The brazel bell
Un instituteur qui a lâchement abandonné ses élèves dans une école en flammes arrive à Medecine Bow. Il se trouve avec sa femme face à des bagnards évadés. Il devra surmonter sa peur et se racheter. George C. Scott interprète avec force le personnage central de l'histoire. Nos héros nommés shérifs adjoints vont l'aider dans sa lutte.

L'accusatrice ( The accomplice)
Une femme accuse Trampas d'avoir dévalisé la banque de la ville. Quand on sait que le personnage est interprété par Bette Davis, on se doute que la lutte sera ardue. Un très bon épisode à la Perry Mason, avec une belle scène de procès à la fin.

Le mort a disparu ( the man that coudn't die)
Vera Miles
Nous partons en voyage pour San Fransisco avec le Juge Garth qui pense avoir tué un homme au cours d'une bagarre; or, le cadavre a disparu. Un très bon épisode du genre policier avec la belle Vera Miles.

Ride a dark trail
Flashback sur l'arrivée de Trampas à Shiloh. Pensant que le juge Garth a tué son Père, il vient pour accomplir sa vengeance mais le juge le prend sous sa protection et il devient ami avec Le Virginien. Un épisode dans la pure tradition western qui nous fait chevaucher à travers les grands espaces de l'ouest américain.

En souvenir du passé (no tears for Savannah)
Le Virginien retrouve son ancienne fiancée (la superbe Gena Rowlands) dans une petite ville; elle est accusée du meurtre du fils de l'homme le plus influent de la région et risque la pendaison. Le Virginien prend la fuite avec elle. L'épisode se divise en deux parties, une policière et judicaire où Lee J. Cobb fait encore un beau numéro d'acteur et une d'aventure pure avec la fuite et poursuite finale.

Le tueur (A killer in town)
Deux histoires se déroulent en parallèle et finiront par se rejoindre.
Un chasseur de primes est à la recherche d'un tueur et soupçonne Trampas ( qui n'a vraiment pas de chance dans ce domaine).
En parallèle, une épidémie de typhoïde apparait dans la Région. Nos héros vont l'éradiquer en une journée (ça, c'est que l'on appelle des héros !)

The fatal journey
Un épisode passionnant où Le Virginien infiltre une bande organisée pour venger la mort de sa petite amie. Beaucoup d'aventures et de suspense.

clu Gulager

Ryker
Un ancien policier arrive à Medecine Bow et devient adjoint du shérif. Au cours d'un épisode plein d'action, Clu Gulager s'affirme comme un des personnages centraux de la série et le meilleur acteur, avec Lee J. Cobb.

Big image, little man
Un riche héritier est abandonné en plein désert suite à son éviction d'un train
Il sera sauvé par Le Virginien mais devra travailler pour survivre. Une histoire de rédemption plutôt prévisible mais très agréable.

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Togo : la véritable histoire de la course au sérum

 Togo - Film d'Ericson Core, 2020.


Plusieurs chiens héroïques ont traversé l'histoire :


- Conan, le chien qui, en 2019 a fait tomber le chef de l'état islamique en le poursuivant puis en le coinçant au fond d'un tunnel,


- Laika, la chienne astronaute envoyée en aller simple en orbite,


- Stubby le chien nommé sergent et le plus décoré de la 1ère guerre mondiale qui a sauvé son régiment d'attaques au gaz toxique,

Sergent Stubby avec toutes ses médailles


- Smoky la petite chienne aux 8 médailles qui a effectué des missions de reconnaissance durant la seconde guerre mondiale,


- Barry, le chien qui a sauvé plus de 40 vies dans les montagnes suisses,
- Balto, le chien de la course du sérum en 1925
....



Le nom du chien Togo mérite bien de figurer dans cette liste mais il a hélas été trop longtemps oublié. Balto a récolté toute la gloire. Voyons pourquoi.

En 1925, en Alaska, une épidémie de diphtérie s'abat sur les enfants de la petite ville de Nome, causant plusieurs morts et menaçant les 3 000 habitants du lieu . Il faut du sérum anti-diphtérique. Hélas, la ville la plus proche, la capitale Anchorage est à 850 km de là; on est en plein hiver et une violente tempête est en train de s'abattre sur la région. La température oscille entre -30° et -50 °. Brrr....!

Leonhard Seppala, musher norvégien et son attelage, mené par le chien Togo parcoureront à eux seuls plus de 400 km. ils seront relayés par 20 équipages, parcourant chacun de 10 à 50 km (le parcours sera en fait effectué deux fois car les doses rapportées seront insuffisantes).


La gloire en reviendra au dernier équipage arrivé à Nome et conduit par le chien Balto.


En 2011, Time magazine rétablit la vérité en nommant Togo, le chien le plus héroïque de tous les temps...enfin un peu de reconnaissance. Il a fait le plus gros du trajet avec son équipe.

Le film raconte l'histoire vraie du voyage de l'attelage de Seppala et de son chien ainsi que l'histoire de Togo, chien rebelle et de petite taille dont son maître cherchera d'abord à se débarasser avant de découvrir ses étonnantes capacités.

On est surpris par la beauté et les paysages immenses du Canada en hiver comme en été, ses montagnes, ses lacs et ses magnifiques couleurs. Pourquoi pas l'Alaska, me direz-vous ? Tout simplement parce que l'équipe du film a trouvé dans l'ouest canadien toutes les conditions nécessaires au tournage, des hautes montagnes, notamment le Mont McKinley, que l'équipe mettra des heures à gravir pour réaliser les prises de vue, le lac gelé, la température de -50° et la beauté des paysages.


La traversée du lac gelé a été réellement réalisée même si les craquelures ont été rajoutées ensuite numériquement, on s'en doute.

Le film prend le temps de mettre en place les personnages, de nous présenter l'histoire de Togo d'abord chien fou et indiscipliné mais qui va se révèler un véritable meneur de la meute ainsi qu'un chien courageux et très fort, comme lorsqu'il hissera, par sa seule force, l'attelage entier, prêt à tomber avec son musher dans un ravin. La scène est impressionnante et véridique.

Par des flashbacks, on suit la jeunesse de Togo avant de revenir à l'aventure de la course au sérum. On peut parfois regretter que cela casse le rythme du film et amène deux ou trois fois des confusions entre temps présent et passé.

L'histoire de Leonhard Seppala se suit avec intérêt et émotion devant la beauté des paysages et le formidable courage des participants à cette course pour la vie.

Leonhard Seppala et son chien Togo


James Bond 007 contre Dr No : Comment Sean Connery est devenu James Bond.

 James Bond 007 contre Dr No - Film de Terence Young, 1962.

Comment devient-on James Bond, archétype du gentleman anglais, racé et raffiné, lorsque l'on est un écossais pure souche, fier de ses origines, issu du prolétariat, taillé en athlète et préférant certainement le whisky écossais au vodka-martini (je m'avance peut être un peu sur ce dernier point ) ?

Sean Connery est en effet né d'une famille modeste dans un quartier industriel d'Edimbourg. Il commence à travailler à huit ans pour aider sa famille, d'abord comme laitier puis comme garçon boucher. Après avoir rejoint la marine à quinze ans, il exercera divers métiers comme livreur, vernisseur de cercueil, maçon ou encore modèle pour l'Ecole des Beaux Arts d'Edinbourg.

Sean chantant chez les farfadets
Suite à sa participation au concours de Mister Univers (il terminera 3ème), il se lance dans une carrière artistique à la télévision et au cinéma, où il interprète une dizaine de rôles dans les années 50-début 60, comme dans Le jour le plus long, La plus grande aventure de Tarzan ou encore dans le film Disney qui le fera enfin remarquer, Darby O'Gill et les Farfadets.

Dans ce rôle d'un beau, robuste et chantant irlandais,il est remarqué par deux producteurs et choisi parmi une centaine de candidats pour incarner le futur James Bond.

1ère apparition de Sean en James Bond

L'apparition de Sean en James Bond est rentrée dans la légende du personnage. Portant superbement le smoking, assis à une table de jeu et allumant avec distinction sa cigarette, il répond à Eunice Gayson ( dans le rôle de Sylvia, première James Bond girl de la série ) sa célèbre (bien que très courte ) réplique :
"- Bond, James Bond !"
Bien sûr, l'entendre dire, c'est toujours mieux que de le voir écrit.

D'abord réticent à l'idée de voir un écossais tel que Sean interpréter son personnage qu'il n'avait guère imaginé ainsi, le romancier Ian Fleming sera finalement convaincu mais il aurait préféré voir Roger Moore jouer le rôle ( ce qui se réalisera dix ans plus tard mais Ian avait depuis longtemps rejoint le paradis des espions).
Les principaux personnages de la série des histoires de Bond apparaissent, le chef M, interprété 11 fois par Bernard Lee, Miss Moneypenny, assistante de M, interprétée 14 fois par Lois Maxwell et l'inventeur qui se nommera d'abord Boothroyd puis Q. Boothroyd est interprété pour l'unique fois par Peter Burton, Desmond Llewelyn jouera par la suite l'inventeur qui deviendra Q dans 18 films.

Mais bien sûr, Dr No, c'est aussi et surtout la célèbre apparition d'Ursula Andress sortant telle une sirène de l'eau, un coquillage dans chaque main, sous le regard émerveillé de James.
Ce couple parfait est dans la mémoire de tout cinéphile fan de James Bond.
Ursula et Sean, le couple mythique de la série

L'histoire de James Bond contre Dr No se déroule à la Jamaïque, suite à l'assassinat du chef du MI6 par trois faux aveugles, arrivés à la queue leu leu sur l'air de la comptine Three blind mice, dans un début que l'on aurait d'ailleurs bien vu dans la série The avengers (Chapeau melon et bottes de cuir), très humour british.
Appelé par son chef, James arrive au bureau, lance son chapeau sur le portemanteau, flirte un peu avec Miss Moneypenny et vient prendre les ordres de M. La scène sera reproduite bien souvent au fil des films.

Ce premier film d'une longue série possède déjà les codes qui en feront son succès, l'action, le charme du héros, les James Bond girls, un méchant charismatique, une base secrète... Les gadgets sont encore en nombre réduit, les scènes moins spectaculaires, l'histoire un peu simple mais on a bien là certainement un des meilleurs films de toute la série, sexy et exotique.

James face au Dr No

Sean Connery reviendra interpréter le rôle de l'agent 007 à cinq reprises, pour notre plus grand plaisir. Ses rôles seront ensuite fort différents, les années passant, des personnages plus mûrs, mais toujours avec une touche d'humour, d'élégance et de séduction.


Pour finir, quelques citations de Sean Connery dans les films de James Bond :

- Ma chère petite, il y a des choses qui ne se font pas, telles que de boire du Dom Pérignon 55 à une température au-dessus de trois degrés et écouter les Beatles sans boules Quiès. (Goldfinger)
- Ce que je ne ferais pas pour l’Angleterre…(On ne vit que deux fois)
- Bond, James Bond (Dr No)
- Dominer le monde, toujours le même vieux rêve (Dr No)
- Du vin rouge avec le poisson, j'aurais dû me méfier (Bons baisers de Russie)
- Où est Goldfinger ? Avec les anges, il joue de la harpe d'or ! (Goldfinger)
- Ma chère petite, ne vous flattez donc pas ! Ce que j'ai fait ce soir, je l'ai fait pour la Reine et pour mon pays!"(Opération tonnerre..).
- On ne vit qu'une fois (Jamais plus jamais)

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Quand Diana Rigg joue les méchantes.

Rebecca - Téléfilm de Jim O'Brian, 1997.

Il est toujours intéressant de découvrir de nouvelles adaptations de grands romans, surtout quant il s'agit de Daphné du Maurier et de Rebecca.
Il va de soi que passer après Alfred Hitchcock est bien difficile, surtout lorsqu'il a produit là l'un de ses chefs d'oeuvre. Je n'essaierai donc pas de comparer le couple Joan Fontaine- Laurence Olivier avec Emilia Fox-Charles Dance. Autre époque, autre façon de tourner et autre jeu d'acteurs.
Je pourrais mentionner également une autre version réalisée sous forme de mini-série et datant de 1979, qui bénéficiait de la présence de Jeremy Brett (inoubliable Sherlock Holmes) dans le rôle de Max de Winter.
Trois versions réussies, chacune à sa manière...
Aux dernières nouvelles, un nouveau film vient de sortir. En l'absence d'autres informations, je ne commenterai pas.

Venons-en à présent au téléfilm en deux parties réalisé par jim O'Brian en 1997.

L'histoire de Rebecca suit une jeune fille, dont le nom ne sera d'ailleurs jamais mentionné si ce n'est comme Mrs de Winter, le jour où elle rencontre à Monte Carlo un riche et séduisant veuf, Maxime.
La jeune héroïne est la dame de compagnie d'une femme snob, Mrs Van Hopper qu'elle accompagne sur la Riviera. Venu échapper à ses tourments, Maxime de Winter séjourne au même hôtel que les deux femmes.

L'histoire d'amour se déroule rapidement et la jeune fille quitte sa patronne, pour devenir Mrs de Winter, au grand déplaisir de Mrs Van Hopper qui ne cache pas sa jalousie et son mépris.
Faye Dunaway incarne, sans trop de conviction, cette femme déplaisante qui ne fait que traverser le roman.

La jeune héroïne est interprétée par Emilia Fox dont le visage est familier, surtout à la télévision (Orgueil et préjugés, David Copperfield, Miss Marple, The Queen...). Sa Mrs de Winter est moins empruntée que dans les fictions précédentes. Sa douceur et son sourire illuminent l'écran et, malgré la timidité du personnage, elle est loin d'être effacée.
Charles Dance prête ses traits aristocratiques et son visage assez dur à Maxime, homme secret et assez imprévisible.
Tous deux sont parfaits dans le rôle et forment un couple plutôt glamour.

Les nouveaux mariés se rendent donc au manoir de Maxime où les accueille l'inquiétante gouvernante, Mrs Danvers. La jeune mariée découvre bien vite que l'ombre de la précédente Mrs de Winter plane sur le manoir et
une question l'obséde bientôt. Maxime est-il toujours amoureux de la disparue ?

De son côté, Mrs Danvers, qui voue à son ancienne patronne une véritable adoration, décide de chasser l'intruse en détruisant l'union du couple De Winter.

Voici donc Diana Rigg, lèvres serrées, regard froid et tenue austère, règnant sur le manoir et distillant son venin auprès de la jeune Mrs de Winter.
Tous les amoureux de la série The avengers (Chapeau melon et bottes de cuir ) et de sa délicieuse et sexy héroïne, Madame Peel, seront d'abord un peu effarés de voir ainsi l'actrice enlaidie et dans un rôle aussi déplaisant et austère.

Mais comme une grande actrice se doit de tout savoir jouer et que Diana Rigg a excellé aussi bien dans les rôles shakespeariens lors de sa longue carrière théâtrale qu'au cinéma et à la télévision, elle ne peut qu'être une convaincante Mrs Danvers....et elle l'est, en effet !

A présent, si l'on imagine le manoir de Manderlay comme un lieu sombre, voire même un peu gothique comme dans la version en noir et blanc d'Alfred Hitchcock , le film baigne ici dans le soleil et les couleurs chaudes, ce qui enlève le caractère lugubre du lieu. Tout semble idyllique au début de l'union des De Winter, ce qui fera ressortir tragiquement les épreuves qui vont s'abattre sur eux.

Il est appréciable que Jim O'Brian n'ait pas cherché à copier son illustre prédecesseur mais qu'il ait proposé une vision un peu différente, davantage basée sur l'histoire d'amour de Max et de son épouse que sur le mystère, et faisant plus ressortir la passion amoureuse de Mrs Danvers pour Rebecca, la rendant ainsi plus pathétique et folle que diabolique.
De même, malgré sa froideur apparente, Max est véritablement épris de son épouse et le téléfilm prend le temps de brosser les caractères des personnages et même, par quelques images rapides, de montrer Rebecca - ce que l'on peut peut-être regretter-.

Le téléfilm étant en deux parties, on pourra remarquer un début un peu lent et une fin assez surprenante, un peu différente du roman. Les scénaristes n'auraient-ils pas confondu avec 

Jane Eyre de Charlotte Brontë qui a quelques points communs avec l'histoire de Rebecca ?.... Regardez le film et vous comprendrez.

Ceci n'enlève cependant rien au plaisir ressenti en visionnant ce beau téléfilm, impeccablement joué et attachant.


Ma critique de Rebecca d'Alfred Hitchcock :

Rebecca

Capitaine Corelli : Heil Puccini !

Capitaine Corelli- Film de John Madden, 2001.

Adaptée d'un roman écrit en 1993 par le romancier anglais Louis de Bernières (au nom bien peu anglais) sous le titre La mandoline du Capitaine Corelli, l'histoire se passe sur l'île grecque de Céphalonie et se déroule de 1941 à 1947.

Elle relate, sur fond d'histoire romantique, un épisode méconnu de la seconde guerre mondiale. Lors de  la lutte entre l'armée italienne et des résistants grecs, Céphalonie est occupée à la fois par l'armée de Mussolini et par les allemands. 

Suite à la chute de Mussolini en 1943, les alliances s'inversent et les deux armées s'affrontent, conduisant les unités italiennes à se battre aux côtés des résistants grecs lorsque les soldats SS viennent les sommer de déposer les armes. 

La répression sera terrible et 5000 des 9000 soldats italiens présents sur l'île seront massacrés par l'armée allemande, après avoir été désarmés.

L'histoire suit le destin d'un médecin grec Iannis et de sa fille, Pelagia, fiancée à un jeune pêcheur, Mandras. Celui-ci part au front.


Peu de temps après, l'île se trouve occupée par une unité italienne, dirigée par le Capitaine Antonio Corelli, étonnant et sympathique officier qui arrive, mandoline en bandoulière à la place du fusil. Amateur d'opéra, il entraîne ses soldats à chanter et voue une grande passion pour Puccini et Verdi. Venu prendre ses quartiers dans la maison du Docteur Iannis, il tombe rapidement amoureux de Pelagia qui comprend que son amour pour Mandras était illusoire.

Le film surprend d'abord par le ton léger adopté durant la première moitié de l'histoire . L'armée d'occupation est là pour soumettre les habitants mais semble fraterniser avec la population. C'est même seulement à un officier allemand que le maire du village acceptera de se rendre et non aux soldats italiens, qu'il juge ne pas être de réels adversaires d'envergure.

On assiste à des moments un peu surréalistes. Corelli et ses soldats, en maillot de bain, répètent sur la plage un air de l'opéra La Tosca. Arrive un officier nazi en uniforme "Heil Hitler! ", "Heil Puccini!" réplique le Capitaine en faisant le salut militaire.

Nicolas Cage retrouve donc avec bonheur les origines italiennes de sa famille pour parler avec les mains, gratter la mandoline et chanter des airs d'opéra. Son personnage est sympathique, sensible, loin des préoccupations guerrières. Il dit d'ailleurs n'avoir jamais tiré sur quelqu'un. On ne sait pas trop où il a fait la guerre et gagné ses galons !

La seconde moitié du film nous replonge dans les événements historiques qui ont touché Céphalonie et


le ton change brutalement, entrainant les personnages dans la tragédie et dans la guerre, qui semblait jusqu'alors lointaine, malgré l'armée d'occupation. Le beau Capitaine abandonne sa mandoline et son sourire pour prendre à son tour les armes. 

Après un début un peu lent, l'histoire gagne en intérêt avec le couple Pelagia-Antonio. D'abord hostile à l'occupant, le Docteur Iannis, narrateur de l'histoire, finit par comprendre le drame vécue par sa fille et par venir en aide aux amoureux. La guerre va finir par rattraper tous les personnages. 

Pénélope Cruz interprète avec beaucoup de sensibilité le rôle de Pélégia, déchirée entre son amour pour le Capitaine Corelli et la parole donnée à son fiancé, personnage  qui suscite d'ailleurs peu de sympathie. Celui-ci est interprété, sans trop de conviction, il faut bien le dire, par Christian Bale qui tente de se faire passer pour un grec. 

John Hurt est le troisième acteur de la distribution à jouer un habitant du lieu mais son talent est tel que l'acteur britannique réussit sans peine à se glisser dans la peau du Docteur Iannis.

Heureusement, Irène Papas, célèbre artiste grecque est venue compléter la distribution dans un rôle tragique qui lui va bien, celui de la Mère de Mandras.

On regrettera le peu de développement de certains personnages et épisodes du roman d'origine, notamment la véritable passion de Carlo pour son Capitaine ou alors l'amitié de Corelli et du Capitaine Weber...tout ceci s'achevant dans la tragédie.

On pourra citer, pour terminer l'évocation de ce film, la très belle photographie de John Toll (Légendes d'automne, Le dernier samourai..) qui nous fait découvrir Cephalonie, ses paysages, ses villages et ses plages.

Un joli film à découvrir.

 

La légende de Viy : un délire baroque, inspiré d'un conte ukrainien

 La légende de Viy - Film d'Oleg Stepchenko, 2014.

Viy est une entité démoniaque issue du folklore ukrainien. Il peut, d'un simple regard tuer une personne ou réduire en cendres un village. Il dissimule d'ailleurs ses yeux sous de longues paupières qu'il relève au moment d'atteindre ses victimes. Ce personnage serait à l'origine de la croyance sur "le mauvais oeil".

Il sera popularisé par Nicolas Gogol.

L'écrivain s'intéresse aux contes ukrainien dans ses premières oeuvres, son premier recueil de nouvelles sera Les soirées du hameau, suite d'histoires fantastiques se situant dans le monde paysan. Trois ans plus tard, en 1835, il écrit Vij (ou Viy), mettant en scène trois étudiants du séminaire de Kiev, qui se trouvent perdus un jour dans la plaine ukrainienne et qui vont se trouver aux prises avec des forces démoniaques. 


L'un d'entre eux, Thomas, doit veiller durant trois nuits, la fille défunte d'un riche propriétaire, dans une église maudite. Les forces du mal vont se déchaîner contre le pauvre séminariste.

En 1960,  Mario Bava réalise une version un peu lointaine du conte de Gogol, Le masque du démon. L'atmosphère en est plus gothique façon Hammer que conte russe.

En 1967, Konstantin Ershov et Georgi Kropachyov offrent une version fidèle de l'histoire, revenant aux traditions populaires ukrainiennes pour un contexte plus authentique.

En 2014,  Oleg Stepchenko s'empare à son tour du conte pour en proposer


une version totalement baroque et échevelée. S'il reprend également l'histoire de base, avec la présence des trois étudiants, il introduit un nouveau personnage qui sera le héros de son histoire, anti-héros d'ailleurs, vus les malheurs et situations ridicules dans lesquels il va se trouver.

Jonathan Green est un cartographe anglais vivant aux débuts du 18ème siècle. Ce personnage , des plus originaux , voyage dans un étrange carrosse à cinq roues, se mouvant à peu près seul par un ingénieux système, et ce, malgré la présence de son attelage de deux chevaux.  D'étranges instruments de mesure et des inventions diverses encombrent sa voiture.


L'histoire a donc pour témoin et conteur un étranger - dans la pure tradition des romans gothiques de type Dracula ou histoires d'Edgar Poe - arrivant par hasard et pour son malheur dans un village perdu, très loin dans Les Carpathes, aux confins de l'Ukraine. Il incarne le lecteur ou le spectateur découvrant le monde étrange et inquiétant où règne le mal, ce qui permet de créer une empathie dès le départ.

Désireux d'explorer le monde et notamment les lointaines contrées de l'est de l'Europe, notre savant arrive dans un village inhospitalier, vivant dans la terreur d'une étrange créature, démon à cornes, qui vit dans les marais et qui vient d'assassiner une jeune fille. Un Pope totalement fou dirige le village et entretient la terreur chez les habitants.

Jonathan rencontrera sur sa route trois étudiants ( vous vous rappelez, ce sont bien ceux du conte de Gogol); l'un d'eux, Thomas, lui raconte une histoire fantastique de sorcières et de monstre tapi dans les marais.

Aidé d'un jeune homme du village qui devient son assistant, Pétrus, Jonathan est chargé de cartographier la région. Il découvre l'église maudite et le sort qui s'est acharné sur le pauvre Thomas.

La qualité du film réside dans l'atmosphère fantastique et baroque, au rythme échevelé et aux effets spéciaux grandioses, qui en mettent plein les yeux. Visuellement très beau, il nous plonge dans un univers à la Sleppy Hollow de Tim Burton - mais à la mode russe -. 

Le héros rencontre toute une série de personnages étranges et monstrueux : il arrive chez une sorcière, assiste à un étrange banquet où les convives se changent en monstres dans une scène d'une folie totale et finit par rencontre Viy dans un décor cauchemardesque. 

On ne sait plus si l'on est dans le rêve - ou plutôt


cauchemar - ou dans la réalité. 

L'église enchevêtrée dans une montagne de racines qui semble perchée entre ciel et terre, le marais où l'on entrevoit un amoncellement de cornes et où l'on entend mugir la créature, sont d'une sombre beauté.

Le film adopte un ton souvent parodique et l'avalanche d'effets spéciaux engendre plus l'amusement que la terreur. Je pense que c'est voulu, du moins en partie, comme le montrent les mimiques et réactions de notre pauvre savant, à la vision des monstres qui lui apparaissent.

Le film souffre cependant d'un scénario souvent assez confus mélangeant les récits des personnages aux événements réels. On a parfois du mal à se repérer dans le temps à travers les diverses scènes. De plus, plusieurs personnages du village ont un look semblable, façon guerriers tartares crâne rasé, longue mèche et grandes moustaches, ce qui entraîne des confusions dans le "Qui est qui ?"

Le casting mêlant acteurs britanniques - Jason Flemyng dans le rôle du savant et Charles Dance dans celui de Lord Dudley - et russes - Andrey Smolyakov, Aleksey Chadov et Agniya Ditkovskite, pour ne citer qu'eux -, le doublage n'est pas de grande qualité. 


Le film a en effet connu beaucoup d'aléas de tournage, divers arrêts jusqu'à une sortie réussie en Russie. Il n'en sera pas de même en France où il ne sera pas exploité en salle mais sortira directement en DVD et Bluray 3 D. La légende de Viy a ainsi été un gros succès en Russie, beaucoup moins chez nous, le style mi-horreur mi-parodique pouvant surprendre ainsi que ses multiples références, pas forcément accessibles.

La réalisation semble aussi s'inspirer, par son style de certaines adaptations de contes, notamment par Alexander Rou, moins horrifiques car plus destinés aux enfants,  mais toujours mélange de fantastique et  d'humour - parfois très parodique- comme on a pu le voir notamment dans Veillées du village de Dikanka, adapté là encore de Gogol ou dans Par feu et par flammes - films des années 60-.

Malgré ses défauts, La légende de Viy se suit avec beaucoup de plaisir, réservant son lot de surprises, de bout en bout, en mettant plein les yeux dans un délire baroque de film d'horreur. Certains effets sont faits, de toute évidence, pour la 3 D, cela doit faire de l'effet en grand écran.

Dommage alors que sa sortie soit restée si confidentielle en France !

Le succès en Russie sera tel qu'il engendrera une suite, Viy 2 : Journey to China où l'on s'éloigne quelque peu du folklore russe ( Jackie Chan et Arnold Schwarzenegger rejoignent la distribution et notre savant prend cette fois-ci la route de la Chine) !!

Restant apparemment davantage dans la lignée du film d'origine, une série de trois films, intitulée Les chroniques de Viy, verra également le jour - en 2017, 2018 et 2020-.

Le personnage n'a pas fini d'inspirer le cinéma russe.


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  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...