Prince Bajaja : Une tradition de Noël, les pohádky

Prince Bajaja - Film d'Antonin Kachlik, 1971.

Affiche Le Prince Bajaja
Chaque année, en ce mois de décembre, se replonger dans le monde des contes et légendes des pays est un joli moyen de fêter l’esprit de Noël, l’hiver, les jolies traditions et le monde de l’enfance, plus ou moins lointain chez les uns et les autres. 


Films et téléfilms tchèques illustrent à merveille cette tendance, à travers la tradition des pohádky  diffusés chaque Noël par  la télévision tchèque. 
Ces contes de fées, souvent tournés dans des forteresses imposantes dominant de superbes forêts de sapin,  invitent au rêve. Belles princesses, beaux chevaliers, ou héros d’origine modeste au cœur valeureux, nous entraînent dans des histoires issues du folklore d’Europe centrale ou du nord.

Parmi les auteurs de ces contes, Bozena Nemcová, femme écrivain autrichienne du 19ème siècle, a fourni matière à de nombreuses adaptations en films et téléfilms au travers de ses nouvelles et romans, adaptés de contes et traditions populaires, 

Trois noisettes pour Cendrillon, version tchèque du conte de Grimm est l’exemple le plus fameux de ces contes de fées adaptés des écrits de  Bozena Nemcová et tournés dans les magnifiques paysages et les beaux châteaux d’Europe centrale. On pourra citer aussi Les douze mois, La princesse en or ou encore Prince Bajaja.


Připadal mi nezničitelný, vzpomíná herečka Vášáryová na ...
Remake d’un classique du cinéma d’animation en marionnettes  réalisé par Jiří Trnka en 1950, Prince Bajaja reprend avec bonheur ce conte traditionnel en version non animée.

L’histoire est celle d’un jeune prince qui, suite à la mort de ses parents, quitte son château qui semble abandonné pour partir à l’aventure. En chemin, il sauve un magnifique cheval blanc qui s’avère être magique des mains d’un cruel chevalier.
Sur les conseils de son cheval magique, le prince se déguise en jardinier borgne et muet pour rentrer au service d’une belle princesse, brièvement rencontrée et dont il est tombé aussitôt amoureux. 

Bajaja étant le seul mot qu’il prononce, il est surnommé ainsi par la princesse qui, se prenant d’amitié pour lui et amusée par son don pour les acrobaties et le mime, le prend auprès d’elle comme bouffon et confident. Notre héros devra sauver sa belle des griffes d’un dragon et conquérir son amour sans dévoiler son identité, s’il veut prouver sa valeur.

Prince Bajaja émerveille par ses costumes et décors médiévaux et par le charme de son histoire. Arborant un ton plus sérieux et parfois un rythme plus lent que les habituels contes de fées pour enfants, le film ne génère cependant aucun ennui grâce aux diverses aventures vécues par le héros et aux éléments clés des contes de fées : prince déguisé, belle princesse promise à l’affreux dragon, épreuves initiatiques accomplies par le héros avant de pouvoir conquérir sa belle. 

On pourra tout au plus reprocher au film la faiblesse de ses effets spéciaux et un pauvre dragon à trois têtes des plus comiques, aux têtes d’oiseaux plus que de dragons et crachant une pauvre fumée, à défaut de flammes. 


Le film bénéficie de plus de l’interprétation de qualité de l’acteur slovaque Ivan Palúch dans le rôle de Bajaja, tour à tour prince voyageur, jardinier, bouffon et glorieux chevalier. Dans le rôle de la princesse Slavna, on retrouve Magda Vásáryová, actrice, ambassadrice et femme politique slovaque (elle sera présidente à l’élection présidentielle de 1999).

Pour les enfants et les adultes qui ont gardé une âme d’enfant, Prince Bajaja est à découvrir de tout urgence pour se plonger dans l’atmosphère des fêtes de fin d’année.

A tous un Joyeux Noël et de très belles fêtes !!


Gandhi : Gandhi et mon devoir d'Histoire

Gandhi - Film de Richard Attenborough, 1982

Affiche Gandhi
Ou comment Gandhi m'a valu une mauvaise note en Histoire...


Passionnée d'Histoire, j'ai toujours aimé, durant mes études, cette matière qui, jusqu'en classe de terminale, m'a toujours permis d'obtenir de jolies notes.
Me voilà donc un jour en devoir d'Histoire avec le thème suivant "Gandhi et la non-violence".


Quelques années auparavant, j'avais été au cinéma voir le film d'Attenborough et avait pu en apprendre plus sur le personnage de Gandhi à travers ce film grandiose, à la précision quasi documentaire, plutôt long et académique.


J'avais aussi retenu du film les foules immenses ayant servi de figuration, 400 000 personnes ayant répondu à l'appel lancé dans la presse pour venir, le jour anniversaire de la mort de Gandhi, tourner la scène des funérailles.

The Roles of a Lifetime: Ben Kingsley :: Movies ...
Mais le film Gandhi, c'est aussi, et peut être avant tout l'interprétation inspirée de Ben Kingsley, lui-même d'origine indienne par son Père - son véritable nom est Krishna Bhanji - et dont la ressemblance avec le Mahadma est tout simplement hallucinante.


J'avais ensuite lu la biographie du grand homme, un copain m'ayant fait ce cadeau pour mon Anniversaire...peut-être pas le cadeau rêvé à recevoir dans ce cas à 17 ans mais très bien pour ma culture.

Forte de ma connaissance du sujet qui dépassait ainsi largement le cours que notre Prof nous avait dispensé, je me lançais donc très motivée dans la rédaction d'un très joli devoir, agrémentant celui-ci d'anecdotes et éléments puisés à la fois dans le film et dans la biographie.
Afin de suivre à la lettre les grands principes de la rédaction d'une dissertation : thèse, antithèse et synthèse, je développais alors une partie plus critique sur les éventuelles implications de la politique de non-violence - notamment en termes de pertes de vies humaines- et sur les limites du jeûne comme action contestataire.


Il ne me restait plus qu'à attendre le résultat de mon devoir, qui d'après moi, méritait au moins un joli 18/20.


Quelques jours plus tard, une copie barrée de traits vengeurs sur la partie antithèse m'était rendue avec une note très moyenne, me renvoyant à davantage d'humilité.
Le commentaire "Vous n'avez rien compris" récompensait mes efforts de réflexion sur le sujet.


Conclusion, un grand homme est un grand homme. Chercher, très modestement dans le cas cité, à en montrer les faiblesses, les motivations et quelque part aussi le côté humain est une hérésie.
Je n'irais pas jusqu'à dire que réfléchir dans un devoir surtout en émettant une pensée qui n'est pas celle du Prof est aussi une hérésie !


Et je laisse pour finir la parole à Gandhi lui-même :
"Chacun a raison de son propre point de vue, mais il n'est pas impossible que tout le monde ait tort".

Big Fish : Inventer sa vie

Big Fish - Film de Tim Burton, 2003.


Affiche Big FishJe me suis parfois demandé si Tim Burton ne venait pas d’une autre planète ou peut-être qu’il y vit, nous proposant des univers étranges, déjantés, un goût pour le gothique, l’humour noir, le macabre et des films sortant vraiment de l’ordinaire.

Il est certain que le début de l’histoire de Big Fish est assez surprenant. A l’instar du fils du héros, lassé par moments des histoires farfelues et décousues racontées par son Père, même sur son lit de mort, l’esprit logique se demandera dans quel style de film il est tombé.

Nous voici donc dans un monde peuplé de personnages farfelus, à la découverte d’un héros étonnant et décalé, qui entraîne la sympathie du spectateur.


On pense à un autre Edward, celui aux mains d’argent, tour à tour coqueluche de tout le quartier résidentiel où il arrive par hasard, puis monstre de Frankenstein que les villageois en colère sont prêts à brûler dans son château.


El Maravilloso Mundo de Tim Burton: Big FishConte initiatique, Big Fish se veut construit comme une chronique où l’on suit l’itinéraire moitié fantaisiste – moitié réel (on ne sait pas réellement la part de chacune) du personnage tandis que diverses scènes nous ramènent à l’instant présent, instant dramatique où un fils assiste aux derniers jours de son Père.


Le film n’est cependant pas larmoyant et garde un optimisme qui baigne l’ensemble, jusqu’à une conclusion à la fois attendue et surprenante (je n’en dis pas plus).


Edward rencontre une sorcière dans une petite maison près de la rivière, fait la connaissance des années plus tard, près de la même rivière, d’un géant de près de 3 mètres, va travailler avec lui dans un cirque, saute en parachute en Asie au milieu de soldats ennemis et s’enfuit avec des soeurs siamoises, rachète sa ville pour la sauver de la faillite…..

Les histoires s’enchaînent parfois sans lien réel. Edward conserve sa bonne humeur, ne s’étonnant de rien. 
Dans le rôle d’Edward jeune homme, Ewan McGregor incarne avec bonheur ce personnage étonnant, sympathique, au sourire d’éternel adolescent tandis qu’Albert Finney nous conduit à la fin de vie de son héros.


Big Fish (2003) -[ Ful' lMov' ie ] English Subtitles - YouTube
Burton délaisse ici l’univers gothique et sombre de Sleepy Hollow, d’Alice et de Sweeny Todd, pour un monde coloré, aux couleurs chaudes et aux images lumineuses.
Big Fish n’est bien sûr pas exempt de défauts ; l’histoire en forme de flashbacks et le caractère assez décousu des différentes étapes de la vie du conteur, risquent de décontenancer.
Lorsque l’histoire se met en place, on se laisse cependant emporter.

On sourit aux aventures et mésaventures de son héros, à la constance d’Ewan McGregor en amoureux, de son étonnant parachutage en Asie ou de sa lutte avec l’énorme poisson qui donne son titre au film.

On s’aperçoit finalement, qu’à l’opposé du fils d’Edward, peu nous importe de savoir la part de vérité des aventures qui nous sont montrées et celle de rêve ou d’affabulation de son héros.

Si bémol et fa dièse : A la découverte du jazz

Affiche Si bémol et fa dièse
Si bémol et fa dièse - Film d'Howard Hawks, 1948


Après être resté enfermé près de neuf ans avec ses sept collègues, à écrire une encyclopédie musicale, un jeune professeur, Hobart Frisbee, décide de parcourir les cabarets et lieux à la mode pour étudier l’évolution de la musique et découvrir toutes les nouvelles formes de musique inconnues pour lui: le jazz, le boogie woogie, le bebop…
Sa tournée va lui permettre de rencontrer les grands musiciens du moment et de les inviter à venir participer à l’enregistrement de morceaux musicaux destinés à son encyclopédie. Dans un élégant cabaret, il fait la connaissance d’une belle chanteuse, Honey, maîtresse d’un truand.
Recherchée par la Police pour être interrogée sur les activités de celui-ci, elle accepte d’aider les professeurs dans leur travail et fait une arrivée époustouflante en pleine nuit, dans la demeure des huit célibataires.


Si bémol et fa dièse (A song is born)
Réaliser seulement sept ans après l’impeccable comédie Boule de feu, un remake, peut sembler étrange, surtout lorsque celui-ci, aux mains du même réalisateur, se trouve être sur certains aspects un copier-coller de sa précédente version. Certains plans se trouvent identiques – apparition de l’héroïne en scène, les professeurs cachés dans l’escalier en chemises et bonnets de nuit, la scène de la demande en mariage…




Je vous renvoie à ma critique sur Boule de feu :

Pourtant, Howard Hawks réalise le tour de force de proposer un film différent, basant l’histoire, non plus sur une encyclopédie universelle et la découverte de l’argot, mais sur une encyclopédie musicale et la découverte du jazz et autres musiques des années 40-50.
Réalisé dans un beau technicolor, le film fait ressortit à merveille la chevelure rousse de Virginia Mayo, notamment dans la scène où elle fait briller ses cheveux au soleil pour séduire le timide professeur.

Dans le rôle de l’amoureux, Danny Kaye est excellent. Sa candeur, sa délicatesse et sa timidité entraînent aussitôt la sympathie du public et ne tardent pas à attirer la belle Honey, plus habituée aux manières brutales de son amant gangster.


Cette première partie permet de rencontrer et d’écouter les grands noms du jazz, dont Louis Amstrong, Lionel Hampton, Tony Dorset ou encore le Golden Gate Quartet.
Le clarinettiste Benny Goodman hérite d’un rôle plus conséquent en devenant l’un des sept professeurs, collègues de Frisbee.

Cette partie musicale ravira les amateurs de jazz mais pourra peut-être paraître un peu longue aux non connaisseurs. Dès l’apparition de Virginia Mayo dans le rôle de la jeune chanteuse qui va semer la perturbation dans la vie si calme de la grande maison qu’habitent les célibataires, le rythme s’accélère. Pour notre plus grand bonheur, scènes de comédie, scènes sentimentales puis d’action avec l’arrivée des gangsters, s’enchaînent sans temps mort.

Dans le rôle de Frisbee, Danny Kaye montre encore une fois l’étendue de son talent même si on regrette ici de ne pas le voir danser et de très peu l’entendre chanter. La scène d’introduction où il fait une démonstration d’une scène de séduction dans une tribu traditionnelle devant sa mécène, vieille fille guindée, secrètement amoureuse de lui, est savoureuse.
C’est donc sur le registre de la comédie, tour à tour drôle et émouvant qu’on le découvre ici.


Spécialiste des rôles de jeune homme candide, capable de déclencher des cataclysmes sans le vouloir, Danny Kaye joue généralement sur un registre plus fin que son successeur, Jerry Lewis et sur un humour moins systématique.
Capable cependant de faire littéralement mourir de rire dans des moments de pur délire où le personnage est entraîné, dans la scène de l’adoubement en chevalier dans Le bouffon du roi, dans la délirante représentation où il chante sa déposition sur des airs de Verdi dans Le joyeux phénomène ou encore dans l’hallucinant ballet russe de Grain de folie.

Pas de grande scène de délire dans Si bémol et fa dièse, mais des moments amusants, distrayants plus quelques jolis moments romantiques, le tout interprété par un ensemble d’acteurs et de musiciens qui semblent prendre beaucoup de plaisir à tourner une histoire bien enlevée. Un film injustement oublié à redécouvrir.

Ball of fire : Sugarpuss et les 7 Profs


Boule de feu (Ball of fire) - Film d'Howard Hawks, 1941.


Adapté d’une histoire de quatorze pages, From A to Z écrite par Billy Wilder et Thomas Monroe, Boule de feu raconte l’histoire de huit professeurs, enfermés depuis neuf ans dans une grande maison dont ils ne sortent que pour un tour du parc, le matin. L’oeuvre à laquelle ils travaillent est l’écriture d’une encyclopédie répertoriant tout le savoir.  Chacun d’entre eux, dans sa spécialité, contribue à l’élaboration de l’ouvrage.

Le plus jeune d’entre eux, Potts, étudie la langue anglaise. A la suite de sa rencontre avec un éboueur au langage fleuri, il comprend que le parler populaire a dû évoluer tandis que tous restaient à étudier, hors du temps et de l’évolution du Monde. Il décide alors de sortir dans New York à la découverte de l’argot.
Enthousiasmé par toutes les nouvelles expressions qu’il entend, Potts cherche à recruter des inconnus qu’il rencontre afin d’alimenter son étude sur le parler populaire. Dans un cabaret, il rencontre une superbe et pittoresque jeune chanteuse répondant au doux nom de Sugarpuss. Celle-ci, compagne du gangster Joe Lilas, est obligée de se cacher. Elle va donc répondre à l’invitation du Professeur, semant une grande perturbation dans la vie des sages célibataires.

L’amusante similitude avec Blanche neige et les 7 nains, donne ainsi lieu à plusieurs allusions savoureuses. 
Sugarpuss est la belle qui va se cacher dans la maison des sept vieux professeurs et y rencontre le prince charmant, Potts.
Joe, le gangster, suggère à sa compagne de tricoter sept pulls en guise de cadeau d’adieu à ses hôtes. Découvrant la belle, les timides célibataires se dissimulent épouvantés, timides et en costumes de nuit et viendront plus tard entourer la belle pour l’embrasser avec respect. On pense alors irrésistiblement à Blanche Neige embrassant les nains lors du départ de ceux-ci pour la mine, surtout en voyant la tête toute ronde et l’air timide de S. Z. Sakall dans le rôle de Magenbruch.

Boule de feu est une comédie pétillante, à l’interprétation parfaite de Barbara Stanwyck, de Gary Cooper en célibataire timide, de Dana Andrews dans un de ses rares rôles de bandit et des acteurs incarnant les professeurs, figures pittoresques parmi lesquels on reconnaîtra notamment Henri Travers – l’ange Clarence dans La vie est belle de Franck Capra. Chacun d’entre eux a ses traits de caractère, le timide, le romantique, l’astucieux…et l’ensemble forme un groupe savoureux, toujours soudé, se déplaçant de concert et portant un regard bienveillant sur leur jeune confrère et son histoire d’amour naissante.


Délicieuse comédie à l’américaine où les bons mots fusent, les situations s’enchaînent sans temps mort. Le vocabulaire coloré de Sugarpuss et de ses amis gangsters contraste de façon comique avec la distinction des chercheurs. Leurs expressions surprises, leur incompréhension puis leur enthousiasme constituent autant de moments amusants.

Boule de feu est un film tourné avec inspiration par le grand Howard Hawks, aussi à l’aise dans les westerns – Rio Bravo, La captive aux yeux clairs …-, les films d’aventures – Hatari -, les films noirs – Le grand sommeil -, le péplum – La terre des pharaons - ou encore les comédies – Chérie, je me sens rajeunir-.

Le film donnera lieu sept ans plus tard – encore ce chiffre magique  – à un délicieux remake avec Danny Kaye et Virginia Mayo. Présentant cette fois-ci l’univers de la musique et particulièrement du jazz, il permet la contribution de musiciens connus – Louis Amstrong, Benny Goodman et Lionel Hampton, pour ne citer qu’eux. Bien que le contexte soit différent, on sera frappé par la similitude de la plupart des scènes, les dialogues étant quasi identiques et certaines scènes un simple  copier-coller.
Il est généralement considéré comme inférieur à la présente version. Nous nous pencherons sur cette épineuse question dans quelques jours !





Les acteurs semblent ici s’amuser infiniment et nous aussi. Un pur régal !

Jean-Christophe et Winnie : Disney Channel et le retour à l'enfance

Affiche Jean-Christophe & Winnie
Jean-Christophe et Winnie - Film de Marc Foster, 2018.

Dans les années 80, le samedi soir, passait sur FR3 une émission qui réunissait grands et petits au salon. Disney Channel, qui ne serait diffusée en France que bien des années plus tard, nous délivrait ainsi quelques bribes de l’univers enchanteur de Disney, nous faisant rêver au bonheur de pouvoir regarder séries et dessins animés de la firme aux grandes oreilles tout au long de la journée.

L’émission débutait par un épisode de Winnie l’ourson, se poursuivait par plusieurs dessins animés et par une série non animée (Zorro, Gallegher, L’épouvantail…).
Présentée par Donald Duck et ses neveux qui s‘installaient comme nous avec impatience devant leur émission, elle se terminait par la réplique de Donald éteignant avec regret son téléviseur en maugréant « Dire qu’il va falloir attendre la semaine prochaine pour avoir la suite ».




Les aventures de Winnie l’ourson, présentées par Jean Rochefort, étaient interprétées par des acteurs déguisés en animaux. Les voix françaises faisaient intervenir, comme toujours à l’époque et pour notre plus grand bonheur, Roger Carel, Patrick Préjean et Guy Pierault.
Des aventures simples, assez statiques mais créant avec bonheur tout un imaginaire autour des personnages de Winnie, Tigrou, Bourriquet, Porcinet, Petit Gourou et Grand Gourou.



Jean-Christophe et Winnie recrée cet univers à travers l’histoire d’un homme qui retrouve les joies de son enfance et comprend le vrai sens de la vie. Le film commence de façon mélancolique par un goûter façon Alice aux pays des merveilles, où Winnie et ses amis disent adieu au petit garçon camarade de leurs jeux, qui part en pension et quitte le monde de l’enfance.

Le film s’adresse à un public adulte nostalgique de l’enfance. L’histoire est entièrement vue par les yeux de Jean-Christophe devenu grand, dont on raconte la vie depuis la pension, son mariage, ses années de combat durant la 1ère guerre mondiale puis son retour à la vie civile.
Responsable du service productivité d’une grande entreprise qui fabrique des articles de bagagerie, Jean-Christophe, submergé de travail, harcelé par son patron est proche du burn out. Trop pris par ses responsabilités, il s’éloigne de sa famille et néglige sa fille qu’il compte envoyer à son tour en pension.


Toute cette partie échappera sans doute au jeune public qui s’attachera plus au personnage d’un adorable Winnie et attendra avec impatience de voir surgir tous ses amis. Or, ceux-ci, disparus dans la brume des souvenirs du héros, n’apparaîtront que dans la dernière partie du film.

L’animation de Winnie est particulièrement réussie. Petit ours en peluche tout rond aux couleurs défraîchies, on n’a heureusement pas cherché à lui donner un aspect réel mais plutôt celui d’un vieux jouet. Sa maladresse, ses expressions et ses remarques sont particulièrement attendrissantes.
On retrouve également tous les compagnons de l’ourson, Tigrou, Porcinet et Bourriquet en tête, pour le côté drôle de l’histoire. 

Ce n’est cependant pas cet aspect qui domine le film et que l’on retiendra, mais bien les échanges entre Ewan McGregor, très attachant en Jean-Christophe, et sa gentille peluche aux remarques à la fois naïves et sages :

« - Quand je vais quelque part, je commence toujours pas m’éloigner de là où je suis.
- Quel jour sommes-nous ? Aujourd’hui ! C’est mon jour préféré !
- Parfois ne rien faire, c’est faire bien.
- On dit que rien n’est impossible, mais moi je ne fais rien tous les jours. »


Dommage que la fin nuise au côté nostalgique du film avec une dernière partie à Londres mettant en avant Madeleine, la fille de Jean-Christophe, dans une volonté de rattraper le jeune public, sans doute déçu de ne pas voir plus de moments mettant en scène tous les personnages dans leur univers magique.


Les scènes d’échanges entre Jean-christophe et Winnie sont touchantes, le personnage en peluche attendrissant et on se surprend à essuyer une larme devant les rêves envolés puis retrouvés de cet adulte grand enfant qui nous fait avec bonheur retrouver notre propre âme d’enfant.

Frankenstein s'est échappé - Frankenstein curse

Affiche Frankenstein s'est échappéFrankenstein s'est échappé - Frankenstein curse - Film de Terence Fisher, 1957

C’est dans Hamlet, en 1948, que Christopher Lee et Peter Cushing apparaissent pour la première fois ensemble. Jusqu’en 1979, les deux complices se recroiseront dans nombre de films (22 au total), souvent adversaires, parfois complices.



Dans les films gothiques de La Hammer, Peter Cushing en savant et Christopher Lee en monstre s’affronteront lors de délirantes scènes de poursuites, où le Monstre de Frankenstein, Dracula ou la Momie (joués par Christopher) tentent d’occire les pauvres Van Hesling, Banning ou Baron Frankenstein (joués par Peter) qui tentent en vain d’opposer crucifix, épée, pistolet et armes diverses à leur adversaire incontrôlable.


Symboles d’un type de film d’horreur baroque, tournés dans des couleurs flamboyantes, privilégiant les châteaux sombres, les belles créatures et les vampires séducteurs, les films Hammer subliment la beauté du rouge sang dans des décors gothiques sans jamais tomber dans le gore et le sordide. Au fil des années, le côté horreur se fera plus important, accentuant le côté sadique des meurtres et tortures, surtout lorsque Vincent Price se joindra au groupe d’acteurs fétiches du studio.

Le film est centré sur le personnage de Frankenstein, sa soif de découvrir le secret de la vie et de la créer de toutes pièces. Elle le mènera jusqu’au meurtre et à la folie.
Frankenstein Curse commence en prison où le Baron Frankenstein, à moitié fou, attend dans l’angoisse son exécution qui doit avoir lieu l’heure d’après.
Au prêtre venu l’assister, il va raconter son histoire depuis son adolescence où, jeune héritier de la fortune et du titre de son Père, il engage un précepteur pour tout apprendre, notamment la science.
L’élève dépassant rapidement le maître, Frankenstein se lance donc dans des années de travail, gardant auprès de lui son ancien précepteur en tant qu’assistant et ami, pour mener des expériences sur la vie et la mort. Après avoir réussi à ressusciter un chiot, il se lance dans une oeuvre terrible, créer la vie à partir de la mort.



Tandis que gronde le tonnerre, que les bulles agitent les étranges mélanges multicolores qui baignent le corps immergé auquel le Baron va tenter de donner vie, on attend avec une certaine impatience de voir surgir notre cher Christopher Lee. Celui-ci cependant n’apparaîtra pas avant la moitié du film, incarnation du désir fou de Frankenstein de créer la créature parfaite.
Parfaite, c’est beaucoup dire car l’assemblage est plutôt raté. Silhouette raide à la démarche saccadée, visage couturé et cerveau de criminel totalement abruti, la créature ne perdra pas de temps à fausser compagnie à son créateur et à aller commettre son premier crime. Pourtant, le Baron n’a pas ménagé sa peine, dérobant et découpant des cadavres puis poussant dans l’escalier son vieil ami professeur afin de faire profiter sa créature de son brillant esprit.

Frankenstein s'est échappé (The Curse of Frankenstein)Le film est basé entièrement sur le personnage du savant obsédé par son œuvre, se prenant quasiment pour Dieu, sous les yeux horrifiés de son assistant. Les scènes présentant la créature sont courtes, les meurtres suggérés et non montrés.

Peter Cushing sera si ravi du rôle du Baron Frankenstein qu’il tournera six autres suites, hélas sans son complice Christopher, mais toujours sous la direction de Terence Fisher qui permettra, dès l’année suivante, les retrouvailles de nos deux compères, cette fois-ci comme Dracula et Van Hesling, dans Le cauchemar de Dracula.
Image associéeTourné en un mois à peine, Frankenstein curse (oublions la traduction française du titre), ouvre la voie à plusieurs films du genre et l’on s’amusera de voir la haute silhouette de Sir Christopher Lee en monstre implacable poursuivre ou saisir à la gorge Peter Cushing ou celui-ci en savant ou archéologue courir comme un fou à la poursuite du monstre incontrôlable, tous deux avec beaucoup de conviction et de talent…et ceci pour notre immense plaisir !

Deux critiques de films sur le duo Cushing-Lee :
La malédiction des pharaons 

Le chien des Baskervilles






Porco Rosso : O sole mio façon Miyazaki

Porco Rosso - Film d'Hayao Miyazaki, 1992.

Affiche Porco RossoMarco est un as de l’aviation italienne, devenu aujourd’hui chasseur de primes au-dessus de la Mer Adriatique. Suite à une étrange malédiction, Marco s’est trouvé affublé d’une tête de cochon tandis que sa silhouette devenait boulotte et trapue. Célèbre pour ses exploits lors de la Première Guerre Mondiale, il s’est désormais retiré sur une petite île, à l’abri d’une crique, sa radio étant son seul lien avec le monde extérieur.
Il quitte de temps à autre son repère pour voler librement sur son hydravion rouge ou pour aller combattre les pirates qui sévissent sur la mer et dans les airs.
Son amie de cœur Gina, tient un élégant hôtel sur une petite île. Honteux de son apparence, Marco ne croit pas en son amour.


Surnommé Porco Rosso, à la fois pour son physique et pour la couleur de son avion, Marco refuse de se plier aux ordres du gouvernement italien ; opposé à la montée du régime fasciste, il va ainsi devenir hors la loi et recherché.
Suite au crash de son avion, il rencontre une jeune fille Fiona, génie de l’aéronautique qui va concevoir les plans de son nouvel hydravion.




Porco Rosso est un film étonnant qui peut se voir à deux niveaux, et qui pourra ainsi séduire un large public.
Au premier niveau, Porco Rosso est une histoire d’aventures plutôt légère racontant la rivalité entre Marco et les pirates de l’Adriatique et son histoire d’amour contrarié avec Gina, courtisée par l’américain Curtis. L’ensemble est plaisant à suivre mais offre finalement assez peu de rebondissements.
Au second niveau, le film raconte l’histoire de la malédiction qui frappe Porco – malédiction dont l’origine n’est jamais expliquée – mais qui semble liée à la perte des illusions de Marco, à la dégradation du monde dans lequel il vit, sous la montée du fascisme. La rédemption de Marco réside dans l’amour que lui portent les deux femmes de l’histoire, la belle Gina et la douce jeune fille Fiona.

Le film est un pamphlet contre l’extrémisme, la guerre et loue la liberté – incarnée par les avions et le mode de vie de Porco – et le courage –incarné surtout par les personnages féminins-.
Il offre ainsi un hommage aux femmes, véritables héroïnes de l’histoire, finalement toujours les plus fortes. Les petites écolières, enlevées par les pirates de l’air ne se montrent nullement effrayées. Les ravisseurs sont plutôt gênés, ne sachant quoi faire devant la bande de fillettes, ravies de l’aventure, trouvées sur le paquebot qu’ils s’apprêtaient à dévaliser.
Fiona, as de la mécanique et génie dans la construction des plans d’avion, prend en main le nouveau modèle de Marco, qui parait ne rien connaître du tout à la mécanique.
C’est d’ailleurs aidée de toutes les femmes de sa famille que Fiona construira l’hydravion de Porco, faisant l’admiration de son Père , le Signor Piccolo, patron de l’entreprise familiale.
Gina, enfin, incarne le personnage dont le charme et l’autorité viennent aisément à bout des pirates et de Curtis, rendus sages et soumis en sa présence.


Les personnages sont élaborés selon deux styles différents d’animation, animation simple et assez caricaturale des personnages masculins et animation fluide et visages fins et précis pour les personnages féminins; la laideur de Porco et de Curtis après leur bagarre tranchant de façon étonnante avec la beauté de Fiona et du décor qui les entoure.
Nostalgie des débuts de l’aviation où les hommes rivalisent d’adresse et d’audace en parcourant le ciel à bord de leurs coucous. Les rapports entre Marco et les autres pilotes sont faits à la fois d’antagonisme et d’une certaine camaraderie, fruit d’un passé commun et de leur passion pour les airs. De fait, on ne croit pas vraiment à la haine entre les deux personnages – Porco et Curtis-, qui se termine finalement en pugilat dont aucun ne sort vainqueur.

Miyazaki manipule ici tous les thèmes chers à son cœur, bien qu’éloignés du folklore japonais : son amour de l’aviation et des grands espaces – les images sont d’une grande beauté, le soleil inonde, la mer scintille, les couleurs sont vives – et le thème de la métamorphose que l’on retrouve dans la plupart de ses films. On pensera notamment à Ponyo et à sa transformation de poisson en petite fille, à Sophie dans Le château ambulant qui change constamment d’âge et d’apparence ou encore à Haku dans Chihiro qui se change en dragon. La métamorphose de Porco demeure un mystère durant tout le film comme d’ailleurs sa conclusion dans l’histoire, Marco semblant prêt à retrouver sa forme humaine grâce à l’amour de Gina et de Fiona.

Le film est ainsi conçu avec une fin ouverte qui laisse place au rêve et l’on goûtera l’histoire différemment, une fois accepté l’étonnant postulat de départ

Les aventures de Lagardère : Mon hommage à Jean Piat

Les aventures de Lagardère - Série de Paul Jullian et Jean-Pierre Decourt, 1967 

Affiche Les Aventures de Lagardère
Regard bleu malicieux, sourire enjôleur et silhouette d’adolescent, Jean Piat est sans conteste le seul Lagardère à pouvoir rivaliser avec Jean Marais en lançant son fameux « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ». Il n’y a pas à dire, ça c’est du panache.

La série de Marcel Jullian et Jean-Pierre Decourt est si fortement ancrée dans les souvenirs des téléspectateurs des années 60-70 qu’il semble qu’elle comportait de nombreux épisodes; les péripéties s’enchaînaient dans une histoire née de la plume si fertile de Paul Féval, maître des romans feuilletons du XIXème siècle. Elle ne comportait pourtant que 6 épisodes de 50 minutes, des épisodes menés à un train d’enfer.
On appelait alors cela un feuilleton, aujourd’hui, on parle de mini-série.

Elle fait partie d’un bienheureux temps de la télévision française, celui des adaptations de grands romans historiques, comme celles tirées des œuvres d’Alexandre Dumas : Le Chevalier de Maison Rouge, Les Mohicans de Paris, Joseph Basalmo ou encore Les compagnons de Jéhu.
Dans la pure tradition des romans d’aventures, ces feuilletons présentaient de beaux et valeureux héros, des héroïnes belles et courageuses, complots, poursuites et enlèvements, le tout interprété par des acteurs brillants – dont souvent des acteurs de théâtre, membres de la Comédie Française.

Les aventures de Lagardère racontent l’histoire d’un jeune orphelin, Henri, élevé parmi une troupe de comédiens et qui se produit comme acrobate dans un théâtre ambulant, sous le nom de Petit Parisien. Deux maîtres d’armes, hommes de main à l’occasion, lui ont appris l’escrime et le fougueux jeune homme a hâte de partir à l’aventure. Une vieille nourrice lui apprend alors la vérité sur son nom, il est le Chevalier de Lagardère, de noble famille et ses parents ont été assassinés. Sa rencontre avec un jeune noble, Philippe de Nevers, va changer son destin. Celui-ci meurt, victime de la haine de son rival en amour Philippe de Gonzague.
Lagardère jure de le venger.

Cette vengeance guidera toute sa vie, tandis que, proscrit, il élève la petite Aurore de Nevers, qu’il a réussi à sauver. Sous l’apparence d’un étrange bossu nommé Esope, il trouvera et traquera les hommes qui, dans les fossés du Château de Queylus, propriété du grand-père d’Aurore, ont lâchement assassiné le pauvre Nevers.


L’ensemble est évidemment empreint de quelques naïvetés dans les dialogues et de certains aspects un peu artisanaux comme lorsqu’un poupon tout raide enveloppé de dentelles est censé représenter la petite Aurore de Nevers, poupon que Jean Piat prend même d’une main tandis qu’il se bat à l’épée de l’autre !
On appréciera la fidélité à l’œuvre de Féval, les versions suivantes ayant, soit transformé la douce Aurore en garçon manqué pour faire plus moderne, ou encore ayant, par pruderie, effacé l’histoire d’amour entre Henri et Aurore, la jugeant quasi incestueuse.Cette série est la seule aussi, à ma connaissance, à adapter l’ensemble de l’histoire de Lagardère, la plupart s’arrêtant au fameux moment du bal du régent où le Bossu dévoile sa véritable identité et fait reconnaître Aurore.


Difficile donc de résister au charme de Jean Piat qui restera dans les mémoires des téléspectateurs des années 60-70, pour certains vêtu du rouge de Robert d’Artois dans la série de Georges Delerue, Les rois maudits, pour d’autres – dont je fais partie – surtout comme le bondissant Chevalier de Lagardère.

Grand homme de théâtre où il interprétera près de 150 rôles, sociétaire de la Comédie française, il se tournera aussi avec bonheur vers la télévision, le cinéma et vers le doublage. Les spectateurs français auront encore le plaisir de l’entendre jusqu’en 2014 comme voix du Magicien Gandalf dans les trilogies de Peter Jackson, Le seigneur des anneaux et Le Hobbit….restant finalement sans que l’on s’en aperçoive, pas très loin de nous.

Fais-moi peur : Tu trembles, carcasse

Fais-moi peur - Film de George Marshall, 1953


Affiche Fais-moi peurLarry et Myron sont deux amis qui enchaînent les emplois dans les clubs et cabarets new yorkais, Larry (interprété par Dean Martin) comme chanteur de charme et Myron (Jerry Lewis) comme homme à tout faire et exceptionnellement, pour le plus grand malheur de son employeur, comme serveur. 
Les 1ères minutes du film nous laissent entrevoir ses talents en la matière. Myron traverse la salle de restaurant, muni d’un plat surmonté d’une montagne de spaghettis qui finissent un peu partout sur le sol puis sur la tête des clients, déclenchant une panique comme seul Jerry sait les faire, tandis que Dean tente de terminer sa chanson. S’ensuit un numéro de comique des compères, assistés de la belle Dorothy Malone, dans la pure tradition de ceux que les deux acteurs devaient proposer à leurs débuts.

Hors écran, la rencontre des deux compères date de 1945 au Glass Hat Club de New York où tous deux faisaient leurs débuts. Leur association les conduisit ainsi, comme dans le film cité, à présenter des numéros ensemble dans les cabarets new-yorkais. Leurs débuts à la radio puis au cinéma les amènera, plusieurs années durant, à composer un célèbre duo qui jouera ainsi ensemble 17 films de 1949 à 1956. Leurs carrières se séparent alors, avec le succès et le destin que l’on connait.

Après cette 1ère scène et numéro comique, que l’on trouvera plus ou moins drôle, l’histoire nous fait entrevoir Pierre, le serveur que Myron a dû remplacer, brutalement enlevé par des malfrats et conduit devant le caïd du coin, surnommé Le gorille. 
Le pauvre serveur ayant eu le malheur d’embrasser la petite amie du caïd, il sera froidement abattu. Notre charmeur Larry, ignorant de tout cela se met à son tour à courtiser la belle. N’écoutant que son dévouement pour son ami malgré la trouille qui le saisit, Myron se précipite à l’hôtel pour s’expliquer avec les malfrats qu’il compte impressionner.
Parallèlement, dans une autre chambre, une jeune femme élégante Mary (Lizabeth Scott) est en discussion avec un homme d’affaires assez louche qui veut la convaincre de vendre le manoir dont elle vient d’hériter à La Havane. Celui-ci serait hanté.

Voici donc deux histoires parallèles qui semblent nous promettre de nombreux rebondissements. De fait, dans la suite du film, les événements et scènes s’enchaînent à un rythme effréné, pour notre plus grand plaisir : coups de feu, meurtre, compères en fuite, découverte du manoir…le tout accompagné de vrais et de faux fantômes et enfin d’un zombi.
L’histoire est entrecoupée de numéros chantés et dansés ou Dean et Jerry, chacun dans leur style, nous entraînent dans leur bonne humeur, en compagnie de la chanteuse Carmen Miranda qui complète avec brio le duo de son originalité.

La dernière partie du film, que l’on aurait aimée plus longue, nous conduits en plein bayou au manoir hanté sur une petite île pour un final délirant.
Le mélange comédie musicale, film policier – représenté par la présence de Lizabeth Scott, habituée des films noirs – Pitfall, En marge de l’enquête ou La main qui venge, par exemple- et film fantastique, garantit un scénario sans temps mort. Que l’on soit sensible ou non au comique de Jerry, fait surtout de grimaces et de gags pas toujours très fins, difficile de résister à sa bonne humeur, sa frénésie et ses mimiques diverses, comme dans la courte scène où il se fait passer pour une marionnette de ventriloque. 

Face à lui, le calme et digne Dean Martin nous réserve plusieurs numéros chantés où sa voix de velours et son sourire feront s’emballer le cœur des midinettes.

Ce film étant le 1er que je découvre du tandem Jerry Lewis-Dean Martin, je ne me risquerai pas à faire de comparaison avec leurs autres films. La collaboration du crooner associé surtout aux westerns mythiques comme Rio Bravo et du comique peut surprendre ; pourtant le duo fonctionne à merveille. Le calme, charmeur et crooner Dean faisant contraste avec un Jerry déchaîné, qui vole cependant la vedette à son partenaire par ses mimiques et son enthousiasme.

Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...