Stuart Little : Joyeux Noël à tous !

Stuart Little - Film de Rob Minkoff, 1999. 


Au Musée de la miniature et du cinéma de Lyon, à côté de la tête d'Alien, des singes de la Planète des singes et des Stormtroopers de Star Wars , trône une minuscule figurine de 20 cm environ, Stuart Little. Grâce à un accord conclu avec 17 studios américains, le célèbre miniaturiste Dan Olhman fait venir chaque année une cinquantaine de décors, accessoires et costumes de célèbres films US. Le public s'arrête toujours pour regarder d'un air attendri la minuscule souris, habillée d'un joli costume bleu.

Le Stuart Little de Lyon est le prototype utilisé et animé grâce à la magie du numérique dans le film réalisé par Rob Minkoff, en 1999. Il s'inclut de façon très naturelle au milieu des acteurs humains.

L'histoire du film est enfantine et fort plaisante à suivre.

La famille Little, composée du Père, de la Mère et de leur fils, le petit George, vit paisiblement à New York. Tous rêvent cependant de voir une quatrième personne intégrer la famille. Se rendant dans un orphelinat, le couple Little hésite à choisir parmi les enfants qu'ils y rencontrent jusqu'à ce qu'une souris, Stuart, s'adresse à eux ; elle aussi est orpheline et attend la famille qui viendra la chercher. Séduits, les Little décident d'adopter Stuart et le ramènent à la maison.

Qu'une souris se tienne et s'habille comme un homme ne surprend à aucun moment le couple, ni d'ailleurs les divers personnages de l'histoire.


La Directrice de l'orphelinat se réjouit de voir la souris trouver des parents et parmi le reste de la famille, seul le petit George s'exclame " Ce n'est pas mon frère, c'est une souris !"

Ce sera à Stuart de conquérir l'affection de son frère ainsi que l'amitié du chat de la maison qui commence d'abord par le gober.

Mais les dangers guettent le nouveau Little car les chats du quartier veulent la peau de notre jeune héros...jusqu'au jour où débarque un couple de souris, se déclarant les véritables parents de Stuart.

Conçu pour un public assez jeune mais divertissant à voir en famille en ces temps de Noël, le film fonctionne parfaitement grâce à la qualité de l'animation des souris et aux multiples et amusantes aventures que vit notre petit héros.


On compatira à ses malheurs de souris, obligée de traverser à pied ( enfin à pattes) Central Park de nuit, poursuivie par une horde chats hostiles et on s'attendrira devant son affection pour ses parents humains.

Joyeux Noël à tous !



Luca : O sole mio, version Pixar


 Luca - Film d'Enrico Casarosa, 2021.

Concepteur de storyboards et scénariste chez Pixar depuis 20 ans ( Ratatouille, Là-haut, L’âge de glace…), Enrico Casarosa s’est lancé en 2021 dans la réalisation de son premier long-métrage, Luca, rendant ainsi hommage à ses origines italiennes.


Luca propose en effet un tableau haut en couleurs de la région de Gênes (ville de naissance du réalisateur) et plus particulièrement d’un village côtier inspiré de ceux de la région des Cinque Terre. L’histoire se situe dans les années 50 à Porto Rosso, village de pêcheurs où les habitants vivent heureux. 



On y chante des airs d’opéra, les pêcheurs écoutent Puccini sur un vieux gramophone, on y roule en vespa et on se régale de spaghettis et de gelati. La seule ombre au tableau de cette vie idyllique est la peur des monstres marins que certains ont parfois aperçus de leur bateau.

Sous l’eau, nous découvrons les monstres marins…et oui, ils existent réellement mais ils n’ont pas l’air très méchants. Luca est un jeune triton qui vit avec ses parents qui lui ont défendu d’affronter la surface avec son soleil brûlant et ses méchants humains. Luca passe ainsi ses journées à garder les troupeaux de moutons…enfin, plutôt de poissons, tout en rêvant à ce qui se passe au-dessus.

Un jour, suite à l’accident d’un bateau de pêcheurs, il découvre émerveillé au fond de l’eau des objets humains, notamment un superbe gramophone. Il fait alors la connaissance d’un autre enfant triton, Alberto qui l’entraine vers la surface.

Et là, surprise, comme la petite sirène, Luca se voit transformé en humain, perdant sa nageoire pour une paire de jambes (sauf que ce n’est pas douloureux), dès qu’il quitte l’eau et devenant pareil à un enfant humain.

Les deux amis partent alors à la découverte de Porto Rosso et rencontrent une dynamique fillette, Giulia, adepte de vespa (le rêve des deux amis est de rouler un jour sur ce magnifique engin), qui va les entraîner à participer à un triathlon (escalade de la colline à vélo, course nautique et ingurgitation d’un gros plat de spaghetti ).


L’histoire est traitée sur un ton de comédie, empreint cependant d’une certaine nostalgie, les deux amis se savent différents et sont soumis au risque de recevoir de l’eau sur leur peau et de redevenir tritons, perdant alors, pensent-ils, l’amitié de Giulia et de son Père.


On pourra reprocher au film un développement un peu simpliste de l’histoire et quelques incohérences, comme lorsque les deux amis sont malades à l’idée de manger du poisson , avant peu de temps après d’accompagner à la pêche le père de Giulia et de faire un véritable carnage de leurs congénères marins, comme le prouve l’énorme tas de poissons déposé sur le port, résultat de leur équipée.



Le film propose ainsi une jolie carte postale, hommage au cinéma italien et sans doute aussi à Miyazaki par le nom Porto Rosso (fort semblable au titre Porco Rosso). Il respire la nostalgie des souvenirs d’enfance de son réalisateur à travers une histoire simple d’amitié et de découverte de la vie. Les couleurs vives (l’ocre et le jaune du village, la couleur violette des tritons)
apportent chaleur et optimisme au film. L’équipe de réalisation s’est d’ailleurs déplacée en Italie, dans la région des Cinque terre, afin de s’inspirer des couleurs, des ruelles étroites et escarpées, des places et de ses boutiques typiques.

Un très joli film à découvrir.

Vaillante : Bel hommage aux femmes soldats du feu

Vaillante - Film de Théodore Ty et Laurent Zeitoun, 2022.



1814. Molly Williams est la première femme à être recrutée dans une unité de pompiers en Amérique. Cela se passe à New York et Molly a la particularité d'être afro-américaine et esclave. Elle accompagne son propriétaire, pompier volontaire, lors d'un grand incendie alors que la brigade a été décimée par une épidémie de grippe. 
Quelques femmes pompiers traverseront donc épisodiquement l'histoire pendant les décennies suivantes. Les difficiles tests d'aptitude physique bloquent en effet l'accès de beaucoup à de nombreux services d'incendie.
 En 1982, Brenda Berkman intente et remporte un procès contre le service d'incendie de New York pour son test d'aptitude restrictif. Elle et 40 autres femmes sont alors engagées. 
En 1984, Rochelle Jones est la première femme promue chef chez les sapeurs pompiers américains. 
 En France, ce sera en 1974 qu'un décret permettra aux femmes d'intégrer le corps des sapeurs-pompiers. Françoise Mabille est la première française sapeur-pompier volontaire; elle deviendra professionnelle vingt ans plus tard. 

En assistant à un grand incendie à New York en 2014, le réalisateur Laurent Zeitoun remarque une femme parmi les soldats du feu et décide de s'intéresser au sujet. il contacte alors Rochelle Jones, précédemment citée et découvre l'histoire des pompiers femmes en Amérique. 


 Il s'associe avec le spécialiste de l'animation, Théodore Ty, pour réaliser le film Vaillante, librement inspiré de l'histoire de la vie de Rochelle Jones. Les deux réalisateurs situent le film en 1930 à Broadway, prétexte à une reconstitution colorée et art déco. 
Nous suivons ainsi l'histoire d'une petite fille Georgia et de son Père, ex pompier qui a abandonné sa carrière à la mort de sa femme pour se consacrer à sa fille; Il est ainsi devenu tailleur. Mais la petite fille connait le passé glorieux de son Papa et rêve de devenir comme lui un soldat du feu.
Accompagnée de son chien et roulant à toute vitesse dans une voiture d'enfant, elle s'imagine volant au secours des victimes du feu. 
 Devenue adolescente, Georgia n'a pas abandonné son rêve et lorsque son Père est rappelé pour monter une brigade de pompiers afin de lutter contre un gigantesque feu qui brûle dans un théâtre de Broadway, elle décide de le rejoindre incognito pour découvrir le métier. Affublée d'une moustache et modifiant sa voix, là voici donc aux côtés de son Papa - peu physionomiste - et de deux autres recrues à lutter contre les flammes et contre un inquiétant monstre de feu. Les autres pompiers de la ville ont en effet tous mystérieusement disparu.


Vaillante propose 1h30 d'une jolie animation colorée en compagnie de deux personnages très attachants, Georgia et son Père, au fil d'une histoire agréable et sans réelle surprise. Le spectateur se doute assez vite de l'identité du pyromane. La version française permet de retrouver des voix bien connues , Valérie Lemercier, Elie Semoun et Vincent Cassel tandis que la version anglaise bénéficie des voix de Kenneth Branagh et de William Shatner, notamment. Il est par contre dommage, défaut remarqué dans plusieurs animations, que les voix françaises empruntent un parler beaucoup trop moderne, alors que l'action se situe en 1930. 

 On retiendra donc un film d'animation agréable à regarder, destiné à un public assez jeune mais pas trop, aux personnages drôles et attachants qui se termine par des photos des premières femmes pompiers de l'histoire de New York. Un joli hommage aux soldats du feu, à la fois des sombres jours des attentats de New-York et des incendies dévastateurs de cet été de canicule à travers le Monde.

Voyage sans espoir : Sur le Quai des brumes

Voyage sans espoir - Film de Christian-Jaque, 1943.


Voyage sans espoir se situe dans la lignée de ces films au réalisme sombre empreints d’une certaine poésie que l’on retrouve dans plusieurs oeuvres de Christian-Jaque (Sortilèges, L’enfer des anges, Un revenant), le tout mêlé à l’univers du Pierre Mac Orlan de Quai des Brumes : villes portuaires dans le brouillard, bateau à quai que l’on ne voit jamais partir, bars à matelots et rues noyées de pluie. Le film est en noir et blanc mais doté d’un bel éclairage et d’une véritable recherche des jeux d’ombres et de lumière.

 Simone Renant et Jean Marais
L’histoire commence dans un train où un jeune banquier est endormi, une liasse de billets dépassant de sa veste. Un homme, le visage dissimulé, monte dans le train et passe de compartiment en compartiment avant de s’arrêter à celui du jeune homme. En guise d’introduction, les journaux annoncent l’évasion d’un dangereux criminel. L’inconnu qui se présente comme un certain Pierre se lie avec le jeune banquier, Alain, et lui donne rendez-vous pour le retrouver dans une boîte de nuit le soir même avant son embarquement pour l’Argentine.
Paul Bernard et Simone Renant

Nous faisons parallèlement la connaissance d’un capitaine de bateau, Dejanin, ami du criminel et qui a accepté de faire fuir celui-ci sur son cargo. Dejanin agit en fait davantage par amour pour la petite amie de Pierre, Marie-Ange, que par amitié.

Son personnage, devenant complice malgré lui, éveille plus la compassion que l’antipathie. Afin de payer le silence de l’équipage du cargo, les deux compères décident de dévaliser le jeune banquier, grâce à Marie-Ange, chanteuse dans la boîte de nuit où Pierre a donné rendez-vous à sa future victime. 
 Mais Cupidon étant passé par là , Marie-Ange est émue par les déclarations d’amour pleines d’enthousiastes du jeune homme qui l’a rencontrée à sa sortie de la gare, au début de l’histoire.

A 30 ans, Jean Marais en fait 10 ans de moins et nous gratifie d’un éblouissant sourire d’un bout à l’autre du film. Son personnage naïf, pour ne pas dire plutôt un peu bête, tranche avec le caractère sombre et tourmenté des deux protagonistes
qui sont les méchants de l’histoire, le
criminel en fuite et le capitaine du cargo.

L’histoire est d’ailleurs davantage centrée sur eux, mettant de côté pendant une bonne partie du film le personnage d’Alain.

Jean Brochard et Lucien Coëdel

Dans ces rôles, on retrouve deux seconds rôles de qualité, Lucien Coëdel ( Roger-la-honte, Sortilèges, Les mystères de Paris ) et surtout Paul Bernard (« encore » Roger-la-honte, Le bossu, « et encore » Les mystères de Paris) qui domine très largement le film par son interprétation tourmentée du criminel en fuite, Pierre. Egalement acteur de théâtre, Paul Bernard a une belle présence et une diction parfaite.

Film caractéristique de son époque, tourné en grande partie en studio avec des acteurs au jeu parfois un peu théâtral qui peut sembler daté, Voyage sans retour est une belle découverte à faire si l’on s’intéresse au cinéma français des années de guerre. Reste à savoir si l’on préfère le phrasé des acteurs de cette époque ou la diction souvent murmurante du cinéma français d’aujourd’hui….à vous de juger.

The secret garden : Si vous regardez dans la bonne direction, vous pouvez voir que le monde entier est un jardin.

The secret garden - Film d'Agnieszka Holland, 1993.

Mary Lenox n'est certainement pas le genre de petite fille à laquelle on penserait s'attacher en faisant sa connaissance au tout début de l'histoire de cette adaptation d'un célèbre roman de la littérature enfantine anglaise, publié en 1911.

Mary est une enfant boudeuse et capricieuse, pas très belle et à l'air maladif. Elle se situe bien loin de deux merveilleux enfants qui nous viennent à l'esprit lorsque l'on découvre l'auteure de cette histoire, Frances Hogson Burnett. Le Petit Lord Fauntleroy et La Petite Princesse sont les deux personnages qui ont bercé plusieurs générations au fil des romans, films et séries animées qui leur ont été consacrés. 

Loin d'avoir la gentillesse et la faculté de se faire aimer de tous de Cédric et de Sara, Mary va devoir conquérir les coeurs en subissant une totale métamorphose...ce qui rend son personnage d'autant plus intéressant.


Née aux Indes d'un Père officier et d'une Mère trop occupée de mondanités pour faire attention à elle, la petite fille grandit sous les soins de son ayah (nurse) avec laquelle elle se montre des plus capricieuses. 

Pourtant, un jour, la grande maison se retrouve vide, parents et serviteurs ont disparu... un dîner non desservi est encore sur la grande table de réception. Le choléra vient de frapper la ville tuant les parents de Mary et son ayah, tandis que les serviteurs se sont enfuis. Personne n'a pensé à la petite fille qui se retrouve seule. Elle est découverte le lendemain par deux soldats qui viennent patrouiller dans les maisons désertes.

Elle est alors envoyée en Angleterre, dans le Yorkshire pour vivre chez un oncle qu'elle ne connait pas. La voici débarquant sur un quai lugubre où personne ne l'attend, puis découvrant la Lande sous la pluie avant d'arriver dans un immense et lugubre manoir...tout ceci n'est certainement pas de nature à transformer Mary en enfant épanouie d'autant plus qu'elle apprend que son oncle serait un inquiétant bossu qui ne veut pas la voir ...rajoutons à tout ceci des hurlements qui retentissent la nuit dans le manoir et le tableau devient complet.

Pourtant, Mary va trouver le bonheur en parcourant les immenses jardins du domaine et surtout en arrivant devant un jardin hermétiquement fermé par un mur qui ne semble avoir aucune ouverture.

C'est grâce à un rouge-gorge et à un petit paysan qui a le don de parler aux animaux que Mary va ouvrir la porte du jardin secret, et celle de son coeur par la même occasion.

La Réalisatrice Agnieszka Holland réalise en 1993 pour la Warner bros cette adapatation du Jardin secret. Elle s'entoure d'acteurs peu connus à l'exception de Maggie Smith qui interprète un rôle de gouvernante à l'air sévère mais au coeur
sensible dans le fond....un rôle qui lui va comme un gant.

Le film prend son temps pour poser ses personnages, accompagnant la métamorphose de la jeune héroine et la
découverte du jardin. Une atmosphère assez magique se détache de l'ensemble bien que le fond de l'histoire soit simple.

Le trio de jeunes acteurs joue avec justesse avec une mention spéciale pour la jeune Kate Manderly dont c'est ici le premier rôle. On la retrouvera un peu plus tard dans Neverland dans le rôle de Wendy, dans Like Minds puis dans diverses séries télé.

Le film a été tourné dans un manoir anglais victorien, Allerton castle, décor idéal des classiques anglais. On notera aussi la très belle réalisation artistique  visible dans les vues du manoir gothique aux couloirs infinis, du jardin luxuriant
paraissant se situer dans un autre monde ou encore de la vision de la lande sauvage au charme étrange. 

D'autres versions ont été tournées au fil des décennies depuis une version muette en 1919, un film hollywoodien avec Magaret O'Brian  en 1949 et plus récemment, en 2020, une réalisation de Marc Munden avec Dixie Egerickx et Colin Firfh. Diverses séries présenteront à leur tour l'histoire de Mary Lennox. Libre à chacun de se faire une idée en comparant les diverses versions. Après avoir visionné la version de 1949, celle de 2020, l'adaptation réalisée par la BBC en 1975 puis la présente réalisation de 1993, je garderais une préférence pour cette dernière, particulièrement belle et attachante.





Le Seigneur d'Hawaï : Film méconnu dans la carrière de Charlton Heston

Le Seigneur d'Hawaï (Diamond head) - Film de Guy Green,  1963.

Film peu connu dans la filmographie de Charlton Heston, Le Seigneur d'Hawaï nous permet de retrouver Chuck aussi beau et solide que dans Ben Hur, mais dans un rôle beaucoup moins sympathique. Il joue ici le rôle de Richard Holland, surnommé King, riche propriétaire terrien d'une gigantesque plantation d'ananas.

 Bien qu'ami avec une famille d'hawaïens, les Kahanas, notre héros s'oppose violemment au mariage de sa soeur Sloane avec le plus jeune d'entre eux, Paul. Parallèlement, King entretient une liaison avec une jolie jeune fille Mai Chen, qui lui annonce bientôt attendre un enfant de lui. 

Double coup dur pour le riche propriétaire plein de préjugés, qui ne peut pas imaginer que son héritier ait du sang hawaïen.

Le film tourne ainsi autour d'une double histoire sentimentale, qui deviendra bientôt triple, avec l'intervention du frère de Paul, Dean, jeune médecin également amoureux de Sloane.

Le titre anglais du film, Diamond Head, fait référence au cratère de l'île d'Oahu, dans l'archipel d'Hawaï. Ce cratère n'ayant aucun rôle dans l'histoire sauf celui de nous donner de beaux paysages sauvages à contempler, le titre a été traduit par Le seigneur d'Hawaï pour se recentrer sur le personnage joué par Charlton Heston dont on suit les tourments. Il faut dire que le personnage est assez pénible et frénétique bien que l'on se doute un peu du tournant


que va prendre l'histoire lorsqu'elle bascule dans le drame.


Sloane, la soeur de King, est aussi un personnage assez pénible bien que l'on ressente de la sympathie pour elle. Yvette Minieux, repérée dans La machine à explorer le temps interprète le personnage tandis que Mai Chen est jouée par France Nuyen, jeune française d'origine vietnamienne vue à de nombreuses reprises au cinéma (Une histoire de Chine, La bataille de la planète des singes...) et dans des séries télés (Les espions, Kung Fu, L'île fantastique....).


Les deux frères Kahana sont interprétés par George Chakiris (West side story) et par James Darren (Les canons de Navaronne, Le tunnel du temps, Hooker..).


Le film vaut donc surtout par sa distribution et le plaisir de découvrir des paysages peu connus d'Hawaï. L'histoire sentimentale, sans être inoubliable, se suit avec plaisir et le thème du racisme est traité de façon intéressante.

Bedlam : "Ce Monde est un grand Bedlam"-Voltaire

 Bedlam, Film de Mark Robson, 1946.


Boris Karloff en médecin sadique d'un hôpital d'aliénés, une jolie Anna Lee qui y est traitreusement enfermée et un jeune et sympathique quaker pour essayer de l'en sortir....voici qui nous promet un joli moment d'horreur baroque. De plus, le film datant de 1946, on peut s'attendre à plus de suspense que de véritables scènes d'horreur au réalisme frappant pour les coeurs sensibles.

C'est tout à fait ce qui attend le spectateur qui découvre le film Bedlam, inspiré d'un tableau de William Hogarth, A rake's progress (La carrière d'un libertin), peint en 1735.

L'histoire se déroule en un lieu tristement célèbre, le Bethlem Royal Hospital de Londres, établissement pour aliénés fondé en 1247 et actuellement le plus ancien établissement d'Europe encore en activité.
On imagine toutes les souffrance qui ont habité ces murs au fil des siècles, les asiles ayant longtemps été synonymes de prisons avant que l'on ne commence à y introduire des traitements et à offrir des conditions de vie plus décentes aux malades.
Le terme Bedlam, déformation de Bethlem est aujourd'hui utilisé dans le langage courant, il est synonyme de chahut, chaos ou confusion...vous imaginez pourquoi.


L'histoire commence en 1761 alors qu'un riche lord, Lord Mortimer, accompagné de sa protégée, une jeune comédienne du nom de Nell, est témoin de l'évasion d'un pensionnaire de l'asile d'aliénés de Bedlam. Poursuivi par un gardien, le malheureux est précipité dans le vide après que son poursuivant lui a écrasé les mains qui le retiennent au bord du toit.

Horrifiés, Lord Mortimer et Nell demandent des explications au Directeur de la prison, un individu sadique nommé Sims.
Ce sympathique personnage compose des pièces de théâtre à ses heures perdues et offre à Lord Mortimer de distraire sa prochaine soirée avec une de ses compositions, présentée par quelques-uns de ses pensionnaires. Séduit, celui-ci accepte tandis que Nell est profondément frappée par ce qu'elle découvre des conditions de vie d'un asile. 
Elle fait la connaissance d'un quaker, William Hanney venu s'engager comme tailleur de pierre à Bedlam, mais venu en fait pour se rendre compte de la vie des aliénés. Il encourage Nell à plaider auprès de Lord Mortimer la cause des misérables pensionnaires de l'asile afin d'obtenir son aide.
Trouvant de plus en plus dérangeante la jeune femme, Sims cherche à la faire déclarer folle. Elle est alors internée à Bedlam.

Après avoir dirigé Boris Karloff l'année précédente dans L'île des morts, Mark Robson retrouve une nouvelle fois l'acteur dans un type de rôle qu'il interprétera à de nombreuses reprises, celle d'un docteur fou. Celui-ci n'a d'ailleurs pas besoin de forcer beaucoup son sourire inquiétant ni son regard fixe pour être convaincant.
C'est cependant Anna Lee, dans le rôle de Nell, qui retient l'attention par sa beauté et son jeu passionné. Je ne connaissais pas le nom de cette superbe actrice qui a cependant figuré, sans avoir le premier rôle dans des films de renom comme Qu'elle était verte ma vallée, Le massacre de Fort Apache ou encore L'aventure de Mme Muir, pour ne citer que ces films.

Le personnage du quaker William, interprété par Richard Fraser, autre second rôle au visage connu - Qu'elle était verte ma vallée, Le portrait de Dorian Gray...- est inspiré d'une personnalité véritable, le quaker philantrope, Edward Wakefield.
Ce dernier a été le premier à alerter en 1815 sur les conditions de vie dans les asiles en présentant un texte devant le Parlement anglais. il militera également pour l'amélioration des conditions d'incarcération dans les prisons.
Scène du film reproduisant le tableau de William Hogarth

Bedlam se situe dans la lignée des films d'horreur gothique, à l'atmosphère des romans d'Edgar Poe, produits aux Etats-unis dans les années 40 comme Le mystère du château noir ou encore Le château de la terreur - tous deux avec Boris karloff et dont je propose une critique sur ce site -.
A découvrir si vous aimez les vieux films des années 40, au noir et blanc de grande qualité et à l'atmosphère mystérieuse à souhait.


Tableau de Hogarth (1735) dont s'inspire la scène ci-dessus.

Autres critiques :

Le mystère du château noir : Boris Karloff et Lon Chaney Jr vous invitent au cœur de la Forêt noire

Le château de la terreur : Boris Karloff, la vie d'un gentil monstre

"Ce monde est un grand Bedlam, où des fous enchaînent d'autres fous." Voltaire - Traité sur la tolérance, 1763.

Le monde est un grand Chelm : Les fous de Chelm et la chèvre sage

 Le monde est un grand Chelm - Film d'Albert Hanan Kaminski (1995)

Chelm est une petite ville de Pologne habitée par une communauté juive. Un ange ayant
accidentellement laissé tomber de la poudre de bêtise sur les habitants, ceux-ci sont à moitié fous et se comportent comme des enfants, sous l'oeil bienveillant de leur Rabbin.
Shlemiel, bedeau de la synagogue apprend avec joie l'arrivée de son neveu, Aaron, qui a récemment perdu ses parents. Shlemiel se désespère en effet de ne pas avoir eu de garçons et de n'avoir que trois filles, pas encore mariées et rêvant au prince charmant.



Arrivant accompagné de sa chèvre Zlateh, Aaron se révèle un sympathique et futé jeune garçon. Zlateh la chèvre, qui ne peut pas être comprise des personnages humains de l'histoire, nous parle cependant tout au long de l'histoire afin de commenter avec beaucoup de sagesse les événements.
Hélas, des esprits malfaisants veillent et l'un d'eux, le sorcier Darko, cherche à voler un manuscrit détenu à la synagogue afin de ressuciter le légendaire Golem, géant d'argile capable de tout détruire sur son passage.
Egalement intitulé Aaron et le livre des merveilles, le film d'Albert Hanan Kaminski reprend sous la forme d'un dessin animé coloré et chantant, les contes d'Isaac Bashevis Singer, prix nobel de littérature en 1978 pour son oeuvre de conteur. Cette oeuvre comprend des contes, romans, pièces de théâtre et récits autobiogaphiques, principalement en yiddish, relatant les légendes, croyances de la culture juive ainsi que des faits historiques.
La musique de Michel Legrand nous offre de sympathiques moments musicaux, bien que les chansons ne soient pas inoubliables; ces moments sont accompagnés de quelques scènes de chants et danses traditionnels présentés de façon amusante et un rien impertinente. Le choix d'avoir rendu stupide les habitants de Chelm dénote peut être une certaine auto dérision.

Le film fait cependant référence à des événements bien tragiques vécus par la communauté juive de Pologne, notamment dans la ville de Chelm où tous les habitants juifs seront massacrés par les cosaques au XVIème siècle avant que la communauté suivante ne disparaisse à nouveau presque totalement dans l'horreur nazie de la seconde guerre mondiale.
Le monde est un grand Chelm évoque ainsi la diaspora, c'est-à dire la dispersion dans le monde des juifs, au fil des événements historiques et des persécutions, ici représentées par le mauvais sorcier et la figure du Golem, créature mythique issue des psaumes du Talmud.

Le personnage sera repris dans de nombreux récits par delà le Monde. il aurait même inspiré le monstre de Frankenstein. Il désigne aujourd'hui ces géants dépourvus de volonté aux grandes possibilités destructrices, animés par la seule volonté de leur maître auquel ils obéissent aveuglément.

Ce sympathique dessin animé, aux dessins naifs, a été largement diffusé aux USA et dans les pays hispaniques où il a rencontré un franc succès. On appréciera le charme de ses couleurs et de sa musique et l'occasion, quelles que soient nos origines, de découvrir certaines traditions de la culture yiddish.

Le célèbre film de 1920 : Le Golem 
                                                                   (Henrik Galeen et Paul Wegener) 


Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...