La gardeuse d'oie : L'histoire de la gardeuse d'oie et de son fidèle Falada

 La gardeuse d'oie - Film de Konrad Petzold, 1989.

La gardeuse d'oie n'est certainement pas le conte le plus connu des Frères Grimm mais c'est l'un de ceux où l'histoire est particulièrement aboutie. C'est aussi l'un de mes préférés depuis le jour où j'ai découvert cette belle adaptation. C'était à une époque où la télévision passait encore lors des vacances de Noël toute une série de beaux films, contes, histoires romantiques et vieux films d'aventures. J'avais toujours hâte de pouvoir feuilleter le magazine télévision que ma Mère achetait, afin de pouvoir me faire mon programme de visionnage : la série des Sissi, les films de cape et d'épée comme Ivanohé ou Robin des bois et les programmes destinés à la jeunesse.


La Gardeuse d'oie fait partie des contes attribués aux Frères Grimm qui n'en sont pas les concepteurs mais plutôt les transcripteurs. Il est temps de remettre en lumière l'une des personnes qui ont permis de donner un caractère intemporel à ces histoires, racontées de manière orale et mélange de diverses traditions. L'une de ces conteuses se nommait Dorothea Viehmann. Femme cultivée, elle était à la fois conteuse, écrivain et fermière, récoltant et racontant des textes traditionnels. Son nom, accolé à celui des Frères Grimm est d'ailleurs resté à Cassel (Allemagne) sous la forme d'un buste et d'une plaque sur la maison où elle a habité dans les années 1790 et une statue a été inaugurée dans la ville en 2009...preuve que son nom n'a pas été effacé de l'Histoire.


Venons-en à présent à l'histoire de La gardeuse d'oie dont l'évocation commencera bien entendu par "Il était une fois".

Il était une fois, deux jeunes rois, voisins et amis qui partirent ensemble à la guerre combattre un ennemi commun. Chacun des deux rois laissait ainsi, l'un sa fille, l'autre son fils, tous deux bébés.



Le Roi Junger recueille à la fin de la bataille la fille de leur ennemi qui vient d'être tué. Hélas, il est blessé à son tour. Avant de mourir, il fait promettre au roi Ewald que leurs enfants , plus tard, se marieront mais seulement s'ils sont réellement amoureux.

La jeune Princesse Aurina, fille du roi défunt grandit donc, avec à ses côtés l'enfant recueillie par son Père, Lisa. Celle-ci se montre, dès l'enfance dominatrice et rebelle tandis qu'Aurina possède toutes les vertus d'une vraie princesse de conte de fées : douce, belle et aimante.

Vient alors le jour où la promesse faite par le roi doit être tenue. Aurina part donc pour le pays voisin rencontrer le Prince Ivo; sa Mère lui confie Falada, le glorieux et magique cheval du Roi ainsi qu'un mouchoir tâché de trois gouttes de sang, possédant le pouvoir de protéger la jeune fille. Il n'y a bien sûr que dans les contes que l'on peut imaginer un tel cadeau maternel mais la magie est présente partout et cela ne frappe personne.


Aurina et Lisa, qui s'est proposée comme suivante, se mettent donc en route, accompagnées d'un vieux et fidèle soldat. Cependant, la perfide Lisa rêve de prendre la place de la Princesse et n'aura de cesse de terroriser celle-ci jusqu'à ce quelle obtienne qu'elles échangent leurs rôles. C'est donc en princesse que Lisa arrive au château du Roi Ewald tandis qu'Aurina n'est plus que sa servante.


L'adaptation de Konrad Pelzold prend quelques libertés avec l'histoire d'origine, notamment sur l'identité de Lisa, qui dans l'histoire originale est la servante de la princesse et non sa soeur adoptive. Le titre original du film met aussi à l'honneur le cheval Falada en rajoutant au titre L'histoire de la gardeuse d'oie "et de son fidèle Falada". Le digne coursier possédant la capacité de parler sera en effet le protecteur de la princesse et aura un rôle important dans le dénouement.



Somptueuse réalisation, le film brille par son grand nombre de figurants, par ses beaux costumes et par la beauté des lieux de tournage, dont le Château de Schonfels, château fort du pays de Saxe, en Allemagne et digne décor d'un tournage de film de conte de fées. Les profondes forêts environnantes complètent ce décor naturel.

Le Réalisateur met aussi l'accent sur l'atmosphère du lieu, sur le travail des petites gens, le tout dans un pays idéalisé où rois, reines, princesses et princes sont beaux et attentifs à leurs sujets, festoyant et dansant avec eux. Il est vrai cependant que la Princesse ne fait pas preuve de beaucoup de caractère et qu'elle ne correspond guère au wokisme des princesses de cinéma actuelles qui transforme Blanche Neige et autres héroines en véritables amazones.


C'est pourtant bien nos princesses "classiques" qui continuent à faire rêver....


Je conseille donc ce joli film aux grands et petits qui ont gardé leur âme d'enfant.

Joyeuses fêtes de Noël à tous !


La Gardeuse d'oies. Aquarelle (1901) de Rudolf Geissler pour le conte des frères Grimm. (Bibliothèque nationale de France, Paris.) - Larousse Encyclopédie


Le bal des vampires : Aiguisez vos incisives !

 Le bal des vampires - Film de Roman Polanski, 1967.

Je ne peux pas me dire fan absolue des films d'épouvante. Cependant le côté gothique des films d'horreur à la Hammer, surtout dans ses belles années celui du duo Christopher Lee-Peter Cushing, m'ont toujours mise en joie.

J'ai aussi découvert, il y a quelques années la "Hammer mexicaine" avec des films comme Les larmes de la malédiction de Rafael Beladon (1961) qui manient plutôt les éléments d'horreur liés aux maisons hantées ou aux légendes locales. Rien de bien sanguinolent dans tout cela donc, mises à part quelques morsures de vampires.

Le film de Polanski, Le Bal des vampires, conjugue ces différents éléments en offrant une délicieuse parodie des films d'horreur gothique.




Dès le début, les ingrédients se mettent en place avec l'arrivée dans la nuit, à travers la sinistre forêt et poursuivis par des loups, des deux héros, sauf qu'ici le Professeur qui vient chasser les vampires est loin d'être un courageux Van Hesling mais un vieux savant distrait et maladroit, du style Professeur Tournesol. Il est d'ailleurs pour l'instant totalement congelé dans le traineau qui les conduits et donc indifférent à tout tandis que son jeune assistant, Alfred, se bat désespérément à coups de parapluie contre les loups qui les assaillent.

Une fois le Professeur décongelé , l'histoire peut se mettre en place.

La première partie dans l'auberge est assez longue, le réalisateur laissant se mettre en place l'atmosphère sombre de la petite auberge perdue dans la sombre Transylvanie. Les occupants sont des paysans pas toujours bien finis ou bien totalement obsédés, comme le propriétaire de l'auberge. Seules les deux jeunes filles de la maison, dont la belle et rousse Sarah, fille de l'aubergiste, tranchent sur cet environnement sordide. Des gousses d'ail en guirlandes décorent le lieu, ce qui montre, à la grande joie du Professeur Abronsius, que les vampires ne sont pas loin.


Lorsque Sarah est enlevée par le Comte vampire de la région, Le Professeur Abronsius et Alfred se lancent courageusement à l'assaut du château. Ils y sont accueillis, dans la plus pure tradition du genre, par un serviteur bossu, muet, boiteux et à moitié demeuré, avant d'être conduits dans la grande salle du château où les accueille avec courtoisie l'élégant Comte. Les péripéties s'enchaînent alors tandis que nos héros cherchent à retrouver la jolie Sarah tout en échappant aux canines pointues de leur hôte.

Lorsque le Comte organise un bal, Les vampires de la région convergent vers le château.

Le film a été tourné dans les Dolomites italiennes, pour toutes les scènes extérieures, dans une belle épaisseur de neige qui offre le décor idéal. Les images sont belles et les couleurs chatoyantes, surtout dans les scènes du château.


Côté distribution, le réalisateur Roman Polanski s'est réservé le rôle de l'assistant naïf du Professeur Abronsius; à 34 ans, il réussit à passer pour un tout jeune homme, grâce à son air ingénu et à son allure d'adolescent.

A l'inverse, Jack MacGovran, acteur irlandais d'abord connu au théâtre dans des adaptations de Samuel Beckett puis au cinéma dans des seconds rôles (L'homme tranquille de John Ford, Docteur Jivago de David Lean...) se grime en vieillard (il a 48 ans) , se faisant la tête du savant Albert Einstein.

Citons enfin la belle Sharon Tate, qui rencontre ici son futur mari Roman Polanski.

Un film se suit avec délice, l'humour étant toujours présent ,même dans les instants dramatiques.

A signaler enfin que Le bal des vampires est en France un titre bien sage, loin du savoureux titre de langue anglaise : The Fearless Vampire Killers or Pardon Me, But Your Teeth Are in My Neck (Les Intrépides Tueurs de Vampires ou Excusez-Moi, Mais Vos Dents Sont dans Mon Cou !).

Le ton est donné.

Luca : O sole mio version Pixar

  Luca - Film d'Enrico Casarosa, 2021.


Concepteur de storyboards et scénariste chez Pixar depuis 20 ans ( Ratatouille, Là-haut, L’âge de glace…), Enrico Casarosa s’est lancé en 2021 dans la réalisation de son premier long-métrage, Luca, rendant ainsi hommage à ses origines italiennes.


Luca propose en effet un tableau haut en couleurs de la région de Gênes (ville de naissance du réalisateur) et plus particulièrement d’un village côtier inspiré de ceux de la région des Cinque Terre. L’histoire se situe dans les années 50 à Porto Rosso, village de pêcheurs où les habitants vivent heureux. 



On y chante des airs d’opéra, les pêcheurs écoutent Puccini sur un vieux gramophone, on y roule en vespa et on se régale de spaghettis et de gelati. La seule ombre au tableau de cette vie idyllique est la peur des monstres marins que certains ont parfois aperçus de leur bateau.

Sous l’eau, nous découvrons les monstres marins…et oui, ils existent réellement mais ils n’ont pas l’air très méchants. Luca est un jeune triton qui vit avec ses parents qui lui ont défendu d’affronter la surface avec son soleil brûlant et ses méchants humains. Luca passe ainsi ses journées à garder les troupeaux de moutons…enfin, plutôt de poissons, tout en rêvant à ce qui se passe au-dessus.

Un jour, suite à l’accident d’un bateau de pêcheurs, il découvre émerveillé au fond de l’eau des objets humains, notamment un superbe gramophone. Il fait alors la connaissance d’un autre enfant triton, Alberto qui l’entraine vers la surface.

Et là, surprise, comme la petite sirène, Luca se voit transformé en humain, perdant sa nageoire pour une paire de jambes (sauf que ce n’est pas douloureux), dès qu’il quitte l’eau et devenant pareil à un enfant humain.

Les deux amis partent alors à la découverte de Porto Rosso et rencontrent une dynamique fillette, Giulia, adepte de vespa (le rêve des deux amis est de rouler un jour sur ce magnifique engin), qui va les entraîner à participer à un triathlon (escalade de la colline à vélo, course nautique et ingurgitation d’un gros plat de spaghetti ).


L’histoire est traitée sur un ton de comédie, empreint cependant d’une certaine nostalgie, les deux amis se savent différents et sont soumis au risque de recevoir de l’eau sur leur peau et de redevenir tritons, perdant alors, pensent-ils, l’amitié de Giulia et de son Père.


On pourra reprocher au film un développement un peu simpliste de l’histoire et quelques incohérences, comme lorsque les deux amis sont malades à l’idée de manger du poisson , avant peu de temps après d’accompagner à la pêche le père de Giulia et de faire un véritable carnage de leurs congénères marins, comme le prouve l’énorme tas de poissons déposé sur le port, résultat de leur équipée.



Le film propose ainsi une jolie carte postale, hommage au cinéma italien et sans doute aussi à Miyazaki par le nom Porto Rosso (fort semblable au titre Porco Rosso). Il respire la nostalgie des souvenirs d’enfance de son réalisateur à travers une histoire simple d’amitié et de découverte de la vie. Les couleurs vives (l’ocre et le jaune du village, la couleur violette des tritons)
apportent chaleur et optimisme au film. L’équipe de réalisation s’est d’ailleurs déplacée en Italie, dans la région des Cinque terre, afin de s’inspirer des couleurs, des ruelles étroites et escarpées, des places et de ses boutiques typiques.

Un très joli film à découvrir.

The Harvey girls : Les pionnières de la restauration

The Harvey girls - Film de George Sydney, 1946


Fred Harvey, un cuisinier devenu homme d'affaires, ouvre en 1876 la 1ère chaîne de restaurants aux Etats-Unis sur la ligne de chemin de fer allant du Kansas à la Californie.  Il s'agit d'offrir un service de restauration de qualité pour les voyageurs débarquant du train dans les différentes villes traversées.  

Pour l'heure, seuls les saloons peuvent permettre aux nouveaux arrivants de se restaurer, surtout s'ils aiment les ambiances beuglantes et les filles aguicheuses. Mais pour les gens respectables et pour les familles, pas grand chose d'autre. Harvey a alors l'idée geniale de proposer un restaurant à l'ambiance familiale et servi par des jeunes filles de bonne moralité et de tenue parfaite. Venues de l'est, celles-ci, recrutées par petites annonces, arrivent dans l'ouest pour travailler et souvent aussi pour trouver un mari. 


Formées au service à table, les Harvey girls gardent une tenue irréprochable, tant par leur uniforme (chemisier à col haut, bavette et tablier) que par leur attitude. Elles se reposent dans des dortoirs, surveillées par des matrones et doivent respecter un couvre-feu. 

47 restaurants, 30 voitures-restaurants et 15 hôtels seront ainsi ouverts et maintenus par les deux générations suivantes de la famille jusqu'à des fermetures et rachats divers de l'héritage Harvey. Les Harvey girls auront été 5 000 environ au fil des années à prendre le chemin de l'ouest pour devenir serveuses.

Le film raconte l'histoire d'un groupe de ces pionnières de la restauration. Ayant répondu à une petite annonce de coeurs solitaires, une jeune fille de l'Ohio, Susan ( interprétée par Judy Garland), se rend dans la ville de Sandrock afin d'épouser l'homme avec lequel elle a entretenu une correspondance. Séduite par ses lettres romantiques et spirituelles, Susan a hâte de découvrir l'élu de son coeur. 


Dans le train, elle lie connaissance avec un groupe de jeunes filles qui vont aussi à Sandrock s'engager comme serveuses dans un nouveau restaurant de la chaîne de l'homme d'affaires Fred Harvey. 

Débarquée du train, Susan a la surprise de découvrir son fiancé, un cow-boy pas très jeune et balourd. Elle apprend alors que les fameuses lettres ont été écrites par le propriétaire du saloon voisin, qui se révèle être un homme séduisant, Ned Trent ( John Hodiak).


Susan ayant réglé la question du mariage, ou plutôt du non mariage, avec son fiancé, décide d'intégrer les Harvey girls. 

Angela Lansbury
Filles de bonne moralité contre girls du saloon, la guerre est bien vite déclarée. Tandis que la toute poupine Angela Lansbury (loin encore de l'écrivain détective de la série Arabesque) mène la troupe de girls, Susan, aidée de ses deux amies Alma (Virginia o'Brian ) et Deborah

La troupe des Harvey girls

(Cyd Charisse) décide de résister aux tentatives d'intimidation de Ned et du juge corrompu de la ville.

Le film se déroule sans temps mort, prétexte à divers numéros chantants et dansants des personnages. On retiendra surtout l'éblouissante arrivée à la gare, la danse toute en grâce de Cyd Charisse et un étourdissant numéro comique de claquettes par Ray Bolger (l'épouvantail du Magicien d'Oz). Judy Garland domine le film par sa présence et sa voix et chante plusieurs mélodies.



John Hodiak et Judy Garland

L'ensemble lui-même manque d'unité, les scènes semblant ne pas avoir d'ordre précis à part l'arrivée à Sandrock et le dénouement de l'histoire d'amour entre Susan et Ned. 

Sans doute manque-t-il aussi au film un partenaire masculin chantant et dansant pour Judy.

Au final, un film agréable à suivre, flamboyant par ses couleurs avec un mélange comédie musicale-western qui rend l'ensemble bien sympathique.

Marcelino, pan y vino

 Marcelino, pane y vino - Film de Ladislao Vajda, 1955.


mai 1955 - Le Festival de Cannes présente dans sa sélection un film italo-espagnol destiné à la jeunesse, Marcelino, pan y vino. Le film ne gagnera ni la Palme, ni même un prix mais une mention spéciale sera décernée au jeune acteur tenant le rôle principal. Le succès du film sera immédiat et colossal en Espagne, en Italie et dans une moindre mesure, en France. Le festival de Berlin lui décerne l'ours d'argent.


Le film est l'adaption d'un roman espagnol de José María Sánchez-Silva écrit en 1953; l'histoire est tirée d'une ancienne légende populaire.


L'histoire se passe dans un petit village de Salamanque durant la 1ère moitié du 19ème siècle. Elle est racontée en flashback par un moine venu visiter une petite fille malade tandis qu'habitants et pélerins se rendent en nombre au monastère qui domine le village. C'est le jour de la St Marcelino pan y vino et le Frère se met à raconter l'histoire d'un petit garçon devenu Saint.

Il y a plusieurs années, la guerre faisait rage contre les français. Même si la date n'est pas précisée, les costumes napoléoniens des soldats permettent de placer l'histoire durant la Guerre d'indépendance (1808-1811) qui trouvera sa conclusion dans une terrible bataille à Salamanque.


Revenons à notre petit village où les habitants résistent aux "méchants français". Les combats continuent jusqu'au sommet de la colline où se dresse un vieux château. La bataille finie, il n'en reste que des ruines. C'est alors que trois moines franciscains se présentent au village et proposent de relever les ruines pour bâtir un monastère.

Quelques années plus tard, une communauté de douze moines habite les lieux. Un jour, le frère portier entend des vagissements devant la porte et découvre un bébé abandonné.

Surpris et heureux, les moines entourent de soins et d'affection le bébé mais comment garder un enfant si petit dans un couvent ? Personne dans le village ne peut ou ne veut l'adopter...secrètement ravis, les moines décident alors d'élever le petit garçon auquel ils donnent le nom de Marcelino.

Marcelino grandit donc parmi les frères, choyé mais solitaire.

Le film se centre alors quasi exclusivement sur le petit garçon interprété par le jeune Pablito 
Calvo, sur son regard ingénu et malicieux. Le spectateur découvre le monde de Marcelino, son ami imaginaire, ses relations avec les moines, son rêve de revoir sa Mère.

Le film prend son temps pour nous faire accompagner la découverte de la vie par Marcelino qui a maintenant cinq ans (Pablito en avait sept lors du tournage) et surtout nous conduire vers le mystérieux grenier dont l'accès lui est interdit mais qui l'attire mystérieusement. Une présence semble en effet habiter les lieux mais chacun des essais pour ouvrir la porte mystérieuse se solde par un échec. Il est d'abord dérangé par un des frères qui manque le surprendre puis est saisi de terreur en pénétrant dans la pièce sombre.

Il y a bien entendu une forte symbolique sur la découverte de la foi et le cheminement vers un final stupéfiant.


Tourné à la fois en Salamanque, dans la petite ville de La Alerca (là où sera plus tard tournée La folie des grandeurs de Gérard Oury ) puis à Ségovie, le film est réalisé en noir et blanc. Il est sobre et émouvant. Le succès du film sera grand et donnera lieu à un remake en couleurs par Luigi Comencini qui atténuera la dimension mystique pour mettre l'accent sur le don de Marcelino ( qui en italien devient Marcellino avec deux l) de parler aux animaux, aspect absent du film de Ladislao Vajda et peut être du roman. Un film philippin, un autre mexicain puis un dessin animé en coproduction ( française, espagnole, portugaise et japonaise ) suivront, permettant à une nouvelle génération de découvrir l'histoire de Marcelino.


Un très joli film, injustement oublié chez nous. A connaître.

La Famille Addams : "Regardez-la, je mourrais pour elle. Je tuerais pour elle. Quoi qu'il en soit, quel bonheur"

 La Famille Addams, Film de Barry Sonnenfeld, 1991.

A Westfield, dans le New-Jersey, est organisé chaque année durant le mois d’octobre l’Adamsfest, festival  hommage à une personnalité de la ville, le dessinateur Charles Addams. Séances de spiritisme, bals masqués, visites nocturnes  du cimetière, concours de maisons hantées…sont au programme.

Charles Addams a en effet publié plus de 1 300 dessins humoristiques, de 1932 à 1988, la plupart dans le magazine américain New Yorker. Au fil des années, ses divers dessins apparaitront dans plusieurs magazines, livres, calendriers…

Adepte de l’humour macabre, Charles Addams invente tout un univers gothique à l’humour décalé.

En 1938, le dessinateur crée sa propre famille dessinée,   la Famille Addams, en commençant par Morticia, grande femme blafarde vêtue de noir, à laquelle se joignent rapidement les autres personnages de l'histoire. Ils habiteront un vieux manoir  rempli de toiles d’araignées, de chauve-souris, de donjons et de tout un mobilier médiéval macabre.  Le dessin du manoir inspirera d’ailleurs Alfred Hitchcock pour créer la maison de Norman Bates dans Psychose.


Jouant de son image d’humour macabre, le dessinateur crée chez lui un décor médiéval, se fait photographier habillé d’une armure et présente une table d’embaumement de la guerre civile dans son salon. Il épouse sa troisième femme dans un cimetière pour animaux et se fera plus tard incinérer au même endroit.

La création de la série télé The Addams Family, en 1964, est la consécration pour Addams qui participe activement au projet, donne des noms et des caractéristiques précises à ses personnages. Le succès durera plusieurs décennies et donnera lieu à quatre films, plusieurs téléfilms, diverses séries animées et non animées, des jeux vidéos, une comédie musicale……Le succès de la dernière série dérivée, Mercredi, centrée sur le personnage de la jeune fille de la famille, prouve que cet engouement est toujours d’actualité.

Le film réalisé en 1991 par Barry Sonnenfeld se veut un grandiose hommage à l’univers de la famille Addams. Des sommes astronomiques seront dépensées mais le film rapportera cinq fois plus.


La scène introductive est des plus savoureuses et donne le ton du film. Devant un manoir, un groupe de chanteurs de Noël chante joyeusement « Deck the hall » ; la caméra monte ensuite jusqu’au toit du manoir, où la famille au grand complet commence à déverser un énorme chaudron d’huile bouillante sur leur tête…Nous n’en verrons pas plus.

Cette scène est l’illustration d’un dessin de Charles Addams.

Les divers membres de la maisonnée nous sont alors présentés, le couple follement amoureux, Gomez et Morticia, leurs deux enfants, Pugsley et Mercredi ainsi que la Grand-mère qui passe la plupart de son temps en cuisine à touiller divers ingrédients bizarres dans un énorme chaudron. Lurch – sosie de la créature de Frankenstein- et La Chose – main très intelligente, se déplaçant avec une grande vélocité – sont les serviteurs. Tout ce petit monde vit tranquillement et de façon assez oisive dans le manoir.


Gomez se désole auprès de son avocat Alford, venu lui rendre visite, de ne plus avoir de nouvelles depuis vingt ans de son frère aîné, Fétide (Fester) disparu dans le Triangle des Bermudes.

Mais Alford, avocat véreux, est en cheville avec une femme escroc, Abigal Craven dont le fils adoptif, Gordon, ressemble étrangement à Fétide, tel qu’il devrait être aujourd’hui. Gomez étant à la tête d’une fortune immense, les deux escrocs décident d’introduire Gordon  chez les Addams pour faire main basse sur la richesse familiale.

Ravi de revoir son frère, Gomez emmène celui-ci regarder des films de leur enfance dans le caveau familial, puis dans les souterrains voir le trésor des Addams. Il organise une fête où tout le clan est réuni, clan des plus bizarres on s’en doute. Cependant, les oublis de Fester éveillent les soupçons de la futée Mercredi puis de Gomez lui-même, tandis que l’imposteur commence à se plaire beaucoup à vivre au sein de cette famille étrange et attachante.


Le film est rempli de gags à l’humour noir et de situations délirantes. L’esprit de Tim Burton, admirateur d’Addams ( on voit bien pourquoi) et qui devait à la base réaliser le film, n’est jamais loin.

Un film au scénario assez mince, où les acteurs s’en donnent à cœur joie et où l’on passe un très agréable moment.

Si le cœur vous en dit, allez voir les excellents dessins de Charles (Chas) Addams. On y retrouve les sources d’inspiration de diverses scènes du film, comme les enfants jouant avec une mini guillotine,  ou encore la scène introductive.


Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...