La légende de l'Ours Roi : Joyeux Noël à tous !

Affiche La legende de l'ours roi
La légende de l'Ours Roi - Film d'Ola Solum, 1991.

La légende de l'Ours Roi est un conte populaire norvégien dont l'auteur est Thore Aslaksdotter, qui s'est inspirée d'un conte traditionnel À l'est du soleil et à l'ouest de la lune, qui conte l'histoire d'un roi transformé en ours par une méchante sorcière et qui sera sauvé par l'amour d'une belle princesse.



Les magnifiques paysages enneigés de la Norvège où loups et corbeaux sont les gardiens du royaume et portent les nouvelles à travers le pays servent de décor à l'histoire.
Le Roi de ce pays a la faculté de parler avec les animaux.

Il a trois jolies filles, deux égoïstes et une pleine d'amour pour son Père et pleine de douceur.

Le royaume n'est pas grand, le village minuscule est enfoui sous la neige et le palais de ce royaume se résume à la maison centrale du village de style nordique, inspiré des habitats vikings.

Mais la jeune Princesse rêve de pays ensoleillés et de rencontrer son âme soeur.

Justement, dans le pays de l'Eternel Eté, un beau et jeune Roi, Valemon, rêve au milieu des arbres en fleurs. Hélas, face à son refus de lui appartenir, une méchante sorcière qui a jeté son dévolu sur lui, le transforme en ours polaire.
Le pauvre Valemon n'a plus qu'à s'exiler vers le nord rejoindre le royaume de l'Eternel Hiver.



Un joli conte à découvrir, son lieu de tournage dans de grandes plaines norvégiennes enneigées lui donnant une atmosphère de conte de Noël et un côté encore plus magique et dépaysant.
La deuxième partie du film se déroule dans les ruines d'une grande forteresse, demeure de la sorcière. 


Si on perd alors le charme des décors naturels hivernaux, les péripéties s'enchaînent dans la pure tradition des contes de fées.

Pour tous ceux qui vivent dans des lieux où Noël blanc n'est plus qu'une jolie chanson et où 24 et 25 décembre se déroulent sous la pluie et le vent, dans des températures d'automne.

Joyeux Noël à tous !

The twilight zone : Là où le spectateur perd ses certitudes...Vous entrez dans la 4ème dimension, celle du temps.

Affiche La Quatrième Dimension
The twilight zone - Série de Rod Serling, 1959-1964.

Série de référence de la science fiction, Twilight zone est une série d'anthologie à la durée de vie exceptionnelle qui connaîtra, outre ses 156 épisodes, plusieurs suites : La cinquième dimension (The New Twilight Zone), La treizième dimension (Twilight Zone 2002) et enfin aujourd'hui Twilight Zone 2019.
Aux commandes des deux premières séries, le génial Rod Serling, infatigable producteur et scénariste. Il écrira 92 des 156 épisodes de la série d'origine.

Réduire Twilight Zone à une série de science fiction serait une ingratitude à la mémoire de son créateur, cet aspect étant généralement abordé de façon simple, avec des effets réduits au maximum. 
A travers la diversité des histoires présentées, c'est toute une réflexion philosophique et un regard critique voire satirique qui nous sont proposés sur l'être humain et ses défauts, sur la société et ses thèmes multiples.

Abordant une grande quantité de thèmes, Rod Serling et les autres scénaristes de la série invitent le spectateur à une réflexion. Le ton est donné à la fois par l'introduction présentée par Rod lui-même - d'abord présent à l'écran dans les premières saisons puis en voix off - puis par la conclusion.
Résultat de recherche d'images pour "twilight zone"
Entre les deux, un schéma identique mais adapté de multiples façons avec des histoires étranges, surprenantes voire hallucinantes. L'épisode s'ouvre par la présentation du contexte, généralement un héros - ou une héroïne - montré dans son cadre soit habituel soit nouveau. Un événement survient et bouleverse le héros et ses certitudes, et par là même celles du spectateur ( découverte d'un monde inconnu, apparition d'un personnage étrange, bouleversement du cours normal des choses...) 
Après environ 1/4 d'heure plongé dans la situation présentée, le spectateur est touché par une chute brutale : une fin laissant le héros dans l'incertitude ou le désarroi, révélation surprenante...

La conclusion énoncée par Rod Serling vient ponctuer l'interrogation qui vient de naître ou le choc de la révélation.

Résultat de recherche d'images pour "twilight zone""
Cauchemar à 20 000 pieds
Véritable bourreau de travail à l'imagination débordante, Rod Serling écrivait jusqu'à 16 heures par jour, une multitude de scénarios. Il saura, au fil du temps, s'entourer de plusieurs collaborateurs qui apporteront également de nouveaux styles d'histoire et de nouvelles idées.
Les saisons ne se valent cependant pas et si la première saison est, de l'avis de tous, tout simplement un chef d'oeuvre, les périodes suivantes perdront peu à peu leur saveur jusqu'à une dernière saison peu marquante.
Le format de 25 minutes permet de tenir l'intérêt du spectateur et de traiter les histoires de façon percutante et surprenante, si le sujet est prenant, principe que Rod oubliera hélas pendant la saison 4 qui passe à un format de 50 minutes. La dernière saison revient au format d'origine mais annonce bien la fin.

Diffusée de 1959 à 1964, la série gagnera de nombreuses récompenses et son créateur est l'auteur le plus récompensé de l'histoire de la télévision.
Question de temps
Sur ce même principe, il développera de nouvelles séries, passant du noir et blanc à la couleur et mettant le pied dans une nouvelle époque. La série lui survivra à travers les anthologies suivantes.
Twilight zone sera source d'inspiration pour de nombreux réalisateurs.

Arrêtons-nous à présent sur quelques uns des meilleurs épisodes :
  • Question de temps (Time Enough at Last) - saison 1 épisode 8 : S'il est un épisode résumant à lui seul toute la série, c'est bien celui-ci, considéré à l'unanimité des fans , comme le meilleur de tous ou en tout cas celui dont la chute est la plus mémorable.
    L'histoire est celle d'un employé de banque, fou de lecture, harcelé par sa femme et humilié par son patron. Il se retrouve seul sur terre après une explosion nucléaire.
    un épisode prenant, aux décors bien conçus et à la fin stupéfiante.
  • Souvenir d'enfance (Walking distance) - saison 1 épisode 5 : un épisode émouvant avec l'attachant Gig Young.
    Un homme d'affaires stressé décide sur un coup de tête de retourner voir la ville de son enfance. Il s'y rencontre, petit garçon. Il a plongé dans la quatrième dimension, le temps, et se retrouve à l'époque de sa jeunesse.
  • Arrêt à Willoughby - saison 1 épisode 30 - : Un homme d'affaires stressé (encore un !) prend chaque jour le train pour rentrer chez lui.
    Un jour, s'endormant dans le train, il se réveille dans un décor de début du siècle et aperçoit par la fenêtre une ville de rêve où le contrôleur l'invite à s'arrêter. Le lendemain, la même scène se reproduit. Finira-t-il par descendre du train ?
    Un épisode à l'histoire simple et prenante.
    Résultat de recherche d'images pour "life twilight zone""
    C'est une belle vie
    • C'est une belle vie ( It's a Good Life) - saison 3 épisode 8 - : Une histoire inquiétante avec un très talentueux Bill Mumy
      Dans une petite ville, un garçonnet de six ans sème la terreur et domine tout son entourage. Il a en effet le pouvoir de faire disparaître les gens qui ne lui plaisent pas, ce qu'il a déjà fait avec une grande partie de la ville.
  • Le petit peuple (little people) - saison 3 épisode 28
    Deux astronautes sont contraints de poser leur fusée sur une étrange planète où ils découvrent une ville microscopique. Devenu fou, l'un des deux astronautes oblige le petit peuple à lui construire une gigantesque statue et à le reconnaître pour leur Dieu.
    Un épisode original au final bien trouvé encore une fois.
  • La relève de la garde (The Changing of the Guard) - saison 3 épisode 37 -
    Un vieux professeur de littérature, enseignant dans un collège traditionnel est mis à la retraite. Alors qu'il réfléchit dans le parc, la cloche de l'établissement sonne et fait ressurgir les fantômes du passé.
    Un épisode émouvant avec l'impeccable Donald Pleasance.
  • Résultat de recherche d'images pour "miniature twilight zone""
    Miniature
    Miniature - saison 4 épisode 8 - Un timide comptable remarque un jour dans un musée une superbe maison de poupées reproduisant un intérieur du 19ème siècle et habité par une belle jeune femme. Il voit un jour les personnages de la maison prendre vie. Devenu obsédé par la maison de poupées, il est pris pour un fou.
    Un épisode attachant avec un tout jeune Robert Duvall.
  • Le bon vieux temps (No Time Like the Past) - saison 4 épisode 10 - : un physicien invente une machine à voyager dans le temps. Il décide de changer les éléments dramatiques de l'histoire mais s'aperçoit que cela n'est pas possible.
    Un épisode prenant avec le toujours impeccable et sympathique Dana Andrews. Le format de 50 min permet bien ici de développer les diverses étapes du voyage du héros.
.....

Le Seigneur des anneaux - la communauté de l'anneau : L'histoire d'une amitié et deux prodigieuses sagas

Affiche Le Seigneur des Anneaux : La Communauté de l'anneauLe Seigneur des anneaux : la communauté de l'anneau - Film de Peter jackson, 2001.

1926 marque la rencontre à Oxford de deux professeurs de littérature anglaise, écrivains et amoureux des légendes anciennes et du fantastique. Lisant la première version du roman, Le Hobbit, écrite par son confrère, J. R. R. Tolkien, C. S. Lewis se montre enthousiaste; il se lancera à son tour dans une saga, Narnia, série inspirée par la foi chrétienne de son auteur et par de multiples références traditionnelles et légendaires.
Tolkien puisera, quant à lui, dans les mythes nordiques mais également dans des références chrétiennes.

Les deux auteurs partagent un amour du langage et de l'imaginaire et la volonté de créer, par leurs plumes, un monde à part. Les deux sagas seront des succès planétaires.
En 1930, ils créent, avec un cercle d'universitaires et d'hommes de lettres ( deux femmes seulement y participeront), un club littéraire, Les Inklings, permettant à ses membres de présenter leurs écrits, de s'entraider et de s'encourager. Les oeuvres sont tournées vers la fantasy et le fantastique.
Tolkien y présentera son oeuvre et sera aidé dans sa réalisation, par les critiques de ses collègues.
tolkien
Tolkien et Lewis
L'influence de Tolkien sur Lewis et vice-versa sera décisive, malgré leurs différences de style et parfois leurs mésententes.
En 1949, Lewis se lance à son tour dans l'écriture du 1er tome de sa saga, "Le lion, la Sorcière et l'armoire magique".

Entamée à la fin des années 30 suite au succès de son livre pour enfants Le Hobbit, la trilogie de Tolkien sera éditée en 1952, après plus de douze ans d'écriture. Prévue à la base pour être présentée en un seul volume, l'oeuvre se révèle trop colossale et deviendra donc une trilogie. Tolkien quitte le monde du roman pour enfants pour une oeuvre adulte, beaucoup plus sombre.
La trilogie est depuis plus de soixante ans parmi les livres les plus lus et achetés dans le Monde - 6ème ou 4ème selon les classements -.

En 2000, en feuilletant un magazine sur le cinéma, je tombe stupéfaite sur une affiche présentant la sortie prochaine du 1er volet de la trilogie. Il me faudra attendre encore une année avant de découvrir au Noël suivant l'adaptation d'un des plus fabuleux romans qu'il m'ait été donné de lire.
Le film s'ouvre par le récit de la légende de l'Anneau Unique, illustré d'images chocs, suivi juste après par la découverte d'un monde paisible, la Comté, vert pays aux maisons rondes et aux petits personnages paisibles et joyeux. C'est l'opposition entre cette 1ère partie qui introduit tranquillement les personnages - les quatre hobbits dont Frodon, personnage central de l'histoire et le vieux magicien Gandalf, qui apparaît tout d'abord comme inoffensif - et l'angoissante arrivée des cavaliers noirs, qui saisit le spectateur.

La grandiose musique d'Howard Leslie Shore accompagne à merveille ces moments.
On comprend que l'on ne se trouve pas simplement dans un film fantastique mais dans une oeuvre épique, dotée de moyens gigantesques.
Bien qu'utilisant la magie du numérique pour concevoir de superbes effets spéciaux, l'équipe du réalisateur Peter Jackson réussit à créer des mondes véritables par la création de gigantesques décors, comme La Comté, représentée minutieusement avec un luxe inouï de détails ou encore la fabuleuse cité blanche, Minas Tirith, où rues et boutiques ont été reconstituées avec minutie.

cs-lotrpost-fellow
20 602 figurants sont embauchés, habillés, maquillés et/ou transformés en une multitude de créatures. 

Certains monstres sont particulièrement terrifiants comme les orques ou révulsants comme le visqueux Gollum, modélisé en images de synthèse par la technique de motion capture de l'acteur Andy Serkis.

A chaque moment de l'histoire, une atmosphère est créée : le monde verdoyant des Hobbits, le brumeux village de Brée, la lumineuse ville des Elfes, la sombre Moria aux gouffres vertigineux... Les somptueux et diversifiés paysages de Nouvelle-Zélande sont mis en valeur et permettent d'illustrer les divers moments de la quête de nos héros : grandes plaines, forêts, montagnes escarpées et enneigées.
Fondcombe dans le Seigneur des AnneauxLa recherche de certains lieux de tournage, accessibles seulement en hélicoptère, permet d'accroître ce réalisme. En tout, 150 lieux de tournage ont ainsi été utilisés.

Elijah Wood incarne un inoubliable Frodon, sans doute un peu éloigné du personnage du roman, petit homme rougeaud et bon vivant, pas très jeune. Frodon est ici jeune, vulnérable, son regard très bleu est doux et pathétique et son personnage suscite l'empathie pour la tâche insurmontable qui lui est donnée, ainsi qu'une admiration pour son courage.
Chaque personnage trouve vie dans le film de Peter Jackson et il serait trop long d'illustrer chacun d'entre eux, bien que la présence et la prestation de certains frappent particulièrement comme Viggo Mortensen, prodigieux Aragorn ou encore l'attachant personnage de Sam, joué par Sean Astin.

Le gigantisme de la réalisation et l'usage important d'effets numériques aurait pu écraser les personnages et nuire à l'émotion ressentie en suivant l'histoire.
Il n'en est rien heureusement et les moments forts sont nombreux.
On retiendra ainsi des images de toute beauté montrant la qualité visuelle du film comme ce superbe moment où Arwen, portant dans ses bras Frodon mourant, s'enfuit à cheval, poursuivie par les cinq cavaliers noirs.

Image associée
Arrivée de l'autre côté de la rivière, elle se tourne face à eux, fait cabrer sa monture et murmure des invocations. La rivière se transforme alors en flots tumultueux d'où émergent des silhouettes de chevaux d'écume qui submergent les spectres. Cette courte scène, une des plus belles de toute la saga, est inoubliable !

Un film marquant, qui, près de vingt ans plus tard garde toute sa force d'évocation.
Les autres réalisateurs de cinéma du genre peuvent bien s'escrimer, comment faire mieux dans ce domaine ?...si , peut être deux ans après, dans le troisième volet, Le retour du Roi, le sommet....(à suivre).

Dans les griffes du vampire : le 1er western sur le thème du surnaturel

curse_of_undead_poster_02Dans les griffes du vampire ( Curse of the Undead) - Film d'Edouard Dein, 1959.

Sous ce titre ultra classique de film d'horreur se cache une oeuvre assez originale, puisque mêlant deux genres à la base fort différents, le western et le film de vampires.
Il s'agirait même du premier film du genre à introduire un aspect surnaturel et horrifique dans une histoire classique de western.

Il sera suivi d'autres exemples aux titres plus au moins farfelus comme Billy le Kid contre Dracula en 1966 ou bien plus récemment Cowboys et vampires, en 2010.

La qualité de celui-ci réside la sobriété de son traitement.

Pas de chauve souris en carton, de canines sanguinolentes ni de blafardes fiancées revenues d'outre-tombe dans le film d'Edouard Dein. 
Reste juste la présence du vampire qui s'introduit pour mordre dans le cou ses victimes et les tuer proprement sans effusion de sang, puis qui va dormir dans la crypte familiale lorsque le jour se lève.
La sobriété du film s'accompagne d'une réalisation soignée et d'un joli noir et blanc, accompagnant au mieux les scènes nocturnes, là aussi sans recherches d'effets.


Un seul vampire , donc, qui a soigneusement plié sa cape noire satinée pour s'habiller à la mode du pays, prenant les traits d'un tueur à gages tout de noir vêtu -bien sûr- et chevauchant un cheval couleur d'ébène . 

Le film se situe dans une petite ville où plusieurs jeunes filles sont atteintes d'une étrange maladie. L'histoire commence au chevet de l'une d'elles où l'on rencontre le Docteur Carter et le Pasteur Dan Young qui remarque deux étranges petites marques au cou de la malade. Quittant un moment la chambre de la jeune fille qui semble aller mieux, les deux hommes, accompagnés des parents rassurés, sont soudain attirés par un cri de terreur. Alors que le rideau de la fenêtre bouge encore, montrant la fuite d'un étrange visiteur, tous découvrent horrifiés le corps sans vie de la jeune fille.
Rentré chez lui, le Docteur Carter confie à ses enfants ses inquiétudes concernant un certain Buffer, propriétaire terrien avec lequel il est en conflit. Il est peu après retrouvé mort, deux petites marques à son cou. Ses enfants jurent de le venger, malgré les avertissements du Pasteur qui a compris qu'un esprit maléfique était à l'oeuvre. Peu après, un étrange cavalier noir arrive en ville et est engagé par Dolorès Carter afin de venger la mort du Docteur Carter, causée pense-t-elle par Buffer.

Ignorant toujours les mises en garde du Pasteur Young, amoureux d'elle, Dolorès accueille chez elle le mystérieux tueur à gages.

Résultat de recherche d'images pour "curse of the undead"
Ce dernier est interprété par Michael Pade, acteur australien de second rôle, et figure bien connue à la fois du cinéma et des séries télés. Déjà rencontré en méchant dans mes deux précédentes critiques de films de type mystère gothique - Le château de la terreur et Le mystère du château noir -, il se spécialisera dans des rôles d'indiens notamment dans Hondo - film de John Farrow et série- ou dans Major Dundee de Sam Peckinpah. Il tournera une cinquantaine de films et apparaîtra dans autant de séries.
Il réussit, malgré son air inquiétant, à donner un côté presque sympathique à son personnage de vampire, dont on découvre l'origine de la malédiction et qui va tomber sincèrement amoureux de Dolorès.
Eric Fleming in Curse of the Undead (1959)
Dans le rôle du pasteur chasseur de vampires, on retrouve avec plaisir Eric Fleming, héros de la série western Rawhide, où il joue le rôle du chef de convoi Gil Favor. L'occasion est rare de retrouver cet acteur aux traits énergiques et à l'allure tranquille qui aura une carrière des plus brèves puisqu'il disparaîtra en 1966, lors du tournage d'un film au Pérou, noyé dans les rapides d'une rivière.
Rajoutons à la distribution Kathleen Crowley, dont la carrière se déroulera surtout à la télévision, dans de nombreuses séries, notamment western.

Dans les griffes du vampire est donc un bon film de série B, réalisé avec soin, sans gros effets mais avec une histoire intéressante et des personnages attachants, nous faisant passer très agréablement le temps, durant sa trop courte durée de 76 minutes.

Stan et Ollie : Une vie au service du rire

Affiche Stan & OllieStan & Ollie - Film de John S. Baird, 2019.
La rencontre de l'anglais Stan Laurel et de l'américain Oliver Hardy se fait à l'occasion du tournage du film Le veinard (The lucky dog) en 1921. Tous deux ont déjà une carrière derrière eux, Oliver Hardy dans toute une série de films muets où il tient des rôles secondaires et Stan Laurel à la fois comme acteur - il débute en même temps que Charlie Chaplin dont il sera l'ami et la doublure - puis comme réalisateur. C'est en faisant tourner Hardy que Laurel va donner naissance au duo, cinq ans plus tard, en passant de l'autre côté de la caméra.

Ils tourneront ensemble 106 comédies, passant sans souci le cap du parlant, grâce à un timbre reconnaissable qu'imiteront leurs doubleurs et à l'agréable voix chantée d'Oliver Hardy.
Durant leurs premiers films, ils se doubleront eux-mêmes en plusieurs langues, tournant ainsi quatre versions de leurs films - la post-synchronisation n'existait pas encore-.


Le comique du duo est essentiel gestuel, héritier du muet et du mime, basé sur une série de gags courts, physiques dus aux situations dans lesquelles les deux compères se trouvent, situations toujours sources d'ennuis. Leur humour est  bon enfant, jamais vulgaire ni porteur de message. Ils ne ridiculisent qu'eux-mêmes et finissent toujours par rire de leurs mésaventures.
Stan Laurel, véritable cerveau du groupe est un véritable bourreau de travail, écrivant sans cesse et donnant des directives aux différents réalisateurs. Oliver Hardy préfère l'improvisation et passe son temps hors caméra aux courses ou sur les terrains de golf.

L'amitié entre Laurel et Hardy sera longue et indéfectible, le duo à l'écran sera impossible à séparer.
Lorsque, suite à une dispute avec le producteur Roach, Stan est chassé du studio, la suite des comédies tournées par Oliver avec de nouveaux partenaires est un désastre. Le studio réunit alors les deux compères qui partiront peu après pour aller tourner ensemble pour les autres grands studios hollywoodiens. Hélas, les films qui leur sont proposés deviennent de piètre qualité et ils déplorent la perte de la relative indépendance qui leur était donnée aux studios Roach.


Le film de John Baird s'attache aux dernières années de carrière du duo, au début des années 50, lorsque ceux-ci partent en Angleterre dans ce qu'ils espèrent être une tournée triomphale afin de relancer leur carrière déclinante. Hélas, si la télévision qui diffuse en boucle leurs histoires leur assure une notoriété intacte, le public pense les deux acteurs vieillissants à la retraite.
Se débattant dans des problèmes financiers - ils ne touchent rien sur les rediffusions de leurs films, suite à la signature de contrats désastreux pour eux- , Stan et Ollie n'ont plus de films intéressants à tourner et n'ont même plus leur mot à dire sur les scénarios et les gags.

Venus à Londres tourner un obscur Robin des Bois ( qui ne sera jamais achevé) et jouer dans une pièce de faible envergure, les deux amis vont de désillusion en désillusion. Les salles sont à moitié vides ou de dimensions modestes bien que remplies d'un public qui leur est tout acquis.

Cette période de la vie du duo montre leurs difficultés et déceptions devant l'évolution du cinéma et de son public, tandis que les graves problèmes cardiaques d'Ollie vont bientôt l'obliger à abandonner la scène puis tout activité. Bien que le film n'en fasse pas mention, Stan sera également la même année victime d'un AVC, l'obligeant à son tour à arrêter sa carrière.

Un film très nostalgique, montrant l'indéfectible amitié entre les deux acteurs, avec notamment une très belle et courte scène où Stan, contraint à jouer sur scène avec un remplaçant d'Ollie - suite à la crise cardiaque de celui-ci-, attend angoissé l'instant de son entrée en scène. Jetant un coup d'oeil à la scène et apercevant son nouveau partenaire, il s'arrête et on vient annoncer que la représentation est annulée..impossible pour Laurel de continuer sans Hardy.

L'anglais Steve Coogan et l'américain John C. Reilly se glissent dans la peau des deux acteurs qu'ils interprètent de façon prodigieuse, reprenant à merveille leur façon d'évoluer, de parler et de jouer tandis qu'un maquillage parfait vient compléter l'illusion.

Au fil du film, peu de numéros comiques sont montrés et on assiste plusieurs fois au même morceau de scène de la pièce qu'ils interprètent. On aurait sans doute aimé retrouver un peu plus les meilleurs moments des deux comiques mais le film est résolument tourné vers la nostalgie. Il ne sera donc certainement pas de nature à faire découvrir Laurel et Hardy aux jeunes générations mais il s'adresse à celles qui ont vu leurs aventures rediffusées tant de fois à la télévision ou bien qui ont suivi leurs personnages de dessin animé - 1ère diffusion en 1966-.

Le film se suit donc avec un brin de nostalgie voire de tristesse bien qu'il ne joue pas trop sur l'aspect larmoyant et se termine par une petite danse de nos deux amis en guise d'adieu.


Résultat de recherche d'images pour "laurel et hardy gag"
Survivant de huit ans à son compère, Laurel ne finira cependant pas oublié et miséreux comme cela l'a souvent été dit. Bien que malade, il continue, jusqu'en 1965, à vivre avec sa femme dans un hôtel de Santa Monica où il reçoit la visite de plusieurs célébrités de l'époque (Alec Guiness, Dick Van Dycke, Jerry Lewis... ) et d'étudiants en cinéma. Gardant une fidélité totale à son ami disparu, il continuera jusqu'à sa mort à écrire scénarios et gags pour leur duo et à répondre aux nombreuses lettres qui continuent à lui parvenir du monde entier. 
Ultime joie pour le vieil acteur, il recevra en 1961 un oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.

Le château de la terreur : Boris Karloff, la vie d'un gentil monstre

Affiche Le Château de la terreurLe château de la terreur (The strange door) - Film de Joseph Pevney, 1951.

Souvent évoqué pour ses rôles de monstres, notamment pour celui de la Créature de Frankenstein en 1931, Boris Karloff a traversé six décennies de l'histoire du cinéma, depuis 1919 jusqu'en 1969 - année de son décès-. L'acteur est né d'un père anglo-indien et d'une mère aux ascendances indiennes. Il est le petit-neveu d'Anna Léonowens, connue pour ses récits sur son séjour comme institutrice à la cour du Roi de Siam - Films et célèbre comédie musicale immortaliseront son histoire : Anna et le Roi -.

Les origines indiennes de Boris - William de son vrai prénom ! - le prédestineront aux débuts de sa carrière à jouer des rôles d'indiens d'Amérique ou d'arabes dans divers films muets, tout en réalisant des travaux manuels sur les plateaux de tournage pour arrondir son salaire.


Résultat de recherche d'images pour "boris karloff frankenstein"Enchaînant les films - plus d'une soixantaine - jusqu'au début des années 30, il trouve finalement la consécration en incarnant le monstre de Frankenstein, haute silhouette couturée à la démarche saccadée et à l'intelligence plus que limitée. Enchaînant un an plus tard avec le rôle titre de La Momie, son statut de "créature" est assuré.


Doté d'un visage taillé à coups de serpe, d'un regard facilement halluciné et d'un sourire inquiétant, Boris jouera à merveille toute une galerie de personnages peu communs, avec une prédilection pour les savants fous.
Au début des années 50, Boris Karloff tourne deux excellents films de style mystère gothique pour les studios Continental, préfigurant l'âge d'or des films d'horreur anglais de la Hammer - que l'on date généralement de 1955 avec le film Le monstre, réalisé par Val Guest -.
Le Château de la terreur, en 1951 et Le mystère du château noir, réalisé en 1952, pourraient par leur atmosphère, leur titre et par certains éléments de leur histoire, être qualifiés de films d'horreur bien que celle-ci soit limitée et que le surnaturel soit totalement absent. Ils sont de plus américains, ce qui nous éloigne encore plus des studios Hammer.



Après avoir évoqué le premier de ces films - voir ma critique sur le sujet - , intéressons-nous à présent au Château de la terreur (The strange door), adapté du roman de Robert Louis Stevenson, La Porte du Sire de Malétroit (écrit en 1878).



Résultat de recherche d'images pour "the strange door"L'histoire se passe en France, au XVIIIème siècle. Un jeune noble débauché, Denis de Beaulieu, est attiré et séquestré dans un sombre château par un déplaisant Seigneur, Alain de Malétroit, qui veut le forcer à épouser sa nièce.

S'attendant à rencontrer une "harpie édentée", Denis est surpris de se retrouver face à une ravissante jeune fille, Blanche, réticente elle aussi à ce mariage forcée.
Le spectateur ne tarde pas à découvrir les desseins de Malétroit, incarné par un inquiétant, vicieux et obséquieux Charles Laughton. Celui-ci est secondé par un non moins inquiétant, Boris karloff, dans le rôle de son serviteur Voltan. Celui-ci est chargé de veiller sur un vieux prisonnier, Edmond, emprisonné depuis 20 ans dans les geôles du château et qui n'est autre que le frère du maître des lieux.
Résultat de recherche d'images pour "the strange door"Heureusement, Voltan se révèle être du côté des gentils. Entièrement dévoué à son maître emprisonné et à la fille de celui-ci, Blanche, il est d'abord prêt à trucider Denis, pour empêcher le mariage forcé.
Mais, loin d'être le débauché d'abord décrit, ce dernier est un jeune homme sympathique et courageux, prêt à aider Blanche et le mystérieux prisonnier. Et comme les deux jeunes gens vont rapidement tomber amoureux l'un de l'autre, l'idée du mariage ne semble soudain pas si effroyable, à la grande déception du maléfique Maletroit. Voltan va devenir "l'ange gardien" du jeune couple.



Le film frappe par la beauté de son noir et blanc, par ses costumes et par une indéniable qualité artistique de sa mise en scène; on notera notamment l'atmosphère brumeuse et inquiétante des lieux.
Résultat de recherche d'images pour "the strange door"Moins beau visuellement, car se passant plus à l'intérieur, que Le mystère du château noir, le film bénéficie là aussi de la belle photographie d'Irving Glassberg, qui magnifie littéralement le noir et blanc.
L'histoire nous entraîne dans des sombres cachots, agrémentés de savants mécanismes guidés par la roue d'un moulin à eau, qui va notamment chercher à écraser nos héros.

Bien que l'atmosphère soit typiquement anglaise, l'histoire, ne l'oublions pas, se déroule en France comme nous le rappelle l'intendant du château qui recommande, pour le repas de mariage, de prévoir "surtout, beaucoup d'escargots" (beurk) avec un humour pas forcément volontaire.


Un an plus tard, dans Le mystère du château noir, Boris Karloff reprendra un rôle assez semblable, passant cependant de serviteur à docteur - un type de rôle qu'il interprétera souvent, sauf qu'il se trouve une nouvelle fois, du côté des gentils, ce qui n'est pas forcément évident durant la première partie du film-.
Résultat de recherche d'images pour "boris karloff 1924"
La filmographie de Boris Karloff est riche d'environ 170 films, auxquels il faut rajouter plusieurs séries comme l'excellente série fantastique Thriller ou la série policière Colonel March.
Sa carrière au théâtre sera également fameuse et il s'illustrera notamment dans son rôle favori pendant trois ans dans la distribution originale d'Arsenic et vieilles dentelles.
Rajoutons enfin à l'évocation de son immense carrière, des émissions radio, notamment une émission enfantine et l'enregistrement de livres pour enfants. Il se dévouera pour la cause des enfants handicapés pendant près de 30 ans.
Il meurt d'une pneumonie en 1969, laissant son nom à un astéroide.



Le château de la terreur est l'occasion de redécouvrir cet acteur - que l'on a tort de réduire trop souvent à la Créature de Frankenstein ou à La Momie - dans un rôle fort différent.



Le film est prenant de bout en bout; d'une durée assez courte, on excusera la fin un peu abrupte et le peu de développement de l'histoire et on appréciera la beauté visuelle, l'atmosphère de mystère et la présence de très bons acteurs.



Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...