Vaillante : Bel hommage aux femmes soldats du feu

Vaillante - Film de Théodore Ty et Laurent Zeitoun, 2022.



1814. Molly Williams est la première femme à être recrutée dans une unité de pompiers en Amérique. Cela se passe à New York et Molly a la particularité d'être afro-américaine et esclave. Elle accompagne son propriétaire, pompier volontaire, lors d'un grand incendie alors que la brigade a été décimée par une épidémie de grippe. 
Quelques femmes pompiers traverseront donc épisodiquement l'histoire pendant les décennies suivantes. Les difficiles tests d'aptitude physique bloquent en effet l'accès de beaucoup à de nombreux services d'incendie.
 En 1982, Brenda Berkman intente et remporte un procès contre le service d'incendie de New York pour son test d'aptitude restrictif. Elle et 40 autres femmes sont alors engagées. 
En 1984, Rochelle Jones est la première femme promue chef chez les sapeurs pompiers américains. 
 En France, ce sera en 1974 qu'un décret permettra aux femmes d'intégrer le corps des sapeurs-pompiers. Françoise Mabille est la première française sapeur-pompier volontaire; elle deviendra professionnelle vingt ans plus tard. 

En assistant à un grand incendie à New York en 2014, le réalisateur Laurent Zeitoun remarque une femme parmi les soldats du feu et décide de s'intéresser au sujet. il contacte alors Rochelle Jones, précédemment citée et découvre l'histoire des pompiers femmes en Amérique. 


 Il s'associe avec le spécialiste de l'animation, Théodore Ty, pour réaliser le film Vaillante, librement inspiré de l'histoire de la vie de Rochelle Jones. Les deux réalisateurs situent le film en 1930 à Broadway, prétexte à une reconstitution colorée et art déco. 
Nous suivons ainsi l'histoire d'une petite fille Georgia et de son Père, ex pompier qui a abandonné sa carrière à la mort de sa femme pour se consacrer à sa fille; Il est ainsi devenu tailleur. Mais la petite fille connait le passé glorieux de son Papa et rêve de devenir comme lui un soldat du feu.
Accompagnée de son chien et roulant à toute vitesse dans une voiture d'enfant, elle s'imagine volant au secours des victimes du feu. 
 Devenue adolescente, Georgia n'a pas abandonné son rêve et lorsque son Père est rappelé pour monter une brigade de pompiers afin de lutter contre un gigantesque feu qui brûle dans un théâtre de Broadway, elle décide de le rejoindre incognito pour découvrir le métier. Affublée d'une moustache et modifiant sa voix, là voici donc aux côtés de son Papa - peu physionomiste - et de deux autres recrues à lutter contre les flammes et contre un inquiétant monstre de feu. Les autres pompiers de la ville ont en effet tous mystérieusement disparu.


Vaillante propose 1h30 d'une jolie animation colorée en compagnie de deux personnages très attachants, Georgia et son Père, au fil d'une histoire agréable et sans réelle surprise. Le spectateur se doute assez vite de l'identité du pyromane. La version française permet de retrouver des voix bien connues , Valérie Lemercier, Elie Semoun et Vincent Cassel tandis que la version anglaise bénéficie des voix de Kenneth Branagh et de William Shatner, notamment. Il est par contre dommage, défaut remarqué dans plusieurs animations, que les voix françaises empruntent un parler beaucoup trop moderne, alors que l'action se situe en 1930. 

 On retiendra donc un film d'animation agréable à regarder, destiné à un public assez jeune mais pas trop, aux personnages drôles et attachants qui se termine par des photos des premières femmes pompiers de l'histoire de New York. Un joli hommage aux soldats du feu, à la fois des sombres jours des attentats de New-York et des incendies dévastateurs de cet été de canicule à travers le Monde.

Voyage sans espoir : Sur le Quai des brumes

Voyage sans espoir - Film de Christian-Jaque, 1943.


Voyage sans espoir se situe dans la lignée de ces films au réalisme sombre empreints d’une certaine poésie que l’on retrouve dans plusieurs oeuvres de Christian-Jaque (Sortilèges, L’enfer des anges, Un revenant), le tout mêlé à l’univers du Pierre Mac Orlan de Quai des Brumes : villes portuaires dans le brouillard, bateau à quai que l’on ne voit jamais partir, bars à matelots et rues noyées de pluie. Le film est en noir et blanc mais doté d’un bel éclairage et d’une véritable recherche des jeux d’ombres et de lumière.

 Simone Renant et Jean Marais
L’histoire commence dans un train où un jeune banquier est endormi, une liasse de billets dépassant de sa veste. Un homme, le visage dissimulé, monte dans le train et passe de compartiment en compartiment avant de s’arrêter à celui du jeune homme. En guise d’introduction, les journaux annoncent l’évasion d’un dangereux criminel. L’inconnu qui se présente comme un certain Pierre se lie avec le jeune banquier, Alain, et lui donne rendez-vous pour le retrouver dans une boîte de nuit le soir même avant son embarquement pour l’Argentine.
Paul Bernard et Simone Renant

Nous faisons parallèlement la connaissance d’un capitaine de bateau, Dejanin, ami du criminel et qui a accepté de faire fuir celui-ci sur son cargo. Dejanin agit en fait davantage par amour pour la petite amie de Pierre, Marie-Ange, que par amitié.

Son personnage, devenant complice malgré lui, éveille plus la compassion que l’antipathie. Afin de payer le silence de l’équipage du cargo, les deux compères décident de dévaliser le jeune banquier, grâce à Marie-Ange, chanteuse dans la boîte de nuit où Pierre a donné rendez-vous à sa future victime. 
 Mais Cupidon étant passé par là , Marie-Ange est émue par les déclarations d’amour pleines d’enthousiastes du jeune homme qui l’a rencontrée à sa sortie de la gare, au début de l’histoire.

A 30 ans, Jean Marais en fait 10 ans de moins et nous gratifie d’un éblouissant sourire d’un bout à l’autre du film. Son personnage naïf, pour ne pas dire plutôt un peu bête, tranche avec le caractère sombre et tourmenté des deux protagonistes
qui sont les méchants de l’histoire, le
criminel en fuite et le capitaine du cargo.

L’histoire est d’ailleurs davantage centrée sur eux, mettant de côté pendant une bonne partie du film le personnage d’Alain.

Jean Brochard et Lucien Coëdel

Dans ces rôles, on retrouve deux seconds rôles de qualité, Lucien Coëdel ( Roger-la-honte, Sortilèges, Les mystères de Paris ) et surtout Paul Bernard (« encore » Roger-la-honte, Le bossu, « et encore » Les mystères de Paris) qui domine très largement le film par son interprétation tourmentée du criminel en fuite, Pierre. Egalement acteur de théâtre, Paul Bernard a une belle présence et une diction parfaite.

Film caractéristique de son époque, tourné en grande partie en studio avec des acteurs au jeu parfois un peu théâtral qui peut sembler daté, Voyage sans retour est une belle découverte à faire si l’on s’intéresse au cinéma français des années de guerre. Reste à savoir si l’on préfère le phrasé des acteurs de cette époque ou la diction souvent murmurante du cinéma français d’aujourd’hui….à vous de juger.

Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...