Les aventures de Lagardère : Mon hommage à Jean Piat

Les aventures de Lagardère - Série de Paul Jullian et Jean-Pierre Decourt, 1967 

Affiche Les Aventures de Lagardère
Regard bleu malicieux, sourire enjôleur et silhouette d’adolescent, Jean Piat est sans conteste le seul Lagardère à pouvoir rivaliser avec Jean Marais en lançant son fameux « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ». Il n’y a pas à dire, ça c’est du panache.

La série de Marcel Jullian et Jean-Pierre Decourt est si fortement ancrée dans les souvenirs des téléspectateurs des années 60-70 qu’il semble qu’elle comportait de nombreux épisodes; les péripéties s’enchaînaient dans une histoire née de la plume si fertile de Paul Féval, maître des romans feuilletons du XIXème siècle. Elle ne comportait pourtant que 6 épisodes de 50 minutes, des épisodes menés à un train d’enfer.
On appelait alors cela un feuilleton, aujourd’hui, on parle de mini-série.

Elle fait partie d’un bienheureux temps de la télévision française, celui des adaptations de grands romans historiques, comme celles tirées des œuvres d’Alexandre Dumas : Le Chevalier de Maison Rouge, Les Mohicans de Paris, Joseph Basalmo ou encore Les compagnons de Jéhu.
Dans la pure tradition des romans d’aventures, ces feuilletons présentaient de beaux et valeureux héros, des héroïnes belles et courageuses, complots, poursuites et enlèvements, le tout interprété par des acteurs brillants – dont souvent des acteurs de théâtre, membres de la Comédie Française.

Les aventures de Lagardère racontent l’histoire d’un jeune orphelin, Henri, élevé parmi une troupe de comédiens et qui se produit comme acrobate dans un théâtre ambulant, sous le nom de Petit Parisien. Deux maîtres d’armes, hommes de main à l’occasion, lui ont appris l’escrime et le fougueux jeune homme a hâte de partir à l’aventure. Une vieille nourrice lui apprend alors la vérité sur son nom, il est le Chevalier de Lagardère, de noble famille et ses parents ont été assassinés. Sa rencontre avec un jeune noble, Philippe de Nevers, va changer son destin. Celui-ci meurt, victime de la haine de son rival en amour Philippe de Gonzague.
Lagardère jure de le venger.

Cette vengeance guidera toute sa vie, tandis que, proscrit, il élève la petite Aurore de Nevers, qu’il a réussi à sauver. Sous l’apparence d’un étrange bossu nommé Esope, il trouvera et traquera les hommes qui, dans les fossés du Château de Queylus, propriété du grand-père d’Aurore, ont lâchement assassiné le pauvre Nevers.


L’ensemble est évidemment empreint de quelques naïvetés dans les dialogues et de certains aspects un peu artisanaux comme lorsqu’un poupon tout raide enveloppé de dentelles est censé représenter la petite Aurore de Nevers, poupon que Jean Piat prend même d’une main tandis qu’il se bat à l’épée de l’autre !
On appréciera la fidélité à l’œuvre de Féval, les versions suivantes ayant, soit transformé la douce Aurore en garçon manqué pour faire plus moderne, ou encore ayant, par pruderie, effacé l’histoire d’amour entre Henri et Aurore, la jugeant quasi incestueuse.Cette série est la seule aussi, à ma connaissance, à adapter l’ensemble de l’histoire de Lagardère, la plupart s’arrêtant au fameux moment du bal du régent où le Bossu dévoile sa véritable identité et fait reconnaître Aurore.


Difficile donc de résister au charme de Jean Piat qui restera dans les mémoires des téléspectateurs des années 60-70, pour certains vêtu du rouge de Robert d’Artois dans la série de Georges Delerue, Les rois maudits, pour d’autres – dont je fais partie – surtout comme le bondissant Chevalier de Lagardère.

Grand homme de théâtre où il interprétera près de 150 rôles, sociétaire de la Comédie française, il se tournera aussi avec bonheur vers la télévision, le cinéma et vers le doublage. Les spectateurs français auront encore le plaisir de l’entendre jusqu’en 2014 comme voix du Magicien Gandalf dans les trilogies de Peter Jackson, Le seigneur des anneaux et Le Hobbit….restant finalement sans que l’on s’en aperçoive, pas très loin de nous.

Fais-moi peur : Tu trembles, carcasse

Fais-moi peur - Film de George Marshall, 1953


Affiche Fais-moi peurLarry et Myron sont deux amis qui enchaînent les emplois dans les clubs et cabarets new yorkais, Larry (interprété par Dean Martin) comme chanteur de charme et Myron (Jerry Lewis) comme homme à tout faire et exceptionnellement, pour le plus grand malheur de son employeur, comme serveur. 
Les 1ères minutes du film nous laissent entrevoir ses talents en la matière. Myron traverse la salle de restaurant, muni d’un plat surmonté d’une montagne de spaghettis qui finissent un peu partout sur le sol puis sur la tête des clients, déclenchant une panique comme seul Jerry sait les faire, tandis que Dean tente de terminer sa chanson. S’ensuit un numéro de comique des compères, assistés de la belle Dorothy Malone, dans la pure tradition de ceux que les deux acteurs devaient proposer à leurs débuts.

Hors écran, la rencontre des deux compères date de 1945 au Glass Hat Club de New York où tous deux faisaient leurs débuts. Leur association les conduisit ainsi, comme dans le film cité, à présenter des numéros ensemble dans les cabarets new-yorkais. Leurs débuts à la radio puis au cinéma les amènera, plusieurs années durant, à composer un célèbre duo qui jouera ainsi ensemble 17 films de 1949 à 1956. Leurs carrières se séparent alors, avec le succès et le destin que l’on connait.

Après cette 1ère scène et numéro comique, que l’on trouvera plus ou moins drôle, l’histoire nous fait entrevoir Pierre, le serveur que Myron a dû remplacer, brutalement enlevé par des malfrats et conduit devant le caïd du coin, surnommé Le gorille. 
Le pauvre serveur ayant eu le malheur d’embrasser la petite amie du caïd, il sera froidement abattu. Notre charmeur Larry, ignorant de tout cela se met à son tour à courtiser la belle. N’écoutant que son dévouement pour son ami malgré la trouille qui le saisit, Myron se précipite à l’hôtel pour s’expliquer avec les malfrats qu’il compte impressionner.
Parallèlement, dans une autre chambre, une jeune femme élégante Mary (Lizabeth Scott) est en discussion avec un homme d’affaires assez louche qui veut la convaincre de vendre le manoir dont elle vient d’hériter à La Havane. Celui-ci serait hanté.

Voici donc deux histoires parallèles qui semblent nous promettre de nombreux rebondissements. De fait, dans la suite du film, les événements et scènes s’enchaînent à un rythme effréné, pour notre plus grand plaisir : coups de feu, meurtre, compères en fuite, découverte du manoir…le tout accompagné de vrais et de faux fantômes et enfin d’un zombi.
L’histoire est entrecoupée de numéros chantés et dansés ou Dean et Jerry, chacun dans leur style, nous entraînent dans leur bonne humeur, en compagnie de la chanteuse Carmen Miranda qui complète avec brio le duo de son originalité.

La dernière partie du film, que l’on aurait aimée plus longue, nous conduits en plein bayou au manoir hanté sur une petite île pour un final délirant.
Le mélange comédie musicale, film policier – représenté par la présence de Lizabeth Scott, habituée des films noirs – Pitfall, En marge de l’enquête ou La main qui venge, par exemple- et film fantastique, garantit un scénario sans temps mort. Que l’on soit sensible ou non au comique de Jerry, fait surtout de grimaces et de gags pas toujours très fins, difficile de résister à sa bonne humeur, sa frénésie et ses mimiques diverses, comme dans la courte scène où il se fait passer pour une marionnette de ventriloque. 

Face à lui, le calme et digne Dean Martin nous réserve plusieurs numéros chantés où sa voix de velours et son sourire feront s’emballer le cœur des midinettes.

Ce film étant le 1er que je découvre du tandem Jerry Lewis-Dean Martin, je ne me risquerai pas à faire de comparaison avec leurs autres films. La collaboration du crooner associé surtout aux westerns mythiques comme Rio Bravo et du comique peut surprendre ; pourtant le duo fonctionne à merveille. Le calme, charmeur et crooner Dean faisant contraste avec un Jerry déchaîné, qui vole cependant la vedette à son partenaire par ses mimiques et son enthousiasme.

Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...