Voyage au centre de la Terre : "Ah ! quel voyage ! quel merveilleux voyage ! Entrés par un volcan, nous étions sortis par un autre"

Voyage au centre de la Terre - Film d'Henry Levin, 1959. 

Savez-vous que l'on peut se promener librement (enfin presque) sous la Terre, grâce à des sentiers qui cheminent au milieu de grottes éclairées quasiment "a giorno" grâce à une sorte de lumière naturelle due à une matière phosphorescente ?

Je suppose que tous les pratiquants de la spéléologie qui doivent ramper et se frayer des chemins dans d'étroits boyaux n'ont jamais effectué un trajet sous terre aussi librement.

Bien sûr, trouver son chemin dans un tel dédale rélève de l'exploit et le voyage des héros se poursuivra durant de nombreuses semaines ce qui fait que partis fringants - notre belle héroïne arbore une jupe longue et un grand chapeau avec voilette -, ils arriveront en haillons, car le chemin sera quand même semé d'embûches.


Voyage au centre de la Terre est le troisième roman de la série des 62 Voyages extraordinaires de Jules Verne après Les aventures du Capitaine Hatteras et Cinq semaines en ballon. Ces écrits ouvrent la voie à de nombreux et passionnants récits d'exploration de lieux lointains et

Illustration des Editions Hetzel

inconnus où se côtoient science fiction et quasi fantastique. Les minutieuses descriptions techniques ou l'évocation précise de la faune et de la flore rencontrées durant les expéditions des personnages accompagnent les romans de Jules Verne, les rendant particulièrement vivants -bien qu'un peu ardus pour certains- .

Illustration des Editions Hetzel
Les grands voyages sont généralement entrepris par des gentlemen britanniques (Philéas Fogg, Lord Glenarvan), des savants (Linderbrock, Paganel, Camaret) ou des ingénieurs (Cyrus Smith. Cyprien Méré). Ils sont souvent accompagnés de domestiques débrouillards comme Passepartout dans Le tour du monde en 80 jours ou Joe de Cinq semaines en ballon.
Leur courage et leur goût de l'aventure , alliés à un esprit scientifique éclairé permettent aux héros de découvrir et comprendre les lieux les plus étranges et de se tirer de toutes les situations (attaques d'animaux, phénomènes naturels ou "peuplades" aggressives ).


Par contre, les femmes sont rarement bienvenues dans ces grandes explorations et sont absentes de plusieurs aventures (20 000 lieux sous les mers, Voyage au centre de la Terre ou De la Terre à la Lune, par exemple).


Lorsqu'Henry Levin réalise une adaptation du roman de Jules Verne, il introduit l'élément romanesque indispensable à tout film d'aventures américain des années 50, ce dont on ne saurait le blâmer car il permet d'amener une romance entre la belle veuve d'un explorateur et le héros de l'histoire, le Professeur Oliver Linderbrook. Celui-ci, au début de l'histoire abandonne son laboratoire et ses étudiants de l'Université d'Edimbourg pour chercher un passage vers le centre de la Terre, en entrant par un volcan islandais.

Après une introduction des personnages qui accompagneront le professeur - un jeune étudiant Alec, incarné par le chanteur crooner Pat Boone, la jolie veuve jouée par Arlène Dahl, un sympathique habitant du lieu Hans, joué par l'athlète Peter Ronson dont ce sera l'unique film, et une oie, Gertrud, jouée par pas moins de cinq oies - et une séquence d'introduction pas très utile dans un village d'Islande, le voyage commence.
James Mason incarne à la perfection - on pourra rajouter comme toujours - le professeur bourru et plutôt misogyne quoiqu'on se doute assez vite qu'en voyageant avec la superbe Arlène Dahl, il ne le restera pas longtemps.
Le voyage au centre de la Terre est un pur enchantement, on découvre tout un ensemble de salles, des concrétions de gypse, des colonnes immenses et un grand lac vert. Une grande partie de l'aventure souterraine a été tournée en décors naturels dans le gigantesque Parc national des grottes de Carlsbad, au Nouveau Mexique qui abrite, notamment, une des plus grandes salles souterraines du monde, un grand lac souterrain tapissé de malachite, d'immenses colonnes calcaires et des milliers de chauves-souris, au sein des 84 grottes du site.
Des décors originaux et fabuleux seront rajoutés comme les champignons géants, la grotte de cristal et la cité perdue.

De multiples aventures attendent nos héros et plusieurs scènes restent en mémoire comme la découverte de l'océan souterrain, l'attaque des lézards géants - des iguanes auxquels une grande crête sera rajoutée et qui seront incrustés en grand aux diverses scènes où ils attaquent les personnages - ou la découverte de la cité des Atlantes.

Voyage au centre de la Terre fait partie de ces films d'aventures passionnants, sans temps mort, qui procurent un émerveillement d'enfant à chaque visionnage.
La version de Levin est certainement l'adaptation la plus réussie qui ait été tournée, le roman de Jules verne ayant inspiré films, téléfilms, série animée et bandes dessinées.
Il constitue sans doute aussi , avec 20 000 lieux sous les mers de Richard Fletcher, la meilleure adaptation d'un roman de Jules Verne jamais réalisée.

Pinocchio : "Essayez, faites un voeu"

Pinocchio - Film d'Hamilton Luske et Ben Sharpsteen, 1940.

Dans un charmant petit village, un sculpteur sur bois, Gepetto, a fabriqué un ravissant pantin, Pinocchio. Le voeu qu'il adresse au ciel, et notamment à une étoile très lumineuse qu'il aperçoit un soir, est d'avoir un vrai petit garçon.Tout en haut dans le ciel, une étoile brille d'une étrange clarté. Ce n'est pas l'étoile du berger mais celle de la Fée bleue, venue exaucer les voeux de ceux qui prient avec ferveur. Je me doute bien du genre de voeux que les uns et les autres, nous souhaiterions lui adresser en ce début d'année.

Pendant ce temps, un grillon vagabond, Jiminy Cricket vient s'installer dans la maison. Il découvre intrigué toutes les horloges fabriquées par Gepetto ainsi que les habitants de la maison, Figaro le chat et Cléo le poisson.
Il assiste alors à l'arrivée dans la pièce de l'étoile qui se transforme en une ravissante fée bleue. D'un coup de baguette magique, elle donne vie au pantin et nomme Jiminy , Conscience de Pinocchio.
Gepetto découvre alors son nouveau fils, en bois bien entendu mais son fils quand même. Dès le lendemain, il envoie Pinocchio à l'école, escorté par Jiminy. Celui-ci aura fort à faire pour veiller sur le turbulent et candide pantin.


Le personnage de Collodi prend vie dans le deuxième long métrage produit par Walt Disney, en 1940, en plein début de la seconde guerre mondiale.
Walt Disney propose un film aux couleurs vives, se caractérisant comme dans les courts métrages de type Silly symphonies ou comme dans Blanche Neige, par une multitude de détails et de trouvailles originales et drôles comme le montrent les multiples horloges de l'atelier de Gepetto, véritable festival de scénettes amusantes : les danseurs, la Maman donnant la fessée, le chasseur et le canard.......

Car Pinocchio est bien l'un des plus beaux films de Walt, par la beauté de ses décors et de ses personnages. La Fée bleue, notamment, dégage une grâce qui se perdra peu à peu chez les princesses suivantes, aux traits plus rigides ( comparez la Fée bleue à La Belle au bois dormant pour vous en rendre compte). Son visage si beau rappelle fortement celui de Blanche Neige, ce qui ne surprend pas puisque l'actrice et danseuse Marge Champion - vue dans plusieurs comédies musicales hollywoodienne, dont Show boat - prêtera ses traits et sa gestuelle aux deux personnages.
L'actrice est d'ailleurs décédée en octobre 2020, à l'âge de 101 ans ( rendons-lui 
hommage au passage).

Pinocchio a été et sera encore adapté de nombreuses fois au cinéma et à la télévision, soit en animation soit en personnages réels.
Nino Manfredo et Andrea Balestri dans la version
de Comencini

Parmi ces adaptations, citons le film - et la série correspondante - réalisé en 1972 par Luigi Commencini, version très fidèle et réaliste avec Nino Manfredi en Gepetto et la belle Gina Lollobrigida en Fée bleue.
Plus récemment, en 2019, Matteo Garronne a proposé une jolie version avec Roberto Benigni dans le rôle de Gepetto - qu'il interprète avec une étonnante sobriété -.
Un burattino di nome Pinocchio de Giulinao Cenci

Diverses animations verront également le jour comme Un burattino di nome Pinocchio de Giuliano Cenci en 1972, Burattino et la clé d'or de Dimitri Babichenko et Ivan Ivanov-Vano en 1960 ou encore la version d'Enzo D'Alo en 2013.

Revenons-en à la version animée des studios Disney qui enchante toujours autant petits et grands malgré les années.


On peut reprocher une version assez édulcorée de l'histoire, gommant des éléments tristes ou déplaisants de l'histoire de Collodi, dans laquelle le pantin fait preuve d'une certaine méchanceté. Il commence par écraser le grillon qui lui casse les oreilles, brûle les outils de Gepetto et crée la perturbation dans la ville, à tel point que son pauvre Papa se retrouve derrière les barreaux.

Rien de tout ceci dans la version de Hamilton Luske et de Ben Sharpsteen où Pinocchio est un charmant pantin, toujours enthousiaste bien qu'influençable et sans cervelle.
La gallerie de personnages qui l'entoure est savoureuse, Grand Coquin et Gédéon , les deux gredins et le cruel marionnettiste Stromboli.
Quant au personnage de jiminy Cricket, grillon en costume, narrateur de l'histoire, il est


l'un des personnages les plus sympathiques et mémorables de l'univers Disney. L'excellent Roger Carel à la voix si reconnaissable lui prêtera sa voix dans la version française de 1975.
Le film comporte aussi quelques chansons qui restent dans les mémoires :
- Sifflez tout de suite
- Quand on prie la bonne étoile
- Sans aucun lien
- La vie d'artiste

Le film alterne des moments amusants, d'autres plus effrayants comme la transformation en âne ou émouvants comme la jolie scène qui clôture le film.
Pinocchio est un des films d'animation les plus originaux et aboutis de l'univers Disney, l'un de ceux qui parlent le plus à nos coeurs d'enfants. Une très belle réussite.

"Essayez, faites un voeu
Car l'espoir est dans les cieux
Quand on prie la bonne étoile
Et la Fée Bleue."

Bonne année à tous !!

Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...