Enid Blyton : La vie pas si rose d'un écrivain de la Bibliothèque rose

Le roman d'Enid Blyton - Téléfilm de James Hawes, 2009

Affiche Le Roman d'Enid BlytonOui-oui, Jojo Lapin et Le club des cinq font partie des souvenirs de la petite enfance de beaucoup d’entre nous. A travers films, séries animées et jeux vidéos, Oui-oui séduit encore les jeunes générations.
Derrière ces personnages, j’ai toujours imaginé leur créatrice, Enid Blyton comme une charmante vieille dame, un peu dans le style d’Agatha Christie comme les photos la montrent sur ses dernières années. La bonne grand-mère s’apparenterait plutôt à une Tatie Danièle…et oui. Et voilà comment, en une neigeuse journée de février 2018, mon beau rêve partit en éclats.

La vie de famille chez Enid Blyton n’est guère joyeuse. L’écrivain délaisse mari et enfants, confiant celles-ci à une nurse dès leur naissance ; elles auront le privilège de rester avec leur Mère 1 heure par jour, de 16 h à 17h, si celle-ci est à la maison.
Lorsque son mari part à la guerre, elle divorce en lui demandant de prendre les torts à sa charge, en échange de la promesse de pouvoir voir ses filles comme il le souhaite.
Elle téléphone également à son éditeur pour lui demander de licencier son mari à son retour de la guerre et refuse de laisser ses enfants parler au téléphone avec leur Père.
Elle demande même à celles-ci d’appeler leur beau-père Papa et d’oublier qu’elles en ont eu un autre. Devant le désespoir des petites filles qui continuent à réclamer de voir leur Père, Enid les envoie l’une après l’autre en pension…et hop, bon débarras.

Centré sur la description de la personnalité d’Enid Blyton et sur sa vie privée, le film offre un portrait sans concession de l’écrivain, dont la vie est entièrement dévouée à l’écriture au détriment de sa vie familiale, on l’a bien compris.
Enid écrira entre 500 et 800 ouvrages – le chiffre étant très fluctuant selon les sources et comptant à égalité romans, nouvelles et articles-. Sa frénésie d’écriture fera naître la rumeur selon laquelle elle aurait fait écrire par d’autres certains de ses romans. Accusée d’avoir un style d’écriture simpliste et de véhiculer des idées sexistes et même racistes via certains de ses romans – notamment Oui-oui !! Et oui ! -, elle fut même interdite de certaines bibliothèques anglaises - et on se demande où se situent l’intolérance et les préjugés !!

Face à ses détracteurs, Enid répond que les seules critiques dignes d’intérêt pour elle sont ses jeunes lecteurs. Il suffit de voir le regard ébloui de ceux-ci lorsqu’Enid vient faire la lecture d’un de ses livres dans une bibliothèque pour se dire que finalement seule l’opinion des jeunes lecteurs compte.
On pourra regretter que le film n’aborde que de façon succinte la carrière de l’écrivain, ses succès et ses difficultés. On aurait aussi aimé voir la genèse de ses personnages et ses sources d’inspiration. Seul Oui-oui a une présence réelle – si on peut dire-.
Dans une scène de la fin du film, Enid place une figurine de Oui-oui sur un meuble devant la photo de ses filles, qu’elle pousse en arrière pour lui faire de la place. Le geste résume tout le film.

Helena Bonhman Carter livre une composition forte de ce personnage, femme de caractère mais au final assaillie de doutes. On en ressort un peu effaré, mais aussi très nostalgique.

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