Les Aventuriers du Kilimandjaro : Avez-vous remarqué ?

Les Aventuriers du Kilimandjaro - Film de Richard Thorpe, 1959.

Avez-vous remarqué que dans les films d’aventures de type safari :
- les animaux sont lâchés par paquets et défilent généralement de gauche à droite, certaines images étant issues de documentaires, d’autres étant réellement intégrées au film ;
- les héros cheminent généralement dans la brousse de droite à gauche ou face à la caméra ;
- lorsque nos héros cheminent, ils tombent invariablement nez à nez avec des lions ou des éléphants furieux ;
- lorsqu’ils traversent une rivière, ils attirent aussitôt tous les crocodiles de la région ;
- lorsqu’ils arrivent dans un village, le sorcier du coin ameute la population contre le danger de l’homme blanc et le héros doit montrer sa bravoure et/ou sa magie d’homme blanc ;
- Lorsqu’ils se réveillent le matin, ils s’aperçoivent que les porteurs se sont enfuis, effrayés ;
- lorsque l’héroine se repose sous sa tente, elle reçoit toujours une visite : araignée, fauve, bandit... et ne doit son salut qu’à l’irruption du viril héros…..
…. ?
Tous ces éléments sont donc bien présents dans Les aventuriers du Kilimandjaro, comme on a déjà pu les contempler dans Les mines du Roi Salomon, Safari, Tanganyaka….et ceci toujours pour notre plus grand plaisir. L’histoire est tirée d’un roman d’un célèbre chasseur britannique, John A. Hunter – nom prédestiné- qui guida une multitude de safaris en Afrique.

D’après sa biographie, il aurait tué ou fait tuer 1 000 rhinocéros et 1 400 éléphants !!!  Ce roman, African bush adventures, a été co-écrit avec Daniel P. Mannix, reporteur, écrivain et magicien – et oui ! – surtout connu dans nos contrées pour son roman The fox and the hound, en français Rox et Rouky…. mais je m’égare !!





Nos Aventuriers du Kilimandjaro racontent l’histoire d’un ingénieur, Robert Adamson, envoyé au Kenya pour suivre les travaux de construction d’une ligne de chemin de fer qui doit partir de Mombasa et se poursuivre jusqu’au Lac Victoria. Les responsables des travaux et leur équipe n’ayant plus donné signe de vie, notre héros est donc envoyé à la rescousse. A bord du bateau, il fait connaissance avec la belle Jane Carlton venue aux nouvelles de son père et de son fiancé qui faisaient partie de l’équipe disparue. Après avoir recruté des porteurs dans la prison locale, Adamson et ses compagnons partent sur un train plat – sans toit – pour aller jusqu’au bout de la voie ferrée. Se trouver sur un train plat revêt un avantage certain – pouvoir contempler les superbes paysages du Kenya et voir défiler les animaux sauvages – mais fait courir aussi de gros risques surtout que des trafiquants locaux sont à leurs trousses. On se doute donc que nos héros ne profiteront pas longtemps de leur voyage en train et qu’ils devront cheminer à pied à travers une nature belle mais hostile.


Certes, le film Les aventuriers souffre beaucoup de la comparaison avec Les mines du Roi Salomon, s’avérant beaucoup moins palpitant car manquant d’un certain souffle. Il est également empreint de naïveté et offre une vision assez caricaturale du pays où semble régner une totale anarchie et de ses habitants. Lors de la bagarre finale, on ne sait même plus vraiment qui est qui, au milieu des diverses bandes et des uniformes. On suivra cependant avec intérêt Robert Taylor et ses comparses à travers de beaux paysages du Kenya les menant jusqu’au Lac Victoria, en vue du Kilimandajro - que l’on ne fera qu’apercevoir brièvement, malgré le titre !! Celui qui veut regarder un film d’aventures exotiques, aux belles images, ne boudera pas son plaisir devant ce film qui, sans être un chef d’œuvre, remplit honnêtement ses promesses.

House by the river : un chef d'oeuvre méconnu de Fritz Lang

Début du siècle, quelque part en Amérique, sur la terrasse de sa charmante maison dominant la rivière, un écrivain, Stephen Byrne, travaille. La jeune et jolie servante vient prendre les ordres de son maître. Le cadre idyllique va voler en éclats quelques minutes plus tard, le maître étranglant "par erreur" la jeune femme dont il tentait d'abuser. Aidé de son frère John, timide et complexé car handicapé d'une jambe, il va tenter de cacher son crime. Le film prend alors le temps de brosser les portraits : l'écrivain cynique, meurtrier par accident mais torturé, non par le remords mais par la peur d'être découvert, le gentil frère, amoureux de sa belle-soeur, éternel sacrifié qui va jusqu'à se laisser accuser et la douce épouse du meurtrier qui se découvre amoureuse de son beau-frère. Le film se déroule sans véritable surprise, on devine sans peine quelle en sera l'issue.



Dans le rôle de Stephen, Louis Hayward - vu dans divers films historiques où il tenait le rôle de héros glorieux, comme Les pirates de Capri ou Le fils du Capitaine Blood - domine largement la distribution. La scène dans l'escalier où il guette sa proie est admirablement filmée, le visage expressif devient terrifiant.




 La descente de la rivière de nuit où Stephen recherche éperdument le cadavre trop hâtivement immergé fait penser, par certains de ses plans, au superbe film de Laughton, La nuit du chasseur. 
On y retrouve d'ailleurs l'emploi des clairs-obscurs, une atmosphère gothique voire fantomatique magnifiée par la superbe photographie d' Edward J. Cronjager - qui sera nominé 7 fois aux oscars au cours de sa carrière-.
S'il ne figure pas parmi les films emblématiques de Fritz lang, House by the river mérite cependant d'être considéré comme un des meilleurs de la période Hollywoodienne du réalisateur.


Allô, Brigade spéciale : Blake Edwards s’essaie au thriller.


Allô, Brigade Spéciale - Film de Blake Edwards, 1962.


On connait surtout Blake Edwards pour ses comédies (La panthère rose, Victor Victoria, Diamants sur canapé..). Le voir s’essayer au style thriller m’a semblé intéressant et après avoir vu l’alléchante distribution, je me suis lancée.
Experiment in terror ( en français Allô brigade spéciale) raconte l’histoire d’une jeune employée de banque Kelly Sherwood (interprétée par la belle Lee Remick), agressée un soir dans son garage par un inconnu qui la menace de mort, ainsi que sa jeune soeur, si elle ne dérobe pas 100 000 dollars à la banque où elle travaille . 



Malgré les menaces, Kelly téléphone au FBI et a le temps de donner son nom à l’Inspecteur Ripley avant que l’’inconnu qui rôdait encore dans la maison ne l’assomme.
Voici donc un début bien angoissant, qui éloigne fort des comédies habituelles du réalisateur. Et il faut bien dire que ce début est prometteur, installant un véritable malaise durant les 10 premières minutes du film où le psychopathe, ceinturant la pauvre héroïne, lui murmure des menaces à l’oreille.
Comme par chance, l’inspecteur Ripley est Glenn Ford et que le FBI est très efficace, la jeune femme sera rapidement identifiée et mise sous protection.


Le film se déroule ensuite en suivant en parallèle l’enquête de l’Inspecteur et le harcèlement dont sont victimes Kelly et sa jeune sœur (interprétée par Stéphanie Powers). Sur la durée de 2 heures, l’histoire se disperse ensuite un peu, avec l’intervention, pas forcément utile, d’une autre victime, Nancy. Celle-ci, également menacée de mort par le tueur, trouve le policier à son goût mais notre héros a déjà fort à faire avec son enquête pour penser à autre chose. Le film réserve quelques scènes fortes et un final fort réussi dans un stade de base-ball.

Le principal point faible du film se situe dans la résolution de l’enquête, et là le scénario pêche par un réel manque de vraisemblance. La résolution est beaucoup trop facile, un indic donnant directement l’adresse de la petite amie de l’assassin, ce qui permet en un éclair de sortir son nom et sa photo.

On pourra dire hélas, car un des éléments les plus intéressants du film est bien le choix de dissimuler le visage du tueur dont on ne verra que le bas du visage ou l’ombre, pendant près de la moitié du film. Par un adroit jeu d’ombres et de lumières, celui-ci est en effet caché aux yeux du spectateur, notamment dans la scène du garage où la lumière éclaire seulement le visage terrifié de Lee Remick.
Si le spectateur de l’époque n’était peut-être pas encore très familiarisé avec le physique de Ross Martin – alias Artémus Gordon dans la série Les mystères de l’ouest – il sera aujourd’hui moins surpris, ayant vu son nom dans la distribution. Sa composition de psychopathe est excellente, Lee Remick et lui dominant largement la distribution face à un Glenn Ford placide et à une toute jeune Stephanie Powers.
Rajoutons enfin la superbe photographie en noir et blanc qui participe à l’atmosphère oppressante de la scène introductive et qui nous offre de beaux plans nocturnes de Los Angeles.

La malédiction des pharaons : Ne lisez jamais à voix haute les inscriptions d'une tombe égyptienne, sinon .......

La malédiction des pharaons - Film de Terence Fisher, 1959



Film typique de la Hammer aux couleurs flamboyantes et aux nuits brumeuses, La malédiction des pharaons est le remake du film en noir et blanc, La momie, avec Boris Karloff.
Un trio mythique de la Hammer est ici à l'oeuvre : Terence Fisher, le réalisateur et ses deux acteurs fétiches, Christopher Lee et Peter Cushing.
Deux archéologues imprudents, à la découverte d'un tombeau égyptien, réveillent par mégarde une momie en lisant les inscriptions qu'ils découvrent. La Momie poursuivra de sa malédiction les archéologues et leur famille. Resté au dehors pour cause de jambe blessée, Peter Cushing n'échappera pas à cette malédiction dans la mesure où les deux imprudents sont son Père et son Oncle.


Une scène haute en couleur nous offre un flashback montrant le destin tragique de Kharis, grand prêtre momifié vivant pour avoir osé aimer la princesse Ananka. Sérieux comme un Pape, Christopher Lee apparaît ici dans toute sa gloire. La scène est kitch au possible, on se régale.
Tout le reste du film, sir Christopher traînera ses bandelettes boueuses à la poursuite des archéologues, grande silhouette à la démarche saccadée.
Le film est sans temps mort, les poursuites et arrivées fracassantes de la momie se multiplient.
Certaines scènes déclenchent le rire comme l'apparition de Christopher Lee dans la cellule capitonnée du pauvre Oncle devenu fou ou celle où notre cher Sir poursuit Peter Cushing dans la maison de celui-ci et tente de l'étrangler.
On imagine qu'ils ont bien dû rigoler en tournant cela. On passe un bien agréable moment même si le côté horrifique peine bien sûr à convaincre. C'est un autre style de film d'horreur, moi j'aime bien. !!

Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...