Tarzan chez les Soukoulous : De Tarzan à Buffalo Bill



Tarzan chez les Soukoulous - Film de Harold D. Schuster, 1955 

Un groupe de vilains chasseurs blancs débarque dans la jungle pour massacrer le plus d’animaux possible. Au cours de leur expédition, ils vont notamment blesser un éléphanteau. Furieux, Tarzan donne une raclée aux rabatteurs et emmène le pauvre animal jusqu’au campement d’un bon Docteur itinérant qui œuvre là, accompagné d’une charmante infirmière. Tarzan part ensuite herboriser pendant un moment afin de concevoir un médicament miracle pour un des malades du camp.
Profitant de son absence, deux chasseurs de l’expédition arrivent à leur tour et, se faisant passer pour des cinéastes venus filmer la beauté de la jungle, réussissent à convaincre le naïf Docteur de les conduire jusqu’au territoire des Soukoulous, tribu vivant de l’autre côté de la rivière. Le Docteur est en effet devenu ami avec cette tribu qu’il vient soigner parfois, malgré la haine du sorcier local. Adorateurs des animaux, les Soukoulous ont mis en place une grande fosse habitée par des lions dans laquelle ils jettent à l’occasion les indésirables. On se doute que nos héros auront l’occasion de la contempler de très près.
Gordon Scott interprète ici pour la première fois le rôle de Tarzan. Il  revêtira six fois le pagne du seigneur de la jungle de 1955 à 1960, succédant à Johnny Weissmuller – éternel Tarzan dans le cœur des cinéphiles - et à Lex Barker, notamment. Il incarnera ensuite des héros forts divers : Hercule, Samson, Rémus, Jules César, Zorro et Buffalo Bill.

Fait plutôt rare dans les films de Tarzan, on remarque la présence de plusieurs acteurs de renom ou à la carrière en devenir.
Peter Van Eyck – dont on se souvient entre autres pour son rôle dans Le salaire de la peur de Clouzot – joue le rôle du Docteur Celliers tandis que Vera Miles – qui tournera peu après dans La prisonnière du désert de John Ford avant d’apparaitre à de multiples reprises à la fois au cinéma et à la télévision jusqu’en 1995, date à laquelle elle a mis fin à sa carrière- incarne le rôle de Jill, son assistante.
Dans le rôle du chef des chasseurs, on reconnait Jack Elam et son physique si particulier, que l’on retrouvera au fil de nombreux westerns notamment, souvent dans des rôles de méchants.
Gordon Scott, quant à lui,  a mis ici au point une expression faciale unique, sensée certainement caractériser l’homme-singe et qu’il gardera pratiquement tout au long du film, un mélange d’inquiétude et d’intérêt porté sur tout ce qui l’entoure. Seule la vision de la belle Vera Miles éclairera fugitivement son visage poupin d’un sourire enfantin.
Le film s’éloigne un peu des scènes classiques des films de Tarzan de la période Johnny  Weissmuller,  pas de combat contre un crocodile et peu de véritables scènes d‘action, sauf une charge d’éléphants et la traversée de la rivière par tous les animaux sauvés par Tarzan. Les incrustations de films d’animaux sauvages sont comme d’habitude réalisées avec une certaine maladresse mais les acteurs ne se retrouvent plus à jouer devant un écran, comme c'était le cas dans les premiers films de Johnny Weissmuller, ce qui donne plus de véracité à l’ensemble; le film a ainsi été tourné en grande partie dans un jardin botanique de la région de Los Angeles.

Si la durée assez courte du film, 73 min à peine, empêche un réel développement des personnages et de l’action, l’ensemble se suit cependant sans ennui.

Tarzan à la chambre des Lords

Tarzan - Film de David Yates, 2016

Retrouver Tarzan à Londres en très respectable Lord Greystoke semblait nous promettre d'intéressants moments sur sa difficile intégration à la société londonienne.
Et non, notre cher Lord déclare tout de go "je ne suis pas Tarzan, je suis Lord Greystoke, membre de la Chambre des Lords".
Quelle ingratitude envers sa maman singe !!
5 minutes plus tard, notre Lord se retrouve au coeur de la jungle en lutte contre des esclavagistes. Il y a donc comme un raccourci saisissant, ce dont on ne se plaint pas car on peine déjà à accrocher à l'histoire, alors qu'une séance introductive semblait nous promettre des aventures dans la jungle, au milieu des bêtes sauvages.

Jane enlevée, enfin un peu d'action !! Tarzan prend son copain sur son dos et s'élance à l'aide d'une liane d'au moins 10 km de long sur le train des méchants. Oui, parce qu'il y a une voie ferrée dans le coin,
pour aller d'où à où, difficile à savoir. Le reste est composé de combats divers et variés sans grand intérêt et on saisit vite qu'il n'y aura pas grand chose d'autre à part quelques singes, un éléphant et quelques animaux égarés dans le film. Dommage, il y avait quelques belles images au début, quelques autres à la fin et entre les deux ...pas grand chose. David Yates a été beaucoup plus inspiré par Harry Potter. Vous pouvez ici passer votre chemin et retourner voir soit un des quatre derniers films de la saga HP - mais vous ne verrez ni singe ni éléphant -, soit les précédentes versions de Tarzan, par exemple Le trésor de tarzan - voir critique précédente-.

Autres critiques de films de Tarzan :

Le trésor de Tarzan : Or, pas utile...pépite d’or, bonne pour fronde.


Affiche Le Trésor de Tarzan
Le trésor de Tarzan - Film de Richard Thorpe, 1941

Richard Thorpe réalise ici le cinquième film consacré à tarzan et incarné par Johnny Weissmuller.

Boy, le fils adoptif de Tarzan et de Jane, est le véritable héros de l’histoire, destinant cet opus à un public plus enfantin que les précédentes adaptations.
Lorsque Boy rencontre un groupe d’explorateurs et qu’il leur montre naïvement une pépite d’or ramassée dans la rivière et dont il se sert pour sa fronde, il éveille la cupidité de deux membres de l’expédition. Ceux-ci n’hésiteront pas à laisser mourir le Professeur Elliott, chef de l’expédition, afin d’avoir les mains libres pour accomplir leurs méfaits : enlever Jane et Boy pour obliger Tarzan à leur montrer le lieu où repose l’or.


La première partie du film, un peu longue, décrit le mode de vie de Tarzan et de sa famille. Dans un Monde paradisiaque, suivant un modèle de vie écologique où la nature est respectée et où rien n’est gaspillé, la famille de Tarzan vit dans une cabane dans un arbre, dotée de tout le confort nécessaire, grâce à Jane, parfaite maîtresse de maison.

Les acteurs paraissent ici s’ennuyer un peu, à part Cheeta qui s’amuse toujours comme une folle.
Impressionnant de stature, Johnny Weissmuller a un jeu d’acteur assez limité et un visage peu expressif à l’opposé de la lumineuse Maureen O’Sullivan. Il faut dire aussi que, pour garder l’image de l’authentique homme-singe, les scénaristes ont décidé que Tarzan continuerait à prononcer des phrases de trois mots maximum, ce qui réduit un peu la conversation. Johnny est en revanche dans son élément lors de la belle séquence nautique où la petite famille nous offre un ballet sous-marin digne d’Esther Williams, la sirène d’Hollywood des années 40-50.

La guenon Cheeta fait tout au long du film un véritable festival se montrant meilleure actrice et plus expressive que la plupart des humains. Et puis, comment ne pas admirer quelqu’un capable de faire un saut périlleux arrière sur place, ce que fait Cheeta dès qu’elle est contente ou excitée.

Les autres personnages du film sont identiques à ceux des films précédents, blancs avides et tribu locale superstitieuse et excitée, toujours prête à mettre en place divers supplices, Boy manquera d’ailleurs d’en faire les frais et de finir sur un bûcher.
Les scènes d’action sont également fort semblables à celles des films précédents, si semblables d’ailleurs que parfois ce sont les mêmes qui ont été réutilisées telles la charge du rhinocéros qui heureusement n’est qu’une projection qui se précipite sur nos héros, ou bien le classique combat contre le crocodile.

On notera quelques détails étonnants.
Ainsi, Lors d’une courte scène totalement surréaliste, Barry Fitzgérald qui incarne O’Doul, le symphatique photographe de l’expédition  ( avec le Professeur qui dirige le groupe, c’est le seul qui deviendra ami avec Tarzan ), a un peu trop bu ; il voit apparaitre une stupéfiante créature qualifiée de dodo. Tous ceux qui, enfants, ont vu les divers épisodes de Tarzan, se rappelleront tout à coup ( ce fut mon cas ) de cette délirante créature ressemblant à un homme déguisé en oiseau, déjà vue dans un autre épisode (Tarzan s’évade). 
Il s’agit en fait de Johnny Eck, triste phénomène de foire connu pour son rôle dans Freaks, la monstrueuse parade de Browning (1932).

A noter aussi que Tarzan a mis au point une tisane qui peut en une seule prise guérir de la peste. Quel homme ! C’est ainsi que Boy et O’Doul seront sauvés.
Sans être impérissable, Le trésor de tarzan se révèle au final plutôt plaisant. Tourné en deux mois à peine avec des moyens forts limités, il parvient, grâce à une durée plutôt courte et à diverses scènes d’action, à maintenir l’intérêt de l’indulgent spectateur.

Autres critiques de films de Tarzan :

Tarzan et le lion d'or
Tarzan et sa compagne
Tarzan chez les Soukoulous
La plus grande aventure de Tarzan


La Planète des singes : Suprématie - Vaut-il mieux naître singe ou homme ?

La planète des singes - Film de Matt Reeves, 2017.
Quinze ans après le début du virus mortel qui a décimé la plus grande partie de la population (même les villes ont, semble-t-il, complètement disparu), le singe César et son peuple se sont réfugiés dans la forêt. Suite à un raid sanglant des hommes sur son refuge, sa femme et son fils sont tués. Accompagné de ses trois fidèles compagnons, César entame donc un périple afin de retrouver le Colonel assassin, tandis que le peuple singe commence son long exode. Tous se retrouveront finalement dans la base où le Colonel, accompagné d’une troupe bien entraînée, a fait prisonniers les singes en exode. Tout est en place pour l’apocalypse finale ou plutôt, comme mentionné par un graffiti sur les murs du tunnel emprunté par nos héros, pour l’ape-calypse.En effet, les références cinématographiques sont nombreuses et on s’amusera au fil de l’histoire à retrouver des grands classiques tels Le pont de la rivière Kwai, La grande évasion, Ben Hur, Apocalypse now et ses hélicoptères et surtout Les 10 commandements lorsque César libère son peuple de l’esclavage et le conduit vers la Terre Promise.
Lors d'une projection spéciale à Paris, le réalisateur Matt Reeves a d’ailleurs expliqué que son co-scénariste Mark Bombak et lui, avant d’écrire le scénario du film, ont visionné pendant plusieurs jours divers grands classiques du cinéma, afin d’alimenter leur inspiration et d’enrichir le film.
Diverses allusions à la série de films originale peuvent aussi être repérées. César est le nom du singe (joué par Roddy McDowall) qui conduit la révolte contre les hommes dans la conquête de la planète des singes tandis que Le jeune fils de César se nomme Cornélius, tout comme le chimpanzé ( incarné là encore par Roddy McDowall dans La planète des singes en 1968). On notera aussi que le nom de la petite fille Nova est celui que Taylor (Charlton Heston) donne à la jeune femme muette qui part avec lui à la fin du premier film.


Les auteurs entraînent rapidement le spectateur à prendre parti pour les singes alors que la séance introductive montrant le massacre des soldats et la capture des quatre survivants nous fait d’abord trembler pour la situation de ceux-ci. Dès l’arrivée de César qui fait preuve de mansuétude en libérant les captifs puis qui retrouve avec émotion son fils et ses amis, le ton est donné. Les agresseurs sont les humains venus déloger et massacrer ce peuple de la forêt où il s’est réfugié L’arrivée d’une émouvante petite fille muette recueillie par l'orang-outang Maurice augmente notre empathie.
C’est sans doute là que se situe le principal défaut du film, celui du trait très manichéen donnant peu de nuances à ses personnages, sauf à César partagé entre son désir de paix et sa soif de vengeance.
Le seul homme qui possède de l’humanité et laisse transparaitre ses sentiments grâce à plusieurs gros plans sur son visage terrifié ou bouleversé, est le soldat Preacher, épargné par César et que l’on retrouvera tout au long du film. On attend un éventuel retournement de sa part, qui hélas ne viendra pas. On l’a bien compris, l’Homme est mauvais et seule une innocente petite fille mérite d’être sauvée
Le film constitue également une violente critique de l’armée américaine ; le drapeau est détourné et l’hymne accompagne les vociférations des soldats criant leur haine du peuple singe et la volonté de survie de la race humaine. Les allusions politiques sont lourdes ainsi que le message écologique (fortement présent déjà dans le roman de Pierre Boulle).
Côté visuel, le film est prodigieux, améliorant encore si c’est possible la perfection technique de l’animation des singes couplée au jeu des acteurs qui les incarnent, Andy Serkis faisant passer tout un ensemble de sentiments sur le visage de César. On n’oubliera pas non plus les superbes paysages canadiens tranchant avec la noirceur de la base militaire où les singes sont enfermés.
La trilogie s’achève donc en apothéose, pour ne pas dire en apocalypse, au terme de 2 h 20 d’un spectacle qui nous cloue dans nos fauteuils.

Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...