Destry ou Le Nettoyeur : Les exploits d’un jeune homme tranquille

Affiche Le Nettoyeur
Destry ou Le Nettoyeur - Film de George Marshall, 1954.

Audie Murphy a promené sa figure poupine et son air d’éternel adolescent dans toute une série de westerns de 1948 à 1969, jouant souvent des personnages paisibles voire fragiles, poussés à prendre les armes et devenant des héros par leurs actions.

Sauf dans de rares cas comme dans Le vent de la plaine – où il se rachète tout de même au final – et lorsqu’il joue des bandits comme Billy le Kid, il représente des personnages positifs, aux actions peu ordinaires, à l’image de ce qu’il sera dans la vie.


Après l’attaque de Pearl Harbour, Audie rêvait en effet de s’engager dans l’armée. Trop jeune, maigre et fragile, il sera d’abord recalé par les Marines dans lesquels il souhaitait s’engager à 17 ans à peine. Après avoir pris du poids et menti sur son âge, il intégrera finalement l’armée et s’illustrera par toute une série de faits héroïques notamment dans la Campagne d’Italie, lors du débarquement de Provence et dans la Campagne de libération de la France.

Ses exploits sont en effet dignes d’un film – il en tournera d’ailleurs un sur sa propre vie, L’enfer des hommes -.
Image associéeAinsi, il a tout juste 19 ans lorsque, près de Ramatuelle – en Provence-, il prend seul d’assaut une maison envahie par l’ennemi et réussit à faire onze prisonniers.
Dans la Bataille de Colmar, il bloque seul, une heure durant, l'assaut de toute une compagnie allemande puis mène, blessé, une contre-attaque….

Pour ses divers exploits, il reçoit une avalanche de médailles. L’acteur est en effet le soldat le plus décoré de la Seconde guerre mondiale puisqu’il recevra presque toutes les décorations militaires existantes dans l'Armée de terre des États-Unis en plus de distinctions françaises, anglaises et belges, la plupart reçues alors qu’il n’a pas encore vingt ans.

Le retour à la vie civile sera difficile pour Audie, souffrant de stress-post-traumatique qui le rendra dépendant aux anti-dépresseurs. Ceci ne l’empêchera pas de tourner une cinquantaine de films, des westerns pour la plupart, où il est dans son élément à chevaucher, arme à la ceinture, à travers les paysages de l’ouest américain. 
La carrière d’Audie prend fin brusquement alors qu’il disparaît dans un accident d’avion, en 1971, à 45 ans à peine.

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Le nettoyeur – plus simplement appelé Destry à l’origine, pour le nom de son héros- laisse penser, dans son titre français à un western, présentant un personnage à la Clint Eastwood, homme impressionnant et taciturne venant trucider tous les méchants de la ville, jusqu’à ce que celle-ci retrouve sa tranquillité d’antan.
Le personnage étant joué ici par Audie Murphy, on se doute qu’il n’en sera rien.

De fait, Destry est un petit jeune homme au visage poupin et au sourire candide, que l’on imagine donc très peu comme un as de la gâchette. Ayant voulu aider une jolie jeune fille rencontrée dans la diligence, il débarque donc dans la ville, une ombrelle dans une main et une cage à oiseaux dans l’autre, déclenchant l’hilarité générale.
Arborant un sourire candide, il déclare tout de go qu’il n’aime pas les armes à feux et, invité à boire au saloon, commande un verre de lait – on s’en doutait presque-.
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Tom Destry a été appelé dans la ville par le nouveau shérif Barnaby, alcoolique repenti et ancien ami de son Père, pour l’aider dans sa nouvelle tâche.
Nommé shérif par dérision, Barnaby subit les moqueries de la ville malgré sa volonté de faire régner l’ordre et notamment d’élucider le meurtre du précédent shérif assassiné par Decker, l’homme influent qui tient tout le monde à sa botte, assisté de son groupe de cow-boys. 


Thomas Mitchell - inoubliable Papa O’Hara dans Autant en emporte le vent – interprète avec talent le shérif, formant avec le jeune Tom un duo sympathique, dont l’arrivée provoque les railleries.


Mais bien entendu, il faut se méfier de l’eau qui dort et Destry se révèle tireur d’élite. Décidé à résoudre pacifiquement les conflits et à enquêter discrètement, il utilise des moyens simples, seau d’eau sur la tête, dialogue et rappel de la loi ou encore tape sur la main pour désarmer un excité. Le spectateur, comme le héros de l’histoire- aura beau être contre le port d’arme, difficile de résister à la jubilation ressentie en voyant Audie, sous prétexte de regarder et de confisquer les armes des malfrats , faire une éblouissante démonstration de tir sur les bouteilles et le décor du saloon, clouant définitivement le bec à tous les moqueurs .

Résultat de recherche d'images pour "destry film"La chanteuse du saloon, Brandy, maîtresse de Decker, est interprétée par Mari Blanchard qui nous régale de plusieurs chansons et numéros très enlevés suscitant l’enthousiasme général des cow-boys avinés et excités. D’abord très moqueuse envers Destry et méfiante face à ses questions, elle va tomber amoureuse de lui lorsque celui-ci lui font honte de son visage outrageusement fardé.

Le film est le remake du film Femme ou démon (Destry rides again), réalisé également par George Marshall, où Marlène Dietrich, en chanteuse de saloon, affolait tous les cow-boys de la ville avec sa voix grave et ses tenues affriolantes, puis rencontrait le paisible – en apparence – James Stewart, venu seconder le shérif local. Le film, de qualité inférieure à celui-ci était principalement sauvé par l’interprétation toujours impeccable de James Stewart, mais ses personnages trop caricaturaux et certains effets humoristiques assez lourds ont énormément vieilli.
Tiré d’un roman de Frederick Schiller Faust, célèbre auteur américain de romans de style westerns –entre autres -, Destry avait déjà connu une première version en 1932 avec Tom Mix ; une version assez éloignée de l’histoire d’origine sera également réalisée en 1950 par Louis King – le film s’appelle Frenchie – et une série où, d’après le synopsis, seul le nom du héros a été gardé, sera produite en 1964.
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Destry a été réalisé sans gros moyens, la figuration n’est pas énorme et le nombre de lieux où se passe l’action est limité. On pourrait le qualifier de série B mais il mérite certainement un B+ par la qualité de son interprétation, la qualité de l’histoire et la sympathie dégagée par son héros –et par son acteur principal-. 
Un film qui suscite l’intérêt et se regarde sans ennui de bout en bout.

Et tournent les chevaux de bois : La nuit où l'on brûle Zozobra

Affiche Et tournent les chevaux de boisEt tournent les chevaux de bois - Film de Robert Montgomery, 1947. 

Acteur des années 40-50 injustement oublié de nos jours, Robert Montgomery a mené une intéressante carrière devant et derrière la caméra. Surtout connu pour ses rôles dans diverses comédies, comme dans l’excellent film Le défunt récalcitrant (Here comes Mr Jordan), il démontre des talents dramatiques dans des films comme La proie du mort ou encore Big house.

Les années de guerre mettent un frein à sa carrière, il s‘éloigne des studios plusieurs années pour s’enrôler dans la Marine et atteindre un grade élevé. A son retour 4 ans plus tard, il va se lancer dans la réalisation, jouant souvent dans ses propres films.

En 1947, Il réalise un film audacieux, entièrement tourné en caméra subjective, La dame du lac où son personnage ne figurera que par l’intermédiaire de miroirs, reflets et ombres. Il réalise la même année Et tournent les chevaux de bois puis plusieurs films et reportages ayant la guerre pour thème – comme Les sacrifiés - avant de se tourner vers la télévision.


Et tournent les chevaux de bois – en anglais Ride the pink horse, bien que le noir et blanc nous empêche de juger de la variété des couleurs du manège - est adapté d’un roman policier de la journaliste et écrivain Dorothy Belle Hughes.



Il raconte l’histoire d’un mystérieux américain, Lucky Gagin, qui arrive dans la ville de San Pablo au Mexique, afin de retrouver un truand, Hugo. Ne pouvant trouver de place dans un hôtel à cause de la Fiesta qui se prépare, il erre dans les rues à la recherche d’un endroit où passer la nuit. Devant un manège de chevaux de bois, il rencontre une mystérieuse jeune fille, Pila, qui s’attache à ses pas. Il se lie également d’amitié avec le propriétaire du manège, Pancho, qui lui offre l’hospitalité de son maigre abri et de son manège.

Toujours à la recherche d’Hugo, Lucky retrouve sur son chemin Pila, dont le beau regard ne le quittera pas de tout le film. Aussitôt attachée à lui, elle va devenir son ange gardien.

Les motivations de Lucky se dévoileront au fil de l’histoire; se présentant d’abord comme un maître chanteur, il dévoilera par la suite des motifs plus nobles.

Ce personnage, joué par Robert Montgomery, est des plus intrigants. Homme froid et autoritaire, ses manières brusques ne suscitent pas d’emblée la sympathie du spectateur. Il sait pourtant, d’une parole ou d’un sourire, s’attirer l’amitié et l’intérêt. Lorsqu’au fil de l’histoire, la carapace de notre héros se fissure et qu’il montre sa vulnérabilité, le sentiment du spectateur se met à changer.

Héros plutôt atypique, Lucky sera en effet protégé et sauvé par trois personnages différents, qui, chacun dans son genre, seront pour lui de véritables anges gardiens.
Personnage truculent, alcoolique, aux démonstrations d’amitié débordantes, Pancho, propriétaire du manège de chevaux de bois, est prêt à se faire tuer plutôt que de dénoncer son nouvel ami. Thomas Gomez, qui interprète le rôle de Pancho, sera d’ailleurs nominé aux Oscars de 1948, pour son interprétation haute en couleurs.


Second personnage à montrer son attachement, la lumineuse Pila sauvera à plusieurs reprises Lucky. Wanda Hendrix, qui interprète Pila, fait preuve d’une grande présence à l’écran. Le jeune âge de l’actrice – 14 ans - et de son interprète – qui parait pourtant un peu sans âge – rend particulière sa relation avec Lucky. Même s’il ne s’agit pas d’une histoire d’amour puisqu’aucune parole ou aucun geste ne seront montrés, la tendresse de Pila se manifeste à plusieurs reprises notamment lorsqu’elle soigne Lucky gravement blessé.
On essaiera en vain de décrypter le regard de celui-ci ; on verra juste une expression d’émerveillement à la vue de Pila, soigneusement coiffée et vêtue de sa plus belle robe après qu’il lui a donné un billet « pour te payer le coiffeur et t’habiller un peu mieux, pour avoir l’air un peu humaine « (sympathique !).
Dernier personnage à suivre et à aider également notre héros malchanceux, Retz, agent du FBI, veut également mettre la main sur Hugo. Si ses motivations sont plus professionnelles qu’amicales, il se montrera assez paternel pour sortir notre héros des ennuis dans lesquels il se précipite.
Personnage au départ solitaire et qui semble vouloir le rester, Lucky va ainsi devoir accepter la présence et le soutien de chacun de ces personnages.


Le film a été tourné en partie à Santa-Fé au Nouveau-Mexique ; ceci permet la participation des habitants du lieu et la mise en scène d’une fiesta « the burning of Zozobra » - Zozobra étant le symbole de la tristesse ( le mot signifie inquiétude/anxiété en espagnol ), qui part en fumée lors de la Fiesta annuelle de Santa Fé. En mettant le feu à une marionnette géante, les habitants déposent à ses pieds une boîte noire contenant des papiers où ils ont écrit leurs sources d'ennuis et de tristesse ainsi que des documents divers

Tandis que Zozobra est en feu, Lucky se débarasse symboliquement du mystérieux document qu'il transportait avec lui tandis que ressurgit son traumatisme de guerre.


Ce cadre inhabituel confère une véracité et une atmosphère particulière . Le film est assez lent dans sa première partie, le personnage principal semble errer dans un monde un peu onirique, perdu dans un pays étranger, à la rencontre de personnages pittoresques. On sent le soin apporté par Robert Mongomery Réalisateur aux plans et éclairages, destinés à intensifier cette atmosphère. La seconde partie du film, où Lucky est traqué par les malfrats retrouve le rythme et le ton des films noirs.


Un très bon film à découvrir sans hésitation.

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Autres films de Robert Montgomery à découvrir:
La proie du mort 
Le défunt récalcitrant 

L'odyssée du Dr Wassell : « Mes gars sont des lascars pas ordinaires, pour tout vous dire, ce sont des matelots »

Affiche L'Odyssée du docteur WassellL'odyssée du Dr Wassell - Film de Cecil B. DeMille, 1944. 

1942-1944. tandis que le monde s’enfonce dans la Guerre, les studios américains voient partir au combat une partie de leurs employés – des stars telles James Stewart, Clark Gable, Robert Montgomery ou encore Tyrone Power - et tellement d’anonymes.






Parallèlement, plus de 500 films ayant la guerre pour thème sont mis en œuvre, un grand nombre tombés définitivement dans l’oubli ou perdus.

Exaltant les valeurs patriotiques, le courage de ses héros et la résistance face à l’ennemi, ils mettent en scène des personnages toujours valeureux et suivent parfois de près certains éléments de l’actualité.

Parmi les oeuvres les plus connues, on pourra citer par exemple Guadalcanal (de Lewis Seiler), Mrs Miniver (de William Wyler), Sabotage à Berlin (de Raoul Walsh) ou encore Trente seconde sur Tokyo (de Melvyn LeRoy).


En 1942, un discours du Président Roosevelt vante le courage des héros anonymes. Il cite le nom d’un médecin, le Dr Wassell décoré pour avoir sauvé de la mort un groupe de matelots blessés en les rapatriant de Java vers l’Australie. Séduit par cette histoire, Cecil B. DeMille monte le projet de l’adaptation de ce fait héroïque au cinéma.
Venu travailler en Amérique, le romancier britannique James Hilton ( évoqué dans mon précédent article sur La proie du mort), publie en 1944 le roman «The Story of Dr. Wassell » d’après les Mémoires de celui-ci. Cecil B. DeMille en réalise l’adaptation la même année.



Le film est destiné à soutenir le moral des américains en rappelant le courage de plusieurs de ses héros, en célébrant l’amitié USA-Angleterre ainsi que le rôle des Hollandais dans l’aide aux blessés et aux populations en péril. Ceci sera fait à travers les portraits de plusieurs personnages courageux de nationalité hollandaise : un médecin, une des deux infirmières qui accompagnent le Dr Wassel ainsi que le Commandant et l’équipage du vieux rafiot qui embarquera les réfugiés et blessés malgré les raids de l’aviation ennemie.
« Les hollandais auront la meilleure place dans notre cœur » déclare le Dr Wassell au Commandant Rick qui leur vient en aide. Tout est dit et bien dit.



L’histoire se centre ainsi sur un groupe de matelots blessés issus de l’équipage du croiseur américain USS Marblehead, torpillé par l’ennemi au large de Java mais maintenu à flot et ramené au port grâce au courage de ses matelots.
C’est l’occasion de montrer des images d’actualité du véritable bâtiment lors de son retour au port.
Demeurés dans un petit hôpital dirigé par le Dr Wassell, les blessés attendent le bateau qui doit les rapatrier.
Une mauvaise surprise les attend cependant. Face à la menace des attaques de l’aviation japonaise, le commandant du navire refuse de prendre à bord les blessés invalides.
Demeuré avec deux infirmières et douze blessés, le Dr Wassell apprend avec angoisse l’avancée de l’ennemi et lorsque l’hôpital est bombardé, blessés et soignants sont obligés de fuir.



La volonté de romancer l’histoire et de répondre aux critères du cinéma hollywoodien de l’époque pousse scénariste et réalisateur à développer non pas une mais trois histoires d’amour, parallèlement à l’odyssée proprement dite.
La plus touchante est certainement celle entre un rude soldat américain, Hoppy et la douce infirmière javanaise - qui répond au joli nom de Tremartini (Three Martini) - qui lui a donné son sang pour le sauver. Hoppy Hopkins fait partie des personnages réels de l’histoire du Docteur Wassell dont les noms ont été repris tels quels.





Bien que le film laisse penser à une autre fin pour le sympathique matelot, il sera fait prisonnier par les japonais et rentrera chez lui la guerre finie. Dans les dernières secondes du film, généralement absentes des versions DVD, Ceci B. DeMille précise le devenir d’Hoppy, laissé pourtant dans une situation désespérée.



L’histoire est principalement basée sur le caractère et le courage des divers personnages. Celle du Dr Wassell est racontée via plusieurs flashbacks qui ralentissent un peu le rythme et rendent la partie odyssée peut être un peu courte sur la durée du film, peu de péripéties étant finalement montrées.

Si Cecil B DeMille nous a habitués aux films à grands spectacles, à la figuration grandiose – les deux versions des 10 commandements, Le signe de la Croix, Le roi des rois version muette, Sous le plus grand chapiteau du monde... - , il surprend ici par la sobriété des moyens mis en œuvre. Mise à part la première scène sur le port où blessés et population en fuite embarquent, la figuration est assez réduite et les combats sont montrés de façon assez rapide et simple – explosions et survol par deux ou trois avions -.

Gary Cooper incarne un personnage humain, courageux, idéaliste. Il magnifie le personnage, introduisant certainement une part romancée à l'histoire réelle.
Tous les personnages présentés sont positifs, sympathiques et courageux et l’ennemi n’est jamais montré directement, à part par des feuillages bougeant dans la jungle et par les avions qui bombardent le navire hollandais.



Au final, un beau film dont on pardonnera les longueurs pour se laisser emporter par les personnages, admirer les belles images et partager l’optimisme de ses personnages.


Autre adaptation d'un roman de James Hilton :

La proie du mort

La proie du mort (Rage in Heaven) : une brillante adaptation d'un roman de James Hilton

Affiche La Proie du mortLa proie du mort (Rage in Heaven)- Film de W .S Dycke, 1941

James Hilton, romancier anglais, a écrit plusieurs des grands classiques de la littérature anglaise du XXème siècle, classiques d’autant plus connus qu’ils donneront lieu à de belles adaptations cinématographiques. On retiendra notamment deux grands titres Lost horizons (Horizons perdus) et Good bye Mr Chips (Au revoir M. Chips), qui donneront deux des plus beaux films des années 30.

Le succès de ses écrits permet à Hilton de partir pour Hollywood où il travaillera avec de grands réalisateurs à l’adaptation de plusieurs de ses romans - Lost horizons (Horizons perdus), Random Harvest (Prisonniers du passé), Rage to heaven (La proie du mort), The story of Dr Wassel (l’odyssée du Dr Wassel) et comme scénariste pour plusieurs réalisations – Camille ( Le roman de Marguerite Gautier ), Mrs Miniver (Mme Miniver) ou encore Foreign correspondant (Correspondant 17)-.


Ces romans sont empreints de poésie et de romantisme et souvent de mysticisme. Rage in Heaven (La proie du mort) se place entre le thriller et le drame, bien qu’empruntant certains éléments au film noir (machination, suspense, lyrisme du noir et blanc).
L’adaptation du roman fait penser à l’une de mes meilleures réalisations d’Hitchcock – qui n’en est pourtant pas le réalisateur - tellement l’histoire, le type de personnages et le suspense créé auraient été une source d’inspiration pour le maître. N’oublions pas qu’Hilton avait été scénariste du film Correspondant 17, deuxième film réalisé à Hollywood par Hitchcock.


Résultat d’images pour rage in heaven montgomeryW. S. Van Dyke, connu pour avoir réalisé, entre autres, Tarzan l’homme singe (1932), San Fransisco (1936) et Marie-Antoinette (1938) est à l’œuvre sur La proie du mort, film sorti en 1941.
Le film raconte l’histoire de deux amis d’Université, Philip et Ward, qui se retrouvent à Londres, après des années de séparation. Ward est ingénieur tandis que Philip a hérité de la scierie de son Père. Après plusieurs années en France, ce dernier vient rendre visite à sa Mère et peut être reprendre l’entreprise familiale. Il invite son ami Ward à l’accompagner. Arrivés dans la demeure familiale, les deux amis rencontrent une belle et douce jeune fille, Stella, qui a été recueillie par la Mère de Philip.
Les deux amis tombent immédiatement amoureux de Stella qui marque aussitôt sa préférence pour Ward, au grand mécontentement de Philip qui ne tarde pas à révéler jalousie, nervosité et idées obsessionnelles. Profitant du départ de Ward, il demande à Stella de l’épouser, ce qu’elle accepte un peu trop rapidement.


Commencé comme une histoire sentimentale, le film devient alors plus psychologique, se centrant sur le personnage de Philip dont on suit les changements d’humeur, le cheminement vers une sombre machination destinée à détruire son ami de jeunesse et la femme qui l’a épousé par défaut. Dans ce rôle, Robert Montgomery livre une belle prestation, son personnage bien qu’antipathique séduit et intrigue. Ceci est d’autant plus étonnant que l’acteur ayant été forcé par les studios MGM à faire ce film avait décidé d’en faire le moins possible dans son jeu pour marquer son désaccord…difficile apparemment de s’empêcher d’être un bon acteur !

George Sanders, loin des personnages cyniques et parfois malfaisants qu’il jouera par la suite, interprète le doux et solide Ward. Personnage charmant, gentil et compétent, il possède les qualités que Philip jalouse depuis des années.
Quant on sait que Stella est jouée par Ingrid Bergman, on comprend mieux la référence à l’univers hitchcockien. Timide, naïve, voire un peu sotte, elle révélera finalement une force de caractère inattendue pour sauver l’homme qu’elle aime.

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On pardonnera quelques maladresses du film, le Docteur français joué par un l’acteur autrichien Oskar Homolka, grimé pour l’occasion en une sorte de Dr Freud, ou encore la grève à la fonderie où un petit groupe d’ouvriers en colère investit les bureaux à la façon des révolutionnaires marchant sur Versailles. La scène se termine brusquement en rire général suite au coup de poing asséné par George Sanders à l’un d’entre eux pour les arrêter.

La courte durée du film rend la dernière partie et sa conclusion un peu rapides, comme souvent dans les films de cette époque. Avantage cependant, le film se déroule sans aucun temps mort et on suit avec intérêt l’histoire du trio de personnages.
On notera enfin la belle photographie de d’Olivier T. Marsh, qui nous offre un magnifique noir et blanc dans les scènes nocturnes ou encore dans scènes extérieures ainsi que de belles prises de vue des personnages.
Un petit bijou à découvrir.

La Comtesse : Il y a de la beauté à laisser le temps oeuvrer.

  La Comtesse - Film de Julie Delpy, 2009. Au nord-ouest de la Slovaquie, le Château de Cachtice dresse ses ruines gothiques sur une colline...