Les amours de Salomé : La ville qui changea de nom

Affiche Les amours de SaloméLes amours de Salomé - Film de Charles Lamont, 1945

Ceux qui s’attendent à voir un film biblique retraçant l’histoire de Salomé et de Saint Jean-Baptiste seront sans doute étonnés de se retrouver dès le début de l’histoire à la fin de la Guerre de Sécession, surtout s’ils ont lu en tête de générique le nom d’Yvonne de Carlo, interprète de Sephora, la femme de Moïse dans Les dix commandements ( de Cecil B. De Mille).

La scène d’introduction présente un journaliste, Jim Steed, venu couvrir la retraite du Général Lee. Il rencontre ce faisant un comte allemand Bohlen – je n’ai pas bien compris ce qu’il faisait là, mais bon, vous n’avez encore rien vu- et un jeune soldat confédéré Cleve, qui vit difficilement la fin du conflit et déclare que d’une façon ou d'une autre, il continuera la lutte.
Le film se classerait donc dans la catégorie western…mais en fait pas totalement.


Les Amours de Salomé (Salome, Where She Danced)
Sous nos yeux étonnés, le décor change quelques minutes plus tard pour nous propulser à Vienne où l’on retrouve notre journaliste, venu cette fois-ci s’intéresser à Bismarck et à la rivalité Prusse-Autriche. Il rencontre ainsi, lors d’une soirée théâtrale, la belle Anna Maria qui danse Le beau Danube bleu et la convainc d’espionner Bohlen – vous vous rappelez, le Comte du début de l’histoire - pour connaître les intentions de Bismarck envers l’Autriche.
L’histoire d’espionnage qui s’amorce alors éveille notre intérêt grâce à l’originalité de ce nouveau sujet qui, hélas, n’ira guère loin.
En effet, quelques péripéties plus tard, notre journaliste repart en Amérique, accompagné cette fois d’Anna Maria dont il est tombé amoureux et du compositeur de celle-ci, nous plongeant alors en plein western.


Et Salomé, me direz-vous quel rapport ?
J’y arrive.


Le film est inspiré d’une nouvelle de Michael J. Phillips narrant une légende concernant une ville Drinkmen’s wells dont le nom aurait été changé en Salome where she danced (un peu compliqué comme nom, quand même) suite à l’exploit d’une danseuse qui aurait retenu l’attention d’un groupe de bandits, en interprétant une danse de Salomé tandis que les habitants de la ville s’armaient….Vous suivez toujours ?
Nous retrouvons donc notre trio d’amis qui s’est arrêté dans une petite ville pour mettre sur pied un spectacle intitulé Salomé, où sous les yeux des cow-boys médusés, la belle Yvonne de Carlo interprète une belle et sensuelle danse orientale, interrompue soudain par un groupe de bandits commandés par Cleve – vous vous rappelez, le jeune soldat du début.
Notre héroïne tombe amoureuse du jeune ex-soldat qui l’enlève … Nous avons à peine dépassé une demi-heure du film, je vous laisse découvrir le reste.


Les Amours de Salomé (Salome, Where She Danced)
Duel à l’épée, poursuite à cheval, enlèvement, attaque d’un bateau puis d’une diligence se mêlent joyeusement. De nouveaux personnages originaux font leur apparition : Un docteur chinois – qui fait un peu penser à Fu Manchu mais en gentil -, un Colonel russe…puis voici à nouveau notre Comte autrichien.
Les péripéties se multiplient, on ne sait plus où donner de la tête.


L’ensemble vaut surtout par la présence d’Yvonne de Carlo dont la beauté illumine le film.
Au fil de l’histoire, on prendra plaisir à la regarder danser et chanter, abordant tous les styles : opérette de Strauss, danse de Salomé , danse chinoise…elle régalera même les bandits de la chanson O Tannenbaum- Mon beau sapin (hors de tout contexte de Noël).


Réalisé par Charles Lamont, surtout connu pour la série des films Les deux nigauds, mettant en scène Abbott et Costello (hé oui), le film bénéficie d’un très beau technicolor, de costumes et décors soigneusement conçus et d’une belle figuration….Il manque juste un scénario un peu mieux construit que cette suite d’aventures totalement abracadabrantes.

Harry Potter à l'école des sorciers : Quand le monde de la magie est entré dans votre vie

Affiche Harry Potter à l'école des sorciersHarry Potter à l'école des sorciers, Film de Chris Colombus, 2001.


Si vous guettez le ciel, le matin, en attendant le courrier au lieu de descendre le chercher à votre boîte aux lettres ;
si en balayant la cuisine, vous dites un impérieux « debout » à votre balai pour qu’il s’élève dans les airs ;

si vous tapez sur votre mur avec une baguette en espérant qu’il va s’ouvrir pour vous livrer passage;
si vous regardez les tableaux de votre salon en attendant d’en voir bouger les personnages;
si vous foncez dans le pilier de la Gare en espérant arriver à la voie 9 ¾
et si, devant votre porte d’entrée, vous murmurez Alohomora pour rentrer chez vous…

Alors, c’est certain, le monde de la magie est entré dans votre vie.


Résultat de recherche d'images pour "images harry potter and the philosopher's stone"C’est toujours un plaisir de replonger dans l’univers d’Harry Potter avec une âme d’enfant. Sans avoir grandi avec le personnage, je souris toujours en entendant certains dire que ce film a marqué leur enfance.
Il me semble que cela ne fait pas si longtemps que je suis allée au cinéma découvrir la saga. Aussi en voyant Daniel Radcliffe et ses amis si jeunes, je me dis que finalement le temps a bien passé.

Connaissant le reste de la série, il est intéressant de revenir aux sources pour en revoir l’origine, pour s’étonner de voir nos amis hurler de terreur devant Cerbère, le chien des enfers alors qu’ils verront bien pire, de voir différemment le Professeur Rogue en comprenant qu’il est un personnage central de l’histoire ou encore de saisir le lien si particulier qui unit Harry à Lord Voldemort.
Résultat de recherche d'images pour "images harry potter and the philosopher's stone"
Le 1er film d’Harry Potter n’est certainement pas le meilleur de la série, mais c’est le plus charmant, le plus lumineux. Avant de plonger dans l’univers sombre et souvent morbide de David Yates, Chris Colombus nous envoie dans le monde de l’enfance et du rêve.
On notera cependant que le jeu des jeunes acteurs n’est pas encore toujours très juste mais le film s'appuie également sur des vétérans du cinéma, Richard Harris, Maggie Smith et Alan Rickman.... l’ensemble est ainsi de qualité.

Le film est à voir et à revoir sans recherche de message profond et sans prise de tête, juste pour le plaisir.
Allez, je vous laisse, je vais essayer de changer mon verre d'eau en verre de rosé.

L'aventure vient de la mer : Le souffle de l'aventure

L'aventure vient de la mer - Film de Mitchell Leisen, 1944.
Affiche L'aventure vient de la mer’histoire se passe au XVIIIème siècle, en, Angleterre. Dona St Columb est l’épouse d’un riche noble et mène une vie oisive à Londres. Lasse de la médiocrité de son dandy de mari et désireuse de fuir les assiduités de Lord Rockingam, un ami de celui-ci, elle part s’installer avec ses enfants dans son manoir des Cornouailles.

A son arrivée, elle a la surprise d’être accueillie par un serviteur inconnu, William, à l’accent étranger, au regard malicieux et qui semble diriger à sa guise la maison. Bien loin du flegme attendu d’un parfait serviteur d’un lord anglais, son franc-parler et sa bonhomie plaisent aussitôt à Dona.
Elle comprend cependant qu’en son absence une autre personne occupe les lieux et sa chambre et que William est au service de cet inconnu.
Se promenant dans les bois, elle découvre émerveillée, dissimulé dans une crique, un splendide voilier. Elle en rencontre le capitaine, un séduisant corsaire français Jean Benoit. La Lady et le corsaire, bien que de deux mondes forts éloignés se découvrent un même désir d’évasion, d’indépendance et une soif d’aventures.

Avec Rebecca et L’auberge de la Jamaïque, Daphné du Maurier offre ici son écriture la plus romanesque et passionnée et fait passer dans ce roman un grand souffle d’aventure. On ne saurait imaginer plus belle adaptation ( fuyez le remake de 1999) que le film de Mitchell Leisen servi par des acteurs impeccables et par la beauté des images.

Frenchman’s Creek (1944) Mitchell Leisen, Joan Fontaine ...Le film émerveille littéralement par la flamboyance de la photographie de George Barnes qui nous a déjà offert la beauté des couleurs de films comme Pavillon noir (Franck Borzage), Sindbad (Richard Wallace) et la perfection du noir et blanc dans de magnifiques drames adaptés de romans anglais comme Rebecca (Alfred Hitchcock) ou Jane Eyre (Robert Stevenson).


On remarque la beauté des costumes (robes, dentelles et rubans ) et des couleurs, la profondeur des paysages, l’originalité du manoir dont le grand escalier royal débouche sur la campagne (invitant à l’évasion).
Au cours du film, Dona s’allégera symboliquement de ses atours somptueux pour une tenue plus simple, jusqu’à son délicieux costume de mousse, au bonnet rouge, lorsqu’elle abandonne son identité de la frivole Lady St Columb.
Joan Fontaine est ici éclatante de naturel, tour à tour insouciante, combattive et passionnée. Le couple formé avec Arturo de Cordova – auquel on pardonnera de ressembler plus à un latin lover qu’à un français- est de toute beauté.

On s’amusera de la rencontre entre Sherlock Holmes (Basil Rathbone) et son Dr Watson (Nigel Bruce), tous deux superbement perruqués )… Basil dans son rôle de fourbe qu’il incarne si bien dans les films en costumes (Robin des bois, Le signe de Zorro…) et Nigel Bruce en éternel lourdaud.
Dans le rôle de William, Cecil Kellaway est excellent, son regard et ses remarques accompagnant l’histoire d’amour de Dona et de Jean dont il semble avoir prédit et favorisé la rencontre.

L’univers des corsaires est décrit de façon magnifiée. Les marins sont respectueux, obéissants et travaillent en chantant...même l’abordage du bateau devient un jeu.

Le Capitaine corsaire est un homme délicat et cultivé, lisant des poèmes de Ronsard et s’adonnant au dessin à ses heures perdues.
Dona et Jean s’extasient ensemble à la pensée de mourir pendus côte à côte au même arbre avant que la réalité qui les rattrape ne rende finalement pas cette pensée si heureuse.

La première partie du film se déroule dans une atmosphère d’insouciance avant que le drame ne rattrape les personnages. Le retour inattendu du mari de Dona, Harry, et des amis de celui-ci, venus débusquer le Français, va mettre fin au bonheur parfait des deux héros.
Finalement, peut-on imaginer titre plus rêveur que La crique du français (titre original : Frenchman creek ) ou bien sa magnifique (bien qu’éloignée) traduction, L’aventure vient de la mer .


Si l’aventure sur la mer ne mènera pas Dona aussi loin qu’elle l’aurait souhaitée, son escapade ne durant que quelques jours, ces moments seront intenses en aventures et lui feront vivre la sensation d’avoir enfin pu prendre son envol et s’évader…ce qui sera finalement l’impression ressentie par le spectateur à l’âme romanesque.

Bagarres : Le charme sauvage de la Provence

Affiche BagarresBagarres, film d'Henri Calef, 1948.

Bagarres, d'après un roman de Jean Proal – écrivain provençal – raconte l’histoire d’une belle jeune femme, Carmelle (interprétée par Maria Casarès), qui vit dans une maison isolée près d’un village de la région du Mont Ventoux, le sévère et aride Géant de Provence (son surnom).

Son amant, jacques, la convainc de devenir la servante d’un riche propriétaire, Badasse, pour s’en faire épouser et devenir son héritière. Mais Carmelle est si belle qu’elle éveille le désir et la jalousie de tous les hommes du village comme son patron, tout d’abord, prêt à tout lui donner ou un jeune homme à l’esprit dérangé, Angelin (Mouloudji), qui passe tout le film à commettre des vilenies par amour pour Carmelle (voyeur, incendiaire, dénonciateur et criminel). Les personnages sont durs, passionnés, sans honte d’afficher leurs sentiments.

Jean Proal | Ecrivain d'ombre & de lumière Projection de ...Seuls les deux frères bûcherons, vivant loin du village, apparaissent comme purs et sincères mais seront hélas rattrapés par la tragédie. Vivant au grand air, loin des bavardages et jalousies, Antoine (Roger Pigaut) est sincèrement amoureux de Carmelle tandis que son frère Baptiste (Jean Murat) joue le rôle de protecteur des deux jeunes gens.
Maria Casarès, belle et secrète est trop manipulatrice pour être réellement sympathique mais son amour pour Antoine est sincère.



Mais l’intérêt du film, c’est aussi le charme sauvage de la Provence du Mont Ventoux. Quant on voit Orane Demazis et Edouard Delmont, échappés de la trilogie de Pagnol, on se rappelle soudain que l’on est effectivement en Provence mais bien loin de Marseille et de son soleil radieux. Ici, le climat est rude, l’accent s’y fait à peine entendre. Orane Demazis joue toujours aussi mal mais on a plaisir à retrouver Fanny. Quant à Delmont, le brave marinier de Marius, il joue ici le rôle d’un vieil homme mauvais, tourmenté d’un désir secret pour sa patronne.

Un film assez dur au final mais qui possède un charme certain grâce au jeu intense des acteurs et aux beaux décors naturels de la Provence.
A découvrir.

La Comtesse : Il y a de la beauté à laisser le temps oeuvrer.

  La Comtesse - Film de Julie Delpy, 2009. Au nord-ouest de la Slovaquie, le Château de Cachtice dresse ses ruines gothiques sur une colline...