Ripper Street : Whitechapel , quand rôdait encore le fantôme de Jack the Ripper

Affiche Ripper StreetRipper Street - Série de Richard Warlow, 2012.


L’inspecteur de police Edmund Reid et son équipe de la division H sont chargés de faire régner l’ordre dans le quartier de Whitechapel, à Londres. L’histoire se situe quelques mois après la fin des agissements de Jack the Ripper. Beaucoup de travail est encore à faire pour chasser le crime et la corruption mais Reid garde encore l’espoir fou de résoudre un jour l’affaire Jack l’Eventreur.

Dotée de moyens importants, la série décrit le Londres de la fin du XIXème siècle – de 1889 à 1900 - avec une précision quasi documentaire, abordant tous les thèmes du crime, des conditions sociales ainsi que les progrès scientifiques.
Les personnages principaux ne sont pas que des enquêteurs; ils font partie intégrante de l’histoire et leur portrait est tracé de façon approfondie.
Ripper Street series 5 episode 6 review: Occurrence ...

L’Inspecteur Edmund Reid, personnage central de l’histoire est un policier qui cache ses angoisses et sa fragilité sous une apparente rigidité. Obsédé par la justice, il s’est donné comme mission de débarrasser le quartier de Whitechapel de tout le mal qui y règne. Il est tourmenté par le regret de ne pas avoir réussi à arrêter Jack l’éventreur et par la douleur d’avoir vu sa fille disparaître dans un accident de bateau dont il est miraculeusement ressorti vivant.
La quête de son enfant, peut être encore vivante, sera le fil directeur de la saison 3.
Le Sergent Bennet Drake, qui deviendra plus tard Inspecteur, est le second de Reid. Ancien soldat, il traîne le lourd souvenir des combats qu’il a menés et des massacres auxquels il a participé. Sa fidélité à son chef est totale.

Complétant le trio d’enquêteurs, le Docteur Jackson est américain. Personnage paillard, ivrogne et ayant son franc-parler, il tranche avec ses deux collègues et se moque de l’attachement de Drake envers Reid. Ses échanges verbaux avec Drake sont hauts en couleur et souvent savoureux.
Deux femmes ont également un rôle déterminant. Long Susan, compagne de Jackson, tient une maison close de luxe. Femme d’affaires, elle basculera dans le crime. Ses relations avec Jackson sont houleuses et son amitié avec Edmund ambigüe. Rose, d’abord prostituée chez Susan, est tirée de la prostitution par l’amour que lui porte le sergent Drake. Contrairement aux autres personnages principaux de l’histoire qui comportent tous une part d’ombre, c’est un être simple et sincère.

Ripper Street: Watch an exclusive clip from the series finale
Ripper Street marque par la force de ses histoires, la violence de certains épisodes et les sujets parfois dérangeants qu’ils abordent – gangs d’enfants, monstres de foire, traite des blanches, prostitution...
On notera à ce propos un double épisode d’une qualité exceptionnelle « Blanc comme neige » et « Ne suis-je pas monstrueux ? » Dur et émouvant, il est basé sur le personnage de John Merrick, alias Elephant Man – magnifiquement joué par l’acteur Joseph Drake -, témoin impuissant d’un meurtre dont est accusé Edmund Reid.

Si chaque épisode se veut relativement indépendant, l’ensemble se suivra davantage comme un feuilleton, chaque scène finale entraînant un rebondissement qui annonce la suite. De même, la vie des personnages principaux se mêle étroitement aux enquêtes et au fur et à mesure que l’histoire avance, elle se centre de plus en plus sur ceux-ci, au cœur de plusieurs affaires :
la recherche de la fille de Reid, la tentative d’assassinat dont il est victime, la disparition de Drake….


Image associée
En 2013, au bout de deux saisons, la série est arrêtée par la BBC. Elle sera heureusement reprise par Amazon Video qui développera trois nouvelles saisons, permettant d’offrir une réelle conclusion à la série. Plus classiques, moins violentes et plus centrées sur les héros, les trois saisons supplémentaires nous mènent jusqu’au tournant du siècle.


Ripper Street est donc une série aux épisodes forts et prenants, grâce à la qualité des scénarios, au charisme de ses deux acteurs principaux – Matthew Macfayden en Inspecteur Reid et Jérôme Flynn en Sergent Drake –. Passée trop inaperçue lors de sa diffusion en France, elle constitue sans doute l'une des meilleures séries policières de la décennie.

40 tueurs : Un western original au ton novateur

Quarante tueurs de Samuel Fuller (1957) - Analyse et ...
40 tueurs - Film de Sam Fuller, 1957

Film d’une durée réduite (80 min), tourné en 40 jours (est-ce un clin d’œil ?), on pourrait s’attendre à un classique western de série B ; il n’en est rien tant le film surprend par son ton novateur pour l’époque, loin des classiques du genre, réalisés dans les années 50.
Tourné dans un noir et blanc de toute beauté, le film débute par une superbe séquence d’ouverture où une femme vêtue de noir sur un cheval blanc galope à vive allure à travers la prairie, suivie par 40 cavaliers, en colonne par deux. Un chariot se trouve sur leur passage, mais alors que l’on s’attend à tout instant à une catastrophe, la file s’ouvre en deux pour passer de part et d’autre. L’ensemble est d’abord filmé de très haut, puis se rapproche pour partager l’inquiétude des occupants du chariot que l’on ne distingue d’abord pas précisément. Cette étonnante ouverture donne le ton du film qui se caractérise par son originalité.

On fera alors connaissance avec les occupants du chariot , trois frères dont l’aîné, Griff Bonnell, est un agent fédéral travaillant pour le bureau du Procureur Général. Ils se rendent à Tombstone pour arrêter un individu soupçonné d’avoir attaqué la malle poste. Or, celui-ci fait partie des hommes de la riche Jessica Drummond, qui dirige la région d’une main de fer. Lorsque son frère Brockie est arrêté, Jessica se retrouve face à Griff.

WESTERNCINEMANIA: CENTENÁRIO DE NASCIMENTO DE BARRY ...Le film est avant tout un western psychologique ; alors que l’on attend tout au long de l’histoire un affrontement avec les 40 tueurs, celui-ci n’aura pas lieu. Ceux-ci sont un groupe muet et soumis que l’on ne verra pas commettre d’acte répréhensible, le titre anglais Forty guns ne désignant pas ceux-ci comme des bandits. Le film comporte à cet égard une part de mystère, les plus réfractaires diront de nébulosité, sur l’activité exacte de l’héroïne et de ses hommes. Un seul est désigné comme bandit, faisant l’objet de l’arrivée des trois frères tandis que Brockie se révèle comme un dangereux névrosé tueur.
L’histoire est surtout basée sur les personnages de Jessica et de Griff, de leur affrontement qui se transforme rapidement en histoire d’amour désespérée tandis que la rencontre de Wess, frère de Griff et de Louvenie, fille de l’armurier, se déroule de façon plus classique. Là aussi, le scénario prendra de court le spectateur en offrant des dénouements inattendus.

Les personnages ont des réactions parfois imprévisibles, ce qui permet de nombreux moments surprenants, rendant l’ensemble passionnant à suivre : l’amoureux éconduit, l’embuscade et son dénouement sans compter l’étonnant face-à-face final …autant de moments qui dégagent un réel suspense (que je ne dévoile pas, à dessein).
Certaines scènes sont étonnantes comme celle où Jessica, en magnifique robe du soir préside le repas où les 40 cavaliers, silencieux et respectueux, dînent dans une belle vaisselle. Venu arrêter le bandit qu’il poursuit, Griff découvre stupéfait la scène, sentiment que partage le spectateur.

Le film comporte enfin par son ton et certains plans séquences une introduction inattendue aux westerns italiens, principalement dans la première scène de duel où un long gros plan sur les yeux de Griff puis sur le visage de son adversaire et la lenteur de la scène préfigurent Sergio Leone.
Dans le rôle de Griff, on reconnait Barry Sullivan, dont la carrière s’étend sur cinquante ans et qui constitue une figure familière du grand comme du petit écran, souvent comme second rôle, comme dans Les ensorcelés.
17 Best images about Barbara Stanwyck on Pinterest | Lady ...Gene Barry (qui incarne Wess) est quant à lui bien connu des amateurs de séries des années 60-70 ; il sera notamment le héros de deux séries, L’homme à la Rolls puis L’aventurier.

Terminons par Miss Barbara Stanwyck grande figure du cinéma, qui incarnera tout au long d’une carrière de près de soixante ans (de 1927 à 1985) des rôles de femme fortes, parfois fatales et manipulatrices (comme dans Assurance sur la mort), plus souvent celui de femme aventurière (La reine de la prairie).
Elle joue ici elle-même ses scènes d’action et cascades comme le moment où, le pied coincé dans un étrier, elle se fait tirer sur le sol par son cheval affolé pendant une longue distance.

A 60 ans, elle interprètera le rôle principal de l’excellente série western La grande vallée, où elle dirige une grande propriété, aidée par ses trois fils et sa fille.
 Elle délaisse souvent au fil des épisodes sa somptueuse maison et ses belles robes pour chevaucher encore, tout de noir vêtue (reprenant son image de chef des 40 tueurs) et se dépensant toujours sans compter, refusant la plupart du temps d’être doublée (pour patauger dans l’eau, sauter d’un chariot tiré par des chevaux emballés, ramper dans la boue…..notamment !).

Les quarante tueurs sont donc un excellent western à découvrir, qui peut surprendre par son ton mais dont la belle réalisation et les multiples rebondissements maintiennent l’intérêt jusqu’à l’étonnante scène finale.

Du faste des palais royaux à la misère de Londres

Affiche Le don du roi
Le don du Roi - Film de Michael Hoffman, 1996.

Robert Merivel est un jeune médecin qui termine ses études et travaille au Grand Hôpital de Londres avec son ami John Pearce.
Insouciant et paillard, le jeune homme est plus intéressé par le luxe et les femmes que par sa vocation de médecin. Ayant attiré l’attention du Roi, il découvre, ébloui, les fastes de la Cour et devient médecin officiel des 15 épagneuls royaux. Commence alors une vie de débauche à la cour, Merivel ayant totalement oublié ses livres de médecine, qu’il va d’ailleurs donner à son ami Pearce. On comprend que le destin de Merivel se trouve ailleurs dès lors que l’on commence à parler de la peste qui arrive dans la capitale, en 1660.


Le film est une adaptation du roman de Rose Tremain, publié en 1989. Lu à l’époque, j’avais été captivée par le ton peu commun de ce livre, tour à tour drôle, enlevé puis dramatique et par son étonnant héros.
Visuellement magnifique grâce à la beauté des lieux de tournage et des costumes, le film nous happe par une débauche de magnificence : les fêtes nautiques du Roi qui n’ont rien à envier à celles de Versailles, le magnifique château de Blenheim et ses jardins de rêve, une étonnante salle dédiée aux planètes et au système solaire…
Le film étonne alors par ses changements de ton, nous faisant passer de la luxueuse Cour de Charles II, à un asile d’aliénés puis à Londres dévasté par la peste puis par le feu. Accompagnant ces divers épisodes, l’évolution psychologique du personnage est passionnante. Le héros n’a pas peur d’avouer et de montrer ses faiblesses et face à l’adversité fera ressortir ses qualités et son don pour la médecine.



Morphing Robert Downey Jr - Mes Nuits AméricainesCôté distribution, d’excellents acteurs : Robert Downey Jr dans le rôle de Merivel, Sam Neill –savoureux roi Charles II -, David Thewlis - Pearce, l’ami et la conscience de Robert -, Hugh Grant dans le court rôle d’un peintre précieux, Polly Walker – la belle maîtresse du roi, fausse épouse de Robert-, Meg Ryan – la première patiente et second amour de notre héros … sans oublier l’impeccable Ian MacKellen en serviteur fidèle.

Ce film, injustement méconnu, remportera deux oscars amplement mérités en 1996, celui de la meilleure direction artistique et celui de la meilleure création de costumes. Je le recommande fortement.

L'ennemi public : le Bébé frénétique


Affiche L'Ennemi public
L'ennemi public - Film de Don Siegel, 1957

Mickey Rooney fait partie des enfants stars d’Hollywood lancés très jeunes dans le cinéma. Ces enfants, repérés très tôt et venant souvent de familles d’artistes savaient tout faire : chanter, danser, jouer la comédie ou faire pleurer. On pense à Shirley Temple, à Judy Garland, à Jackie Cooper…ou encore à Mickey Rooney.
Ce dernier représente une des carrières d’acteurs les plus longues de l’histoire du cinéma puisqu’il débuta à l’âge de 2 ans pour tourner – avec moins de régularité, l’âge avançant – jusqu’en 2014, l’année de sa mort, à 93 ans.
Incarnant un éternel adolescent dans toute une série de comédies des années 30 aux années 50, son visage poupin, son regard pétillant de malice et sa bonne humeur font merveille, surtout aux côtés de Judy Garland. Leur duo plein d’allant, chantant et dansant, incarne toute la joie de vivre du cinéma de ces années-là.

Mickey incarne ici un personnage réel, Lester Nelson Gillis, l’ennemi public n°1 en 1934, en raison d’une liste bien fournie de méfaits : attaques de banques, meurtre d’un policier, assassinats divers et surnommé Baby Face en raison de sa petite taille, de son visage d’enfant et de son jeune âge ( sa « carrière » s’arrêtera à 25 ans sous les balles de la police).
On comprend un peu mieux le choix de Mickey Rooney pour ce rôle. A 37 ans, s’étant arrondi mais ayant gardé son visage poupin et son agilité, Mickey incarne avec conviction le rôle du jeune gangster.

Le film se présente comme une chronique des derniers mois de sa vie, alors que sorti de prison, il retrouve sa petite amie Sue qui va l’accompagner dans sa cavale sanglante. On retrouve dans ce rôle Carolyn Jones, Morticia dans la série La famille Adams, qui contemple d’un regard attendri son Bébé incontrôlable.
Le film, réalisé de façon très classique par Don Siegel est centré tout entier sur le couple et présente une succession de scènes, sans réaliser réellement de liens entre elles. On pourra reprocher au film, qui se regarde néanmoins sans ennui, de ne pas vraiment susciter d’angoisse ou d’émotion, mais de compter uniquement sur la performance d’acteur de Mickey Rooney.
On assiste alors surpris aux méfaits d’un Bébé frénétique, qui abat en ricanant ses rivaux, attaque les banques, descend un policier et trépigne d’impatience à l’idée de ses actions à venir.
Mais vous l'avez compris, ceci est un raccourci saisissant d'un film au final plutôt correctement réalisé et intéressant à découvrir.

La Comtesse : Il y a de la beauté à laisser le temps oeuvrer.

  La Comtesse - Film de Julie Delpy, 2009. Au nord-ouest de la Slovaquie, le Château de Cachtice dresse ses ruines gothiques sur une colline...