La planète des singes - Film de Matt Reeves, 2017.
Quinze ans après le début du virus mortel qui a décimé la plus grande partie de la population (même les villes ont, semble-t-il, complètement disparu), le singe César et son peuple se sont réfugiés dans la forêt. Suite à un raid sanglant des hommes sur son refuge, sa femme et son fils sont tués. Accompagné de ses trois fidèles compagnons, César entame donc un périple afin de retrouver le Colonel assassin, tandis que le peuple singe commence son long exode. Tous se retrouveront finalement dans la base où le Colonel, accompagné d’une troupe bien entraînée, a fait prisonniers les singes en exode. Tout est en place pour l’apocalypse finale ou plutôt, comme mentionné par un graffiti sur les murs du tunnel emprunté par nos héros, pour l’ape-calypse.En effet, les références cinématographiques sont nombreuses et on s’amusera au fil de l’histoire à retrouver des grands classiques tels Le pont de la rivière Kwai, La grande évasion, Ben Hur, Apocalypse now et ses hélicoptères et surtout Les 10 commandements lorsque César libère son peuple de l’esclavage et le conduit vers la Terre Promise.
Lors d'une projection spéciale à Paris, le réalisateur Matt Reeves a d’ailleurs expliqué que son co-scénariste Mark Bombak et lui, avant d’écrire le scénario du film, ont visionné pendant plusieurs jours divers grands classiques du cinéma, afin d’alimenter leur inspiration et d’enrichir le film.
Diverses allusions à la série de films originale peuvent aussi être repérées. César est le nom du singe (joué par Roddy McDowall) qui conduit la révolte contre les hommes dans la conquête de la planète des singes tandis que Le jeune fils de César se nomme Cornélius, tout comme le chimpanzé ( incarné là encore par Roddy McDowall dans La planète des singes en 1968). On notera aussi que le nom de la petite fille Nova est celui que Taylor (Charlton Heston) donne à la jeune femme muette qui part avec lui à la fin du premier film.
Les auteurs entraînent rapidement le spectateur à prendre parti pour les singes alors que la séance introductive montrant le massacre des soldats et la capture des quatre survivants nous fait d’abord trembler pour la situation de ceux-ci. Dès l’arrivée de César qui fait preuve de mansuétude en libérant les captifs puis qui retrouve avec émotion son fils et ses amis, le ton est donné. Les agresseurs sont les humains venus déloger et massacrer ce peuple de la forêt où il s’est réfugié L’arrivée d’une émouvante petite fille muette recueillie par l'orang-outang Maurice augmente notre empathie.
C’est sans doute là que se situe le principal défaut du film, celui du trait très manichéen donnant peu de nuances à ses personnages, sauf à César partagé entre son désir de paix et sa soif de vengeance.
Le seul homme qui possède de l’humanité et laisse transparaitre ses sentiments grâce à plusieurs gros plans sur son visage terrifié ou bouleversé, est le soldat Preacher, épargné par César et que l’on retrouvera tout au long du film. On attend un éventuel retournement de sa part, qui hélas ne viendra pas. On l’a bien compris, l’Homme est mauvais et seule une innocente petite fille mérite d’être sauvée
Le film constitue également une violente critique de l’armée américaine ; le drapeau est détourné et l’hymne accompagne les vociférations des soldats criant leur haine du peuple singe et la volonté de survie de la race humaine. Les allusions politiques sont lourdes ainsi que le message écologique (fortement présent déjà dans le roman de Pierre Boulle).
Côté visuel, le film est prodigieux, améliorant encore si c’est possible la perfection technique de l’animation des singes couplée au jeu des acteurs qui les incarnent, Andy Serkis faisant passer tout un ensemble de sentiments sur le visage de César. On n’oubliera pas non plus les superbes paysages canadiens tranchant avec la noirceur de la base militaire où les singes sont enfermés.
La trilogie s’achève donc en apothéose, pour ne pas dire en apocalypse, au terme de 2 h 20 d’un spectacle qui nous cloue dans nos fauteuils.
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