The greatest showman : Barnum et la véritable histoire du Général Tom Pouce

The greatest showman - Film de Michael Gracey, 2017.
Affiche The Greatest Showman


Le nom de Charles Sherwood Stratton, dit Général Tom Pouce, est aujourd’hui à peu près oublié. Pourtant, cet artiste de cirque, pilier du cirque Barnum, a eu un destin peu commun.

Lilliputien, Stratton commence à 5 ans, en 1843, à se produire dans le cirque Barnum, chantant, dansant et imitant des personnages. Il jouera, encore enfant, sur diverses scènes de théâtre, des spectacles adaptés de contes de fées comme Tom Pouce ou Les bottes de sept lieux.
Barnum le présente comme plus âgé afin de ne pas être accusé de faire travailler un enfant et pour accroître le phénomène de nanisme. Sa carrière sera, non pas celle d’une attraction de cirque, mais celle d’un véritable acteur, artiste complet et reconnu tel quel par des grands critiques théâtraux de l’époque. A 20 ans, il mesure 86 cm, il continuera une très lente croissance jusqu’à sa mort en 1883.

Sa renommée en Amérique puis à travers l’Europe, où Barnum l’emmène en tournée, sera phénoménale.


Afficher l’image sourceTom Pouce fait la une des journaux partout où il passe. Il sera présenté à plusieurs têtes couronnées d’Europe, notamment à la Reine Victoria qui lui décerne le grade de Général.

Barnum propose dans son cirque des phénomènes réels (nains, géants, femme à barbe, homme entièrement tatoué, homme- chien à la pilosité phénoménale… ) et tout un ensemble de supercheries comme la sirène des Fidji, mi-poisson mi-orang-outan (hé oui !), des sœurs siamoises (en fait des jumelles), ou encore la supposée Nourrice de Georges Washington âgée de 161 ans ( !) Son objectif, faire rêver, qu’importe la réalité !

Ses spectacles deviennent de plus en plus démesurés, proposant des curiosités (fausses ou réelles), trois pistes de cirque à la fois – voir le film Sous le plus grand chapiteau du monde (The greatest show on earth ) de Cécil B. de Mille, tourné en 1952-, et une multitude d’animaux – dont cinquante éléphants -.

Avant même d’avoir atteint l’âge adulte, Stratton a déjà amassé, grâce à ses spectacles, une belle fortune qui lui aurait permis de se retirer ; il continue cependant de tourner avec le spectacle Barnum, attirant les foules et devenant la plus belle publicité du cirque.

Afficher l’image sourceAprès avoir épousé Lavinia Warren qui se produit également dans le spectacle des lilliputiens, il se retire finalement, après près de 40 ans de carrière, dans une belle maison aux meubles miniatures.


Devenu sans doute millionnaire, Stratton soutiendra même Barnum financièrement lorsque le cirque commencera à avoir des difficultés, devenant associé de son ancien patron qui se lance dans de gigantesques et coûteuses entreprises, pour accroître la taille de ses spectacles.

General Tom Pouce a aujourd’hui sa statue à Bridgeport.


Le film est l’occasion d’évoquer l’univers étonnant de Barnum et du Général Tom Pouce.

Il se centre sur les débuts de Phinéas Barnum, son enfance pauvre et la rencontre de la fortunée jeune fille Charity, qui sera la femme de sa vie. Passionné par les contes, les histoires étranges et l’insolite, Phinéas a l’idée de créer un musée des curiosités.
Croisant par hasard un jeune garçon de petite taille – Stratton -, il propose à celui-ci de se produire dans son musée en habit de général et de parader sur un beau cheval blanc. On remarquera qu’ici Stratton est âgé de 21 ans, comme son interprète, alors qu’il avait 5 ans à sa première apparition sur scène-.
Séduit, Stratton accepte, bientôt rejoint par tout un ensemble de personnages étranges. Le musée, qui prend rapidement le nom de cirque, sera l’occasion pour ces Freaks de relever la tête, de montrer leurs talents et d’assumer leurs différences.

Le film présente une version magnifiée de l’homme de spectacle, gommant les supercheries mises en place pour ne retenir que sa mise en avant des phénomènes (les Freaks) auxquels il va offrir ainsi la chance d’assumer et même d’arborer avec fierté leurs différences.

La question d’exploitation de monstres de foires, comme cela a certainement été le cas, au moins en partie et comme cela s’est produit dans d’autres contextes et contrées, n’est même pas posée.

Résultat de recherche d'images pour "the greatest showman"Le sympathique, souriant et chantant Hugh Jackman, entraîne aussitôt la sympathie du spectateur, qui ne peut donc pas le voir comme un profiteur de la misère humaine.

C’est sans doute là le principal reproche que l’on pourra faire ici, surtout si l’on s’attend à voir un biopic sur la vie de Barnum. Tel n’est pas, de tout évidence l’objectif du réalisateur. On a bien ici une comédie musicale, où Hugh Jackman qui s’est déjà illustré avec succès dans ce domaine ( notamment dans les célèbres comédies Carrousel, Oklahoma ou encore Sunset Boulevard) chante et danse avec aisance et talent.


La musique résolument moderne dans les parties "show" et les danses qui l’accompagnent surprennent au premier abord, car elles paraissent anachroniques, tandis que les autres parties chantées et dansées se trouvent plus dans la tradition des comédies musicales. Le duo de compositeurs Benj Pasek et Justin Paul, qui a déjà œuvré sur La La Land, est ici aux commandes.

Résultat de recherche d'images pour "the greatest showman hugh jackman danses"Il s’ensuit un spectacle haut en couleurs, aux beaux décors, mené avec rythme et proposant un réel divertissement de qualité sans moments véritablement pénibles et sans prise de tête. Les difficultés et tragédies glissent rapidement pour ne retenir que les instants de joie et de gloire….N’est-ce pas au fond cela, à la base, une comédie musicale ?

La fabuleuse histoire de la MGM : Partie 3

Affiche MGM : When the lion roars
La fabuleuse histoire de la MGM : Partie 3 - Film de Franck Martin, 1992.

Le lion en hiver
En refermant les grilles de la MGM à la fin du 2nd volet du documentaire, Patrick Stewart nous annonçait déjà la période sombre qui allait suivre et précipiter la firme vers un lent déclin.

Pourtant, au lendemain de la guerre, s’ouvre pour la MGM un âge d’or. Elle enchaîne en effet les comédies musicales (Le chant du Missouri, Chantons sous la pluie, Escale à Hollywood..), les grands films familiaux (Les quatre filles du Dr March, Le courage de Lassie), les drames ou les films d’aventures (Quo Vadis, Les mines du Roi Salomon).
Le star system tourne à plein grâce à un ensemble de vedettes qui constituent des valeurs sûres (Gene Kelly, Spencer Tracy, Ava Gardner ou Judy Garland, pour ne citer qu’eux).

Meet Me in St. Louis | Comet Over Hollywood
A la recherche du « meilleur » (sans jeu de mots) dans tous les domaines : orchestres symphoniques accompagnant les comédies musicales, recherche des meilleurs auteurs, photographes, décorateurs, acteurs et actrices, mise en place des plus grands décors…, Louis B. Mayer dépense des sommes folles dans ses somptueuses réalisations, nous offrant ainsi l’âge d’or des comédies musicales : Un américain à Paris, Ziegfield follies, Le chant du Missouri, Le pirate.

Les studios travaillent sans recherche de rentabilité et face à une nouvelle concurrence qui se développe rapidement, et vide en partie les salles de cinéma, celle de la télévision.

Le début des années 50 voit l’arrivée aux studios du producteur Dore Schary, venu épauler Mayer. La forte mésentente entre les deux hommes vient de leurs différences créatives et idéologiques concernant le cinéma, Schary privilégiant la recherche d’un réalisme et les films à message, ce qui s’oppose totalement à la vision des studios.

Le documentaire prend ainsi ouvertement parti pour Louis B. Mayer dont le portrait à charge des deux précédents volets, insistant sur sa tyrannie et sa méchanceté, s’atténue ici pour insister sur son amour des films beaux à regarder, à caractère familial.
« Je ne veux que des films que je pourrais voir avec mes filles » déclarait-il.
Il cédera finalement et quittera la MGM en 1951, au désarroi d’une grande partie du personnel.

Si les grandes productions continuent à être tournées, entrecoupées de films à message chers au cœur de Schary, les profits se font de plus en plus maigres et, en 1957, après la sortie de L’arbre de vie d’Edward Dmytryk, la MGM, pour la première fois de son histoire, est en déficit. 

Le déclin, amorcé après le départ de Mayer va alors s’accélérer, avec une réduction des coûts qui s’accompagne du licenciement d’une partie du personnel et le non renouvellement des contrats de certaines des stars mythiques qui avaient enchanté les années 40 et 50 (Clark Gable, Esther Williams, Spencer Tracy, Robert Taylor, June Allyson…)

Dore Schary est à son tour licencié et s’ouvre une nouvelle ère, accompagnant le changement d’époque. Le cinéma descend à présent dans la rue et quitte les studios ; les grands plateaux et décors sont laissés à l’abandon.
Rompant avec la flamboyance des comédies musicales et autres somptueuses réalisations de l’Ere Mayer, on retourne au réalisme, à la rue .. .et au noir et blanc.
Graine de violence et Marqué par la haine traduisent bien –déjà par leur titre - cette tendance, avec l’arrivée d’une nouvelle génération d’acteurs, souvent issus de l’Actor’studio tels Marlon Brando, Paul Newman ou James Dean. Ils représentent des personnages plus actuels, écorchés vifs, reflets des problèmes de société et de l’état d’esprit d’une certaine jeunesse des années 50-60.

Le brusque passage vers ce style de cinéma fait un choc certain dans le documentaire et nous arrache une grimace ou un soupir de déception, malgré la qualité de certaines de ces réalisations.
Voir toutes les photos du film Ben-Hur et affiches ...
La fin des années 50 marque ainsi la fin du règne de la MGM. Dans le domaine des comédies musicales, le délicieux Gigi sera son chant du cygne. Pourtant, quelques grands succès sont encore à venir, maintenant à flot les studios pendant une dizaine d’années, et parmi eux une des plus grandes réalisations de l’histoire de la MGM, Ben Hur de William Wyler.

Grâce à son immense succès, Ben Hur permet à la firme de retrouver certains bénéfices, mais les dettes s’accumuleront au fil des années. Les studios passent alors aux mains d’investisseurs plus intéressés par la marque MGM que par des nouvelles réalisations et surtout peu intéressés par les immenses studios de Los Angeles.

Des moments forts tristes, mélancoliquement commentés par les témoins du documentaire (Mickey Rooney, Ricardo Montalban, June Allyson..) sont alors montrés : vente aux enchères du patrimoine jusqu’ici soigneusement conservé de l’histoire du cinéma, comme les souliers de rubis de Judy Garland dans Le magicien d’Oz, destruction des gigantesques décors eux aussi soigneusement gardés jusqu’à présent et démontage des lettres marquant le nom des studios MGM .
Seul Ted Turner, magnat des médias, tentera, dans les années 80, de sauvegarder les productions de la MGM, mais il devra vite céder sous le poids des dettes. Il revend toutes les activités pour ne conserver que les droits sur les milliers de films produits par le studio.

En refermant assez tristement le documentaire, Patrick Stewart veut cependant nous laisser sur une note optimiste, celle de la conservation des images tournées au fil du temps, éternellement conservées via les supports modernes et dont on pourra continuer longtemps à se délecter.
Le documentaire se clôture par un rapide résumé des grands moments du studio : Mickey Rooney et Judy Garland arrivent en bondissant et en chantant, Gene Kelly danse sous la pluie, Roddy MacDowall étreint Lassie retrouvée, Elizabeth Taylor galope aux bords de l’océan….Cette avalanche d’images accroît encore la nostalgie d’un âge d’or passé et on essuiera une larme à revoir des morceaux de ces films qui invitent au rêve, loin de la médiocrité d’une partie du cinéma actuel.


Le documentaire fini, je me suis précipitée sur mon grand livre racontant l’histoire de la MGM – La fabuleuse histoire de la MGM en 1714 films de John Douglas Eames – afin de me replonger dans l’atmosphère de ces années fastueuses.

A la fin de l’introduction, je suis tombée sur cette très belle devise, illustrant la ligne de conduite de la MGM et bien digne de refermer la critique de ce superbe documentaire: « Travailler dans le beau…, dans le grand…., dans la classe ! »


Parties 1 et 2 à retrouver ici :

nb : Les studios de la MGM sont devenus aujourd’hui les Sony Pictures Studios suite au rachat du groupe en 2005.

La fabuleuse histoire de la MGM : Partie 2

Affiche MGM : When the lion roars
La fabuleuse histoire de la MGM : Partie 2, Film de Franck Martin, 1992.

Le 1er volet du documentaire s’est achevé très tristement en 1936 avec la mort  d'Irving Thalberg, le jeune prodige de la MGM.

Patrick Stewart nous ouvre à nouveau les portes vers le renouveau du studio, qui après avoir pleuré son jeune producteur, se tourne vers son avenir…une page est tournée, mais le meilleur reste encore à venir.

Le 2nd volet s’attache principalement aux stars du studio et à ce renouveau. On découvre ainsi les enfants stars que Mayer va découvrir et attirer à la MGM.
On suit particulièrement trois d’entre eux, à travers leurs films puis témoignages à l’âge mur : le timide et émouvant Freddie Bartholomew (David Copperfield, Le petit Lord Fauntleroy), le tour à tour amusant et larmoyant Jackie Cooper (L’île au trésor, Le champion) et l’incontrôlable et surdoué Mickey Rooney (Des Homme sont nés, Babes in arms) qui crève littéralement l’écran.
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Et quand le surdoué Mickey rencontre la surdouée Judy Garland, leur duo de chant, danse et comédie, fait merveille à travers toute une série de comédies.
Car l’époque des années 30-40 est aussi celle des comédies musicales réalisées à grande échelle, surtout prétextes à d’éblouissants numéros et à une débauche de décors et moyens.


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On essuiera une larme au bel hommage rendu à Judy Garland à travers notamment Le magicien d’Oz et au témoignage de Mickey Rooney, qui des années plus tard, évoque, les larmes aux yeux, sa merveilleuse complicité avec Judy et son amour éternel pour elle.
Tourné en 1939, Le magicien d’Oz évoque bien le passage à la couleur et le recours à des procédés comme le technicolor qui mettra encore plus en valeur la féérie des comédies musicales. Fort adroitement, le film commence en noir et blanc pour passer à un éblouissant technicolor à l’arrivée de Dorothy au pays d’Oz.


Lors de l’entrée en guerre des USA, les studios MGM se transforment en gigantesque machine de propagande pour soutenir le moral des troupes et louer les valeurs patriotiques et familiales. Et tandis que stars et anonymes de la MGM partent au combat, certains se couvrant particulièrement de gloire (comme James Stewart, Robert Montgomery et Clark Gable), les films prenant pour thèmes la guerre ou la famille se multiplient.
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Ce second volet centré principalement sur les stars d’Hollywood et les divers métiers des studios (photographes, costumiers..) développe davantage que dans le 1er volet les extraits de films, nous permettant de revoir de grands moments de cinéma : Le baiser passionné de Rhett et de Scarlett devant l’incendie d’Atlanta dans Autant en emporte le vent, le retour de Lassie chien fidèle avec l’émouvant moment de ses retrouvailles avec Roddy MacDowall ou encore la belle chanson Over the rainbow chantée par Judy Garland dans Le magicien d’Oz.

Les témoignages venant à l’appui des divers films sont toujours très présents mais moins longs que dans le 1er volet.

Seule la dernière partie évoquant la guerre, acquiert un aspect plus documentaire historique, en présentant de nombreuses images d’archives et extraits d’actualité.

En refermant une seconde fois dans son décor de rêve les grilles qui matérialisent l’entrée de la MGM, Patrick Stewart nous annonce déjà les nuages qui vont rapidement commencer à s’amonceler dans le ciel radieux de la MGM, à l’aube des années 50.

A suivre……
Partie 1 à lire : la-fabuleuse-histoire-de-la-mgm-partie-1

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