Les aventures de Sherlock Holmes : Voyage au pays de l'holmésologie

Affiche Les Aventures de Sherlock HolmesLes aventures de Sherlock Holmes, série de Michael cox, 1984.

"L'holmésologie" est née dans les années 30. Les admirateurs du héros de Conan Doyle commencent alors à s'organiser dans des clubs, d'abord anglais puis partout dans le Monde.
On compterait aujourd'hui plus de 300 clubs et sociétés sur les cinq continents.
Les holmésiens dévorent les aventures de Sherlock Holmes et tous les écrits qui y ont trait, reconstituent en costumes victoriens les meilleurs histoires et collectionnent tous les objets liés à cet univers. Les plus accros vont adopter dans leur style de vie certains accessoires (casquette, pipe, violon...). 
Ils croient d'ailleurs à l'existence de Holmes et cherchent des preuves de sa réalité. Un courrier volumineux continue d'arriver au 221 bis Baker Street à Londres.

Des live city games sont organisés, le dernier en date en France, "La disparition de Watson", entraîne les fans à la découverte de Paris jusqu'au 27 septembre 2020. Moriarty - toujours vivant, les grands méchants ont la peau dure  ! - a enlevé le Dr Watson. Les fans doivent aider Sherlock à le délivrer.
Statue de Sherlock Holmes à Edimbourg - wikipedia

Sherlock Holmes a fait l'objet d'un nombre d'écrits et d'adaptations innombrables.
En 1984, alors que le grand détective avait déjà pris une multitude de visages au cinéma, à la télévision et au théâtre, arrive l'adaptation la plus fidèle et complète jamais faite des écrits de Conan Doyle, portée par un acteur impeccable, vivante incarnation du personnage de roman, Jeremy Brett.

Acteur shakespearien, il débute au cinéma dans les années 60, notamment dans My Fair lady. Il est pressenti pour incarner James Bond en remplacement de Sean Connery. Il tournera plusieurs téléfilms et séries classiques, notamment une excellente adaptation de Rebecca, roman de Daphné du Maurier.
Son interprétation de Sherlock Holmes le marquera tout le reste de sa vie. Totalement identifié à son personnage, il n'aura hélas pas le temps de tourner l'ensemble des adaptations des nouvelles de Sherlock Holmes, comme cela avait été prévu par la société de production Granada.

La série se décompose en quatre saisons et cinq téléfilms, tournés de 1984 à 1994. Les saisons ont des noms différents, inspirés des romans - ensemble de plusieurs nouvelles - : Les aventures de Sherlock Holmes, Le retour de Sherlock Holmes, Les archives de Sherlock Holmes et Les mémoires de Sherlock Holmes.

Des 60 nouvelles représentant le "canon holmésien", Granada Production en tournera 41, jusqu'au décès de son acteur principal.

La série a bénéficié d'importants moyens, permettant une fidèle reconstitution de l'époque victorienne. On appréciera notamment la nombreuse figuration peuplant les rues où sont reconstituées de nombreuses scènes de la vie quotidienne : les petits métiers, le trafic des calèches, les gamins des rues ...
La série quitte aussi souvent la ville pour nous promener dans la campagne, à la découverte notamment de vieux manoirs. On se trouvera ainsi aussi bien dans l'aristocratie britannique que dans les bas-fonds londoniens, lieux toujours reconstitués et animés avec précision.
On notera une recherche d'esthétisme dans la photographie, surtout présente dans la dernière saison, à travers des jeux de transparence et reflets.

Les histoires comportent pour la plupart une première partie à Baker street, où Holmes et Watson reçoivent leur client ou un télégramme urgent, souvent de bon matin. L'enquête est alors exposée, prétexte aussi à un savoureux jeu d'acteur de Jeremy Brett qui écoute avec passion, soupire de lassitude quand l'histoire est trop longue, voire même semble s'endormir...selon son interlocuteur.

Après une éventuelle phase de réflexion accompagnée parfois de violon, de cigare ou  d'expériences de chimie - réflexion se terminant généralement par la pièce envahie de fumée ou jonchée des papiers fouillés par le détective -, un départ précipité a lieu pour rejoindre le lieu d'enquête.

Les lecteurs des aventures de Sherlock Homes sont familiers de ces deux rythmes caractéristiques, la phase d'exposé et de réflexion puis la phase d'action - qui peut parfois être violente - comme la poursuite sur la lande dans "Le chien des baskervilles", la délivrance mouvementée et tragique de "L'interprète grec" ou encore le tragique final du "Dernier problème".

Jeremy Brett ne craint pas de montrer tous les défauts de son personnage, sa froideur et son impolitesse, comme lorsqu'il congédie d'un geste de main ses visiteurs avant de leur tourner le dos.
A ses côtés, le Dr Watson incarne son complément positif, poli, attentionné et émotif. Il sera incarné par deux acteurs, tous deux très attachants, David Burke puis Edward Hardwicke. 
Premier Watson de la série, David Burke la quitte au bout d'une saison pour intégrer la Royal Shakespeare Company, suggérant pour le remplacer un autre comédien, lui aussi issu du théâtre. Edward Hardwicke, fils de l'acteur Cedric Hardwicke - Quasimodo, Les 10 commandements... -, interprète un Docteur plus mûr que son prédécesseur, mais le physique et le style des deux acteurs sont très proches.
On ne s'étonnera donc pas, avec ces trois acteurs shakespeariens, du côté parfois un peu théâtral du jeu de Sherlock et de ses deux Watson(s), assorti d'une diction parfaite et d'une grande aisance.

Les divers épisodes se caractérisent par une grande fidélité aux oeuvres d'origine, leurs qualités sont différentes, privilégiant plus ou moins l'action, le dramatique et le côté mystérieux. Les enquêtes sont toujours marquées par l'étrange, l'insolite, partant souvent d'un fait simple pour déboucher sur meurtres et histoires criminelles diverses. 

On citera par exemple l'amusant épisode "La ligue des rouquins" où un mystérieux individu fait passer une annonce pour recruter un homme roux, entraînant l'arrivée de tous les rouquins du pays venus postuler. L'homme recruté se trouve alors à recopier toute une encyclopédie dans un bureau désert. Après une des rares scènes de fou rire de nos deux héros, le grand détective comprend que derrière ce fait anodin, se prépare quelque chose de beaucoup plus grave.

Pour finir, un petit aperçu des meilleurs épisodes de la série 

Pour Les aventures de Sherlock Holmes
- Scandale en Bohème où Sherlock rencontre la mystérieuse Irène Adler, une adversaire à sa taille.
- L'escarboucle bleue, superbe épisode de Noël victorien, où nos héros sont sur la piste d'un diamant 
- La ligue des rouquins, un des épisodes les plus amusants de la série.
Le dernier problème
- Le dernier problème, qui nous conduit en Suisse pour un final éblouissant avec l'ignoble Moriarty.

Pour le retour de Sherlock holmes :
- La maison vide où l'on assiste à la résurrection de notre héros, dans une belle scène de retrouvailles avec son vieux complice Watson
- L'aventure du pied du diable, l'épisode le plus dramatique de la série, où Holmes malade - comme son interprète soigné pour dépression et problèmes cardiaques - est aux prises avec une drogue mystérieuse dans Les Cornouailles.
- Les six Napoléons où un maniaque s'en prend à une série de bustes de Napoléon, s'introduisant chez leurs propriétaires pour réduire leurs statues en miettes.

Pour Les archives de Sherlock Holmes :
L'énigme du Pont de Thor
- L'énigme du Pont de Thor, magnifique histoire de vengeance d'une femme, aux origines brésiliennes, envers la gouvernante des enfants de son époux
- Le mystère de l'anthropoïde, amusante histoire où nos héros sont la poursuite d'une créature mystérieuse
- Le mystère de Shoscombe, belle promenade dans la campagne anglaise et dans un château dont la maîtresse des lieux a étrangement changé (suspens)

Pour Les mémoires de Sherlock Holmes :
- Le Cercle rouge, une histoire de mafia haletante

Difficile enfin de manquer le superbe téléfilm du Chien des Baskervilles qui nous conduit dans les Moors pour la meilleure des aventures du célèbre détective.

Vous l'avez compris, pour tous les amoureux de Sherlock Holmes et des belles séries anglaises, totalement incontournable !

Chapeau melon et bottes de cuir ( The Avengers) : We're needeed

Affiche Chapeau melon et bottes de cuir
Chapeau melon et bottes de cuir ( The Avengers) - série de Sydney Newman et Brian Clemens, 1961



Série so british, Chapeau melon et bottes de cuir est une production mythique de la télévision. Sans doute les jeunes générations qui la découvriront aujourd'hui risquent de la considérer comme une sorte d'Ovni, aux histoires totalement farfelues. Une condition première au visionnage de la série est d'adhérer à son humour nonsense, à ses situations extravagantes et à ses dialogues parfois un peu irréels.

La série suit un certain nombre de règles immuables :
- On meurt proprement, sans trace de sang.
- Les rues sont vides.
- Les héros gardent leur flegme britannique en toutes circonstances.
- Ils ne salissent jamais leurs habits.
- L'humour permet de réagir aux situations les plus graves ( danger imminent, découverte d'un cadavre...).
- Les soviétiques sont des ennemis de la Grande-Bretagne et rêvent d'envahir celle-ci, d'où le recours à de nombreux espions, facilement repérables à leur accent.
- Le monde des Avengers est peuplé de personnages plus ou moins fous, du moins souvent originaux, le fantasque étant considéré comme une qualité première.

Agents secrets dévoués à leur pays, the avengers sont un duo d'agents secrets chargés d'enquêter sur meurtres et disparitions étranges et de déjouer les complots d'agents ennemis de l'Angleterre. John Steed et sa partenaire - Cathy, Emma puis Tara - ont une relation complice, amicale et peut-être amoureuse. Les dialogues à double sens et l'ironie font merveille et laissent parfois le spectateur interrogatif. 

Chapeau Melon et Bottes de Cuir - AFDS.tv - Aux Frontières Des SériesThe avengers nous ramène presque aux débuts des séries télévisées anglaises avec la première saison tournée en direct en studio, en 1961, avec des moyens très limités. John Steed n'en est pas le personnage principal mais il est le comparse du Dr David Keel, héros des 25 premiers épisodes. 

Suite au départ de Ian Hendry, interprète du Dr Keel, John Steed devient le personnage principal de la série, bientôt rejoint par Cathy Gale. Tous deux vont donner un style à la série grâce à un duo original, Patrick MacNee parfait gentleman britannique et Honor Blackman, femme moderne et sexy. Le titre français Chapeau melon et bottes de cuir, bien que fort éloigné du titre original, a l'intérêt de poser les bases du style de ce couple d'avengers.

L'arrivée au scénario et à la production de Brian Clemens - scénariste de plusieurs autres séries à succès dont Amicalement vôtre, Les professionnels ou encore Perry Mason - permet d'augmenter la qualité des scénarios et confère à la série un style qui va perdurer au fil des saisons.
Emma Peel - Femelle électrique
Mais The Avengers, c'est bien entendu par dessus tout le délicieux personnage d'Emma Peel, interprété par la comédienne shakespearienne Diana Rigg, qui dépassera la notoriété d'Honor Blackman, principalement hors Angleterre, les épisodes des premières saisons étant restés peu ou pour la plupart pas du tout diffusés en France.

La complicité évidente des personnages ( et acteurs), les sous-entendus et l'humour, la série ne voulant jamais montrer John et Emma comme un couple, mais laissant au spectateur le soin d'imaginer, contribuent grandement au succès des saisons 4 et 5 dans lesquelles joue Diana Rigg.

Ces saisons sont sans doute aussi celles où l'originalité des histoires, les personnages fantasques et le caractère nonsense des situations sont les plus poussées.
S5a CPM 06 A 10 - VideoToute une gallerie de personnages se déroule devant nos yeux, l'ancien chef de gare qui reconstitue gare et voyage en train dans son manoir, le colonel enregistrant ses mémoires de guerre en revivant les batailles dans son salon, l'ornithologue qui fait la classe à ses élèves oiseaux, l'ophtalmo dont le tableau de lettres de test de vue est remplacé par des chapeaux de toutes sortes, l'école des nounous s'entraînant à se croiser en poussant leur landau ou en calmant Bébé....La liste est longue et chaque fan pourra penser à tel ou tel personnage.

Les méchants se révèlent également savoureux et la série saura de temps à autre faire appel à des acteurs connus. On pourra citer Christopher Lee ou Peter Cushing qui font tous deux un passage remarqué dans la série.
La série Chapeau melon et bottes de cuir est-elle toujours ...La diversité des histoires est également remarquable et là aussi chaque fan délirera sur son épisode préféré. 
La saison 6 voit hélas le départ de Diana Rigg, remplacée par la pétulante Linda Thorson. Si la série nous réserve encore quelques bons épisodes et beaucoup de délire, il semble bien que la belle époque soit révolue, la qualité de l'ensemble s'en ressent.

Parmi les meilleurs épisodes, Je retiendrais pour ma part - le choix est difficile - 4 épisodes, issus des saisons 4 et 5 :

- The House that Jack built (L'héritage diabolique) où Emma se retrouve prisonnière d'une maison aux mécanismes étranges, où qu'elle se rende, elle se retrouve toujours au même endroit devant une angoissante machine....un magnifique scénario pour un épisode haletant.
- A touch of brimstone (le club de l'Enfer) où nos deux héros se retrouvent aux prises avec un club de jeunes gens débauchés qui recréent un club diabolique du 18ème siècle. L'occasion de scènes au sadisme inusité à la télévision de l'époque et une tenue ultra sexy de Reine du pêché pour Diana Rigg...un épisode inoubliable.
- Escape in time (Remontons le temps) : Des espions disparaissent dans le temps. En remontant la filière, John et Emma retrouvent le même inquiétant personnage, sous des costumes d'époques diverses. Un des épisodes les plus originaux et palpitants.
- The joker ( le joker) : Emma est une nouvelle fois prise au piège dans un inquiétant manoir, habité par des personnages à moitié fous et inquiétants. Un scénario impeccable pour un épisode marquant.
......

Chapeau melon et bottes de cuir - Faites de beaux rêves - EurochannelGrande série de la télévision britannique, The avengers n'est pas sans rappeler par son style : originalité, humour et nonsense, un autre grand monument du mondes des séries, Dr Who. Son mélange d'aventures, d'histoires d'espionnage et science fiction permet à la série de développer des thèmes multiples, d'où la diversité de ses histoires. Ancrée dans son époque, elle dégage un doux parfum de nostalgie et se revisionne aujourd'hui avec toujours autant de plaisir. 



Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...