Prince Bajaja : Une tradition de Noël, les pohádky

Prince Bajaja - Film d'Antonin Kachlik, 1971.

Affiche Le Prince Bajaja
Chaque année, en ce mois de décembre, se replonger dans le monde des contes et légendes des pays est un joli moyen de fêter l’esprit de Noël, l’hiver, les jolies traditions et le monde de l’enfance, plus ou moins lointain chez les uns et les autres. 


Films et téléfilms tchèques illustrent à merveille cette tendance, à travers la tradition des pohádky  diffusés chaque Noël par  la télévision tchèque. 
Ces contes de fées, souvent tournés dans des forteresses imposantes dominant de superbes forêts de sapin,  invitent au rêve. Belles princesses, beaux chevaliers, ou héros d’origine modeste au cœur valeureux, nous entraînent dans des histoires issues du folklore d’Europe centrale ou du nord.

Parmi les auteurs de ces contes, Bozena Nemcová, femme écrivain autrichienne du 19ème siècle, a fourni matière à de nombreuses adaptations en films et téléfilms au travers de ses nouvelles et romans, adaptés de contes et traditions populaires, 

Trois noisettes pour Cendrillon, version tchèque du conte de Grimm est l’exemple le plus fameux de ces contes de fées adaptés des écrits de  Bozena Nemcová et tournés dans les magnifiques paysages et les beaux châteaux d’Europe centrale. On pourra citer aussi Les douze mois, La princesse en or ou encore Prince Bajaja.


Připadal mi nezničitelný, vzpomíná herečka Vášáryová na ...
Remake d’un classique du cinéma d’animation en marionnettes  réalisé par Jiří Trnka en 1950, Prince Bajaja reprend avec bonheur ce conte traditionnel en version non animée.

L’histoire est celle d’un jeune prince qui, suite à la mort de ses parents, quitte son château qui semble abandonné pour partir à l’aventure. En chemin, il sauve un magnifique cheval blanc qui s’avère être magique des mains d’un cruel chevalier.
Sur les conseils de son cheval magique, le prince se déguise en jardinier borgne et muet pour rentrer au service d’une belle princesse, brièvement rencontrée et dont il est tombé aussitôt amoureux. 

Bajaja étant le seul mot qu’il prononce, il est surnommé ainsi par la princesse qui, se prenant d’amitié pour lui et amusée par son don pour les acrobaties et le mime, le prend auprès d’elle comme bouffon et confident. Notre héros devra sauver sa belle des griffes d’un dragon et conquérir son amour sans dévoiler son identité, s’il veut prouver sa valeur.

Prince Bajaja émerveille par ses costumes et décors médiévaux et par le charme de son histoire. Arborant un ton plus sérieux et parfois un rythme plus lent que les habituels contes de fées pour enfants, le film ne génère cependant aucun ennui grâce aux diverses aventures vécues par le héros et aux éléments clés des contes de fées : prince déguisé, belle princesse promise à l’affreux dragon, épreuves initiatiques accomplies par le héros avant de pouvoir conquérir sa belle. 

On pourra tout au plus reprocher au film la faiblesse de ses effets spéciaux et un pauvre dragon à trois têtes des plus comiques, aux têtes d’oiseaux plus que de dragons et crachant une pauvre fumée, à défaut de flammes. 


Le film bénéficie de plus de l’interprétation de qualité de l’acteur slovaque Ivan Palúch dans le rôle de Bajaja, tour à tour prince voyageur, jardinier, bouffon et glorieux chevalier. Dans le rôle de la princesse Slavna, on retrouve Magda Vásáryová, actrice, ambassadrice et femme politique slovaque (elle sera présidente à l’élection présidentielle de 1999).

Pour les enfants et les adultes qui ont gardé une âme d’enfant, Prince Bajaja est à découvrir de tout urgence pour se plonger dans l’atmosphère des fêtes de fin d’année.

A tous un Joyeux Noël et de très belles fêtes !!


Gandhi : Gandhi et mon devoir d'Histoire

Gandhi - Film de Richard Attenborough, 1982

Affiche Gandhi
Ou comment Gandhi m'a valu une mauvaise note en Histoire...


Passionnée d'Histoire, j'ai toujours aimé, durant mes études, cette matière qui, jusqu'en classe de terminale, m'a toujours permis d'obtenir de jolies notes.
Me voilà donc un jour en devoir d'Histoire avec le thème suivant "Gandhi et la non-violence".


Quelques années auparavant, j'avais été au cinéma voir le film d'Attenborough et avait pu en apprendre plus sur le personnage de Gandhi à travers ce film grandiose, à la précision quasi documentaire, plutôt long et académique.


J'avais aussi retenu du film les foules immenses ayant servi de figuration, 400 000 personnes ayant répondu à l'appel lancé dans la presse pour venir, le jour anniversaire de la mort de Gandhi, tourner la scène des funérailles.

The Roles of a Lifetime: Ben Kingsley :: Movies ...
Mais le film Gandhi, c'est aussi, et peut être avant tout l'interprétation inspirée de Ben Kingsley, lui-même d'origine indienne par son Père - son véritable nom est Krishna Bhanji - et dont la ressemblance avec le Mahadma est tout simplement hallucinante.


J'avais ensuite lu la biographie du grand homme, un copain m'ayant fait ce cadeau pour mon Anniversaire...peut-être pas le cadeau rêvé à recevoir dans ce cas à 17 ans mais très bien pour ma culture.

Forte de ma connaissance du sujet qui dépassait ainsi largement le cours que notre Prof nous avait dispensé, je me lançais donc très motivée dans la rédaction d'un très joli devoir, agrémentant celui-ci d'anecdotes et éléments puisés à la fois dans le film et dans la biographie.
Afin de suivre à la lettre les grands principes de la rédaction d'une dissertation : thèse, antithèse et synthèse, je développais alors une partie plus critique sur les éventuelles implications de la politique de non-violence - notamment en termes de pertes de vies humaines- et sur les limites du jeûne comme action contestataire.


Il ne me restait plus qu'à attendre le résultat de mon devoir, qui d'après moi, méritait au moins un joli 18/20.


Quelques jours plus tard, une copie barrée de traits vengeurs sur la partie antithèse m'était rendue avec une note très moyenne, me renvoyant à davantage d'humilité.
Le commentaire "Vous n'avez rien compris" récompensait mes efforts de réflexion sur le sujet.


Conclusion, un grand homme est un grand homme. Chercher, très modestement dans le cas cité, à en montrer les faiblesses, les motivations et quelque part aussi le côté humain est une hérésie.
Je n'irais pas jusqu'à dire que réfléchir dans un devoir surtout en émettant une pensée qui n'est pas celle du Prof est aussi une hérésie !


Et je laisse pour finir la parole à Gandhi lui-même :
"Chacun a raison de son propre point de vue, mais il n'est pas impossible que tout le monde ait tort".

Big Fish : Inventer sa vie

Big Fish - Film de Tim Burton, 2003.


Affiche Big FishJe me suis parfois demandé si Tim Burton ne venait pas d’une autre planète ou peut-être qu’il y vit, nous proposant des univers étranges, déjantés, un goût pour le gothique, l’humour noir, le macabre et des films sortant vraiment de l’ordinaire.

Il est certain que le début de l’histoire de Big Fish est assez surprenant. A l’instar du fils du héros, lassé par moments des histoires farfelues et décousues racontées par son Père, même sur son lit de mort, l’esprit logique se demandera dans quel style de film il est tombé.

Nous voici donc dans un monde peuplé de personnages farfelus, à la découverte d’un héros étonnant et décalé, qui entraîne la sympathie du spectateur.


On pense à un autre Edward, celui aux mains d’argent, tour à tour coqueluche de tout le quartier résidentiel où il arrive par hasard, puis monstre de Frankenstein que les villageois en colère sont prêts à brûler dans son château.


El Maravilloso Mundo de Tim Burton: Big FishConte initiatique, Big Fish se veut construit comme une chronique où l’on suit l’itinéraire moitié fantaisiste – moitié réel (on ne sait pas réellement la part de chacune) du personnage tandis que diverses scènes nous ramènent à l’instant présent, instant dramatique où un fils assiste aux derniers jours de son Père.


Le film n’est cependant pas larmoyant et garde un optimisme qui baigne l’ensemble, jusqu’à une conclusion à la fois attendue et surprenante (je n’en dis pas plus).


Edward rencontre une sorcière dans une petite maison près de la rivière, fait la connaissance des années plus tard, près de la même rivière, d’un géant de près de 3 mètres, va travailler avec lui dans un cirque, saute en parachute en Asie au milieu de soldats ennemis et s’enfuit avec des soeurs siamoises, rachète sa ville pour la sauver de la faillite…..

Les histoires s’enchaînent parfois sans lien réel. Edward conserve sa bonne humeur, ne s’étonnant de rien. 
Dans le rôle d’Edward jeune homme, Ewan McGregor incarne avec bonheur ce personnage étonnant, sympathique, au sourire d’éternel adolescent tandis qu’Albert Finney nous conduit à la fin de vie de son héros.


Big Fish (2003) -[ Ful' lMov' ie ] English Subtitles - YouTube
Burton délaisse ici l’univers gothique et sombre de Sleepy Hollow, d’Alice et de Sweeny Todd, pour un monde coloré, aux couleurs chaudes et aux images lumineuses.
Big Fish n’est bien sûr pas exempt de défauts ; l’histoire en forme de flashbacks et le caractère assez décousu des différentes étapes de la vie du conteur, risquent de décontenancer.
Lorsque l’histoire se met en place, on se laisse cependant emporter.

On sourit aux aventures et mésaventures de son héros, à la constance d’Ewan McGregor en amoureux, de son étonnant parachutage en Asie ou de sa lutte avec l’énorme poisson qui donne son titre au film.

On s’aperçoit finalement, qu’à l’opposé du fils d’Edward, peu nous importe de savoir la part de vérité des aventures qui nous sont montrées et celle de rêve ou d’affabulation de son héros.

Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...