The Scarlet Pimpernel (Le mouron rouge) : Sir Percy, Un Zorro dans la Révolution française

Affiche The Scarlet Pimpernel
The Scarlet Pimpernel (Le mouron rouge) - Téléfilm de Clive Donner, 1982.

En 1792, sous le règne de la Terreur, le sanglant Robespierre signe à tour de bras des ordres d'exécution envoyant à la guillotine aristocrates et suspects divers, offrant un spectacle sans cesse renouvelé au bon peuple de Paris, réjoui de voir tomber les têtes.

Un jeune couple d'aristocrates et leur enfant sont sauvés in extremis alors qu'ils vont monter dans la charrette. Des hommes déguisés les dissimulent dans des cercueils puis les emmènent à l'abri loin de Paris. Le chef des inconnus, méconnaissable sous son déguisement d'homme du peuple, se nomme Percy.

On le retrouve juste après dans un beau salon, superbement vêtu et déclamant un poème d'une voix snob. Elegant jusqu'au bout des ongles, soucieux de son apparence et insouciant des drames ambiants, le riche Sir Percival Blakeney mène joyeuse vie avec un petit groupe d'amis.

Au théâtre, il rencontre une magnifique jeune actrice, Marguerite qui est séduite par son élégance et son bagout, tout en devinant sous son air d'homme futile, quelqu'un de plus profond.

Percy se trouve en concurrence avec un sombre individu, Chauvelin, qui se trouve être le bras droit de Robespierre. Ami d'enfance de Marguerite, il souhaite l'épouser et cherche également à faire tomber la tête des amis français de Percy.

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Anthony Andrews et Jane Seymour
Un intéressant jeu de rôles fait d'espionnages, de trahisons et de coups de force va se dérouler entre les protagonistes.

Le téléfilm de Clive Donner est une adaptation de deux romans de la Baronne d'Orczy, auteur et peintre britannique - originaire de Hongrie - qui invente en 1905 le personnage du Mouron rouge - The Scarlet Pimpernel -, allusion à une petite fleur des champs inoffensive mais dont la couleur écarlate répond au rouge révolutionnaire.
La Baronne Orczy écrira sur plus de 35 ans une suite de romans -16 au total - mettant en scène Sir Percy. Il deviendront un classique de la littérature anglaise.

Parallèlement, une adaptation théâtrale est créée. Elle sera jouée à Londres sans interruption pendant des années - plus de 2 000 fois -.



Johnston McCulley s'inspirera de ce personnage pour inventer celui de Zorro, Diego dissimulant également son identité de justicier sous des airs de préciosité et d'insouciance.


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Ian McKellen et Jane Seymour
Le Mouron rouge se présente comme une histoire grave - comme l'illustre la terrible scène d'ouverture - cachée sous des airs de quasi comédie, comme le montrent les divers déguisements du héros et ses traits d'esprit.
Série de romans à charge contre la Révolution française dont elle montre le côté le plus hideux et sanglant, elle n'est pas non plus très tendre avec les français puisqu'il faut un petit groupe de jeunes nobles anglais idéalistes pour venir sauver des aristocrates français, ceux-ci étant présentés comme des victimes apeurées.

The Scarlet Pimpernel donnera lieu à diverses adaptations au cinéma, à la télévision, au théâtre et sous forme de bande dessinée dans Le journal de Mickey.
Leslie Howard et Raymond Massey, version de 1934.
La version la plus connue est celle tournée par Harold Young en 1934 avec Leslie Howard et Merle Oberon. Citons aussi la version tournée par Michael Powell en 1954 avec David Niven dans le rôle titre. Plus proche de nous, en 1999-2000, la BBC produira une nouvelle version de l'histoire du Mouron rouge.

Oeil rieur, sourire ironique et diction précieuse, Anthony Andrews campe un magnifique Sir Percy, dont les bons mots fusent et qui récite avec panache le quatrain, issu du roman de la Baronne d'Orczy, qui définit le mystérieux personnage :


"Est-il ici, serait-il là ?

Les Français tremblent dès qu'il bouge.
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Duel - Anthony Andrews et Ian McKellen

Satan lui-même le créa,
L'insaisissable Mouron rouge".


A ses côtés, la belle Jane Seymour incarne l'actrice Marguerite Saint-Juste qui va connaître avec Percy une histoire d'amour des plus mouvementées.

On retrouve aussi avec plaisir Ian Mac Kellen - bien avant Gandalf le magicien de Tolkien - dans le rôle du révolutionnaire tourmenté Chauvelin, amoureux transi et traître.


Réalisé avec les moyens d'une grande production, le téléfilm séduit par ses décors, sa figuration et ses costumes. Tony Curtis en est le Producteur artistique. Le tournage sera réalisé dans plusieurs châteaux anglais dont Blenheim et la Forteresse Lindisfarn d'Holy Island.
L'histoire se suit avec grand plaisir et on pardonnera certaines invraisemblances - comme la libre circulation des nobles anglais à Paris et les aller-retours apparemment faciles entre L'Angleterre et la France - ainsi que les libertés prises avec la réalité historique - notamment concernant le petit prisonnier du Temple -.

Un très bon téléfilm donc, aux moyens conséquents, qui donne envie de se plonger dans les romans d'origine et de découvrir d'autres versions de cette histoire trépidante.

Ulysse : Kirk défie les dieux

Affiche Ulysse
Ulysse - Film de Mario Camerini, 1954.


Le terme péplum semble bien désuet aujourd’hui et il évoque chez beaucoup des héros en petite jupette ou des drapés élégants sur corps musclés et belles sylphides, héros et héroïnes qui vont connaître des aventures mythologiques, subir l’explosion du Vésuve ou se battre dans des guerres puniques.
Mais le péplum évoque aussi des grands films bibliques, sous-genre du péplum, et acquiert une dimension épique, romantique et religieuse dans ces sommets que sont Ben Hur, Quo Vadis ou Les 10 commandements.

Le cinéma italien, terre de prédilection du genre, va produire plus de 180 péplums entre 1946 et 1966. Avant de se tourner vers les westerns et les films du genre giallo, généralement moins coûteux, l’Italie va se passionner pour ce style qu’elle commence à exploiter dès les débuts du cinéma.
Les réalisateurs des années 10-20 rivalisent en effet déjà des deux côtés de l’Atlantique dans ce domaine, ce qui laisse rêveur sur le nombre de films tournés. Cecil B. De Mille réalise aux Etats-Unis toute une série de péplums, faisant construire de gigantesques décors près de Los Angeles et dirigeant des milliers de figurants dans Les Dix commandements – 1923 – ou Le Roi des rois -1927-.

Affiche du film "Cabiria" de Giovanni Pastrone (Italie, 1914)
Cabiria - Giovanni Pastrone, 1914

En Autriche, Michael Curtiz réalise Sodome et Gomorre puis L’esclave reine, battant même Cecil B. de Mille dans le gigantisme de ses tournages – j’avais déjà évoqué les monumentales réalisations du muet et leurs prodigieuses figurations dans ma critique de L’esclave reine, film réunissant 5 000 figurants-.
En Italie Giovanni Patrone tourne en 1914 le gigantesque Cabiria, considéré comme un modèle du genre.

Les péplums italiens se raréfient cependant jusqu’aux années 50 où les grandes réalisations américaines vont faire renaître le style.
Les nombreuses productions vont se révéler de qualités très diverses selon le genre de péplum : héros mythologiques, films bibliques ou films historiques.


Ercole contro Molock (1963) Gordon Scott
Hercule contre Moloch - Giorgio Ferroni, 1963

De multiples acteurs vont traverser le péplum italien, qu’ils en aient fait leur spécialité comme Steeve Reeves ou Gordon Scott (ci-contre), ou qu’ils soient simplement passés comme Michèle Morgan, Michel Simon ou encore, plus surprenant, Serge Gainsbourg, qui figurera dans trois d’entre eux (je vous laisse rechercher les noms).



Kirk Douglas lui-même va s’essayer au genre, lui donnant un de ses rôles les plus enthousiasmants et le motivant sans doute par la suite à tourner Spartacus.
Voir Kirk tourner dans un film italien peut surprendre au milieu de sa filmographie, principalement américaine. La raison porte un nom, Pier Angeli, rencontrée lors du tournage du film à sketches Histoire de trois amours de Vincente Minnelli et Gottfried Reinhardt, où Kirk incarne un trapéziste amoureux de sa partenaire. Suivant Pier en Europe, il aura l’occasion d’y tourner trois films, et rencontrera celle qui deviendra sa femme pour les 67 ans à venir, Anne Buydens.

Revenons-en à présent au péplum tourné par Kirk en 1953, Ulysse, réalisé par Mario Camerini et financé par les studios hollywoodiens.
Le film mêle les genres mythologie, fantasy, aventures et drame. Inspiré des écrits d’Homère, il se centre sur la destinée d’Ulysse, après le siège de Troie, où grâce à sa ruse, il réussit à vaincre les troyens. Personnage orgueilleux et incontrôlable, il va alors défier les dieux, notamment Poséidon, ce qui est, bien sûr, une erreur fatale lorsque l’on doit entreprendre un long voyage en mer. L’absence d’Ulysse durera vingt ans.


Le film s’attache tout d’abord à nous présenter le personnage de Pénélope, belle et digne femme, toujours fidèle à son lointain époux, bien qu’assiégée par une meute de prétendants avides et paillards.
Ses pensées vont toujours vers Ulysse que l’on découvre bientôt échoué seul sur une plage, ayant perdu ses compagnons et sa mémoire.
Son épopée nous sera racontée alors que ses souvenirs reviennent peu à peu, un jour qu’il contemple la mer, le jour même où il s’apprête à épouser la belle Nausicaa, fille du Roi du lieu.


Réalisé avec des moyens plutôt limités, le film présente de manière concise, un peu trop parfois, quelques-unes des aventures du héros. Son style de narration, ses couleurs et décors ainsi que la présence de deux grands acteurs américains – Kirk Douglas est accompagné d’Anthony Quinn – permettent de donner une dimension épique et une réelle qualité au film, malgré sa durée assez courte.
Les aventures liées au Cyclope, aux Sirènes, à Circé et à Nausicaa sont les seuls épisodes qui seront évoqués, parfois de façon assez détaillée, notamment la rencontre de Polyphème, parfois de façon plus concise, comme le séjour chez Circé.
On pardonnera certaines naïvetés du scénario comme le jus de raisin, devenant instantanément du vin qui rendra le Cyclope totalement ivre.


Certains moments sont particulièrement réussis comme l’histoire du rocher des sirènes où l’image d’Ulysse, ligoté au mat pour s’empêcher de répondre à l’appel des tentatrices, demeure dans les mémoires.

Sourire carnassier, regard ardent et frénésie quasi incessante – sauf lorsqu’il se réveille amnésique -, Kirk Douglas campe un Ulysse particulièrement réussi et marquant.
Sylvana Mangano dans le double rôle de Pénélope et de Circé est impériale et Anthony Quinn en prétendant plein de morgue est étincelant.


Un beau classique du film d’aventures et du péplum.

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A lire :

The Paradise : Zola à la façon anglaise

Affiche The Paradise
The Paradise - série de Bill Gallagher, 2012.

Il est peut être souhaitable, en visionnant cette superbe série de la BBC, d'oublier pudiquement la référence au Bonheur des dames d'Emile Zola car, si on y retrouve quelques personnages ainsi que le propos de départ - les débuts des grands magasins et de la grande distribution en cette fin du XIXe siècle, causant la fin des petits commerces traditionnels - , on s'éloigne souvent de ce sujet pour se centrer sur le côté romantique de l'histoire.

L'histoire est transposée dans la ville de Peebles, en Ecosse, où arrive Denise Lovett, venue habiter avec son oncle et l'aider à tenir sa petite boutique de vêtements.
Dès son arrivée, Denise est séduite par la beauté du grand magasin qui fait face à la boutique, véritable paradis du luxe et de l'élégance, d'où le nom de l'enseigne, The Paradise.
La société élégante de la ville se déverse dans ce somptueux sanctuaire où John Moray, le séduisant patron, accueille les clients - surtout clientes -, assisté d'une équipe de gracieuses vendeuses.

John met au point toute une série d'innovations commerciales destinées à séduire sa clientèle : promotions, journées à thèmes, création d'univers, publicité...
Sentant la fin de son magasin proche, Lovett pousse sa nièce à aller travailler au Paradis. Elle y devient la muse de Moray, apportant de nombreuses idées et devenant le bras droit de son employeur, qu'elle complète à merveille dans sa vision moderne du commerce.



Denise tombe aussitôt amoureuse de John, mais celui-ci, d'abord par fidélité envers sa femme récemment décédée puis par intérêt pour la riche Catherine, fille de son principal investisseur, refuse de voir les sentiments de Denise.


Les premiers épisodes se déroulent de façon assez indépendantes, basés sur les diverses idées de John et de Denise
Le Château de Lambton a été utilisé comme décor du magasin Le Paradis, dirigé par John Moray. En parallèle, une rue victorienne a été reconstituée avec un soin minutieux.

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L'univers est riche, coloré, la reconstitution minutieuse et la figuration nombreuse. Le Paradis et ses environs s'animent d'une foule de personnages et on s'attache, au fil des épisodes, au petit monde qui gravite autour de nos héros : Miss Audrey - responsable du rayon confection -, Pauline et Clara - les vendeuses -, l'astucieux et amusant Sam, l'inquiétant Jonas qui veille jalousement sur Le Paradis...
Dans la saison 2 apparaît un nouveau personnage détestable mais hélas omniprésent, Weston, le mari de Catherine. Jaloux de Moray dont sa femme est toujours restée amoureuse, il va s'acharner à le détruire, le dépossédant de son magasin et cherchant à le séparer de Denise.

Cette seconde saison tourne un peu en rond et l'intérêt décroît au fil des épisodes. mieux vaut donc se concentrer et rester sur l'impression de cette première et attachante saison.
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L'actrice écossaise Joanna Vanderham interprète le rôle de Denise Lovett, la belle héroïne, passionnée par son métier et dont l'ambition va la séparer de plus en plus de John qu'elle va commencer à éclipser.

Emun Elliott interprète le rôle de Moray, près à sacrifier sa carrière par amour et dont la relation avec Denise est à la fois fusionnelle et empreinte de rivalité.

Une belle série historique comme la BBC sait si bien les faire.

La vie passionnée de Vincent Van Gogh : Mon hommage à Kirk Douglas

Affiche La Vie passionnée de Vincent van GoghLa vie passionnée de Vincent Van Gogh - Film de Vincente Minnelli, 1956.

Kirk Douglas a rejoint le firmament des étoiles d'Hollywood ce 5 février 2020, à l'âge de 103 ans. Faisant partie des dernières légendes de l'âge d'or hollywoodien, il a illuminé de sa présence des films aux styles très divers : films d'aventures, westerns, films policiers, films de guerre ou films d'anticipation.
Il entre avec passion dans ses rôles qu'il interprète souvent avec frénésie : on se souvient de son Ulysse bondissant et déchaîné, de son Einar incontrôlable et démoniaque dans Les Vikings, de son Rick Martin jouant avec frénésie de la trompette dans La femme aux chimères et de son Van Gogh halluciné, plus vrai que nature.

Artiste engagé et rebelle, il s'émancipe des studios pour avoir sa liberté de tourner, fait un pied de nez à l'Académie des Oscars qui lui a refusé trois fois la récompense du meilleur acteur, chantant avec son ami Burt Lancaster "It’s great not to be nominated" lors de la cérémonie de 1958.
Il joue les esclaves révoltés dans Spartacus, engageant le blacklisté Dalton Trumbo comme scénariste.

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Les ensorcelés (The bad and the beautiful - Vincente Minnelli, 1952 
Mais Kirk, c'est surtout la fossette au menton, le sourire carnassier, le bagout. En producteur manipulateur des Ensorcelés ou en entrepreneur avide dans La vallée des géants, il incarne aussi des personnages prêts à tout pour réussir, usant de leur charme ravageur auprès des femmes, étourdissant leur entourage par leur don pour la parole et n'hésitant pas parfois à mentir. Impossible cependant d'éprouver de l'antipathie pour ces personnages, tant le charme agit aussi sur le spectateur.
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Ulysse - Mario Camerini, 1954

Il sera de même un étourdissant Ulysse entraînant ses compagnons dans de fabuleuses aventures mythologiques, défiant les dieux, aveuglant le Cyclope et finissant par décimer les avides prétendants de la belle Pénélope.

Passée cette éblouissante époque du cinéma des années 50-60 et la maturité venue, Kirk va tourner des films très différents, moins étincelants, se lançant notamment dans des films de science fiction plus ou moins réussis comme Fury ou Holocauste 2000 et tournant jusqu'en 2008.

Il consacrera les dernières années de sa vie active à l'écriture de plusieurs romans autobiographiques, dont le dernier, paru en 2012 raconte le tournage de Spartacus (I am Spartacus).


Intéressons-nous à présent à l'un des rôles les plus prodigieux de Kirk, qu'il tient dans La vie passionnée de Vincent Van Gogh.
Fasciné par le peintre en qui il se reconnaît à la fois physiquement et dans sa passion pour son art, Kirk acquiert les droits sur la biographie écrite par Irvin Stone; Vincente Minnelli en sera le réalisateur.


Le personnage de Vincent va habiter Kirk et le hanter. S'étant trop identifié à son personnage, il craindra parfois d'avoir l'oreille coupée et emportera un peu de la folie du peintre hors des plateaux. Comme il le déclarera par la suite, "Je sais que je ne suis pas Ulysse, mais Van Gogh, je n'en suis pas certain."
Le Vincent de Kirk est dévoré par son art, il peint avec frénésie jour et nuit, parfois du sublime, parfois du plus maladroit mais dans des couleurs lumineuses où le bleu et le jaune dominent. Il fonctionne par coup de coeur ou coup de tête à chaque nouvelle découverte : le monde ouvrier, les paysages lumineux de la Provence, les couleurs des fleurs....ses yeux ne voient qu'à travers la peinture.

Résultat de recherche d'images pour "kirk douglas dans van gogh"Personnage incontrôlable, il lasse bien vite le paisible et ordonné Gauguin - incarné par un solide Anthony Quinn - et se raccroche désespérément à son fidèle frère Théo qui lui assurera son existence. Van Gogh ne vendra dans toute sa vie qu'un seul tableau et ne gagnera jamais d'autre argent de son art.
Le personnage surprend aussi par son réalisme à une époque où le cinéma hollywoodien présente des héros propres sur eux dans les pires situations. Nous sommes, rappelons-le, dans une biographie et Kirk-Vincent ne craint pas de se montrer hirsute, sale, vivant comme dans une porcherie -remarque faite par son frère Théo venu le voir -, lorsqu'il décide de vivre comme les mineurs, et souvent pleurnichard.

Pourtant la flamboyance minnellienne apparaît dans la réalisation.

Le film est conçu lui-même comme une succession de tableaux, où l'on retrouve l'oeil d'artiste et le goût du beau de Vincente Minnelli.
Résultat de recherche d'images pour "la vei passionnée de vincent van gogh"Bien que tournées en partie dans les lieux mêmes où Van Gogh a vécu - Le Grand Hornu en Belgique, Arles, Auvers-sur-Oise...-, plusieurs scènes sont réalisées devant des décors peints, ce qui accentue le côté tableau vivant du film mais enlève aussi une part d'authenticité aux lieux de tournage. On peut parfois le regretter.


La ressemblance physique de Kirk avec Vincent est hallucinante et on ressent aussi son exaltation face aux beautés de la nature qu'il va peindre. Parcourant les routes de la campagne arlésienne ou ouvrant sa fenêtre de l'asile de Saint-Rémy-de-Provence, il découvre les merveilles du paysage provençal (arbres de Judée, mûriers, abricotiers...) et le bleu intense du ciel.
Puis vient le moment où génie créatif et folie se mélangent, où le peintre est vaincu par ses démons. L'artiste s'efface alors devant l'homme qui court vers sa destruction.
Un film aux accents souvent lyriques où Kirk Douglas s'est jeté corps et âme, au point de presque en perdre la tête.

Résultat de recherche d'images pour "kirk douglas"Rassurons-nous, de nombreuses années lui restaient encore à vivre et beaucoup de films à tourner.

Il rejoint à présent les nombreuses étoiles du vieil Hollywood qui continuent encore de briller, grâce à la magie du cinéma.

Bonne route, Mr Douglas !

La Reine des neiges : L'âge d'or du cinéma d'animation russe

La Reine des neiges - Film de Lev Atamanov, 1957.

Affiche La Reine des NeigesEn 1959, un des cinéastes du cinéma d'animation les plus connus en Russie adapte un des chefs d'oeuvre de Christian Andersen, La Reine des neiges.
Lev Atamanov est un des fondateurs de l'art d'animation soviétique et un des artistes les plus connus ayant oeuvré dans les studios Soyuzmultfilm, créés en 1936. Les années 50-60 marquent l'apogée de ces studios, qui emploieront jusqu'à 700 personnes et ont produit jusqu'à ce jour près de 1 600 films.

Les adaptations de contes traditionnels figurent parmi les plus belles réussites du studio : La fleur écarlate, Les cygnes sauvages, La petite sirène, Poucette, Les douze mois...
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La fleur écarlate - 1952






Atamanov réalisera notamment La fleur écarlate - version du conte la belle et la bête -, La bergère et le ramoneur, L'antilope d'or et La Reine des neiges.

Kay et Gerda sont deux jeunes enfants qui s'aiment tendrement. Un soir d'hiver, Kay est enlevé par la Reine des neiges, et emporté bien loin dans son palais de glaces où elle veut en faire son Prince. Un morceau de glace étant rentrée dans son oeil, Kay commence à sentir son coeur devenir de glace et il oublie Gerda.
Désespérée, celle-ci entame un long voyage vers le nord, prête à défier tous les dangers pour retrouver son cher Kay.

Résultat de recherche d'images pour "reine des neiges atamanov""Résultat de recherche d'images pour "reine des neiges atamanov""Sur sa route, elle va faire de nombreuses rencontres, très différentes, constituant des sortes d'épisodes à son aventure : la femme qui l'accueille dans son jardin et veut la garder chez elle en la plongeant dans un profond sommeil, les jeunes souverains du palais, la petite voleuse de la bande de brigands, la vieille lapone.... L'histoire se centre sur le courage de Gerda et la longue quête qu'elle va entreprendre, bravant le froid, la faim et la fatigue. 



La Reine des neiges fait fortement penser à la Sorcière blanche des romans de C. S. Lewis, Narnia, entraînant elle aussi un petit garçon dans son royaume de glace. cependant, ici, la Reine n'est pas totalement méchante, son coeur est froid, c'est sa nature mais il n'est pas totalement étranger à la pitié comme le montre son besoin d'avoir un fils et la clémence dont elle finira par faire preuve. Comme l'hiver lui-même, elle devra bien s'effacer devant le renouveau du printemps et la chaleur de la tendresse réciproque des deux enfants.


Résultat de recherche d'images pour "reine des neiges atamanov""Le film suit le conte d'Andersen mais d'une durée trop courte, il empêche le développement de l'histoire, ce que l'on ne pourra que regretter. La bande son française n'est hélas pas de grande qualité, en raison principalement de changements dans la musique et d'une diction totalement atone de Catherine Deneuve en Reine des neiges.

Reste une très belle réalisation, de beaux personnages, une animation souple, de beaux paysages de neige.

Le monde du cinéma récompensera d'ailleurs à sa juste valeur ce magnifique film d'animation, lui décernant notamment :
- le prix du Lion d’or au Festival de Venise en 1957 dans la catégorie du cinéma d'animation
- le premier prix au Festival de Cannes en 1958 dans la catégorie films d’animation
- le prix spécial au Festival de Moscou en 1958.

Il importe de découvrir et de faire découvrir à nos enfants, gavés d'images de synthèse et de personnages stéréotypés, cette belle version, respectant scrupuleusement le conte d'Andersen et bénéficiant de techniques d'animation de qualité.

Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...