Les Trois Mousquetaires : "Vous avez dit que vous n’étiez que trois, mais il me semble, à moi, que nous sommes quatre."

Les Ferrets de la Reine - Les Trois Mousquetaires : 1ère époque ...
Les Trois Mousquetaires : Les ferrets de la Reine - Film de Gérard Borderie, 1961.


Qui dit roman historique de cape et d'épée dit Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas !

Combien de générations d'enfants ont rêvé en lisant les aventures de D'Artagnan et de ses trois amis chevauchant et bataillant pour la Reine et le Roi, pour défendre la belle Constance et lutter contre le machiavélique Cardinal de Richelieu.

Qu'importe en effet qu'Alexandre Dumas ait parfois donné une vision un peu approximative de l'histoire de France, opposant les gentils et les méchants de façon définitive.


Au fil des années, l'histoire sera reprise et illustrée via films, séries, dessins animés, bandes dessinées et pièces de théâtre, faisant du roman d'Alexandre Dumas un pilier de la culture française.


Gravure de Maurice Lenoir, 1894
Les Trois Mousquetaires accompagnent toute l'histoire du cinéma, depuis ses débuts, avec un court-métrage, Les Mousquetaires de la Reine, réalisé par Georges Méliès en 1903 puis au fil des années, passant du muet au parlant, de l'adaptation du roman à ses suites, du sérieux au plus ou moins parodique.

Ils inspireront toutes sortes d'histoires, parfois adaptées des romans où ils apparaissent comme Le masque de fer (L'Homme au masque de fer, 1998), ils traverseront les siècles pour rencontrer Zorro ( Zorro et les Trois Mousquetaires), connaîtront des aventures érotiques ( Les aventures érotiques des Trois Mousquetaires, 1992), seront remplacés par leurs laquais maladroits (Les trois Louf'quetaires, 1938), appeleront un ami à la rescousse ( Le cinquième Mousquetaire, 1979), seront aidés par la jeune génération (La Fille de D'Artagnan, 1994)...

Certaines interprétations marqueront plus le cinéma comme celles de Douglas Fairbanks, Gene Kelly ou de Gérard Barray.



Bernard Borderie ouvre, avec Les Trois Mousquetaires, une série de réalisation de films et séries historiques qui feront et font encore les beaux jours de la télévision française, au fil de leurs rediffusions plus ou moins régulières dont Pardaillan et la série des Angélique pour le Cinéma, Les Mohicans de Paris, Gaston Phoebus et Ces beaux messieurs de Bois-Doré, pour les feuilletons historiques.

La version présente est divisée en deux époques, ce qui permet de représenter de façon assez complète les principales péripéties du roman.
Le premier film, intitulé Les ferrets de la Reine, raconte l'arrivée d'un jeune noble gascon à Paris, où il rêve de devenir Mousquetaire du Roi Louis XIII. Dès son arrivée, il se retrouve avec trois duels en une journée, ce qui réduit fortement ses chances de survie et son avenir. Ses adversaires se trouvent être les trois plus braves Mousquetaires du régiment, Athos, Porthos et Aramis. Les duels étant interdits, nos quatre héros se retrouvent à se battre contre les gardes du Cardinal de Richelieu...et le duel se termine en rires et démonstrations d'amitié.

Nos héros rencontrent alors l'Histoire de France, celle vue par Dumas bien sûr, où se mêlent complots, histoires d'amour et guerres.
Lors d'une visite à la Cour de france, le premier Ministre d'Angleterre, le Duc de Buckingham est tombé amoureux de la Reine Anne d'Autriche. Afin de la revoir, il se rend secrètement à Paris et se déclare. Imprudemment, la Reine offre au Duc ses ferrets de diamants, cadeau de son époux. Le perfide Cardinal veut profiter de l'occasion pour perdre la Reine. Il est temps pour nos amis de sauver la Royauté.

Un second film, constituant la seconde époque de l'histoire, la vengeance de Milady, sera réalisé la même année.

La version de Bernard Borderie séduit tout à la fois par sa reconstitution de l'époque et par son brillant casting.
Gérard Barray, habitué des films historiques est très à l'aise pour chevaucher et ferrailler avec une bonne humeur quasi constante, incarnant un sympathique D'Artagnan. A ses côtés, trois excellents acteurs, Georges Descrières en Athos, Jacques Toja en Aramis et Bernard Woringer en Porthos, participent avec entrain à l'aventure.
On retrouve avec plaisir d'autres figures bien connues , Jean Carmet en Planchet, Daniel Sorano en Richelieu, Perrette Pradier en Constance et Mylène Demongeot en Milady.

L'équipe du film va poser sa caméra dans de nombreux lieux, permettant aux amoureux des jolis coins de France de reconnaître, notamment, les villes de Pérouges, Montbard et Semur-en-Auxois, les châteaux de Fontainebleau et de Guermantes ou encore Fort-la-Latte.
Le film se suit avec plaisir, on rit à certaines naïvetés de l'histoire, aux scènes de bagarres parfois un peu lourdes et assez artisanales - sauf quand Guy Delorme est de la partie - et un rythme parfois un peu "bande dessinée". On est dans du vrai cinéma populaire d'antan, fait pour le divertissement seul, sans recherche de message profond. Pourquoi ne pas en profiter pour rêver un peu !

Les dix commandements : Quand le cinéma raconte l'histoire de l'espérance de tout un peuple.

Affiches, posters et images de Les Dix Commandements (1956)Les dix commandements - Film de Cecil B. De Mille, 1956

Film biblique par définition, "Les dix commandements" illustre le livre de l'Exode de la Bible. A l'heure où, à travers le Monde, de nombreux pays célèbrent Pâques dans un contexte particulier et douloureux, il raconte l'histoire d'un peuple libéré de l'esclavage pour aller vers la Terre promise.
"Les dix commandements" se veut aussi un message d'espoir vers un monde meilleur, vers une libération qui sera atteinte au prix de grands sacrifices et au terme d'un long chemin.



Quand Cecil B. De Mille s'attaque à cette oeuvre gigantesque, il entend surpasser ses réalisations passées du genre, notamment sa première version des "Dix commandements", réalisée du temps du muet, en 1923. D'une durée déjà importante de 136 minutes, elle se découpait en deux parties - comme d'autres films du genre -, une partie biblique et une autre, plus conséquente, se déroulant dans les années 20, afin de faire un parallèle avec le message biblique. 2 500 figurants sont dirigés par Cecil B. De Mille - il en dirigera 10 000 en 1932 dans Le signe de la croix- et 10 à 15 000 - selon les sources très variables - pour The Ten commandments version 1956.

Charlton Heston as Moses and John Derek as Joshua in The Ten ...Pour réaliser ce remake, le réalisateur choisit de supprimer la partie contemporaine jugée inutile et trop longue pour se consacrer exclusivement à l'histoire de Moïse, bien que le film se sépare également en deux parties. La première, fortement romancée, inspirée de plusieurs romans mettant en scène Moïse, notamment Le prince d'Egypte de Dorothy Clarke Wilson, se centre sur la jeunesse de notre héros, sa vie comme prince généreux et aimé des opprimés, sa rivalité avec son frère Ramsès et son amour pour la belle Néfertari.


Cette partie, glamour et des plus hollywoodiennes glorifie la présence et la beauté de ses interprètes - Charlton Heston, Yul Brynner, Anne Baxter, John Derek et Debra Paget - et comporte plusieurs morceaux de bravoure comme la construction de la Cité à la gloire de Pharaon avec son gigantesque obélisque, tracté et érigé par une myriade d'esclaves ou le retour triomphant du Prince d'Egypte.

Le départ de Moïse dans le désert et sa rencontre avec Yahvé par l'intermédiaire du buisson ardent marquent le tournant du film. 

Le héros de péplum se tranforme en prophète, il en prend la barbe et la chevelure neigeuse. Au fil de l'histoire et des années qui passent, il se rapprochera de plus en plus de la figure de Moïse telle qu'elle est représentée - et imaginée -, notamment à travers la statue sculptée par Michel Ange en 1515, qui se trouve dans la Basilique Saint-Pierre-aux-Liens de Rome.
Ce serait d'ailleurs la comparaison de la statue avec le visage de Charlton Heston qui aurait décidé Ceci B. De Mille à retenir l'acteur pour ce rôle.



Pouvant sembler parfois un peu pesant, le film de Cecil B. de Mille souffre il est vrai de l'héritage du muet qui se sent dans un jeu assez théâtral, un souci de certaines poses étudiées, aspects surtout visibles dans la première partie du film.
On sent aussi la volonté de transformer certains plans en réels tableaux bibliques, notamment lors de la scène du passage de la mer Rouge. Gigantesque, magnifique, Charlton Heston étend ses grands bras, pour commander aux flots, inspiré par Dieu, et guider le peuple apeuré.



Image associéeLe trucage demeure toujours aussi impressionnant. De l'eau se déverse d'immenses réservoirs, les couleurs chatoyantes frappent les yeux. Les images semblables à des tableaux se multiplient, comme celle des trois jeunes femmes, cheveux aux vent, en pose d'implorantes sous un ciel noir d'orage.
La somptueuse partition musicale d'Elmer Bernstein accompagne ce moment grandiose.



LES DIX COMMANDEMENTS "LA TRAHISON DE MEMNET" 1956On retient aussi du film des moments plus calmes et combien évocateurs comme celle où Fraser Clarke Heston, fils de Charlton Heston, dans le rôle de Moïse Bébé, déposé dans un berceau d'osier vogue sur le Nil pour finalement être recueilli par la fille de Pharaon qui l'élèvera comme un prince, ou encore l'ascension du Mont Sinai par Moïse devenu berger, attiré par un mystérieux buisson qui brûle sans se consumer.

D'autres instants réussis frappent les esprits, comme l'évocation des dix plaies d'Egypte, pour lesquelles les concepteurs d'effets spéciaux ont rivalisé d'imagination, fumée verte évoquant la pestilence, pop corns peints en blanc déversés sur les acteurs pour figurer la grêle. Le tout est des plus réussis, replacé bien entendu dans le contexte de l'époque.

Le film remportera d'ailleurs son seul oscar - il avait été nominé sept fois - pour ses effets spéciaux.


Monument du cinéma américain, "Les dix commandements" résume à lui seul l'histoire du cinéma américain de l'époque en réunissant un casting de rêve, en jouant sur le gigantisme des décors et la force dramatique de l'interprétation.
Quel bonheur de penser que le meilleur restait encore à venir, trois ans après, avec "Ben Hur", qui proposera un film dépouillé de l'aspect théâtral que l'on peut reprocher aux "Dix Commandements" pour un ton plus profond et un jeu plus naturel, porté une nouvelle fois par un formidable Charlton Heston.




"Les dix commandements" fera l'objet de plusieurs autres adaptations en film, téléfilm, dessin animé et comédie musicale. Mentionnons notamment le très réussi - sans avoir le grandiose du film de 56 - téléfilm de 1996, de Robert Young, "Moïse", issu d'une série de téléfilms de qualité retraçant les grandes histoires de la Bible. Ben Kingsley y incarne un Moïse des plus convaincants et les moyens sont dignes d'une superproduction.


Gigantesque production de l'âge d'or hollywoodien, "Les dix commandements" garde toute sa force d'évocation à travers 3h40 grandioses, qui en mettent plein les yeux. 
A voir absolument.

Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...