La fabuleuse histoire de la MGM : Partie 3

Affiche MGM : When the lion roars
La fabuleuse histoire de la MGM : Partie 3 - Film de Franck Martin, 1992.

Le lion en hiver
En refermant les grilles de la MGM à la fin du 2nd volet du documentaire, Patrick Stewart nous annonçait déjà la période sombre qui allait suivre et précipiter la firme vers un lent déclin.

Pourtant, au lendemain de la guerre, s’ouvre pour la MGM un âge d’or. Elle enchaîne en effet les comédies musicales (Le chant du Missouri, Chantons sous la pluie, Escale à Hollywood..), les grands films familiaux (Les quatre filles du Dr March, Le courage de Lassie), les drames ou les films d’aventures (Quo Vadis, Les mines du Roi Salomon).
Le star system tourne à plein grâce à un ensemble de vedettes qui constituent des valeurs sûres (Gene Kelly, Spencer Tracy, Ava Gardner ou Judy Garland, pour ne citer qu’eux).

Meet Me in St. Louis | Comet Over Hollywood
A la recherche du « meilleur » (sans jeu de mots) dans tous les domaines : orchestres symphoniques accompagnant les comédies musicales, recherche des meilleurs auteurs, photographes, décorateurs, acteurs et actrices, mise en place des plus grands décors…, Louis B. Mayer dépense des sommes folles dans ses somptueuses réalisations, nous offrant ainsi l’âge d’or des comédies musicales : Un américain à Paris, Ziegfield follies, Le chant du Missouri, Le pirate.

Les studios travaillent sans recherche de rentabilité et face à une nouvelle concurrence qui se développe rapidement, et vide en partie les salles de cinéma, celle de la télévision.

Le début des années 50 voit l’arrivée aux studios du producteur Dore Schary, venu épauler Mayer. La forte mésentente entre les deux hommes vient de leurs différences créatives et idéologiques concernant le cinéma, Schary privilégiant la recherche d’un réalisme et les films à message, ce qui s’oppose totalement à la vision des studios.

Le documentaire prend ainsi ouvertement parti pour Louis B. Mayer dont le portrait à charge des deux précédents volets, insistant sur sa tyrannie et sa méchanceté, s’atténue ici pour insister sur son amour des films beaux à regarder, à caractère familial.
« Je ne veux que des films que je pourrais voir avec mes filles » déclarait-il.
Il cédera finalement et quittera la MGM en 1951, au désarroi d’une grande partie du personnel.

Si les grandes productions continuent à être tournées, entrecoupées de films à message chers au cœur de Schary, les profits se font de plus en plus maigres et, en 1957, après la sortie de L’arbre de vie d’Edward Dmytryk, la MGM, pour la première fois de son histoire, est en déficit. 

Le déclin, amorcé après le départ de Mayer va alors s’accélérer, avec une réduction des coûts qui s’accompagne du licenciement d’une partie du personnel et le non renouvellement des contrats de certaines des stars mythiques qui avaient enchanté les années 40 et 50 (Clark Gable, Esther Williams, Spencer Tracy, Robert Taylor, June Allyson…)

Dore Schary est à son tour licencié et s’ouvre une nouvelle ère, accompagnant le changement d’époque. Le cinéma descend à présent dans la rue et quitte les studios ; les grands plateaux et décors sont laissés à l’abandon.
Rompant avec la flamboyance des comédies musicales et autres somptueuses réalisations de l’Ere Mayer, on retourne au réalisme, à la rue .. .et au noir et blanc.
Graine de violence et Marqué par la haine traduisent bien –déjà par leur titre - cette tendance, avec l’arrivée d’une nouvelle génération d’acteurs, souvent issus de l’Actor’studio tels Marlon Brando, Paul Newman ou James Dean. Ils représentent des personnages plus actuels, écorchés vifs, reflets des problèmes de société et de l’état d’esprit d’une certaine jeunesse des années 50-60.

Le brusque passage vers ce style de cinéma fait un choc certain dans le documentaire et nous arrache une grimace ou un soupir de déception, malgré la qualité de certaines de ces réalisations.
Voir toutes les photos du film Ben-Hur et affiches ...
La fin des années 50 marque ainsi la fin du règne de la MGM. Dans le domaine des comédies musicales, le délicieux Gigi sera son chant du cygne. Pourtant, quelques grands succès sont encore à venir, maintenant à flot les studios pendant une dizaine d’années, et parmi eux une des plus grandes réalisations de l’histoire de la MGM, Ben Hur de William Wyler.

Grâce à son immense succès, Ben Hur permet à la firme de retrouver certains bénéfices, mais les dettes s’accumuleront au fil des années. Les studios passent alors aux mains d’investisseurs plus intéressés par la marque MGM que par des nouvelles réalisations et surtout peu intéressés par les immenses studios de Los Angeles.

Des moments forts tristes, mélancoliquement commentés par les témoins du documentaire (Mickey Rooney, Ricardo Montalban, June Allyson..) sont alors montrés : vente aux enchères du patrimoine jusqu’ici soigneusement conservé de l’histoire du cinéma, comme les souliers de rubis de Judy Garland dans Le magicien d’Oz, destruction des gigantesques décors eux aussi soigneusement gardés jusqu’à présent et démontage des lettres marquant le nom des studios MGM .
Seul Ted Turner, magnat des médias, tentera, dans les années 80, de sauvegarder les productions de la MGM, mais il devra vite céder sous le poids des dettes. Il revend toutes les activités pour ne conserver que les droits sur les milliers de films produits par le studio.

En refermant assez tristement le documentaire, Patrick Stewart veut cependant nous laisser sur une note optimiste, celle de la conservation des images tournées au fil du temps, éternellement conservées via les supports modernes et dont on pourra continuer longtemps à se délecter.
Le documentaire se clôture par un rapide résumé des grands moments du studio : Mickey Rooney et Judy Garland arrivent en bondissant et en chantant, Gene Kelly danse sous la pluie, Roddy MacDowall étreint Lassie retrouvée, Elizabeth Taylor galope aux bords de l’océan….Cette avalanche d’images accroît encore la nostalgie d’un âge d’or passé et on essuiera une larme à revoir des morceaux de ces films qui invitent au rêve, loin de la médiocrité d’une partie du cinéma actuel.


Le documentaire fini, je me suis précipitée sur mon grand livre racontant l’histoire de la MGM – La fabuleuse histoire de la MGM en 1714 films de John Douglas Eames – afin de me replonger dans l’atmosphère de ces années fastueuses.

A la fin de l’introduction, je suis tombée sur cette très belle devise, illustrant la ligne de conduite de la MGM et bien digne de refermer la critique de ce superbe documentaire: « Travailler dans le beau…, dans le grand…., dans la classe ! »


Parties 1 et 2 à retrouver ici :

nb : Les studios de la MGM sont devenus aujourd’hui les Sony Pictures Studios suite au rachat du groupe en 2005.

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