Judex : L'hommage aux films muets de Louis Feuillade

Affiche JudexJudex - Film de Georges Franju, 1963

Louis Feuillade est l'inventeur du film à épisodes (serial en anglais), dans la grande tradition des romans feuilleton.
Auteur de plus de 800 films et grand rival de Méliès, il se lance de 1917 à 1923 dans plusieurs adaptations de romans basés sur l'aventure, le mystère et le crime. Ces histoires privilégient le divertissement et offrent de nombreux rebondissements, souvent rocambolesques.
Ce type de films peut être considéré comme l'ancêtre des séries télévisées.


L'atmosphère de mystère voulue entraîne aussi la recherche d'un esthétisme, dans l'emploi du noir et blanc, des éclairages et de la nuit. Certains éléments se rapprochent ainsi de l'expressionnisme allemand.
Résultat de recherche d'images pour "louis feuillade zan"Citons Bébé, Bout de Zan, L'enfant de la roulotte - pour les titres oubliés -, Les vampires, Fantomas (ci-contre), Judex - pour ses films les plus connus.

Louis Feuillade tombera dans l'oubli, plus de 2/3 de ses films ayant été perdus.
En 1962, Jacques Champreux, petit fils de Louis Feuillade, s'attaque à l'écriture du scénario d'un remake de Judex, personnage créé par son Grand-Père en 1916.

La réalisation du film est confiée à Georges Franju, passionné et défenseur du cinéma muet - il a en effet créé en 1936 La Cinémathèque française, avec son ami Henri Langlois, afin de conserver la mémoire des débuts de l'histoire du cinéma français, réhabilitant notamment la mémoire de Louis Feuillade-.



Judex est conçu comme un hommage aux films muets et aux créations de Louis Feuillade. Il adopte le découpage du film en épisodes, entrecoupés par des cartons.
Le film nous introduit dans la somptueuse demeure d'un banquier véreux, Favraux, alors qu'il reçoit une lettre de menace de mort du justicier Judex. En effet, le banquier n' a pas hésité à effectuer de nombreux méfaits, ruinant ses ennemis et envoyant au bagne à sa place un de ses anciens associés.
Le début de l'histoire voit l'ancien homme d'affaires venu réclamer justice. Favraux le fait chasser, puis au volant de sa voiture, le rattrape sur la route et lance son véhicule sur lui.

Un peu plus tard, au cours d'un bal, le banquier s'effondre, mort semble-t-il, avant d'être mystérieusement emporté par des hommes en noir. Restée seule, sa fille, Jacqueline, se retrouve à la merci de Diana, la perfide institutrice de sa fille.

Les péripéties s'enchaînent alors, nous offrant tous les ingrédients des classiques des films d'aventures, héroïne enlevée, personnages mystérieux, passages secrets et révélations.


Le film réserve plusieurs belles scènes, pleines de poésie.
La scène de bal, où les invités sont déguisés de têtes d'oiseaux, permet au magicien Channing Pollock, interprète de Judex, de nous montrer son numéro le plus fameux, faisant apparaître de ses mains, des colombes. 
L'adresse du tour - on se demande d'où peuvent bien surgir ces oiseaux - et la haute silhouette pleine d'élégance du magicien, confèrent un caractère irréel à la scène.
Autre moment fort réussi, celui du combat sur les toits, joliment éclairés, entre les deux femmes, la méchante vêtue de noir et la gentille en blanc. Cette même recherche esthétique se voit encore lors de l'escalade à main nues, par les hommes de Judex, du haut mur de la demeure dans laquelle leur patron a été fait prisonnier.


Malgré ses péripéties, le film offre parfois une certaine lenteur, prenant son temps pour détailler certaines scènes. Le jeu des acteurs n'est pas toujours fameux et le personnage de Judex est trop souvent absent.

Judex nous permet cependant de passer un moment des plus agréables et donne réellement envie de se plonger dans les oeuvres réalisées par Louis Feuillade pour en découvrir l'originalité, l'esthétique et le caractère rocambolesque.


Autre film interprété par Channing Pollock :

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