Louis Feuillade est l'inventeur du film à épisodes (serial en anglais), dans la grande tradition des romans feuilleton.
Auteur de plus de 800 films et grand rival de Méliès, il se lance de 1917 à 1923 dans plusieurs adaptations de romans basés sur l'aventure, le mystère et le crime. Ces histoires privilégient le divertissement et offrent de nombreux rebondissements, souvent rocambolesques.
Ce type de films peut être considéré comme l'ancêtre des séries télévisées.
L'atmosphère de mystère voulue entraîne aussi la recherche d'un esthétisme, dans l'emploi du noir et blanc, des éclairages et de la nuit. Certains éléments se rapprochent ainsi de l'expressionnisme allemand.

Louis Feuillade tombera dans l'oubli, plus de 2/3 de ses films ayant été perdus.
En 1962, Jacques Champreux, petit fils de Louis Feuillade, s'attaque à l'écriture du scénario d'un remake de Judex, personnage créé par son Grand-Père en 1916.
La réalisation du film est confiée à Georges Franju, passionné et défenseur du cinéma muet - il a en effet créé en 1936 La Cinémathèque française, avec son ami Henri Langlois, afin de conserver la mémoire des débuts de l'histoire du cinéma français, réhabilitant notamment la mémoire de Louis Feuillade-.
Judex est conçu comme un hommage aux films muets et aux créations de Louis Feuillade. Il adopte le découpage du film en épisodes, entrecoupés par des cartons.
Le film nous introduit dans la somptueuse demeure d'un banquier véreux, Favraux, alors qu'il reçoit une lettre de menace de mort du justicier Judex. En effet, le banquier n' a pas hésité à effectuer de nombreux méfaits, ruinant ses ennemis et envoyant au bagne à sa place un de ses anciens associés.

Un peu plus tard, au cours d'un bal, le banquier s'effondre, mort semble-t-il, avant d'être mystérieusement emporté par des hommes en noir. Restée seule, sa fille, Jacqueline, se retrouve à la merci de Diana, la perfide institutrice de sa fille.

Le film réserve plusieurs belles scènes, pleines de poésie.
La scène de bal, où les invités sont déguisés de têtes d'oiseaux, permet au magicien Channing Pollock, interprète de Judex, de nous montrer son numéro le plus fameux, faisant apparaître de ses mains, des colombes.
L'adresse du tour - on se demande d'où peuvent bien surgir ces oiseaux - et la haute silhouette pleine d'élégance du magicien, confèrent un caractère irréel à la scène.
Autre moment fort réussi, celui du combat sur les toits, joliment éclairés, entre les deux femmes, la méchante vêtue de noir et la gentille en blanc. Cette même recherche esthétique se voit encore lors de l'escalade à main nues, par les hommes de Judex, du haut mur de la demeure dans laquelle leur patron a été fait prisonnier.

Judex nous permet cependant de passer un moment des plus agréables et donne réellement envie de se plonger dans les oeuvres réalisées par Louis Feuillade pour en découvrir l'originalité, l'esthétique et le caractère rocambolesque.
Autre film interprété par Channing Pollock :
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