Le Cheik rouge (Lo Sceicco rosso) - Film de Fernando Cerchio, 1962
Reconnu comme l’un des magiciens les plus charismatiques de son métier et certainement l’un des plus beaux, l’américain Channing Pollock a participé à de nombreux spectacles à travers le monde dans les années 50-60, sa célébrité lui permettant d’être présent lors de grands événements comme le mariage du Prince Rainier et de Grace Kelly et de se produire devant les Grands de ce Monde.
Ses spécialités sont les manipulations de cartes et l’apparition d’oiseaux. Sa silhouette et son charisme intéressent le cinéma italien à la fin des années 50.
Après être devenu Mousquetaire des mers (eh oui) dans I moschettieri del mare, réalisé par Steno (Stefano Vanzina), il part ensuite dans le désert égyptien interpréter Le Cheik rouge.
Après avoir tourné quelques films, dont les rôles titres dans Rocambole et dans Judex, il abandonne le cinéma qui ne lui permet hélas pas de mener la carrière espérée, aucun des films où il jouera ne sera marquant.
De retour sur scène, il poursuit encore sa carrière de magicien pendant quelques années et apparaît dans quelques séries télé. Son plus célèbre numéro où il fait apparaître et disparaître des colombes a été repris par de nombreux magiciens.
En 1971, il abandonne sa carrière pour s’installer avec sa femme et ses oiseaux dans une ferme biologique ; il y terminera sa vie, devenant le mentor et l’inspirateur de nombreux magiciens modernes.
Le Cheik rouge se passe au 19ème siècle au Maroc. L’histoire est celle d’un architecte espagnol nommé Ruiz da Silva venu offrir ses services au sultan Amar, afin de moderniser son palais. Dans le désert, il est capturé par un groupe de rebelles mené par le Cheik Ajabar et caché dans une oasis. Le Cheik le prend aussitôt en sympathie et sa fille, Amina, tombe amoureuse du bel étranger. Ceci permet à notre héros de repartir sans encombre, non sans avoir entendu l’histoire d’un célèbre héros assassiné, Le Cheik rouge, qui avait des années auparavant aidé à pacifier le pays.
Arrivé au palais du Sultan, Ruiz découvre un véritable tyran mais par sa verve et son audace, il conquiert la confiance de celui-ci, il devient ainsi le confident et même « l’âme damnée » du tyran.
Son arrivée coïncide très étrangement, mais personne ne fait le rapprochement, avec l’apparition d’un mystérieux personnage masqué, vêtu de rouge, venu soutenir les opprimés. Cela vous rappelle peut-être quelque chose, burnous rouge mis à part.
A part notre héros, les autres personnages de l’histoire ne sont guère futés et aucun ne se doutera de l’identité du héros masqué, même en lui parlant face-à-face, alors que le spectateur a compris dès les premières secondes du film et que la prestance et la grande taille de Channing Pollock le rendent identifiable très facilement.
Le film est bourré d’invraisemblances et comporte une dose d’humour bon enfant, notamment l’apparition de la gardienne du harem, sorte de poupée Barbie – car le sultan est tellement jaloux qu’il ne fait même pas confiance à ses eunuques … sans commentaire-.
Sans être un chef d’œuvre, Le Cheik rouge nous réserve son lot d’aventures, de poursuites et de belles images sans compter un joli tour de magie de l’acteur-magicien.
Le film a été tourné en Egypte, ce qui nous donne l’occasion de voir de belles photos de désert, d’oasis et surtout une étonnante forteresse, semblant abandonnée, assiégée par le sable. Le héros s’enfonce dans une ville étrange, aux rues à moitié enfouies dans le sable et dominée par plusieurs minarets. Ses poursuivants, mystérieusement arrêtés à son entrée n’osent le poursuivre, saisis d’une crainte superstitieuse.
J’ai été fascinée par la vue de cette forteresse, mais le générique n’en mentionnant hélas pas le lieu précis de tournage, j’ai effectué quelques recherches.
En regardant vieilles cartes postales et photos, j’ai pu reconnaître la prestigieuse nécropole du Caire et plus précisément la forteresse–mausolée des Sultans (appelée aussi le Tombeau des Mamelouks), avant que la croissance de la ville et l’afflux des miséreux ne la transforme en partie en bidonville et que la ville ne la submerge totalement. Il se dégage ici une atmosphère de mystère accentuée par la nuit américaine – si j’ose dire- bleutée.
On regrettera que le site n’ait pas été davantage exploité par le film, les images étant souvent fugitives. Avec le développement de la ville, la forteresse a été arrachée à sa tranquillité et à son caractère de citadelle perdue dans le désert, qui rendait le lieu presque magique. Le film Le Cheik rouge est l’occasion rare – peut être unique mais je n’ai pas trouvé mention des films qui y auraient été tournés- de contempler ce lieu tel qu’il était dans les siècles passés.
Ce film se suit donc avec beaucoup de plaisir pour la présence et la beauté de son acteur principal, pour le plaisir de voir à l’œuvre ce grand magicien et regretter que sa carrière au cinéma ait été si restreinte et pour la magie du lieu de tournage, situé aux portes du Caire.
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