Bienvenue à Marwen - Film de Robert Zemeckis, 2019.
En 2000, suite à une sauvage agression par cinq hommes après une soirée dans un bar où il a imprudemment déclaré qu'il aimait parfois se travestir en femme, cet ancien G.I, illustrateur de la 2nd Guerre mondiale s'est retrouvé handicapé mentalement. Resté plusieurs jours dans le coma, il en ressort traumatisé, devant réapprendre à marcher, avec des facultés mentales diminuées. Il restera de plus amnésique.
En guise de thérapie, il s'est mis à construire dans son jardin un village fait de maquettes et habité par des poupées de type Gi Joe et Barbie de Mattel qu'il met en scène et photographie.
Son village, Marwencol, est la reconstitution d'un village -imaginaire - de Belgique, durant la 2nde Guerre mondiale, reproduit à l'échelle 1/6ème.
Mark met en scène ses poupées et les photographie, créant ainsi tout un univers et constituant une forme originale de reconstitution de l'époque de la 2nde Guerre mondiale.
En 2010, Jeff Malmberg tourne un documentaire sur le village créé par Hogancamp, faisant connaître par delà les frontières son histoire. Le documentaire gagnera une vingtaine de récompenses internationales.
Plus de 20 ans après Forrest Gump, Robert Zemeckis nous offre à nouveau un personnage atypique, possédant une déficience mentale, bien qu'invisible ici au premier abord. La vision qu'il nous donne de Mark est celle d'un homme meurtri, craintif et original.
Le film nous introduit le personnage alors qu'il vit une vie tranquille, dans sa petite ville.
Tandis qu'il met en scène et photographie ses figurines, Mark invente une histoire qui, par la magie de la motion picture, permet d'animer les personnages rêvés. Avatars de Mark et de son entourage, il vont ainsi vivre une aventure tragique en temps de guerre.
Pilote de guerre américain, Mark - Captain Hogie - est abattu au dessus d'un village belge, habité par un groupe de femmes à la plastique parfaite -sans jeu de mots - et armées jusqu'aux dents.
Après avoir recueilli et soigné celui-ci, elles vont l'aider à débarrasser le village d'un groupe de nazis.
Les scènes, de courte durée, accompagnent les émotions de Mark, exutoires de sa colère et peur vis-à-vis de ses agresseurs, devenus des nazis dans l'histoire de Marwen.
Les femmes qui accompagnent et protègent Captain Hogie sont les femmes de l'entourage de Mark, qui l'aident plus ou moins directement (son infirmière, sa copine de rééducation, la serveuse du bar où il a ses habitudes...).
Le point déclencheur de l'action du film est l'arrivée de la nouvelle voisine, Colin, dont Mark va tomber amoureux. Au même moment, il apprend que le procès de ses agresseurs va avoir lieu, il va devoir se préparer à les affronter.
L'animation des poupées de Marwen met alors en scène, à travers une série d'événements tragiques qui vont frapper les héros du monde imaginaire, les angoisses et le désir de vengeance de Mark.
La partie animation du film peut induire en erreur ceux qui auront en tête le Zemeckis de Retour vers le futur, de Roger Rabbit ou du Pôle Express et imagineront un film pour enfants.
Les scènes d'animation, par leur violence, convaincront vite du contraire : héros tabassé et torturé, scènes de guerre, mort de la belle héroïne....l'univers décrit, malgré le titre rassurant de "Bienvenue à Marwen" et ses jolies maisons, est bien un monde de guerre et de douleur, que Mark imagine heureusement avec un happy end.
Bienvenue à Marwen est donc un drame psychologique, jouant néanmoins peu sur le pathos mais prenant une forme plus originale pour raconter le drame vécu par son héros.
On regrettera cependant que l'ensemble demeure un peu sage et retenu, la personnalité de Mark restant peu fouillée ainsi que le portrait des cinq femmes qui l'entourent.
On aurait aimé découvrir un peu plus la création du monde de Marwen et les motivations de Mark.
Dans ce rôle, Steve Carell effectue une très belle performance; son personnage sobre et émouvant, entraîne aussitôt l'empathie du spectateur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire