1926 marque la rencontre à Oxford de deux professeurs de littérature anglaise, écrivains et amoureux des légendes anciennes et du fantastique. Lisant la première version du roman, Le Hobbit, écrite par son confrère, J. R. R. Tolkien, C. S. Lewis se montre enthousiaste; il se lancera à son tour dans une saga, Narnia, série inspirée par la foi chrétienne de son auteur et par de multiples références traditionnelles et légendaires.
Tolkien puisera, quant à lui, dans les mythes nordiques mais également dans des références chrétiennes.
Les deux auteurs partagent un amour du langage et de l'imaginaire et la volonté de créer, par leurs plumes, un monde à part. Les deux sagas seront des succès planétaires.
En 1930, ils créent, avec un cercle d'universitaires et d'hommes de lettres ( deux femmes seulement y participeront), un club littéraire, Les Inklings, permettant à ses membres de présenter leurs écrits, de s'entraider et de s'encourager. Les oeuvres sont tournées vers la fantasy et le fantastique.
Tolkien y présentera son oeuvre et sera aidé dans sa réalisation, par les critiques de ses collègues.
Tolkien et Lewis |
L'influence de Tolkien sur Lewis et vice-versa sera décisive, malgré leurs différences de style et parfois leurs mésententes.
En 1949, Lewis se lance à son tour dans l'écriture du 1er tome de sa saga, "Le lion, la Sorcière et l'armoire magique".
Entamée à la fin des années 30 suite au succès de son livre pour enfants Le Hobbit, la trilogie de Tolkien sera éditée en 1952, après plus de douze ans d'écriture. Prévue à la base pour être présentée en un seul volume, l'oeuvre se révèle trop colossale et deviendra donc une trilogie. Tolkien quitte le monde du roman pour enfants pour une oeuvre adulte, beaucoup plus sombre.
La trilogie est depuis plus de soixante ans parmi les livres les plus lus et achetés dans le Monde - 6ème ou 4ème selon les classements -.
En 2000, en feuilletant un magazine sur le cinéma, je tombe stupéfaite sur une affiche présentant la sortie prochaine du 1er volet de la trilogie. Il me faudra attendre encore une année avant de découvrir au Noël suivant l'adaptation d'un des plus fabuleux romans qu'il m'ait été donné de lire.
Le film s'ouvre par le récit de la légende de l'Anneau Unique, illustré d'images chocs, suivi juste après par la découverte d'un monde paisible, la Comté, vert pays aux maisons rondes et aux petits personnages paisibles et joyeux. C'est l'opposition entre cette 1ère partie qui introduit tranquillement les personnages - les quatre hobbits dont Frodon, personnage central de l'histoire et le vieux magicien Gandalf, qui apparaît tout d'abord comme inoffensif - et l'angoissante arrivée des cavaliers noirs, qui saisit le spectateur.
La grandiose musique d'Howard Leslie Shore accompagne à merveille ces moments.
On comprend que l'on ne se trouve pas simplement dans un film fantastique mais dans une oeuvre épique, dotée de moyens gigantesques.
Bien qu'utilisant la magie du numérique pour concevoir de superbes effets spéciaux, l'équipe du réalisateur Peter Jackson réussit à créer des mondes véritables par la création de gigantesques décors, comme La Comté, représentée minutieusement avec un luxe inouï de détails ou encore la fabuleuse cité blanche, Minas Tirith, où rues et boutiques ont été reconstituées avec minutie.
20 602 figurants sont embauchés, habillés, maquillés et/ou transformés en une multitude de créatures.
Certains monstres sont particulièrement terrifiants comme les orques ou révulsants comme le visqueux Gollum, modélisé en images de synthèse par la technique de motion capture de l'acteur Andy Serkis.
A chaque moment de l'histoire, une atmosphère est créée : le monde verdoyant des Hobbits, le brumeux village de Brée, la lumineuse ville des Elfes, la sombre Moria aux gouffres vertigineux... Les somptueux et diversifiés paysages de Nouvelle-Zélande sont mis en valeur et permettent d'illustrer les divers moments de la quête de nos héros : grandes plaines, forêts, montagnes escarpées et enneigées.
La recherche de certains lieux de tournage, accessibles seulement en hélicoptère, permet d'accroître ce réalisme. En tout, 150 lieux de tournage ont ainsi été utilisés.
Elijah Wood incarne un inoubliable Frodon, sans doute un peu éloigné du personnage du roman, petit homme rougeaud et bon vivant, pas très jeune. Frodon est ici jeune, vulnérable, son regard très bleu est doux et pathétique et son personnage suscite l'empathie pour la tâche insurmontable qui lui est donnée, ainsi qu'une admiration pour son courage.
Le gigantisme de la réalisation et l'usage important d'effets numériques aurait pu écraser les personnages et nuire à l'émotion ressentie en suivant l'histoire.
Il n'en est rien heureusement et les moments forts sont nombreux.
On retiendra ainsi des images de toute beauté montrant la qualité visuelle du film comme ce superbe moment où Arwen, portant dans ses bras Frodon mourant, s'enfuit à cheval, poursuivie par les cinq cavaliers noirs.
Arrivée de l'autre côté de la rivière, elle se tourne face à eux, fait cabrer sa monture et murmure des invocations. La rivière se transforme alors en flots tumultueux d'où émergent des silhouettes de chevaux d'écume qui submergent les spectres. Cette courte scène, une des plus belles de toute la saga, est inoubliable !
Un film marquant, qui, près de vingt ans plus tard garde toute sa force d'évocation.
Les autres réalisateurs de cinéma du genre peuvent bien s'escrimer, comment faire mieux dans ce domaine ?...si , peut être deux ans après, dans le troisième volet, Le retour du Roi, le sommet....(à suivre).
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