Voyage sans espoir se situe dans la lignée de ces films au réalisme sombre empreints d’une certaine poésie que l’on retrouve dans plusieurs oeuvres de Christian-Jaque (Sortilèges, L’enfer des anges, Un revenant), le tout mêlé à l’univers du Pierre Mac Orlan de Quai des Brumes : villes portuaires dans le brouillard, bateau à quai que l’on ne voit jamais partir, bars à matelots et rues noyées de pluie. Le film est en noir et blanc mais doté d’un bel éclairage et d’une véritable recherche des jeux d’ombres et de lumière.
L’histoire commence dans un train où un
jeune banquier est endormi, une liasse de billets dépassant de sa veste.
Un homme, le visage dissimulé, monte dans le train et passe de
compartiment en compartiment avant de s’arrêter à celui du jeune homme.
En guise d’introduction, les journaux annoncent l’évasion d’un
dangereux criminel. L’inconnu qui se présente comme un certain Pierre
se lie avec le jeune banquier, Alain, et lui donne rendez-vous pour le
retrouver dans une boîte de nuit le soir même avant son embarquement
pour l’Argentine. Simone Renant et Jean Marais Paul Bernard et Simone Renant
Son personnage, devenant complice malgré lui, éveille plus la compassion que l’antipathie. Afin de payer le silence de l’équipage du cargo, les deux compères décident de dévaliser le jeune banquier, grâce à Marie-Ange, chanteuse dans la boîte de nuit où Pierre a donné rendez-vous à sa future victime.
A 30 ans, Jean Marais en fait 10 ans de moins et nous gratifie d’un éblouissant sourire d’un bout à l’autre du film. Son personnage naïf, pour ne pas dire plutôt un peu bête, tranche avec le caractère sombre et tourmenté des deux protagonistes
qui sont les méchants de l’histoire, le
criminel en fuite et le capitaine du cargo.
L’histoire est d’ailleurs davantage centrée sur eux, mettant de côté pendant une bonne partie du film le personnage d’Alain.
Jean Brochard et Lucien Coëdel |
Dans ces rôles, on retrouve deux seconds rôles de qualité, Lucien Coëdel ( Roger-la-honte, Sortilèges, Les mystères de Paris ) et surtout Paul Bernard (« encore » Roger-la-honte, Le bossu, « et encore » Les mystères de Paris) qui domine très largement le film par son interprétation tourmentée du criminel en fuite, Pierre. Egalement acteur de théâtre, Paul Bernard a une belle présence et une diction parfaite.
Film caractéristique de son époque, tourné en grande partie en studio avec des acteurs au jeu parfois un peu théâtral qui peut sembler daté, Voyage sans retour est une belle découverte à faire si l’on s’intéresse au cinéma français des années de guerre. Reste à savoir si l’on préfère le phrasé des acteurs de cette époque ou la diction souvent murmurante du cinéma français d’aujourd’hui….à vous de juger.
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