Capitaine Corelli : Heil Puccini !

Capitaine Corelli- Film de John Madden, 2001.

Adaptée d'un roman écrit en 1993 par le romancier anglais Louis de Bernières (au nom bien peu anglais) sous le titre La mandoline du Capitaine Corelli, l'histoire se passe sur l'île grecque de Céphalonie et se déroule de 1941 à 1947.

Elle relate, sur fond d'histoire romantique, un épisode méconnu de la seconde guerre mondiale. Lors de  la lutte entre l'armée italienne et des résistants grecs, Céphalonie est occupée à la fois par l'armée de Mussolini et par les allemands. 

Suite à la chute de Mussolini en 1943, les alliances s'inversent et les deux armées s'affrontent, conduisant les unités italiennes à se battre aux côtés des résistants grecs lorsque les soldats SS viennent les sommer de déposer les armes. 

La répression sera terrible et 5000 des 9000 soldats italiens présents sur l'île seront massacrés par l'armée allemande, après avoir été désarmés.

L'histoire suit le destin d'un médecin grec Iannis et de sa fille, Pelagia, fiancée à un jeune pêcheur, Mandras. Celui-ci part au front.


Peu de temps après, l'île se trouve occupée par une unité italienne, dirigée par le Capitaine Antonio Corelli, étonnant et sympathique officier qui arrive, mandoline en bandoulière à la place du fusil. Amateur d'opéra, il entraîne ses soldats à chanter et voue une grande passion pour Puccini et Verdi. Venu prendre ses quartiers dans la maison du Docteur Iannis, il tombe rapidement amoureux de Pelagia qui comprend que son amour pour Mandras était illusoire.

Le film surprend d'abord par le ton léger adopté durant la première moitié de l'histoire . L'armée d'occupation est là pour soumettre les habitants mais semble fraterniser avec la population. C'est même seulement à un officier allemand que le maire du village acceptera de se rendre et non aux soldats italiens, qu'il juge ne pas être de réels adversaires d'envergure.

On assiste à des moments un peu surréalistes. Corelli et ses soldats, en maillot de bain, répètent sur la plage un air de l'opéra La Tosca. Arrive un officier nazi en uniforme "Heil Hitler! ", "Heil Puccini!" réplique le Capitaine en faisant le salut militaire.

Nicolas Cage retrouve donc avec bonheur les origines italiennes de sa famille pour parler avec les mains, gratter la mandoline et chanter des airs d'opéra. Son personnage est sympathique, sensible, loin des préoccupations guerrières. Il dit d'ailleurs n'avoir jamais tiré sur quelqu'un. On ne sait pas trop où il a fait la guerre et gagné ses galons !

La seconde moitié du film nous replonge dans les événements historiques qui ont touché Céphalonie et


le ton change brutalement, entrainant les personnages dans la tragédie et dans la guerre, qui semblait jusqu'alors lointaine, malgré l'armée d'occupation. Le beau Capitaine abandonne sa mandoline et son sourire pour prendre à son tour les armes. 

Après un début un peu lent, l'histoire gagne en intérêt avec le couple Pelagia-Antonio. D'abord hostile à l'occupant, le Docteur Iannis, narrateur de l'histoire, finit par comprendre le drame vécue par sa fille et par venir en aide aux amoureux. La guerre va finir par rattraper tous les personnages. 

Pénélope Cruz interprète avec beaucoup de sensibilité le rôle de Pélégia, déchirée entre son amour pour le Capitaine Corelli et la parole donnée à son fiancé, personnage  qui suscite d'ailleurs peu de sympathie. Celui-ci est interprété, sans trop de conviction, il faut bien le dire, par Christian Bale qui tente de se faire passer pour un grec. 

John Hurt est le troisième acteur de la distribution à jouer un habitant du lieu mais son talent est tel que l'acteur britannique réussit sans peine à se glisser dans la peau du Docteur Iannis.

Heureusement, Irène Papas, célèbre artiste grecque est venue compléter la distribution dans un rôle tragique qui lui va bien, celui de la Mère de Mandras.

On regrettera le peu de développement de certains personnages et épisodes du roman d'origine, notamment la véritable passion de Carlo pour son Capitaine ou alors l'amitié de Corelli et du Capitaine Weber...tout ceci s'achevant dans la tragédie.

On pourra citer, pour terminer l'évocation de ce film, la très belle photographie de John Toll (Légendes d'automne, Le dernier samourai..) qui nous fait découvrir Cephalonie, ses paysages, ses villages et ses plages.

Un joli film à découvrir.

 

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