La rencontre de l'anglais Stan Laurel et de l'américain Oliver Hardy se fait à l'occasion du tournage du film Le veinard (The lucky dog) en 1921. Tous deux ont déjà une carrière derrière eux, Oliver Hardy dans toute une série de films muets où il tient des rôles secondaires et Stan Laurel à la fois comme acteur - il débute en même temps que Charlie Chaplin dont il sera l'ami et la doublure - puis comme réalisateur. C'est en faisant tourner Hardy que Laurel va donner naissance au duo, cinq ans plus tard, en passant de l'autre côté de la caméra.
Ils tourneront ensemble 106 comédies, passant sans souci le cap du parlant, grâce à un timbre reconnaissable qu'imiteront leurs doubleurs et à l'agréable voix chantée d'Oliver Hardy.
Durant leurs premiers films, ils se doubleront eux-mêmes en plusieurs langues, tournant ainsi quatre versions de leurs films - la post-synchronisation n'existait pas encore-.
Le comique du duo est essentiel gestuel, héritier du muet et du mime, basé sur une série de gags courts, physiques dus aux situations dans lesquelles les deux compères se trouvent, situations toujours sources d'ennuis. Leur humour est bon enfant, jamais vulgaire ni porteur de message. Ils ne ridiculisent qu'eux-mêmes et finissent toujours par rire de leurs mésaventures.
Stan Laurel, véritable cerveau du groupe est un véritable bourreau de travail, écrivant sans cesse et donnant des directives aux différents réalisateurs. Oliver Hardy préfère l'improvisation et passe son temps hors caméra aux courses ou sur les terrains de golf.
L'amitié entre Laurel et Hardy sera longue et indéfectible, le duo à l'écran sera impossible à séparer.
Lorsque, suite à une dispute avec le producteur Roach, Stan est chassé du studio, la suite des comédies tournées par Oliver avec de nouveaux partenaires est un désastre. Le studio réunit alors les deux compères qui partiront peu après pour aller tourner ensemble pour les autres grands studios hollywoodiens. Hélas, les films qui leur sont proposés deviennent de piètre qualité et ils déplorent la perte de la relative indépendance qui leur était donnée aux studios Roach.
Le film de John Baird s'attache aux dernières années de carrière du duo, au début des années 50, lorsque ceux-ci partent en Angleterre dans ce qu'ils espèrent être une tournée triomphale afin de relancer leur carrière déclinante. Hélas, si la télévision qui diffuse en boucle leurs histoires leur assure une notoriété intacte, le public pense les deux acteurs vieillissants à la retraite.
Se débattant dans des problèmes financiers - ils ne touchent rien sur les rediffusions de leurs films, suite à la signature de contrats désastreux pour eux- , Stan et Ollie n'ont plus de films intéressants à tourner et n'ont même plus leur mot à dire sur les scénarios et les gags.
Venus à Londres tourner un obscur Robin des Bois ( qui ne sera jamais achevé) et jouer dans une pièce de faible envergure, les deux amis vont de désillusion en désillusion. Les salles sont à moitié vides ou de dimensions modestes bien que remplies d'un public qui leur est tout acquis.
Cette période de la vie du duo montre leurs difficultés et déceptions devant l'évolution du cinéma et de son public, tandis que les graves problèmes cardiaques d'Ollie vont bientôt l'obliger à abandonner la scène puis tout activité. Bien que le film n'en fasse pas mention, Stan sera également la même année victime d'un AVC, l'obligeant à son tour à arrêter sa carrière.
Un film très nostalgique, montrant l'indéfectible amitié entre les deux acteurs, avec notamment une très belle et courte scène où Stan, contraint à jouer sur scène avec un remplaçant d'Ollie - suite à la crise cardiaque de celui-ci-, attend angoissé l'instant de son entrée en scène. Jetant un coup d'oeil à la scène et apercevant son nouveau partenaire, il s'arrête et on vient annoncer que la représentation est annulée..impossible pour Laurel de continuer sans Hardy.
L'anglais Steve Coogan et l'américain John C. Reilly se glissent dans la peau des deux acteurs qu'ils interprètent de façon prodigieuse, reprenant à merveille leur façon d'évoluer, de parler et de jouer tandis qu'un maquillage parfait vient compléter l'illusion.
Au fil du film, peu de numéros comiques sont montrés et on assiste plusieurs fois au même morceau de scène de la pièce qu'ils interprètent. On aurait sans doute aimé retrouver un peu plus les meilleurs moments des deux comiques mais le film est résolument tourné vers la nostalgie. Il ne sera donc certainement pas de nature à faire découvrir Laurel et Hardy aux jeunes générations mais il s'adresse à celles qui ont vu leurs aventures rediffusées tant de fois à la télévision ou bien qui ont suivi leurs personnages de dessin animé - 1ère diffusion en 1966-.
Le film se suit donc avec un brin de nostalgie voire de tristesse bien qu'il ne joue pas trop sur l'aspect larmoyant et se termine par une petite danse de nos deux amis en guise d'adieu.
Survivant de huit ans à son compère, Laurel ne finira cependant pas oublié et miséreux comme cela l'a souvent été dit. Bien que malade, il continue, jusqu'en 1965, à vivre avec sa femme dans un hôtel de Santa Monica où il reçoit la visite de plusieurs célébrités de l'époque (Alec Guiness, Dick Van Dycke, Jerry Lewis... ) et d'étudiants en cinéma. Gardant une fidélité totale à son ami disparu, il continuera jusqu'à sa mort à écrire scénarios et gags pour leur duo et à répondre aux nombreuses lettres qui continuent à lui parvenir du monde entier.
Ultime joie pour le vieil acteur, il recevra en 1961 un oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.
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