La terre des pharaons : Grandiose et pharaonique



La terre des pharaons - Howard Hawks, 1955



Le Pharaon Khéops rêve de se faire ensevelir à sa mort, entouré de toutes ses richesses, dans la plus grande pyramide jamais construite. Il demande à l’esclave-architecte Vashtar de concevoir une sépulture inviolable et promet en retour de libérer son peuple asservi. Khéops tombe amoureux et épouse la belle Princesse Nellifer qui, pour conquérir le trône, va combiner la mort du petit prince héritier puis de son mari, avec l’aide de son amant le capitaine de la garde.
Dans le rôle du Pharaon, Jack Hawkins, peu encore connu à l’époque, devait accéder à la notoriété avec deux grands rôles, celui de Quintus Arrius, père adoptif de Ben Hur et du Commandant Warden, chef de l’expédition chargé de faire sauter le Pont de la rivière Kwai. Joan Collins, à seulement vingt et un ans, semble encore un peu novice.
Dans le rôle de Vashtar, l’écossais James Robertson Justice semblera familier à beaucoup ; il a en effet prêté sa carrure de colosse à de nombreux seconds rôles des films d’aventures, La flibustière des Antilles, Capitaine sans peur, Moby Dick ou encore Robin des bois et ses joyeux compagnons (où il interprète Petit Jean).


La terre des pharaons ne possède ni la longueur ni le côté verbeux du colossal Cléopâtre de Mankiewicz. Sa durée est ainsi plutôt réduite - 1h45 - pour un film du genre ayant entraîné des moyens matériels, humains et financier colossaux. Pour mémoire, Cléopâtre dure plus de 4 heures.
On en retrouve cependant toute la splendeur, certains diraient le kitsch : couleurs, décors et costumes sont admirables.
Décidé à battre Cecil B De Mille pour la figuration, Howard Hawks recruta et rémunéra 15 000 extras. Il fit homologuer son record.





Le film vaut surtout pour son admirable final qui reste dans les mémoires, celui de l’ensevelissement dans la grande pyramide où un astucieux système de sable s’écoule, déplaçant les blocs qui vont sceller la pyramide. Ce morceau de bravoure est une des grandes scènes du style et provoque à distance un certain sentiment de claustrophobie. On admirera la sérénité des prêtres prêts à mourir pour leur pharaon et la déconfiture de la perfide héroïne.



L’histoire du tournage a donné lieu à un délicieux ouvrage Hollywood sur Nil de Noël Howard, le réalisateur de la deuxième équipe, qui raconte le tournage épique du film. Je me souviens d’avoir lu ce roman il y a pas mal d’années.
Deux anecdotes me sont notamment restées en mémoire :
Lors de la scène où la méchante Nellifer va faire mourir le petit prince à l’aide d’un serpent venimeux, l’équipe technique avait installé des fils pendant des cintres permettant de filmer d’en haut et de se réfugier hors de portée du serpent. Comme le souligne avec humour Noël Howard, il y eut beaucoup de monde dans les cintres durant le tournage de la scène.
Dans la scène du combat avec le taureau, l’équipe se trouva aux prises avec l’animal furieux qui encorna à plusieurs reprise leur cabine de montage, la traîna sur le sol, éjecta plusieurs machinistes, envoya Jack Hawkins la tête en bas dans le sable, puis suite à l’administration d’un tranquilisant, tomba profondément endormi sur le sol.
La terre des pharaons fait partie des grands péplums de l’âge d’or d’Hollywood… sans doute un des plus réussis du genre.

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