Carmen : « Près des remparts de Séville, chez mon ami Lillas Pastia.... »


Après avoir vu et écouté diverses versions de l’opéra de Bizet, il m'est apparu intéressant de retourner aux sources pour découvrir l’œuvre de Prosper Mérimée à travers une de ses adaptations cinéma.
Je me suis lancée d’autant plus joyeusement dans le visionnage du film que la musique de Bizet y est présente.
Dans toute la splendeur de sa jeunesse, Jean Marais incarne Don José, le jeune Brigadier qui arrive tout fier dans Séville avec la garde montante. Au milieu de l’animation de la ville, notre brigadier reste maussade, déjà nostalgique de sa Navarre natale. Son œil s’allume cependant en découvrant la maîtresse de son Lieutenant, la belle Carmen. Après être devenu l’amant de la belle gitane, José tue son lieutenant, déserte et part se faire bandit dans les montagnes. On assiste à quelques poursuites et bagarres qui donnent un peu d’action à l’ensemble sans que Jean Marais ne paraisse réellement intéressé par l’action. Je crains fort qu’il n’y ait eu là une grande erreur de distribution car l’acteur peine à convaincre dans ce rôle et le personnage, totalement dominé et guidé par son intérêt avant tout, malgré quelques gestes chevaleresques, n’éveille aucune sympathie.
En Carmen, Viviane Romance ne possède pas la sensualité de la gitane mais son jeu est assez juste. Le personnage ne cache pas ses défauts. Aucun homme ne sera son maître, elle n’aime personne, affirme-t-elle. Tout au plus répondra-t-elle, pour un temps à l’amour étouffant de Don José.


Le film ne distille cependant aucune émotion en raison du total manque d’alchimie entre les deux acteurs principaux. On retiendra tout au plus la courte scène de la mort de Lucas le toréro où Carmen verse des larmes sincères.
La scène finale est quant à elle incohérente ; on ne comprend pas pourquoi Carmen supplie José de la tuer et l’accompagne tranquillement dans la lande. Se voulant déchirante, la scène peine à convaincre car elle ne correspond pas du tout au personnage de Carmen, celle-ci ayant cessé d’aimer José. Malgré les larmes versées par les personnages, on reste assez indifférent.
Heureusement, deux acteurs sauvent le film du naufrage, donnant beaucoup de vie aux scènes dans lesquelles ils apparaissent.
Dans le rôle du bandit Garcia, « mari » de Carmen, Lucien Coedel ( qui s’illustrera surtout dans Roger-la-honte d’André Cayatte et dans Sortilèges du même Christian Jaque) domine la distribution grâce à une interprétation truculente. Poussant jusqu’à la caricature son rôle de bandit de la pire espèce, il se régale de tout évidence. La scène où accompagné de son fidèle complice joué par Bernand Blier, il se déguise en moine et dévalise les passagers d’une diligence, est savoureuse, bien que certainement rajoutée à l’histoire d’origine.
Dans le rôle de Lillas Pastia, l’ami de Carmen, aubergiste et Barbier – pas de Séville mais de Ronda -, Jean Brochard ( vu notamment dans l’Assassinat du Père Noël ) est un personnage inattendu, tour à tour sympathique et fourbe.
Le film achevé, je me dis que mieux vaut revenir au film de Francesco Rosi de 1984 où Placido Domingo et Julia Migenes Johnson nous éblouissaient de leur talent.

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