Doctor Who : Une introduction générale s'impose.

Doctor Who 1963-2025.... 

Cela fait bien longtemps que je voulais prendre la plume (enfin, le clavier !) afin d'écrire sur ce qui est sans doute la série la plus originale de la télévision britannique, Doctor Who.

L'originalité de cette série est qu'elle constitue en fait un ensemble de séries qui diversifie à la fois les acteurs, les personnages, les scénaristes, les réalisateurs et le ton des différentes saisons.

Pour cela, Doctor Who part d'une idée tout simplement géniale qui a permis à la série de traverser les décennies, celle de permettre au héros de se régénérer en changeant de visage


et de personnalité. Au fil de ces changements, la série dépasse à ce jour le chiffre vertigineux de 900 épisodes répartis en trois séries bien distinctes : Doctor Who original, Doctor Who 2005 et Doctor Who 2024...et présentant en tout et jusqu'à présent 15 docteurs différents - et même un peu plus puisque certains épisodes ont fait surgir de façon épisodique des incarnations supplémentaires-.

A ceci va se rajouter tout un univers de téléfilms, épisodes spéciaux de Noël, mini épisodes, spin off (Torchwood, Sarah Jane's adventures),  romans, BD....

Aborder Doctor Who dans son ensemble est donc chose impossible, sauf à présenter tout une encyclopédie à la wikipedia.

Je ne m'y risquerai donc pas et vous propose donc tout d'abord en guise d'introduction à de futures publications un aperçu de l'évolution de la série.

J'aborderai ensuite par parties les diverses saisons de la série la plus aboutie, celle de 2005 mais n'ai pas le courage de vous présenter en détail la faillite de la série dans les saisons ultimes et dans la dernière série.

Si vous êtes prêts à me suivre, c'est parti !


Doctor Who raconte les fabuleuses aventures d'un Seigneur du Temps venu d'une planète très lointaine Gallifrey, qui a été détruite lors d'une terrible guerre avec une race d'êtres sans pitié, les Daleks, créatures ressemblant à des pieuvres enfermées dans une armure de métal. Fuyant la destruction de sa planète à l'aide d'un immense vaisseau spatial dissimulé sous la forme d'une cabine de police, le dernier des seigneurs du temps, appelé Le Docteur, parcourt le temps et l'univers. Au fil de ses aventures, il est rencontre de nombreux compagnons qui partagent ses voyages et protège la Terre des nombreux ennemis qui la menacent. La série est conçue pour être familiale et véhicule des valeurs d'altruisme, compassion, acceptation des différences...

Le 1er Docteur - William Hartnell

Doctor Who Original a accompagné à partir de 1963 les balbutiements de la télévision britannique, à une époque où les moyens étaient limités et le matériel si cher que les pellicules servaient plusieurs fois. Plus de 100 épisodes sur les 253 que compte la série seront perdus.

Cependant, des enregistrements audio et des images ont permis de reconstituer plusieurs épisodes, notamment en les diffusant sous forme de dessin animé. Mais l'aventure ne s'arrête pas là et des passionnés vont mener une véritable enquête autour du monde afin de retrouver des épisodes manquants; six d'entre eux seront ainsi retrouvés dans les réserves de la télévision nigérienne, d'autres sont aux mains de divers collectionneurs.

Comme vous l'aurez certainement compris, les moyens attachés à cette 1ère série sont assez sommaires, les décors sont souvent en carton pâte, les lieux de tournages dans des carrières ou dans la campagne anglaise, la figuration modeste et le jeu assez théâtral.

Cependant, l'originalité des histoires et le talent des différents acteurs incarnant le Docteur rendent la série intéressante, bien que nécessitant de faire un tri dans les épisodes. J'ai vu au hasard des épisodes des différentes saisons sachant que ceux-ci se déroulent en arcs de 3-4 épisodes de 20 minutes chacun. Il y a effectivement dans tout

l'Ere Tom Baker

ceci du bon et du mauvais et il est vrai que les premières saisons en noir et blanc sont assez difficilement regardables aujourd'hui. Les épisodes devenant en couleur à partir de 1970 accompagnent une évolution positive de la série vers des histoires plus intéressantes. Les périodes  de l'amusant et charismatique Tom Baker - le préféré de beaucoup de fans - et les épisodes mettant en scène l'élégant et dynamique John Pertwee sont les meilleurs moments de la série originale. Celle-ci s'arrête en 1986 après 26 saisons.

Après un long silence, Doctor Who ressuscite en 2005 avec une nouvelle série. Profitant de l'évolution technologique , notamment de l'envolée des effets spéciaux, la série réquisitionne des moyens importants, développant les trucages et la démesure. 

Les cybermen envahissent la Terre
Jouant davantage sur l'émotion et les paradoxes liés aux voyages dans le temps, les histoires s'étoffent, deviennent plus excitantes avec un rythme soutenu et la série devient véritablement de la science fiction. Quand les cybermen  envahissent la Terre, ce ne sont plus quelques acteurs vêtus façon boîtes de conserve, mais des hordes métallisées qui déferlent sur les capitales du Monde.

La série est écrite par plusieurs showrunners qui vont chacun apporter leur griffe : Russel T. Davis,  Chris Chibnal, Steven Moffat et plusieurs autres au fil des épisodes. Les épisodes Moffat sont ceux qui sont généralement cités comme étant les meilleurs par la plus grande partie des fans de Doctor Who avec des épisodes souvent plus dramatiques et inventifs, avec des paradoxes sur le temps parfois étourdissants. J'aurai l'occasion dans de prochaines articles de citer certains de ces magnifiques épisodes.

L'Ere David Tennant

Comme dans la série précédente, il y a là aussi du bon et du moins bon mais la série poursuit maintenant, malgré des histoires souvent indépendantes, un réel fil rouge, ce qui donne une meilleur unité à l'ensemble. 

L'Ere Matt Smith

Les saisons passent, docteurs et réalisateurs se succèdent et la série va évoluer fortement. Si les périodes David Tennant et Mat Smith apportent l'apogée de la série, l'Ere Capaldi mélange le pire et le meilleur avant qu'un déclin inexorable ne commence. Si le changement du Docteur en femme, après 12 incarnations masculines, peut être une bonne idée pour la diversité de la série, il s'accompagne hélas d'un wokisme et d'une politisation qui vont faire chûter la série à coups de lourds messages
sur l'écologie, l'apartheid, les droits des LGBT+....

La nouvelle Ere
Pour marquer ce changement voulu et la naissance d'une nouvelle Ere, la série change de nom et arrive sur la plateforme Disney pour se diffuser à l'international. Un nouveau Docteur Who à l'homosexualité assumée, joué par le dynamique Ncuti Gatwa prend la place de Jodie Whittaker. 


C'est après avoir vu un épisode se terminant en véritable comédie musicale et le méchant devenu une drag queen hurlante que j'ai compris que la fin était proche. Après deux saisons débridées ( je vais m'accrocher pour les regarder au moins en partie) avec une chûte d'audience, un arrêt temporaire de la série est décidé.

Espérons qu'après un temps d'arrêt (le précédent ayant duré plus de 20 ans !!), la série saura rebondir et comme son héros, se régénérer... Doctor Who n'est-il pas éternel ? 






La Comtesse : Il y a de la beauté à laisser le temps oeuvrer.

 La Comtesse - Film de Julie Delpy, 2009.


Au nord-ouest de la Slovaquie, le Château de Cachtice dresse ses ruines gothiques sur une colline dominant une belle réserve naturelle. Nous sommes dans la région des Petites Carpates, nom qui évoque bien sûr aussitôt grandes forêts, châteaux sinistres et vampires. De fait, l'histoire du Château de Cachtice pourrait bien faire écho aux exploits sanglants du fameux Vlad l'Empaleur, qui résidait également dans la région des Carpates. Cette fois, c'est une femme qui va nourrir l'imaginaire du pays par son histoire des plus terrifiantes, mêlant réalité et faits inventés sans qu'il soit possible de déméler le vrai du faux.....tout comme l'histoire de Vlad.

La Comtesse Erzsébet Bathory, héritière d'une des familles les plus puissantes de Transylvanie, a vécu fin 16ème-début 17ème siècle. Mariée très jeune à un guerrier impitoyable surnommé le Chevalier noir de Hongrie, elle gère d'une main de fer l'immense domaine où elle vit , tandis que son mari part guerroyer contre les Turcs, à la frontière. Devenue veuve, elle prend la tête du Comté et s'oppose au Roi de Hongrie, inquiet de la puissance des Bathory. 

Les disparitions de jeunes servantes et paysannes du pays commencent un jour à inquiéter le pays, tandis que la Comtesse est accusée de torturer et de saigner les jeunes filles afin de rester éternellement jeune et belle grâce à leur sang. Les jeunes servantes du château disparaissent en effet mystérieusement et les fidèles de la Comtesse se rendent de plus en plus loin chercher de jeunes paysannes. C'est le moment où l'histoire devient imprécise sur le niveau d'horreur des crimes d'Erzsébet Bathory. Les déclarations de ses complices varient très fortement puisque le nombre de ses victimes oscillerait entre 35 et ....650 !


L'actrice- réalisatrice Julie Delpy écrit le scénario évoquant cette histoire et réalise le film la Comtesse en 2009. Très impliquée dans le projet, elle en écrit également la musique, participe à la conception de certains costumes et se donne le rôle-titre. Au lieu de donner une version grandiose et gore de l'histoire, la réalisatrice choisit de brosser un portrait plus intimiste du personnage d'Erzsébet à travers une reconstitution soignée de l'époque et un côté romanesque plus poussé. Après avoir évoqué la jeunesse de son héroine et son mariage, elle s'attache à décrire l'histoire d'amour - apparemment totalement inventée - qui va lier la Comtesse devenue veuve à un jeune noble de 21 ans, Istvan, fils de la puissante famille Thurzo, rivale des Bathory. 

Julie Delpy interprète de façon convaincante la Comtesse à l'air rigide et au regard glacial qui s'enflamme pour le jeune Istvan dont elle tombe éperdument amoureuse. Lorsque celui-ci, obéissant aux ordres de son Père la quitte pour se marier, elle va sombrer dans la folie.

Plutôt que de décrire une folie meurtrière sans réel mobile, Julie Delpy a choisi d'expliquer la lente descente aux enfers d'Erzsébet comme la conséquence de l'éloignement de  son amant qu'elle attribue à leur différence d'âge. Elle a 18 ans de plus que lui. Terrorisée par l'idée de vieillir, elle s'aperçoit (ou du moins croit) un jour, après avoir donné un coup à une servante qui lui avait par mégarde tiré les cheveux en la coiffant, que le sang d'une jeune vierge appliqué sur sa peau rend celle-ci plus lisse. Commence alors une spirale infernale sans fin, avec la complicité de deux servantes et d'un jeune serviteur muet. 

La sinistre cage de fer, dite Vierge de Nurenberg

La Comtesse se fait amener des jeunes filles jusque dans un sombre cachot. Une  scène, heureusement rapide, nous montrera une vierge de fer où est enfermée une des victimes pour faire couler son sang. L'horreur est plus suggérée que montrée à travers de rapides flashs comme lorsqu' Erzsébet, montrée de dos, se passe une lingette tâchée de sang en son bout sur la figure ou encore que l'on voit le visage blafard d'une jeune fille saignée au bras. 


Kriebstein Castle dans le pays de Saxe et plusieurs autres châteaux allemands ont été choisis pour le tournage du film, les châteaux forteresses de ce type servant à la fois de cadre à des films historiques sombres, à des contes de fées et à d'autres styles de films ( Blanche Neige, 2008; le grand Budapest Hotel, 2009...)

Trois principaux rôles se détachent dans l'histoire. Le rôle d'Istvan est joué par Daniel Brühl qui avait alors 31 ans et en paraissait 10 de moins. L'acteur-réalisateur a une carrière internationale bien fournie, depuis des séries allemandes, en passant par le film qui le révèlera, Good bye Lenin, jusqu'à une étonnante métamorphose dans la série de 2024, Becoming Karl Lagerfeld.

Daniel Brühl (Istvan) et Julie Delpy

Le déplaisant Thrurzo - personnage réel dans l'histoire authentique - est joué par William Hurt, acteur lui aussi aux rôles multiples (Les enfants du silence, La fièvre au corps, Jane Eyre ...pour ne citer qu'eux). un peu engoncé dans son costume 16ème siècle, je ne l'ai pas trouvé très à l'aise dans son rôle.

William Hurt (Thurzo)

Anamaria Marinca, actrice roumaine, vue surtout dans diverses séries télé ( Docteur Who, The Missing) et dans plusieurs films dont celui qui obtint en 2007 la Palme d'or à Cannes : 4 mois, 3 semaines et 2 jours ( si cela vous rappelle quelque chose) est l'apothicaire-sorcière et maîtresse de la Comtesse. Bien que secondaire, son rôle est assez marquant. D'abord complice silencieuse, elle tentera de faire revenir à la raison la Comtesse en lui expliquant "qu'il y a de la beauté à laisser le temps oeuvrer", avant d'être définitivement écartée.
Anamaria Marinca (Anna Darvulia) et Julie Delpy

On pourra reprocher au film une certaine froideur, due bien sûr au personnage central de l'histoire pour lequel on va au final éprouver une certaine pitié, et un certain parti pris de développer la thèse d'un complot mené par Thurzo pour s'approprier les terres de la Comtesse. Le spectateur reste alors un peu dans le flou bien que les crimes d'Erzsébet ne soient pas niés, mais ils seraient alors davantage expliqués, à défaut d'être justifiés !

A noter que le personnage de la Comtesse a largement inspiré la littérature et le cinéma, mais d'après les titres que j'ai pu voir, le personnage est surtout devenu pretexte à des films de vampire féminin  : La Comtesse Dracula (1971), Mama Dracula (1980), La nuit du loup-garou (1981), crocs de la nuit (2005). On retrouvera également Erzsébet Bathory dans des pièces de théâtre, plusieurs jeux vidéos, un opéra, des morceaux de musique, des noms de groupes de hard metal ou de dark metal et même en jouet dans des figurines et poupées...ouf !

Si l'on veut découvrir un peu le personnage réel et l'histoire même un peu remaniée et se plonger dans l'atmosphère de l'époque et du lieu, mieux vaut regarder le film La Comtesse, un beau film en costumes, à la réalisation soignée qu'il est intéressant de découvrir.

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Quelques illustrations

                                                Portrait supposé de la Comtesse peint en 1580 par Blocklandt Van Montfoort 

Dans la littérature


Ruines du Château de Cachtice




Le Noël des Muppets : "j'adore ces fêtes de Noël annuelles. Je les aime tellement que je pense que nous les organiserons deux fois par an !"

Le Noël des Muppets - Film de Brian Henson, 1992.


L'approche de Noël est le moment idéal pour se replonger dans les diverses adaptations de l'histoire qui incarne sans doute le plus ( La bible exceptée !) cette période consacrée (normalement !) à la paix et à la fraternité en cette nuit de la Nativité, le roman Christmas Carol de Charles Dickens. 

Parmi les multiples réalisations sur le sujet, la version Muppets mérite que l'on s'y intéresse, malgré l'appréhension que l'on peut ressentir à imaginer les personnages loufoques des Muppets s'emparer de l'histoire de Dickens.

Après la mort de Jim Henson, créateur des Muppets, c'est son fils Brian qui va approcher la Compagnie Disney pour proposer une adaptation de Christmas Carol. La question de savoir qui incarnera Scrooge est centrale . Après avoir envisagé Bob Hoskins, Peter O'Toole et Jack Lemon (ce dernier ayant déclaré qu'il voulait jouer Kermit !), le rôle sera attribué à Michael Caine.

L'acteur britannique à l'immense carrière voulait depuis longtemps faire un spectacle auprès des Muppets; il aurait déclaré à Brian Henson :"Je vais jouer Scrooge comme si j'étais avec la Royal Shakespeare Company. A aucun moment je n'agirai comme une marionnette ou face à des marionnettes".


Il réussit ainsi à être, selon moi, l'une des meilleures interprétations du personnage. Un personnage, d'abord très méchant, mais qui devient assez rapidement sympathique, participant volontiers à la découverte des Noëls passés et présents. Dans les diverses et nombreuses adaptations que j'ai pu voir, c'est sans doute une de celles où la métamorphose de Scrooge est la plus rapide.


Mêlant de façon intelligente humains et marionnettes, tout un petit monde s'anime dans les rues de Londres. L'ouverture est un régal, même les salades et autres légumes se mettent à chanter sur la charrette d'un vendeur de rues tandis que les souris mendient un bout de fromage et que les chanteurs de rues entonnent une chanson de présentation du personnage de Scrooge.

Le vieil avare exerce le peu glorieux métier d'usurier, prêtant à des taux indécents à des pauvres gens qui, faute souvent de pouvoir rembourser, se retrouvent à la rue. Ses employés travaillent dans une boutique glaciale ("je baisse, j'éteins, je décale" avant l'heure) faisant les comptes et rédigeant les nombreux avis d'expulsion des locataires. 

L'arrivée du rayonnant Fred, venu souhaiter à son Oncle un Joyeux Noël et l'invitant comme chaque année à la fête, puis celle très humble de deux gentlemen Muppets venu quêter pour les pauvres, sont parmi les épisodes les plus fameux du roman. Ils sont scrupuleusement respectés et le dialogue est dit mot pour mot.  


Laissant ses employés faire joyeusement la fermeture de la boutique, Scrooge retourne dans sa lugubre maison où il voit bientôt apparaître les fantômes de ses associés venus l'avertir que, faute de changer radicalement de vie, il est promis à sa mort à une grande souffrance, enchaîné et tourmenté par ses fautes. Seule la visite de trois fantômes peut le conduire à la rédemption, s'il accepte de les écouter. 

Alors que le choix aurait pu être fait de presenter avec les Muppets une version décalée et empreinte de folie, la réalisation a choisi le respect de l'œuvre de Dickens. 

L'impression aurait certes été très différente si Scrooge 
avait été incarné par un Muppet! 
Ici on retrouve tout le déroulement des scènes du roman de Dickens et une grande partie des dialogues, souvent cités mot pour mot. 

Les intermèdes comiques, pas vraiment utiles parfois, sont assurés par Gonzo l'oiseau (enfin, par vraiment !) et son acolyte le rat Rizzo auxquels il arrive de nombreuses mésaventures tandis qu'ils suivent les diverses aventures de Scrooge...mais les personnages et leurs répliques humoristiques savent aussi s'effacer devant les moments émouvants et dramatiques comme lors de l'épisode de la rencontre avec le Noël futur. 
Celle-ci commence d'ailleurs de façon peu encourageante dans un cimetiere face à un fantôme enveloppé de sombre et au visage, s'il y en a un (brrr....), caché dans une grande capuche. 

On se trouve ému par le triste sort du petit Tiny, incarné ici par un bébé grenouille. On rit au personnage de Mrs Cratchit, interprétée avec sa verve habituelle par Miss Piggy la cochonne et on accompagne avec bonheur un Scrooge métamorphosé à la rencontre des divers personnages de l'histoire auxquels il va prodiguer cadeaux et bienfaits.

Les chansons accompagnant l'histoire sont de qualité. Kermit chante en rentrant chez lui dans les rues de Londres, soudain éclairé par une étoile filante, hommage ultime au créateur des Muppets, Jim Henson. On notera la prouesse technique d'animation du personnage qui apparait ici en entier, comme dans l'image emblématique du roman, Bob rentrant de la messe, avec Tiny Tim sur ses épaules. Dix marionnettistes ont été nécessaires pour créer cette animation et tous les plans de rue ont demandé des sols surélevés afin que les techniciens puissent par dessous manipuler les personnages. 

Les scènes mélangeant ainsi humains et Muppets sont fort réussies et on prend plaisir à reconnaître tout un ensemble de Muppets, nous offrant une version colorée, tour à tour drôle et touchante de la très belle histoire de Dickens.

Joyeux Noël à tous ! 

Frontispiece to Charles Dickens' A Christmas Carol, hand painted illustration by John Leech, 1843 Chapman & Hal Edition


Indian Palace : Hommage à Maggie Smith

Indian Palace - Film de John Madden, 2011. 

Lorsque l'on regarde la longue filmographie de Maggie Smith, on s'aperçoit qu'elle a accompagné de nombreuses découvertes de bons et/ou grands moments de cinéma.  Pour les jeunes qui ont grandi avec Harry Potter, c'est bien sûr la sévère mais juste Directrice de l'Ecole de Poudlard dans la saga Harry Potter mais ses rôles multiples nous ramènent bien sûr bien plus loin.

Dans Les belles années de Miss Brodie, 1969.
Accompagnant son époque, sans mentir sur son âge et n'hésitant pas à s'enlaidir au besoin, depuis le jeune professeur des Belles années de Miss Brodie jusqu'à la Comtesse douairière de Downton Abbay, elle a incarné toute une série de personnages avec une prédilection pour ceux de directrice, gouvernante ou professeur, souvent rigide et à cheval sur les principes, mais cachant souvent une grande humanité.


Dans Othello, version filmée avec Laurence Olivier en 1965
Mais Maggie Smith, pour le monde de l'art, c'est bien plus que cela avec une carrière tout d'abord théâtrale des plus prestigieuses, comme seuls les anglais peuvent la connaître lorsque l'on est actrice shakespearienne et que l'on travaille avec des monstres sacrés comme Orson Welles ou Laurence Olivier. Elle sera Desdémone dans Othello auprès de Laurence Olivier, Lady MacBeth dans la pièce du même nom puis interprétera d'autres rôle fameux des pièces de Tchekhov, Noël Coward ou Oscar Wilde.

Au cinéma, Maggie Smith fait partie des piliers et on la retrouve en 2011, dans un film de John Madden ( réalisateur entre autres de La dame de Windsor et de Shakespeare in love), aux côtés d'une brochette de vétérans du cinéma - et du théâtre - dont Judi Dench ( avec laquelle elle a joué plusieurs fois), Tom Wilkinson et Bill Nighy.

Indian Palace présente un ensemble de  personnages, dont chacun se trouve à un tournant de sa vie et s'interroge : une veuve qui va être contrainte, par la mort de son mari, de vendre sa maison, un juge en retraite anticipée, un vieux beau qui veut encore séduire et qui ment sur son âge, un couple à la dérive, une femme à la recherche d'un riche amant et une vieille dame acariâtre qui doit se faire opérer de la hanche. Séduits par une publicité vantant les charmes d'un palace indien destiné à l'accueil des retraités, nos personnages vont prendre leur billet et se retrouver dans le même avion en partance pour Jaipur.


Dès leur arrivée à l'aéroport, ils sont saisis par la frénésie de la grande ville, rues et cars bondés et dans un monde coloré et actif qui les plonge d'abord dans la stupeur. A leur arrivée au Palace, cruelle déception malgré l'accueil lyrique du jeune gérant Sonny, véritable moulin à paroles et tout heureux d'accueillir ses hôtes. Il reconnait bien sûr que sa brochure publicitaire était un peu optimiste et de fait le palace n'est plus que l'ombre de lui-même et les clients, excepté notre "septuor", ont déserté depuis bien longtemps. 

Chacun va alors à sa manière découvrir le pays, l'épouse affolée par tant d'activité se confine dans sa chambre tandis que son époux part à la découverte de la ville, le juge enquête sur les traces de son passé à la recherche d'un amour perdu, Maggie Smith en fauteuil roulant subit une lente métamorphose au contact d'une famille d'intouchables tandis que Judi Dench, contrainte de travailler dans un centre d'appels téléphoniques pour payer son séjour devient la chroniqueuse de l'histoire.


Côté indien et jeune génération, pour ceux qui s'inquiéteraient de voir uniquement un film de "vieux", Dev Patel - le jeune interprète de Slumdog millionnaire , film sur un jeune indien des bidonvilles de Juhu qui devient finaliste à l'émission "Qui veut gagner des millions ? -  et Tena Desae - célèbre mannequin - jouent le jeune gérant de l'hôtel et sa fiancée. Leur histoire d'amour contrariée face à la mère sévère de Sonny et au frère sérieux de Sunaina constitue le côté humoristique du film tandis que les critiques acerbes du personnage joué par Maggie Smith et les situations et rencontres inattendues vécues par nos retraités donnent un humour plus subtil à l'ensemble.

La nostalgie domine parfois mais le film a clairement pour but de donner un côté optimiste face au temps qui passe, en montrant que rien n'est définitif. Une vieille femme aigrie peut se lancer dans un nouveau projet et s'ouvrir aux autres, de nouveaux couples peuvent se former et surtout un vieux palace délabré peut revivre à nouveau.

Tourné dans la région de Jaipur au Rajastan et dans l'ancien palais royal du 17e siècle, Ravla Khempur, qui figurera l'hôtel du titre, le film offre une belle échappée en Inde, évitant le côté carte postale pour s'attacher à la ville et à ses habitants. J'ai regretté pour ma part de ne pas voir eu une meilleure vue d'ensemble du palais mais seulement des bribes au fil des scènes. Un film qui est donc à déguster pour le charme des lieux et le plaisir de retrouver une belle brochette d'acteurs qui semblent prendre beaucoup de plaisir à jouer ensemble.

Le 27 septembre 2024, Maggie Smith tire donc sa révérence après une vie et carrière bien fournies. Le monde lui rend hommage de diverses manières, les fans de Harry Potter se rendent devant la réplique du château de Poudlard aux studios Universal, en Floride, et lèvent vers le ciel leurs baguettes en hommage à la Directrice de l'école des sorciers tandis que Londres pare plusieurs de ses monuments de violet, hommage à son personnage de Violet dans Downton Abbey. Deux belles initiatives !

Dans Harry Potter à l'Ecole des sorciers, 2001.

 

 



Christine : Rencontre explosive sur le tournage d'un film romantique

Christine, - Film de Pierre Gaspard-Huit, 1958.

Ils sont beaux, ils sont jeunes et ils ont vingt ans. Romy et Alain se rencontrent sur le
tournage du film de Pierre Gaspard-Huit. Romy, déjà très connue veut se débarasser de son image de Sissi, lui est un jeune premier plutôt arrogant, leur rencontre sera explosive mais restera à jamais gravée sur la pellicule.

Dans le film Christine, Romy Schneider reprend le rôle tenu par sa mère Magda dans la précédente version de l'histoire Liebelei, tournée vingt cinq ans plus tôt par Max Ophüls. Beaucoup jugent cette version supérieure à celle de Gaspard-Huit mais il y manque la couleur et un couple d'acteurs mythiques.

La version de Max Ophüls, 1935


Beau comme un livre d'images, le film nous entraîne à Vienne en 1906. Un jeune et beau lieutenant du 1er Régiment des Dragons, Franz Lobheiner rencontre un jour une belle et pure jeune fille Christine, qu'il va courtiser par jeu.

Lassé de sa liaison avec une baronne possessive (interprétée par Micheline Presle, toujours excellente dans les rôles de pestes), le jeune homme trouve un dérivatif dans ses rencontres avec la jolie Christine qui tombe bien vite amoureuse de lui.

Certains esprits chagrins dont je ne suis pas pourront qualifier Christine "d'opérette viennoise" malgré son dénouement tragique. De fait, tout ce joli monde semble vivre dans un monde charmant et oisif, beau et coloré, dans une succession de bals, de picnics et de promenades.

Gilberte Aubry double une nouvelle fois Romy, ce qui permet à celle-ci de continuer à répéter Franz d'une voix douce et roucoulante comme dans Sissi où son amoureux était Frantz (cette fois avec un t supplémentaire), l'Empereur d'Autriche François-Joseph.

Mais le joli livre d'images va basculer peu à peu dans le drame, ce qui donne d'ailleurs plus d'intérêt au film.

C'est Romy, célèbre pour les onze films qu'elle avait déjà tournés , qui choisira sur photo
Alain Delon comme partenaire. Après une rencontre orchestrée à l'aéroport d'Orly par la production, les deux acteurs auront un début de relation assez houleux, Romy trouvant Alain trop désinvolte et lui la trouvant capricieuse et ennuyeuse. Au fil du tournage, ils deviendront de plus en plus complices et leur histoire se transforme en histoire d'amour. Les deux acteurs se fianceront ainsi à la fin du film après un tournage romantique comme leur histoire, et s'installent à Paris. Leur liaison durera cinq ans mais leur amour ne s'effacera jamais.


Tourné à Vienne, à Versailles et dans le parc du Château de Franzensbourg (encore un Franz) dans le Laxenburg, Christine est un film pour les âmes romantiques qui se suit sans ennui avec un rythme un peu lent, mais comment ne pas être remués par le jeu touchant de Romy Schneider et par la beauté d'Alain Delon.

... et c'est l''occasion pour moi de faire ici une critique très romantique et fleur bleue !

Monsieur Léon : Le grand-père tranquille sous l'Occupation

Monsieur Léon  - Film de Pierre Boutron, 2003 


Les thèmes de la seconde guerre mondiale vue à travers les yeux d'un enfant et celui du "père tranquille" cachant ses activités de résistance sous une collaboration plus ou moins poussée ont été traités à de nombreuses reprises par le cinéma français. 

On pensera ainsi au film classique de René Clément, Le Père tranquille, sorti au lendemain de la fin de la guerre, en 1946, où un tranquille père de famille cache en fait à son entourage son identité de chef d'un réseau de résistants. Quelques années plus tard, des réalisations comme Monsieur Batignole de Gérard Jugnot ou encore, dans un style différent, Papy fait de la résistance de Jean-Marie Poiré, aborderont le thème de la vie des familles françaises durant l'Occupation. On pourra enfin mentionner les nombreux films sur la Résistance qui ont constitué cette part du cinéma français sur une époque douloureuse et combien clivante pour les français eux-mêmes.


Le thème de Monsieur Léon, téléfilm de Pierre Boutron, est celui d'un petit garçon au caractère bien trempé, Yvon, qui vient rendre visite à son grand-père qu'il ne connait pas, accompagné de sa mère, Irène. Léon Chapuis est un vieux médecin bourru qui affiche ses opinions pétainistes et a ses entrées à la Kommandatur locale d'une petite ville de Dordogne. Il en soigne en effet le commandant.

Irène confie Yvon à son grand-père afin de partir chercher un travail - en fait pour rejoindre un réseau de résistants-. Le petit garçon, resté avec le vieux médecin, se heurte aussitôt à celui-ci, le méprisant pour ses propos et son comportement de collaborateur. Le film décrit ainsi comment grand-père et petit-fils vont apprendre à se connaître et à s'apprivoiser, le vieux bourru n'étant bien entendu pas celui qu'il semble être.

Le rôle du vieux médecin est joué par Michel Serrault que l'on retrouve ici dans son avant dernier rôle, sous la réalisation de Pierre Boutron qui avait déjà travaillé avec lui sur L'affaire Dominici trois ans plus tôt. Désirant renouer cette collaboration, Boutron écrit alors le scénario de Monsieur Léon et rappelle Michel Serrault pour jouer le rôle titre. Ce dernier y est excellent comme d'habitude.

On retrouve aussi, dans le rôle d'Irène, la belle Florence Pernel qui rappellera à beaucoup la grande époque des feuilletons de l'été et des mini séries souvent à caractère historiques. On pourra citer la saga familiale Jalna, Les Steenford maîtres de l'orge, Lagadère ou, plus récemment la série Crime à...

Quant à Yvon, il est interprété par un formidable Arthur Vaughan-Whitehead, qui à 8 ans, joue de façon très adulte et qui fait merveille dans son duo avec Michel Serrault.

On pourra reprocher au film un côté très manichéen dans sa présentation de la population française sous l'occupation, divisant la quasi totalité des personnages présentés entre résistants et collaborateurs avec une certaine lourdeur dans le propos. Le film n'évite pas non plus les invraisemblances comme le petit Yvon se promenant librement dans la kommandatur après y avoir accompagné son grand-père et assistant ainsi d'une fenêtre à l'exécution d'un groupe de prisonniers ou encore la fin que je vous laisse découvrir.

Le film est cependant à voir pour la belle interprétation des deux personnages principaux et sa minutieuse reconstitution d'une ville de province pendant la guerre. Le film a été tourné dans la région de Bordeaux

Citons enfin pour finir la très belle musique du couple de compositeurs symphonistes Jean-Claude et Angélique Nachon, qui accompagne le film en crescendo jusqu'à un final très émouvant.

Doctor Who : Une introduction générale s'impose.

Doctor Who 1963-2025....   Cela fait bien longtemps que je voulais prendre la plume (enfin, le clavier !) afin d'écrire sur ce qui est s...