Marcelino, pane y vino - Film de Ladislao Vajda, 1955.
mai 1955 - Le Festival de Cannes présente dans sa sélection un film italo-espagnol destiné à la jeunesse, Marcelino, pan y vino. Le film ne gagnera ni la Palme, ni même un prix mais une mention spéciale sera décernée au jeune acteur tenant le rôle principal. Le succès du film sera immédiat et colossal en Espagne, en Italie et dans une moindre mesure, en France. Le festival de Berlin lui décerne l'ours d'argent.
Le film est l'adaption d'un roman espagnol de José María Sánchez-Silva écrit en 1953; l'histoire est tirée d'une ancienne légende populaire.
L'histoire se passe dans un petit village de Salamanque durant la 1ère moitié du 19ème siècle. Elle est racontée en flashback par un moine venu visiter une petite fille malade tandis qu'habitants et pélerins se rendent en nombre au monastère qui domine le village. C'est le jour de la St Marcelino pan y vino et le Frère se met à raconter l'histoire d'un petit garçon devenu Saint.
Il y a plusieurs années, la guerre faisait rage contre les français. Même si la date n'est pas précisée, les costumes napoléoniens des soldats permettent de placer l'histoire durant la Guerre d'indépendance (1808-1811) qui trouvera sa conclusion dans une terrible bataille à Salamanque.
Revenons à notre petit village où les habitants résistent aux "méchants français". Les combats continuent jusqu'au sommet de la colline où se dresse un vieux château. La bataille finie, il n'en reste que des ruines. C'est alors que trois moines franciscains se présentent au village et proposent de relever les ruines pour bâtir un monastère.
Quelques années plus tard, une communauté de douze moines habite les lieux. Un jour, le frère portier entend des vagissements devant la porte et découvre un bébé abandonné.
Surpris et heureux, les moines entourent de soins et d'affection le bébé mais comment garder un enfant si petit dans un couvent ? Personne dans le village ne peut ou ne veut l'adopter...secrètement ravis, les moines décident alors d'élever le petit garçon auquel ils donnent le nom de Marcelino.
Marcelino grandit donc parmi les frères, choyé mais solitaire.
Le film se centre alors quasi exclusivement sur le petit garçon interprété par le jeune Pablito
Calvo, sur son regard ingénu et malicieux. Le spectateur découvre le monde de Marcelino, son ami imaginaire, ses relations avec les moines, son rêve de revoir sa Mère.
Le film prend son temps pour nous faire accompagner la découverte de la vie par Marcelino qui a maintenant cinq ans (Pablito en avait sept lors du tournage) et surtout nous conduire vers le mystérieux grenier dont l'accès lui est interdit mais qui l'attire mystérieusement. Une présence semble en effet habiter les lieux mais chacun des essais pour ouvrir la porte mystérieuse se solde par un échec. Il est d'abord dérangé par un des frères qui manque le surprendre puis est saisi de terreur en pénétrant dans la pièce sombre.
Il y a bien entendu une forte symbolique sur la découverte de la foi et le cheminement vers un final stupéfiant.
Tourné à la fois en Salamanque, dans la petite ville de La Alerca (là où sera plus tard tournée La folie des grandeurs de Gérard Oury ) puis à Ségovie, le film est réalisé en noir et blanc. Il est sobre et émouvant. Le succès du film sera grand et donnera lieu à un remake en couleurs par Luigi Comencini qui atténuera la dimension mystique pour mettre l'accent sur le don de Marcelino ( qui en italien devient Marcellino avec deux l) de parler aux animaux, aspect absent du film de Ladislao Vajda et peut être du roman. Un film philippin, un autre mexicain puis un dessin animé en coproduction ( française, espagnole, portugaise et japonaise ) suivront, permettant à une nouvelle génération de découvrir l'histoire de Marcelino.
Un très joli film, injustement oublié chez nous. A connaître.
Merci. Un conte à l'atmosphère très prenante, plein d'humanité, de cette bonté "bon comme du bon pain". Le jeu des acteurs est formidable. Un chef-d'oeuvre.
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