Doctor Who : Une introduction générale s'impose.

Doctor Who 1963-2025.... 

Cela fait bien longtemps que je voulais prendre la plume (enfin, le clavier !) afin d'écrire sur ce qui est sans doute la série la plus originale de la télévision britannique, Doctor Who.

L'originalité de cette série est qu'elle constitue en fait un ensemble de séries qui diversifie à la fois les acteurs, les personnages, les scénaristes, les réalisateurs et le ton des différentes saisons.

Pour cela, Doctor Who part d'une idée tout simplement géniale qui a permis à la série de traverser les décennies, celle de permettre au héros de se régénérer en changeant de visage


et de personnalité. Au fil de ces changements, la série dépasse à ce jour le chiffre vertigineux de 900 épisodes répartis en trois séries bien distinctes : Doctor Who original, Doctor Who 2005 et Doctor Who 2024...et présentant en tout et jusqu'à présent 15 docteurs différents - et même un peu plus puisque certains épisodes ont fait surgir de façon épisodique des incarnations supplémentaires-.

A ceci va se rajouter tout un univers de téléfilms, épisodes spéciaux de Noël, mini épisodes, spin off (Torchwood, Sarah Jane's adventures),  romans, BD....

Aborder Doctor Who dans son ensemble est donc chose impossible, sauf à présenter tout une encyclopédie à la wikipedia.

Je ne m'y risquerai donc pas et vous propose donc tout d'abord en guise d'introduction à de futures publications un aperçu de l'évolution de la série.

J'aborderai ensuite par parties les diverses saisons de la série la plus aboutie, celle de 2005 mais n'ai pas le courage de vous présenter en détail la faillite de la série dans les saisons ultimes et dans la dernière série.

Si vous êtes prêts à me suivre, c'est parti !


Doctor Who raconte les fabuleuses aventures d'un Seigneur du Temps venu d'une planète très lointaine Gallifrey, qui a été détruite lors d'une terrible guerre avec une race d'êtres sans pitié, les Daleks, créatures ressemblant à des pieuvres enfermées dans une armure de métal. Fuyant la destruction de sa planète à l'aide d'un immense vaisseau spatial dissimulé sous la forme d'une cabine de police, le dernier des seigneurs du temps, appelé Le Docteur, parcourt le temps et l'univers. Au fil de ses aventures, il est rencontre de nombreux compagnons qui partagent ses voyages et protège la Terre des nombreux ennemis qui la menacent. La série est conçue pour être familiale et véhicule des valeurs d'altruisme, compassion, acceptation des différences...

Le 1er Docteur - William Hartnell

Doctor Who Original a accompagné à partir de 1963 les balbutiements de la télévision britannique, à une époque où les moyens étaient limités et le matériel si cher que les pellicules servaient plusieurs fois. Plus de 100 épisodes sur les 253 que compte la série seront perdus.

Cependant, des enregistrements audio et des images ont permis de reconstituer plusieurs épisodes, notamment en les diffusant sous forme de dessin animé. Mais l'aventure ne s'arrête pas là et des passionnés vont mener une véritable enquête autour du monde afin de retrouver des épisodes manquants; six d'entre eux seront ainsi retrouvés dans les réserves de la télévision nigérienne, d'autres sont aux mains de divers collectionneurs.

Comme vous l'aurez certainement compris, les moyens attachés à cette 1ère série sont assez sommaires, les décors sont souvent en carton pâte, les lieux de tournages dans des carrières ou dans la campagne anglaise, la figuration modeste et le jeu assez théâtral.

Cependant, l'originalité des histoires et le talent des différents acteurs incarnant le Docteur rendent la série intéressante, bien que nécessitant de faire un tri dans les épisodes. J'ai vu au hasard des épisodes des différentes saisons sachant que ceux-ci se déroulent en arcs de 3-4 épisodes de 20 minutes chacun. Il y a effectivement dans tout

l'Ere Tom Baker

ceci du bon et du mauvais et il est vrai que les premières saisons en noir et blanc sont assez difficilement regardables aujourd'hui. Les épisodes devenant en couleur à partir de 1970 accompagnent une évolution positive de la série vers des histoires plus intéressantes. Les périodes  de l'amusant et charismatique Tom Baker - le préféré de beaucoup de fans - et les épisodes mettant en scène l'élégant et dynamique John Pertwee sont les meilleurs moments de la série originale. Celle-ci s'arrête en 1986 après 26 saisons.

Après un long silence, Doctor Who ressuscite en 2005 avec une nouvelle série. Profitant de l'évolution technologique , notamment de l'envolée des effets spéciaux, la série réquisitionne des moyens importants, développant les trucages et la démesure. 

Les cybermen envahissent la Terre
Jouant davantage sur l'émotion et les paradoxes liés aux voyages dans le temps, les histoires s'étoffent, deviennent plus excitantes avec un rythme soutenu et la série devient véritablement de la science fiction. Quand les cybermen  envahissent la Terre, ce ne sont plus quelques acteurs vêtus façon boîtes de conserve, mais des hordes métallisées qui déferlent sur les capitales du Monde.

La série est écrite par plusieurs showrunners qui vont chacun apporter leur griffe : Russel T. Davis,  Chris Chibnal, Steven Moffat et plusieurs autres au fil des épisodes. Les épisodes Moffat sont ceux qui sont généralement cités comme étant les meilleurs par la plus grande partie des fans de Doctor Who avec des épisodes souvent plus dramatiques et inventifs, avec des paradoxes sur le temps parfois étourdissants. J'aurai l'occasion dans de prochaines articles de citer certains de ces magnifiques épisodes.

L'Ere David Tennant

Comme dans la série précédente, il y a là aussi du bon et du moins bon mais la série poursuit maintenant, malgré des histoires souvent indépendantes, un réel fil rouge, ce qui donne une meilleur unité à l'ensemble. 

L'Ere Matt Smith

Les saisons passent, docteurs et réalisateurs se succèdent et la série va évoluer fortement. Si les périodes David Tennant et Mat Smith apportent l'apogée de la série, l'Ere Capaldi mélange le pire et le meilleur avant qu'un déclin inexorable ne commence. Si le changement du Docteur en femme, après 12 incarnations masculines, peut être une bonne idée pour la diversité de la série, il s'accompagne hélas d'un wokisme et d'une politisation qui vont faire chûter la série à coups de lourds messages
sur l'écologie, l'apartheid, les droits des LGBT+....

La nouvelle Ere
Pour marquer ce changement voulu et la naissance d'une nouvelle Ere, la série change de nom et arrive sur la plateforme Disney pour se diffuser à l'international. Un nouveau Docteur Who à l'homosexualité assumée, joué par le dynamique Ncuti Gatwa prend la place de Jodie Whittaker. 


C'est après avoir vu un épisode se terminant en véritable comédie musicale et le méchant devenu une drag queen hurlante que j'ai compris que la fin était proche. Après deux saisons débridées ( je vais m'accrocher pour les regarder au moins en partie) avec une chûte d'audience, un arrêt temporaire de la série est décidé.

Espérons qu'après un temps d'arrêt (le précédent ayant duré plus de 20 ans !!), la série saura rebondir et comme son héros, se régénérer... Doctor Who n'est-il pas éternel ? 






La Comtesse : Il y a de la beauté à laisser le temps oeuvrer.

 La Comtesse - Film de Julie Delpy, 2009.


Au nord-ouest de la Slovaquie, le Château de Cachtice dresse ses ruines gothiques sur une colline dominant une belle réserve naturelle. Nous sommes dans la région des Petites Carpates, nom qui évoque bien sûr aussitôt grandes forêts, châteaux sinistres et vampires. De fait, l'histoire du Château de Cachtice pourrait bien faire écho aux exploits sanglants du fameux Vlad l'Empaleur, qui résidait également dans la région des Carpates. Cette fois, c'est une femme qui va nourrir l'imaginaire du pays par son histoire des plus terrifiantes, mêlant réalité et faits inventés sans qu'il soit possible de déméler le vrai du faux.....tout comme l'histoire de Vlad.

La Comtesse Erzsébet Bathory, héritière d'une des familles les plus puissantes de Transylvanie, a vécu fin 16ème-début 17ème siècle. Mariée très jeune à un guerrier impitoyable surnommé le Chevalier noir de Hongrie, elle gère d'une main de fer l'immense domaine où elle vit , tandis que son mari part guerroyer contre les Turcs, à la frontière. Devenue veuve, elle prend la tête du Comté et s'oppose au Roi de Hongrie, inquiet de la puissance des Bathory. 

Les disparitions de jeunes servantes et paysannes du pays commencent un jour à inquiéter le pays, tandis que la Comtesse est accusée de torturer et de saigner les jeunes filles afin de rester éternellement jeune et belle grâce à leur sang. Les jeunes servantes du château disparaissent en effet mystérieusement et les fidèles de la Comtesse se rendent de plus en plus loin chercher de jeunes paysannes. C'est le moment où l'histoire devient imprécise sur le niveau d'horreur des crimes d'Erzsébet Bathory. Les déclarations de ses complices varient très fortement puisque le nombre de ses victimes oscillerait entre 35 et ....650 !


L'actrice- réalisatrice Julie Delpy écrit le scénario évoquant cette histoire et réalise le film la Comtesse en 2009. Très impliquée dans le projet, elle en écrit également la musique, participe à la conception de certains costumes et se donne le rôle-titre. Au lieu de donner une version grandiose et gore de l'histoire, la réalisatrice choisit de brosser un portrait plus intimiste du personnage d'Erzsébet à travers une reconstitution soignée de l'époque et un côté romanesque plus poussé. Après avoir évoqué la jeunesse de son héroine et son mariage, elle s'attache à décrire l'histoire d'amour - apparemment totalement inventée - qui va lier la Comtesse devenue veuve à un jeune noble de 21 ans, Istvan, fils de la puissante famille Thurzo, rivale des Bathory. 

Julie Delpy interprète de façon convaincante la Comtesse à l'air rigide et au regard glacial qui s'enflamme pour le jeune Istvan dont elle tombe éperdument amoureuse. Lorsque celui-ci, obéissant aux ordres de son Père la quitte pour se marier, elle va sombrer dans la folie.

Plutôt que de décrire une folie meurtrière sans réel mobile, Julie Delpy a choisi d'expliquer la lente descente aux enfers d'Erzsébet comme la conséquence de l'éloignement de  son amant qu'elle attribue à leur différence d'âge. Elle a 18 ans de plus que lui. Terrorisée par l'idée de vieillir, elle s'aperçoit (ou du moins croit) un jour, après avoir donné un coup à une servante qui lui avait par mégarde tiré les cheveux en la coiffant, que le sang d'une jeune vierge appliqué sur sa peau rend celle-ci plus lisse. Commence alors une spirale infernale sans fin, avec la complicité de deux servantes et d'un jeune serviteur muet. 

La sinistre cage de fer, dite Vierge de Nurenberg

La Comtesse se fait amener des jeunes filles jusque dans un sombre cachot. Une  scène, heureusement rapide, nous montrera une vierge de fer où est enfermée une des victimes pour faire couler son sang. L'horreur est plus suggérée que montrée à travers de rapides flashs comme lorsqu' Erzsébet, montrée de dos, se passe une lingette tâchée de sang en son bout sur la figure ou encore que l'on voit le visage blafard d'une jeune fille saignée au bras. 


Kriebstein Castle dans le pays de Saxe et plusieurs autres châteaux allemands ont été choisis pour le tournage du film, les châteaux forteresses de ce type servant à la fois de cadre à des films historiques sombres, à des contes de fées et à d'autres styles de films ( Blanche Neige, 2008; le grand Budapest Hotel, 2009...)

Trois principaux rôles se détachent dans l'histoire. Le rôle d'Istvan est joué par Daniel Brühl qui avait alors 31 ans et en paraissait 10 de moins. L'acteur-réalisateur a une carrière internationale bien fournie, depuis des séries allemandes, en passant par le film qui le révèlera, Good bye Lenin, jusqu'à une étonnante métamorphose dans la série de 2024, Becoming Karl Lagerfeld.

Daniel Brühl (Istvan) et Julie Delpy

Le déplaisant Thrurzo - personnage réel dans l'histoire authentique - est joué par William Hurt, acteur lui aussi aux rôles multiples (Les enfants du silence, La fièvre au corps, Jane Eyre ...pour ne citer qu'eux). un peu engoncé dans son costume 16ème siècle, je ne l'ai pas trouvé très à l'aise dans son rôle.

William Hurt (Thurzo)

Anamaria Marinca, actrice roumaine, vue surtout dans diverses séries télé ( Docteur Who, The Missing) et dans plusieurs films dont celui qui obtint en 2007 la Palme d'or à Cannes : 4 mois, 3 semaines et 2 jours ( si cela vous rappelle quelque chose) est l'apothicaire-sorcière et maîtresse de la Comtesse. Bien que secondaire, son rôle est assez marquant. D'abord complice silencieuse, elle tentera de faire revenir à la raison la Comtesse en lui expliquant "qu'il y a de la beauté à laisser le temps oeuvrer", avant d'être définitivement écartée.
Anamaria Marinca (Anna Darvulia) et Julie Delpy

On pourra reprocher au film une certaine froideur, due bien sûr au personnage central de l'histoire pour lequel on va au final éprouver une certaine pitié, et un certain parti pris de développer la thèse d'un complot mené par Thurzo pour s'approprier les terres de la Comtesse. Le spectateur reste alors un peu dans le flou bien que les crimes d'Erzsébet ne soient pas niés, mais ils seraient alors davantage expliqués, à défaut d'être justifiés !

A noter que le personnage de la Comtesse a largement inspiré la littérature et le cinéma, mais d'après les titres que j'ai pu voir, le personnage est surtout devenu pretexte à des films de vampire féminin  : La Comtesse Dracula (1971), Mama Dracula (1980), La nuit du loup-garou (1981), crocs de la nuit (2005). On retrouvera également Erzsébet Bathory dans des pièces de théâtre, plusieurs jeux vidéos, un opéra, des morceaux de musique, des noms de groupes de hard metal ou de dark metal et même en jouet dans des figurines et poupées...ouf !

Si l'on veut découvrir un peu le personnage réel et l'histoire même un peu remaniée et se plonger dans l'atmosphère de l'époque et du lieu, mieux vaut regarder le film La Comtesse, un beau film en costumes, à la réalisation soignée qu'il est intéressant de découvrir.

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Quelques illustrations

                                                Portrait supposé de la Comtesse peint en 1580 par Blocklandt Van Montfoort 

Dans la littérature


Ruines du Château de Cachtice




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