Le Roi des rois : l'histoire de Jésus vue par les romains

Le Roi des rois - Film de Nicolas Ray, 1961

Affiche Le Roi des roisL’originalité du film Le roi des rois est de considérer l’histoire de Jésus du point de vue des romains, à travers l’enquête menée par le centurion Lucius. Témoin des principaux épisodes de la vie du Christ, il traversera pendant trente ans les événements, sans prendre une ride, à part un peu de neige blanche sur les cheveux.
Le film s’ouvre sur l’arrivée de Pompée au Temple de Jérusalem. Désireux d’en piller les richesses, il fait assassiner les prêtres qui gardent le lieu saint avant de s’emparer des rouleaux sacrés de La Torah. Prêt à jeter ces rouleaux « inutiles » au feu, il voit surgir devant lui un vieil homme qui le supplie de les épargner. Ebranlé, Pompée rend La Torah à l’inconnu.

En choisissant de commencer un film sur Jésus par l’invasion romaine, Nicolas Ray pose directement le point de vue de son œuvre, centrée principalement sur l’occupation romaine et qui mettra en avant, parallèlement aux moments consacrés à Jésus, le personnage de Barabbas, résistant aux envahisseurs.
La part prise par Ponce Pilate et Hérode est très importante, amenant parfois l’ennui lors des longs conciliabules. On se demande ainsi à plusieurs reprises « Et Jésus, où est-il dans le film ? », tandis que certains grands passages, que l’on aurait aimé voir illustrés, sont racontés par des témoins – Lucius principalement : le recrutement des apôtres, la marche sur les eaux…

La plupart des épisodes où Jésus apparait sont traités assez rapidement comme si le personnage n’était pas le centre du film. Lorsque l’on sait que Nicolas Ray était peu croyant, comment ne pas faire ici le parallèle avec le magnifique Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli, guidé par l’inspiration et la foi de son réalisateur et par la ferveur de ses interprètes (pas forcément croyants).

Ceci donne un film, beau dans sa réalisation, mais finalement assez impersonnel.
Jeffrey Hunter, le jeune orphelin de La prisonnière du désert, compose un Jésus un peu trop poupin et pas toujours crédible, tandis que les apôtres restent trop transparents.
Les personnages romains sont plus brillamment interprétés, notamment Lucius, l’attachant centurion (Ronald Egan Randell) et Ponce Pilate ( Hurd Hatfield, surtout connu pour le rôle titre du Portrait de Dorian Gray).

Parmi les personnages entourant Jésus, Robert Ryan – acteur le plus connu de la distribution – semble le plus inspiré en Jean-Baptiste, bien que fort calme pour incarner « la voix qui crie dans le désert ». On se rappellera là aussi le vociférant Michael York de Zeffirelli et la voix tonitruante de Charlton Heston (La plus grande histoire jamais contée).
Quelques ajouts surprenants ont été réalisés :
  • Barabbas déclenche une attaque lors du prêche de Jésus au temple de Jérusalem – De fait, au lieu de suivre Jésus à son arrivée au temple, on assiste à une scène d’action totalement inutile.
  • Jésus rend visite à Jean-Baptiste dans sa prison. Dans un moment d’aberration, j’ai soudain pensé qu’il allait le faire s’évader.
Heureusement, la dernière partie du film, le jugement, la montée au calvaire et la crucifixion sont bien filmés et interprétés, rattrapant l’ensemble.

On retiendra du film la superbe musique de Miklos Roza ( digne de celle de Ben Hur), le beau technicolor et des mouvements de caméras audacieux (surplombant le trône de Ponce Pilate ou la croix de jésus).
Le dernier quart d’heure du film, fait enfin naître l’émotion, absente jusqu’à présent, que l’histoire doit susciter.

Film à voir, mais pour ceux qui connaissent les films de Zeffirelli (Jésus de Nazareth) et de Stevens et al. ( La plus grande histoire jamais contée), très inférieur à ceux-ci dans sa narration de la vie de Jésus.

Cyrano et D'Artagnan : J'ai décidé désormais de ne parler qu'en vers

Cyrano et D'Artagnan - Film d'Abel Gance, 1964

 

Film surprenant d'Abel Gance qui raconte la rencontre de deux passionnants personnages de l'Histoire et du monde romanesque, l'apprenti mousquetaire D'Artagnan et le poète et cadet de Gascogne, Cyrano de Bergerac.

L'originalité du film est de commencer en racontant en parallèle les deux histoires telles que décrites respectivement par Alexandre Dumas et par Edmond Rostand, puis en mêlant très vite ces deux histoires dans une pure fantaisie.

Les aventures s'enchaînent, les personnages se font passer l'un pour l'autre auprès de leurs belles; on ne sait plus qui est qui et qui va avec qui. 

Mais qu'importe, les 2h20 passent sans que l'on s'en aperçoive, dans un chatoiement de belles couleurs, de beaux costumes et de vers qui font mouche, déclamés par José Ferrer, qui a repassé son costume de Cyrano endossé en 1950. Jean-Pierre Cassel est un peu moins à l'aise en D'Artagnan mais ce joli film, plein d'originalité, se laisse voir avec beaucoup de plaisir.

Tarzan et le lion d'or : Quand Tarzan lançait son cri en muet


Tarzan et le lion d'or - Film de J. P. McGowan, 1927.


Dans la série de mes critiques sur les films consacrés à Tarzan, je vous propose aujourd’hui de remonter jusqu’en 1927; Tarzan lançait déjà son fameux cri, en version muette.

Lord Greystoke est un aventurier, qui a mené de nombreuses missions d’exploration, accompagné de son ami Jack Bradley. Amoureux de l’Afrique, il a décidé d’y rester, laissant sa famille en Angleterre. Fascinée par la personnalité de Greystoke et par sa capacité à se faire obéir des animaux, la tribu des Wazaris l’a adopté comme chef et lui a donné le nom de Tarzan ( celui à la peau blanche).
Rien, étrangement, ne dit dans l’histoire que Tarzan est né dans la jungle et a grandi parmi les singes. Cependant, voir un explorateur se balancer de branche en branche, aller de liane en liane et être ami avec les lions est tout de même assez rare.

Quant à Lady Greystoke, Jane, elle ne vit donc pas dans les arbres mais en Angleterre. Il ne sera pas question ici de la voir en tenue légère sexy, comme elle sera montrée par la suite, notamment par la belle Maureen O’Sullivan dans Tarzan et sa compagne ( en 1932 ). De fait, son rôle sera assez limité.


Résultat de recherche d'images pour "tarzan et le lion d'or film"Le film commence lorsque Tarzan, en promenade dans la jungle avec son ami le lion Jab (bravo pour le dressage), recueille un vieil homme épuisé, Gordon qui s’est évadé après plusieurs années de captivité, d’une cité mystérieuse. Tenté dans un premier temps de dévorer le pauvre homme, Jab finira finalement par le sauver. 

Pendant ce temps, Jane, accompagnée de Betty, la jeune sœur de Tarzan (vous ignoriez certainement que Tarzan avait une sœur !) et de Jack Bradley, vient rejoindre son mari. Son chemin croise hélas celui d’un groupe de pillards, dirigé par un aventurier, Esteban et mené par Awaza, un guerrier wazari qui, opposé à l’élection de Tarzan comme chef, a trahi sa tribu et a rejoint les bandits. Il accompagne aujourd’hui ceux-ci dans son village pour en piller les richesses.
Ayant revêtu une belle peau de léopard, tenue traditionnelle des wazaris et symbole de son statut de chef, Tarzan, accompagné de ses guerriers, s’élance joyeusement à la rencontre de sa famille. On les verra d’ailleurs beaucoup courir, les personnages déployant une belle énergie tout au long de l’histoire. Il arrive à temps pour prêter main forte à ses amis et faire fuir Esteban et ses complices.

Un peu plus tard, confortablement installés dans la jolie cabane qui sert de maison à Tarzan ( qui a troqué pour l’occasion sa peau de léopard pour une tenue de soirée costume-nœud papillon), nos amis écoutent l’histoire de Gordon, évadé d’une cité qu’il décrit comme remplie de richesses et notamment de monceaux de diamants. Ils sont cependant écoutés par Esteban et ses hommes, décidés à se venger de Tarzan et à piller la cité inconnue.
Le film, d’une durée d’à peine 58 minutes, est mené sur un rythme assez effréné. 

Les scènes d’action s’enchaînent rapidement, ce qui permet d’éviter l’ennui malgré la simplicité de l’histoire. 1 000 figurants ont été employés, notamment dans la bataille finale de belle ampleur, bien qu’assez confuse.

Le casting du film comporte plusieurs originalités :

Le rôle de Tarzan est joué par James Pierce, gendre d’Edgar Rice Burroughs, l’auteur de Tarzan. Il est le 4ème interprète du héros de la jungle.
Résultat de recherche d'images pour "tarzan et le lion d'or film"Quelques années plus tard, Pierce et sa femme joueront les rôles de Tarzan et de Jane dans une série radio (hé oui) diffusée en Amérique. 

Dans le rôle d’Awaza, on reconnaîtra Boris Karloff, qui prend son air le plus féroce pour jouer le méchant traître de la tribu. 

On sera également impressionné par le chinois Lin-Yu-Ching, un géant de 2 m 43, qui joue le rôle du chef de la cité mystérieuse.

Ce film fut pendant des années considéré comme perdu, malgré les recherches menées par James Pierce. Une copie fut miraculeusement retrouvée en France en 1990, ce qui nous permet aujourd’hui de le découvrir avec curiosité et intérêt.

Mes autres critiques de films de Tarzan à lire ici :
critique de Tarzan et sa compagne
critique de La plus grande aventure de Tarzan
critique de Le trésor de Tarzan
critique de Tarzan chez les Soukoulous
critique de Tarzan

Pouic-Pouic« VENEZUELA, je répète, VENEZUELA »

Affiche Pouic-Pouic
Pouic-Pouic - Film de Claude Girault, 1963.

Les adaptations théâtrales au cinéma sont parfois malaisées à réaliser. Les limites de la mise en scène et l’accent mis sur le dialogue, risquent en effet de conférer au film un aspect statique et bavard.
Le Théâtre de Boulevard, grâce à son rythme effréné, échappe plus facilement à ces risques, surtout quand l’ensemble est mené par un couple trépidant, Jacqueline Maillan et Louis de Funès, en l’occurrence.


Ce théâtre se définit pas son rythme soutenu, pour ne pas dire frénétique, par une succession rapide de scènes, de gags visuels et de bons mots ainsi que par une certaine tendance à hurler les répliques. On comprend que les dictions murmurantes, de mise dans le cinéma actuel, n’ont alors aucune place.
Pouic-Pouic est l’adaptation cinématographique de la pièce "Sans cérémonie" de Jean Girault et Jacques Vilfrid, créée en 1952 au théâtre Daunou. Albert Préjean jouait le rôle tenu par Louis de Funès tandis que celui-ci jouait le rôle du valet flegmatique et astucieux.


On retrouvait également dans la pièce d’origine Jacqueline Maillan, qui avant d’interpréter la Mère, tenait le rôle de Patricia, la fille de la maison. Enfin, Philippe Nicaud, jouait le rôle de Paul, le fils, avant de devenir Simon, le « faux fils » du film.

Le comique de Pouic-Pouic est essentiellement visuel, basé sur l’avalanche de situations cocasses, les réactions des personnages et essentiellement les mimiques de De Funès. 
On joue aussi sur le contraste, celui avec le flegmatique Christian Marin et avec le digne Guy Tréjean et sur l’insolite avec la présence du poulet de la maison. Ce dernier incarne à la fois la douce folie de sa propriétaire et l’élément stable du lieu, le volatile continue à mener sa vie tranquille malgré les événements.
Les situations s’enchaînent jusqu’à un point culminant de pure folie, pour la plus grande joie des spectateurs. Une comédie à déguster sans modération.

Hugo Cabret : "Quel est donc l'homme à notre époque qui pourrait vivre sans féerie, sans un peu de rêve ?"

  Hugo Cabret - Film de Martin Scorsese, 2011. On sait le Réalisateur Martin Scorsese amoureux du cinéma, par sa carrière bien sûr mais égal...